Le vignoble alsacien se distingue par sa configuration insolite : un long ruban de 170km d’envergure qui longe le massif vosgien. De Strasbourg à Mulhouse, cette surface de 15 000 hectares de vignes a de quoi nous faire voyager, puisqu’elle parcourt une diversité de cépages, d’appellations et de crus, avec comme dénominateur commun : son terroir singulier. Ainsi, nous vous invitons à partir à la quête des meilleurs vins d’Alsace, des vins à la fois fascinants et sensationnels, dont l’histoire et la diversité n’auront de cesse de vous surprendre, prêts ?
Aux origines d’un vignoble mythique
La mosaïque des terroirs alsaciens
Les cépages alsaciens : des icônes comme symbole
Le système d’appellation alsacien
Aux origines d’un vignoble mythique
Retour à l’Empire romain, c’est durant cette période historique que les toutes premières vignes vont être importées par les légions romaines. La viticulture alsacienne n’aura ensuite de cesse de progresser notamment sous le règne de grands amateurs de vins : les Carolingiens et les Mérovingiens. Considérés comme les vins les plus chers et les plus réputés d’Europe au Moyen- Âge, les précieux flacons alsaciens deviennent rapidement la source de nombreuses convoitises.
Une notoriété qui s’estompera peu à peu à la suite de l’influence de nombreux évènements historiques tels que les guerres, la concurrence des régions viticoles et le phylloxéra. Le bilan est lourd, en 1948, le vignoble ne comptabilise plus que 9 500 hectares, les vignerons alsaciens décident ainsi de mettre en place de nouvelles règles strictes pour remettre le vignoble sur pied. Aujourd’hui, ce dernier compte plus de 15 000 hectares de vignes (soit 3,5% des surfaces viticoles en France) et produit un peu plus de 1,2 millions d’hectolitres de vin par an, un renouveau pour la région viticole qui ne cesse de se développer !
La mosaïque des terroirs alsaciens
« L’empreinte du terroir confère aux vins d’alsace un supplément d’âme » nous livre le Conseil Interprofessionnel des Vins d’Alsace.
Un relief sinueux, une mosaïque de sols et un microclimat d’exception, tous ces facteurs sont réunis au cœur du vignoble alsacien, permettant à la fois d’offrir une large gamme de nectars mais également la création de grands vins.
Le massif vosgien joue un rôle prépondérant dans l’expression de ce terroir unique, impactant notamment grandement son climat et son exposition. En effet, non seulement cette fameuse barrière naturelle participe à la protection du vignoble mais elle lui confère également un climat idéal ! Comment expliquer ces conditions optimales ? Les influences océaniques provenant du versant occidental sont limitées par les Vosges, cela favorise ainsi la continentalité du climat et court-circuite l’influence néfaste des précipitations. Il en résulte un climat semi-continental, chaud, sec et ensoleillé : l’endroit parfait pour faire du vin !
Mais ce n’est pas tout, les multiples reliefs du massif vosgien favorisent la création de nombreux microclimats au sein du vignoble, impactant ainsi significativement la qualité des terroirs et leur répartition. Enfin, le clou du spectacle correspond à l’alternance de nuits fraîches et de journées chaudes qui se déroule en automne lors de la maturation des raisins. Cette subtilité climatique permet de ralentir le processus tout en prolongeant la maturation des baies, un élément essentiel puisqu’il permet d’obtenir des vins aux arômes plus complexes et d’une plus grande fraicheur.
