Paulée de Meursault iDealwine
l’Ecriteau de la 79° Paulée

Le week-end de la vente des Hospices de Beaune se prolonge traditionnellement par la Paulée de Meursault, un banquet façon grandes heures de la République. Mon foie et moi, nous y sommes allés, et nous en sommes retournés, chacun de notre côté. En chemin, j’ai croisé Cyrille, hôte du sémillant Michel Crestanello, passé sous pavillon Albert Bichot.

Le décor : le château de Meursault, traversé la veille en petite foulées lors du semi marathon de Beaune, et dont je n’avais pas une vision très nette ni globale, m’est apparu ce lundi-là ensoleillé, sous un jour nouveau. Début des réjouissances à midi avec un tour des caves, magnifiquement voûtées, un verre de blanc à la main.

Le banquet : le soixante-dix-neuvième du nom. Au cours du repas, le prix de la Paulée de Meursault, qui récompense chaque année un auteur, fut remis à Jean-Robert Pitte. C’est un intermède culturel toujours appréciable. Et dont on se souvient assez bien parce qu’il est en début de boucherie.

Ensuite tout le monde s’assoit, on est un peu serrés, mais l’ambiance est d’autant plus sympathique. Je suis invitée par le Domaine Boyer-Martenot à Meursault, avec la fine équipe du Domaine Gilles Buisson à Saint-Romain. Il y a là aussi quelques joyeux Belges, forcément.

La valse des étiquettes débute, une valse à quarante-quatre temps (au moins, parce qu’après j’ai arrêté de compter et je suis allée dormir).

Sans égrainer tous les vins passés dans mon gosier ce jour-là, une litanie rébarbative pour vous chers lecteurs, j’en choisirais quelques-uns qui m’ont émue ou achevée.

La mise en papilles du saint-romain Sous la Velle 2005 du Domaine Buisson fut de bon ton. Gras, ample, avec du coffre, il a placé le curseur à bonne hauteur. Un puligny 2008 Les Reuchaux de Boyer-Martenot, fin et ciselé, m’a tapé dans l’œil, parfait avec la pyramide de saint-jacques et langouste aux petits légumes. Un meursault 2007 de Rémi Jobard l’a rejoint illico presto.

La thématique en blanc fut largement axée sur le Meursault, forcément, avec des millésimes jeunes, 2006, 2007 ou 2008 essentiellement. Le meursault-charmes 2008 de Boyer-Martenot portait bien son nom, tout en délicatesse mais avec du peps. Je retiendrai aussi le 2006 Les Narvaux de la maison Michelot, le 2008 Genevrières de Boyer-Martenot (vous allez croire que je fayote, mais non) et en magnum, le Perrières 2002 toujours de notre hôte.

A peine le temps de passer au blanc de bar aux herbes que la cadence reprend de plus belle avec un Montrachet 1999 du Domaine Prieur servi en jéroboam. Superbe. Le Criots-Bâtard-Montrachet 1999 de Blin-Gagnard, le dernier blanc, épilogua doctement : grande classe, longiligne, complet.

Plat suivant : des ris de veau au beurre de noisette, cèpes et gnocchis gratinés au parmesan, chou et biseaux de carotte.

Transition hors piste pour les rouges avec un Vega Sicilia Unico 1982 ! Ouh là là, quelle jeunesse dans la robe et dans les arômes et, en bouche, une fraîcheur délicieuse, une rondeur caressante.

Le suprême de canette rôti, noix de cajou et légumes à la truffe de Bourgogne arriva à point. Le service actif est assez impressionnant, un ballet de serveurs avec des plats à chaque doigt, qui se faufilent comme ils peuvent avec empressement dans les allées déjà bien encombrées.

Les bouteilles s’échangent de table en table, on se lève, on bavarde, on se claque la bise, et crac, tiens toi ici, mais quel hasard, oh mon Dieu elle est pas belle la vie et patati patata.

Bientôt patatras d’ailleurs.

Rouges sur blancs rien ne bouge que je me dis.

