On l’oublie parfois un peu, le champagne n’est pas simplement un blanc effervescent. Les grandes maisons et les vignerons, en plus de faire des champagnes blancs, joyaux de la France, produisent également des rosés, souvent excellents, mais moins mis en avant que le reste de la gamme. Comment sont produits ces champagnes rosés et avec quoi servir ces effervescents à table ?
SOMMAIRE
- Le champagne rosé a le vent en poupe
- Comment est fait le champagne rosé ?
- Le champagne rosé est-il sucré ?
- Quel est le plus vieux champagne rosé ? Où a-t-il été inventé ?
- Ces domaines produisent des champagnes rosés
- Quels accords mets et vins avec les champagnes rosés ?
Le champagne rosé a le vent en poupe
Lors du salon Wine Paris, en février 2024, les deux co-présidents du Comité Champagne, Maxime Toubart et David Chatillon, ont déclaré se réjouir d’une véritable hausse dans l’exportation de ces vins. « La demande de Champagne rosé à l’étranger a été multipliée par cinq en 20 ans » avec 20 millions de bouteilles vendues fin 2022, ce qui correspond à plus de 10 % des ventes à l’export. Sont friands de ces effervescents : les Américains, Anglais, Canadiens, Allemands ou encore Espagnols. En France, le rosé représente quasiment 17% des achats de champagne en France.
Comment est fait le champagne rosé ? Quelle est la différence entre un champagne rosé d’assemblage et un champagne rosé de saignée / de macération ?
Le champagne rosé donne raison, pour une fois, à ceux qui ont toujours pensé que le rosé était obtenu à partir d’un mélange de vin rouge et de vin blanc…
Il existe en effet deux grandes méthodes d’élaboration du champagne rosé : le rosé d’assemblage (en ajoutant une petite proportion de vin rouge à une base de blanc) et le rosé de macération ou de saignée.
1. Le champagne rosé d’assemblage
La méthode par assemblage est de loin la méthode la plus répandue car elle permet de garder d’un millésime à l’autre une couleur et une densité identiques. Elle consiste à assembler un vin blanc clair – ou tranquille (avant prise de mousse donc) avec 5 à 20% de vin rouge champenois, produit sous l’AOC Coteaux Champenois. Ces deux vins peuvent être issus des cépages classiques champenois que sont le pinot noir, le pinot meunier et le chardonnay. C’est une méthode simple et peu coûteuse mais qui nécessite d’avoir un vin rouge de qualité. Ce qui n’est pas toujours facile en Champagne où les rouges sont rares et parfois bien pâles… Certains terroirs et villages en produisent d’excellents, surtout sur le flanc sud de la Montagne de Reims, à Ambonnay, Bouzy, Verzenay ou Aÿ par exemple. Mais ces crus ne sont pas assez nombreux pour suffire à produire autant de rosés… S’en suit ensuite la prise de mousse et le vin devient alors effervescent.
Notons d’ailleurs que la Champagne est bien la seule région autorisée à faire du rosé d’assemblage. En France, aucun autre vignoble n’a le droit de mélanger du vin blanc et rouge pour obtenir un rosé.
Résultat : Le champagne rosé produit selon cette méthode est bien souvent assez clair de couleur, parfois un peu orangé, et assez accessible. L’on retrouve aisément leur trame aromatique d’une année à l’autre. Il plait aux personnes qui veulent un vin frais, convivial et légèrement fruité (fruits rouges, agrumes).
