Vins bio, en biodynamie, agriculture raisonnée, vin nature … Comment s’y retrouver ? iDealwine

Vous vous y perdez légèrement entre les nombreuses certifications environnementales que l’on octroie aux vins ? C’est un peu normal. Faisons le point ici.

La part des vins bio n’a de cesse de progresser depuis de nombreuses années, il est on ne peut plus normal de faire alors une petite mise au point sur les chiffres et les sur les certifications environnementales du marché du vin. D’autant plus que la France est en bonne voie pour devenir le plus grand vignoble biologique mondiale, avec un total de plus de 110 000 hectares de vignes converties, auxquelles s’ajouteront bientôt les presque 60 000 hectares en cours de conversion, grâce à un rythme de conversion plus soutenu que dans d’autres vignobles européens (source : Agence Bio).

De plus, la consommation mondiale de vins biologiques est en constante progression, avec une estimation de 976 millions de bouteilles vendues en 2023, soit une augmentation de 4,4% par rapport à l’année dernière. Ce chiffre représente 3,5% du total des bouteilles vendues dans le monde (estimé à 28 milliards), contre 1,5% en 2013. Par ailleurs, la part des vins non biologiques est, elle, en pleine décroissance depuis quelques années, affectant en conséquence le poids total de bouteilles vendues, passés de 28,2 milliards à 28 milliards en 2 ans (tous les chiffres sont fournis par Statista et l’IWSR). Le biologique n’est plus seulement une tendance de fond : il représente le futur du marché du vin. Mais le connaît on vraiment ?

On sait tous à peu près ce qui se cache derrière les termes de bio, biodynamie, raisonné, nature, mais il serait peut-être temps que ce « à peu près » se transforme en connaissance claire et un peu plus précise. Après tout, l’urgence d’agir pour préserver notre planète mérite bien qu’on s’attarde quelques minutes sur les possibilités existantes pour limiter l’impact de la viticulture sur l’environnement et sur nos santés. Faisons donc le point ensemble sur les principales certifications existantes aujourd’hui en matière de viticulture durable.

L’agriculture raisonnée : la moins contraignante des démarches respectueuses de l’environnement

L’agriculture raisonnée (dont découle la viticulture raisonnée), vise à limiter l’impact de l’activité agricole sur l’environnement. L’idée est de n’utiliser que le minimum de produits chimiques, de ne traiter la vigne que lorsque cela est nécessaire (contrairement aux cures préventives autrefois répandues) et d’assurer une transparence totale de ces traitements de la vigne (exigence de traçabilité). Cette démarche est officiellement reconnue depuis 2002 et elle est certifiée par le label Terra Vitis.

Des vins bio –désormais encore « plus bio » grâce à l’Union Européenne (mais qui peuvent encore progresser) :

Jusqu’en 2012 un « vin bio », était en fait un « vin issu de la viticulture biologique », c’est-à-dire produit à partir de raisins certifiés en agriculture biologique, donc respectant un cahier des charges spécifique bannissant les pesticides, herbicides, engrais chimiques et OGM (ce qui revient à n’utiliser que des produits exempts de molécules organiques de synthèse). Donc seuls les raisins étaient en réalité certifiés en agriculture biologique. Mais, depuis février 2012, la mention « vin biologique » est régie par de nouvelles règles européennes1. Désormais, pour obtenir cette certification, il faut non seulement que les raisins soient issus de l’agriculture biologique, mais également que la vinification remplisse un cahier des charges défini par Bruxelles comportant des règles de vinification plus « propre », telle qu’une teneur maximale en sulfites inférieure par rapport aux doses maximales autorisées pour les vins conventionnels. Cet écart est par exemple de 50mg/l pour les vins rouges secs avec une dose maximale de 150 mg/l autorisés en agriculture conventionnelle, contre 100mg/l en agriculture biologique2 . Pour autant, ces limites restent encore assez élevées. On remarquera au passage, qu’un vin bio n’est absolument pas synonyme de vin nature (dit sans souffre), même s’ils peuvent l’être également, ce n’est pas une obligation. Le cahier des charges des vinifications stipule également que ne sont autorisés que les additifs certifiés biologiques (lorsqu’ils existent), par exemple pour les levures (les levures exogènes sont autorisées en bio) ou pour le sucre servant éventuellement à la chaptalisation. D’autres intrants autorisé dans la viticulture traditionnelle sont tout simplement interdits pour les vins bio comme l’acide malique. En France, il existe six organismes agréés par le ministère de l’Agriculture – et par l’UE – , l’INAO et la DGCCRF pour délivrer le label « AB », mais le plus important est Ecocert.