Corton Charlemagne 2006 de Javillier, Charmes 2001 de Rémi Jobard, Pommard 2009 de Gilles Buisson, Chambolle-Musigny 2000 de Barthod, Corton Grand Cru 1996 de Bonneau du Martray.

Pause. Sassicaïa 1997, un peu végétal à mon goût, mais qui permet de repartir sur un chambertin 1996 de Denis Mortet puis un magnum de Clos Vougeot 1990 d’Anne Gros. Ce magnum m’a tuer.

Il est environ 20h00. Il fait nuit depuis belle lurette. On a clapé des mains, chanté, trinqué, fait tourner les serviettes. Le bal des petits blancs attend pour la suite, d’autres repartiront pour une virée dans les caves de Meursault. Je ne balancerai pas mais Michel Crestanello m’a dit qu’il avait fini à deux heures du matin avec un plat de pâtes. J’ai dormi treize heures.

L’année prochaine, ça recommence. Il faut faire les trois glorieuses m’a t-on dit : la trilogie infernale, samedi soir, dimanche soir et lundi. Il faut avoir la foi.

Je laisse la parole à Cyrille !

La plume de Véronique est comme toujours alerte et je dois bien avouer que son style est fort plaisant. Néanmoins, je me dois de faire quelque mises au point à propos de cette Paulée 2011.

Première mise au point

Grâce à la généreuse invitation d’Albéric Bichot, de la maison éponyme, pour lequel travaille désormais notre ami Michel Crestanello, lui-même une presque institution de la belle Bourgogne, je participais en effet à ma troisième Paulée. Si Véronique ne consent pas à lister tous les vins qu’elle a bus, ce n’est pas parce qu’elle considère que ce serait rébarbatif, c’est plutôt qu’elle souhaite jeter un voile pudique sur la bonne soixantaine de crus dans lesquels elle a trempé ses lèvres. Ce type de coquetterie, croyez-moi, disparait en général dès la deuxième participation à ce mythique banquet.

N’ayant pas peur de cela et étant quelque peu habitué aux quolibets de quelques jaloux, je liste sans fausse pudeur plus bas les noms de mes conquêtes du jour. Je rejoins Véronique sur le fait que le plus important est de décerner ses coups de cœur parmi ses levées de coudes du jour. A ce rythme là, et compte tenu du niveau global fort relevé, les coups de cœur sont ceux qui restent gravés en mémoire quelques jours après l’évènement.

En voici donc 3 parmi les grands blancs du jour :

– un magnifique Chablis Grand Cru Moutonne du Domaine Long-Depaquit en millésime 2003 apporté par mes hôtes (qui venait après un non moins fameux Chablis Grand Cru Blanchots 2005), nez très expressif d’agrumes et d’iris, parfait équilibre en bouche entre minéralité et volupté, très grande longueur ;

– un impérial Montrachet Grand Cru Boillot 2006 en jéroboam, « enooorme », nez puissant, bouche ample et pleine, tout en gardant une grande finesse, l’évidence de boire un très grand vin ;

– un iconique Meursault Perrières Coche Dury 1995, sur un millésime qualifié par le maître lui-même de difficile, une superbe bouteille : nez sur la noisette, subtiles notes miellées et d’aubépines, grande finesse, matière très vivante en bouche avec une texture légèrement granuleuse, très longue finale.

Et en voici un parmi les rouges : Pommard 1er Cru les Rugiens Joseph Voillot 1964 : une étonnante jeunesse, avec une très belle fraicheur en bouche. Arômes évolués de sous-bois, et notes giboyeuses bien élevées. La bouteille est à son apogée, un magnifique témoignage laissé par la génération précédente de vignerons, la magie du vin et des vieux millésimes.