2. Le champagne rosé de macération ou de saignée
Pour éviter de ce problème de rareté des vins rouges de bonne facture, il existe une autre méthode d’élaboration, par macération ou saignée, qui sont généralement de très bonne qualité. Cette méthode consiste à laisser macérer quelques heures (autour de 10 heures) les jus en les laissant en contact avec la peau des raisins (c’est la même technique qui est employée pour faire du vin rouge, vous imaginez donc qu’il faut au moins un raisin à peau rouge, comme le pinot noir ou le pinot meunier). Les pigments naturels contenus dans la peau des raisins noirs colorent alors les jus. En même temps, les peaux enrichissent les jus de leurs composants aromatiques. Après macération, la cuve est « saignée » : c’est-à-dire que le contenu est vidé afin de séparer le moût des peaux. Les champagnes rosés de saignée possèdent généralement une robe plus colorée mais qui peut varier d’un millésime à l’autre. Des vins généralement à l’aromatique plus intense et plus vineuse qui constituent d’excellents champagnes de repas. Les rosés de saignée sont en général produits par des vignerons “pointus” (Francis Boulard, Larmandier-Bernier, Laherte) car cette méthode nécessite un savoir faire particulier. C’est pourquoi ils sont en général de grande qualité.
Résultat : Le champagne rosé de saignée est un véritable vin de gastronomie, à servir aux côtés de plats complexes. Il est plus vineux et riche que son voisin, avec une robe plus intense et profonde, et des arômes fruits rouges prononcés.
Le champagne rosé est-il sucré ?
Pas spécialement. Ne nous laissons pas induire en erreur par la couleur de bonbon de ce vin, couleur et sucrosité ne vont pas de paire. Au même titre que le champagne à la robe claire, le champagne rosé peut être dosé ou non (le dosage est le taux de sucre présent dans la bouteille). Tout dépend donc du style de champagne qui est souhaité par le producteur.
Quel est le plus vieux champagne rosé ? Où a-t-il été inventé ?
Si on a longtemps pensé que l’invention venait de la maison Veuve Clicquot, et bien c’est finalement à Ruinart que l’on doit le fameux champagne rosé. Ce sont des documents de 1764 qui le prouvent. Celui-ci était sans doute produit à partir de cépages aujourd’hui plus méconnus, comme le fromentau, le petit meslier, en plus des célèbres pinot meunier et pinot noir, et cet effervescent était certainement un rosé de macération, produit par erreur. C’est bien à la Veuve Clicquot que l’on doit l’invention du champagne rosé par assemblage.
Ils produisent des champagnes rosés
- Dom Pérignon
- Ruinart
- Piper Heidsieck
- Veuve Clicquot
- Bollinger
- Perrier-Joüet
- Philipponnat
- Krug
- Cédric Bouchard
- Francis Boulard
- Larmandier-Bernier
- Laherte
- …
Avec quoi servir les champagnes rosés à table ? Quels accords mets et vins avec les champagnes rosés ?
Quand ils sont de qualité, les rosés de Champagne sont des vins très intéressants à table car ils complètent souvent les accords où les champagnes classiques montrent leurs limites. Ils ne sont pas loin de se comporter comme un bourgogne rouge léger. Ainsi, avec ses notes plus marquées de fruits rouges et avec des tanins légèrement plus sensibles, le champagne rosé pourra accompagner des viandes blanches ou volailles rôties, mais aussi un gigot cuit… rosé ou même un petit gibier à plume. Beaux accords aussi avec le saumon sous toutes ses formes et les desserts à base de fruits rouges.
Si vous aimez les vins légers, privilégiez les champagnes rosés issus à majorité de chardonnay, là où ceux composés de davantage de pinot noir ou de meunier vous proposent des notes plus complexes et structurées.
Servir un repas 100% champagne rosé
- Apéritif : Verrines de betterave rouge et sa chips de lard, assorties d’un Brut Insouciance Huré Frères
- Entrée : Tartare de daurade et saumon aux zestes de pamplemousse, réhaussé d’un Grande Année rosé 2015 de Bollinger
- Plat : Poulet mariné au citron vert et au gingembre, épaulé d’un délicieux Clos des Goisses Juste Rosé Brut 2012 de la maison Philipponnat
- Fromage : Comté de 12 mois, humidifié des Terres Roses XIX Grand Cru Extra Brut de Pierre Paillard
- Dessert : Pavlova aux fraises, agrémentée de la cuvée Sève en Barmont Brut Nature 2015 d’Olivier Horiot