Du calcaire au granit, en passant par le schiste, le grès ou encore l’argile, la géologie alsacienne se compose d’une multitude de terroirs comparables à une réelle mosaïque. Cette dernière s’ouvre en bordure des montagnes, dont le sol est principalement composé de schiste, de granite, de gneiss et de grès. Viennent ensuite les collines sous-vosgiennes, aux terroirs calcaires, marneux et gréseux et enfin la plaine aux sols colluviaux, de piémont, alluviaux, de loess et lehms. A noter que les vignes plantées sur les coteaux les plus escarpés et dont l’exposition correspond au Sud-Est sont souvent à l’origine des vins les plus prestigieux. Cette grande variété de terroirs intrinsèque à la région alsacienne, permet d’exprimer des cépages à la fois variés et singuliers, ces icônes régionales sont d’ailleurs à découvrir sans plus attendre lors de notre prochaine étape :
Les cépages alsaciens : des icônes comme symbole
Le vignoble alsacien repose sur un système de dénomination unique en son genre. En effet, contrairement aux vignobles voisins, où l’appellation correspond à un lieu-dit, ici c’est le cépage lui-même qui fait figure d’appellation. Présent sur une grande partie des étiquettes, le cépage est le fer de lance des nectars alsaciens ; des cépages blancs, roses, gris ou noirs, les producteurs ont ainsi l’embarras du choix et une infinité de possibilités. Les principales variétés présentes en alsace sont les suivantes :
- Le riesling : le fameux cépage roi d’alsace s’étend sur plus de 21% du vignoble et s’exprime sous une multitude de facettes. Il traduit des vins vifs, tendus et fins, à la fraicheur mordante et aux notes florales surprenantes. Ce cépage illustre parfaitement les nuances du terroir alsacien puisqu’il peut s’exprimer de bien des façons.
- Le pinot gris : occupant 15% du vignoble, ce cépage généreux promet des vins ronds et charpentés, aux arômes floraux et fumés. Ce dernier a la capacité de s’enrichir grâce à l’influence de la pourriture noble ou des vendanges tardives, lui permettant ainsi de s’élever qualitativement et de bénéficier d’une longévité plus importante.
- Le pinot blanc : ce dernier s’étend sur plus de 21% du vignoble, il est souple, frais et d’une grande délicatesse. Souvent assemblé avec l’auxerrois, sa palette aromatique est proche du chardonnay.
- Le gewurztraminer : représentant plus de 20% du vignoble, le fameux cépage traduit des vins singuliers, parmi les plus parfumés et aromatiques d’alsace. Corsé et puissant, on décèle des arômes d’épices et de fruits exotiques. De plus, sous l’influence de la pourriture noble, ce dernier promet de très grands liquoreux.
- Le muscat : occupant seulement plus de 2% du vignoble, il se décline en deux variétés soient le muscat à petits grains, aussi connu sous le nom de muscat d’alsace et le muscat dit ottonel qui produit des vins plus moelleux en général. Ce duo exprime des vins aromatiques lorsqu’ils sont produits en sec et des vins particulièrement prestigieux lorsqu’ils sont élaborés en vendanges tardives.
- Le sylvaner : représentant un peu plus de 7% du vignoble, cette variété s’exprime de manière franche mais délicate, sa puissance modérée confère au nectar une jolie tension et une belle fraicheur. Vinifié en vendanges tardives ou sous bois, il offre un panel d’expression diversifié et éclectique.
- Le pinot noir : Jouant cavalier seul, le pinot noir est le seul cépage qui permet de produire des vins rouges en alsace. Il représente 10% de la surface du vignoble alsacien et au verre, il exprime des arômes de fruits rouges, notamment la cerise. Ces notes intenses et veloutés sont à retrouver par exemple dans les cuvées de La Grange de l’Oncle Charles, de Schoepfer, du Vignoble du Rêveur, de Neumeyer Berger ou encore de Valentin Zusslin.
Force est de constater que ce sont les cépages blancs qui dominent les terres alsaciennes, avec au compteur 65% du vignoble qui vise à produire des blancs, puis 25% d’effervescents et enfin 10% de rouges et de rosés. On y trouve également d’autres cépages tels que l’auxerrois, le savagnin rose, le chasselas ou encore le klevener de heiligenstein. Et vous, avez-vous choisit votre cépage ?