Deuxième mise au point :

Si Véronique est partie se coucher à vingt heures, c’est uniquement parce qu’elle était attendue au Domaine de la Pousse d’Or le lendemain matin pour une nouvelle dégustation. Quant à nous, nous avons en effet pour habitude d’honorer ceux qui nous invitent. Aussi à vingt heures, lorsque la fraîche nuit meurisaltienne commençait à nous saisir, nous avons saisi notre courage (et notre verre) et sommes allés trouver un peu de chaleur dans les caves de Meursault. D’abord accueillis chez Jean-Marie Bouzereau, où nous avons goûté sur fûts les merveilleux 2009 et quelques millésimes plus mûrs dont un simple et superbe village 2001, puis chez Ballot-Minot où, outre les très bons meursaults, nous avons pu découvrir le savoir-faire de ce domaine avec les rouges 2009 (Chambolle-Musigny notamment). Là, à vingt-trois heures, les moqueurs qui pensent que c’est un métier facile la ramènent en général un peu moins. Aussi lorsque nous nous sommes retrouvés après minuit devant un plat de pâtes accompagné d’un Grand Cru de la Côte de Nuits dont je tairai le nom par respect (pour vous), on peut quand même considérer que tout cela était, au final, bien mérité.

Merci à la Bourgogne pour ces instants magiques et vivement l’année prochaine !

Et pour finir voici donc une liste non exhaustive de quelques jolis flacons dégustés en cette belle journée :

Champagne Pol Roger 1998

Corton Charlemagne GC 2010 Bouzereau

Meursault 1er cru Les Genévrières Domaines des Comtes Lafon

Chablis GC Blanchots 2005 Domaine Long-Depaquit

Chablis GC La Moutonne 2003 Domaine Long-Depaquit

Meursault 1er cru Poruzot Domaine Bouzereau 2007

Meursault 1er cru Goutte d’Or Domaine Buisson-Battault 2007

Chablis 1er cru Montée de Tonnerre 2006 Domaine Raveneau

Meursault 1er cru les Narvaux 2001 Domaine Bouzereau

Meursault 1er cru les Charmes A. Bichot 2005

Corton Charlemagne Domaine du Pavillon A. Bichot 2001

Montrachet GC 2006 Domaine Boillot

Montrachet GC 1999 Domaine Jacques Prieur

Meursault 1er cru les Perrières Domaine Jean-François Coche-Dury (Magnum)

Batard Montrachet GC Domaine Pierre Morey 1990

Beaune Clos des Mouches Domaine Drouhin 2009 (jéroboam)

Pommard Clos du Pavillon Domaine A. Bichot 2002

Meursault 1er cru Goutte d’Or 1999 Domaine Bouzereau

Chambertin GC 2002 Domaine du Clos Frantin A. Bichot

Clos Vougeot GC Château de la Tour 1996

Corton Bressandes GC 1999 Follin-Arbelet

Echezeaux GC 2002 Domaine des Perdrix

Corton GC 1997 Domaine Bertagna

Clos Vougeot GC 1999 Domaine Mugneret

Clos Vougeot GC 1999 Domaine Drouhin

Corton Grancey GC 2001 Domaine Louis Latour

Château Montrose 1995

Châteauneuf-du-Pape Château de Beaucastel 2001

Châteauneuf-du-Pape Domaine de Pégau Cuvée Réservée 2001

Chapoutier

Sassicaia 2007 (impériale)

Vega Sicilia Unico 1982

Clos de la Roche GC Ponsot 2001

Chambolle-Musigny 1er cru les Amoureuses Domaine Roumier 2000

Echezeaux Domaine de la Romanée Conti 1991

Pommard 1er cru les Rugiens Domaine Voillot 1964

Pommard 1er cru les Rugiens Domaine Voillot 1969

Château Suduiraut 1996

Gewurztraminer SGN Deiss 2002

Cognac Grande Fine Champagne Napoléon 1818

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Cet article a 4 commentaires

  1. Claude C

    Avec tout cela, il est de bon ton de dire: « Elle est belle la vie…! »

    A quand une degustation avec les anges ?

    Bonnes Fetes

    1. Rédaction iDealwine

      Claude
      Nous irons tous déguster un jour avec les anges ….
      Juste une question de temps 🙂
      Lionel

  2. Claude C

    Avec tout cela, il est de bon ton de dire: « Elle est belle la vie…! »

    A quand une degustation avec les anges ?

    Bonnes Fetes

    1. Rédaction iDealwine

      Claude
      Nous irons tous déguster un jour avec les anges ….
      Juste une question de temps 🙂
      Lionel

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