1 Règlement UE N° 203/2012

2  in Ecocert, Vinification en agriculture biologique, ecocert.fr

Abeilles - Nature - Vigne - iDealwine

Les vins biodynamiques : le Graal pour le respect de l’équilibre naturel

Pour obtenir la certification en biodynamie par Demeter ou bien par Biodyvin, il faut au préalable être certifié en agriculture biologique (ou être en cours de certification). Il y a donc un « tronc commun » entre la viticulture biologique et biodynamique, mais la biodynamie va beaucoup plus loin dans le sens où elle prescrit le respect des cycles naturels et de la vie des « organismes agricoles » c’est-à-dire de la vie d’un domaine viticole pensé dans son ensemble. Une sorte de démarche bio assortie d’une démarche spirituelle, d’un mode de vie et d’agriculture en osmose avec la nature, un équilibre de la vigne avec son environnement proche tout d’abord, mais également très lointain (influence des astres). La biodynamie est un système de production inspiré par l’anthroposophie et dont le maître à penser est le célèbre Rudolf Steiner (philosophe et agronome autrichien). Elle consiste dans les grandes lignes à réhabiliter et intensifier la vie organique au sein des vignes (innombrables micro-organismes présents dans le sol, le sous-sol et sur les vignes), dans le but de mieux respecter l’environnement et de permettre la plus juste expression du terroir dans les vins ; mais aussi à prendre en compte les cycles lunaires et les positions planétaires (pour leur influence sur la vie et la croissance des plantes) ; améliorer la qualité des sols et des vignes naturellement, par des préparations issues de matières végétales, animales ou minérales (les préparâts) pulvérisées à dose homéopathique pour renforcer les vignes ou dynamiser les sols ; travailler les sols par labours pour les aérer. Les doses de sulfites maximales sont plus faibles que pour la viticulture biologique.

La démarche biodynamique, plus complexe et philosophique, ouvre naturellement plus de débats parmi les amateurs et les professionnels du secteur vinicole. Chez iDealwine, dans le soucis de donner un porte-voix à tous les acteurs des mutations qui transforment le marché du vin, nous avons accordé une interview à une personnalité forte, précurseure de la biodynamie en France. Vous pourrez retrouver la totalité de l’entretien dans notre article dédié : Nicolas Joly et la biodynamie, un témoignage intime et authentique.

De plus, pour de nombreux dégustateurs, les vins biodynamiques comme les vins biologiques, semblent l’emporter sur les vins conventionnels du point de vue de la qualité organoleptique, comme l’explique par exemple Antoine Gerbelle, journaliste à la Revue du Vin de France3.

3 « Tout savoir sur le vin bio », larvf.com,

Non, les vins nature ne sont pas « sans soufre » :

Contrairement à une idée assez répandue, il n’existe pas de vin sans soufre. En effet, le processus même de la fermentation est producteur de SO2 (dioxyde de soufre), de par l’action des levures qui transforment le sucre en alcool. Il serait donc plus judicieux de parler de vin « sans souffre ajouté ». Ces vins « nature » ou « naturels » sont censés être faiblement dosés en sulfites,  voir ne pas contenir du tout de sulfites ajoutés. Pour certains, il s’agit de ne pas dépasser la dose maximale de SO2de 40 mg/l pour les vins blancs et 30 mg/l pour les rouges ; pour d’autres, il s’agit de n’ajouter aucun sulfite. Mais en réalité, il n’existe pas de réglementation officielle en la matière comme c’est le cas pour les vins bio et la biodynamie, chaque association applique donc ses propres règles. L’association des vins naturels (AVN) tente justement d’obtenir une définition officielle, même si l’entreprise semble complexe et se heurtent à de nombreux obstacles 4. Cette dernière prône une viticulture respectant l’agriculture biologique ou biodynamique (certifiée) en complément d’une démarche plus poussée qui par exemple n’autorise que les levures indigènes dans les vinifications, interdit les pratiques dites brutales comme l’osmose inverse, la flash pasteurisation ou la thermovinification et n’autorise aucun ajout de sulfite ni d’autre intrant 5.

Pour rappel, le soufre est utilisé lors de la vinification et de l’élevage pour ses propriétés antiseptiques et antioxydantes, il permet de stabiliser les vins en empêchant qu’ils repartent en fermentation une fois en bouteille à cause des levures ou bactéries non inhibées par le soufre. L’absence ou la faible quantité de soufre ajouté exige des conditions de vinification irréprochables ainsi que des conditions optimales de stockage et de conservation des vins.

4 Cf Julie Reux, « Faut-il officialiser les vins naturels ? », larvf.com, 20/10/2015

5 Cf « L’engagement du vigneron pour un vin AVN », lesvinsnaturels.org, 07/03/2015

Si vous souhaitez approfondir votre connaissance du sujet :

La place des vins bio se consolide sur le marché français

Le Paradoxe du Vin Bio : labels et tendances d’un marché international

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