Le système d’appellation alsacien
L’année 1984 marque un tournant dans l’histoire du vignoble alsacien puisque c’est à partir de cette période que les vins ont été classés en AOC. Les quatre appellations se déclinent comme suit :
A.O.C Alsace : Cette appellation peut également mentionner le nom de l’un des cépages autorisés mais cela n’est pas toujours spécifié et l’étiquette peut comporter le nom du lieu-dit.
Alsace Grand Cru : 51 terroirs ont la chance de faire partie de l’appellation Grand Cru et seuls quatre cépages sont autorisés, à savoir le riesling, le pinot gris, le gewurztraminer et le muscat. Le sylvaner peut exceptionnellement faire partie de cette sélection pointilleuse à condition d’être produit sur le terroir de Zotzenberg. Parmi ces 51 crus, il est possible de découvrir les magnifiques terroirs de Geisberg de la maison Kientzler, de Schoenenbourg du domaine Trapet, de Hengst Samain de Josmeyer ou encore de Schlossberg de Weinbach. Enfin, les grands crus Kastelberg de Marc Kreydenweiss, Furstentum de Weinbach et Rangen de Thann de Zind-Humbrecht restent des incontournables.
Alsace Vendanges Tardives (VT) et Sélection de Grains Nobles (SGN) : Il s’agit ici de l’une des plus belles signatures de l’alsace puisque les nectars sont soumis à une dégustation exigeante et à des règles très strictes. Présentent sur les AOC Alsace ou Alsace Grand Cru, les Vendanges Tardives sont produites à partir de baies concentrées en sucre naturel et supposent une présence de sucre résiduel. D’une extrême finesse, les Vendanges Tardives en gewurztraminer de Marcel Deiss, du domaine Muré, de Trimbach et d’Albert Mann sont à la fois amples et savoureuses. Cette fois sur des pinots gris, les domaine Albert Boxler et Hugel offrent des vins intenses, à la texture suave et généreuse. Enfin, le riesling a également la part belle, racé et ciselé, les domaines Agathe Bursin et Valentin Zusslin magnifient le fameux cépage.
Présentent également sur les deux appellations, les Sélections de Grains Nobles sont élaborées à partir de baies influencées par la pourriture noble, une référence parmi les plus grands liquoreux du monde. Pour illustrer la complexité et l’intensité de ces cuvées uniques, laissez-vous tenter par les gewurztraminers des domaine Ostertag et Bott-Geyl ou encore par le pinot gris de Barmes-Buecher, l’équilibre parfait entre générosité et minéralité !
Crémant d’Alsace : Ce vin effervescent est produit selon la méthode traditionnelle tout comme le champagne et peut être produit à partir d’une diversité de cépages tels que le pinot blanc, l’auxerrois ou encore le pinot noir, tant de cépages que l’on retrouve dans la cuvée de Albert Mann.
Les nouvelles générations du vignoble alsacien
Et qu’en est-il aujourd’hui ? À présent, c’est toute une génération qui bouscule les codes : depuis plus de 20 ans, les vignerons alsaciens ne cessent de réinventer leur vignoble d’exception. Réelle précurseur, la région se tournait déjà vers une viticulture biologique et biodynamique dans les années 60, une décision qui ne manque pas d’audace pour l’époque ! Désormais les partisans de ces pratiques plus respectueuses de l’environnement sont en constante augmentation dans la région. En effet, de nombreux producteurs se convertissent chaque année, un phénomène notamment motivé par la relève des plus jeunes lors de la reprise des domaines familiaux.
Le style des vins n’est pas en reste, en effet les vignerons s’appliquent à créer des vins plus tendus, précis et secs et ainsi moins lourds en sucre. Le vignoble alsacien est aujourd’hui synonyme de dynamise, d’audace et de surprise, ainsi comment résister à l’envie de le découvrir ?
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