Décryptage : les crus classés des Côtes de Provence

Avant 1955, les Côtes de Provence n’étaient que des VDQS (vins délimités de qualité supérieure) ; ils ne deviendront des AOC qu’en 1977. Mais en juillet de cette année-là, un arrêté ministériel a homologué un classement de certains crus de l’appellation.

Avant 1955, les Côtes de Provence n’étaient que des VDQS (vins délimités de qualité supérieure) ; ils ne deviendront des AOC qu’en 1977. Mais en juillet de cette année-là, un arrêté ministériel a homologué un classement de certains crus de l’appellation. 23 exploitations (sur les 300 recensées à l’époque) bénéficièrent de la mention “Cru Classé”, malgré les protestations des propriétaires bordelais … Le 7 avril 1943 pourtant, le préfet de Marseille avait entériné une première classification des crus classés de la région pour récupérer les taxes ad hoc. Quatre critères avaient été retenus : la vente directe, la mise en bouteille à la propriété, la mise sur le marché des vins après 18 mois minimum de conservation, l’utilisation d’une appellation d’origine ou d’une marque antérieure à 1935. En 1951, l’INAO (institut nationale des appellations d’origine) acquiesçait cette nouvelle hiérarchie.

18 crus classés, parfois contestés

Mais comme on peut le constater, ce classement repose uniquement sur l’antériorité et en rien sur des critères qualitatifs ; il est donc contestable (et contesté). D’ailleurs, certains domaines produisent un deuxième vin, voire un troisième, qui affichent ostentatoirement la mention de “cru classé”. En outre, les parcelles des vignobles peuvent entrer et sortir des crus classés au gré des achats et ventes des propriétés …

Aujourd’hui, 18 domaines ont droit de revendiquer ce titre, car 5 ont disparu (le Clos de la Bastide verte à La Garde, le Domaine de la Grande Loube à Hyères, le Clos du Relais à Lorgues, le Coteau du Ferrage à Pierrefeu et le Domaine de Moulières à La Valette). Les plus actifs d’entre eux (14 propriétaires sur les 18) se sont regroupés en GIE en 2000 pour défendre leur titre et le promouvoir.
Voici la liste des 18 crus classés : Château Minuty, Château Sainte-Roseline, Domaine de la Source Sainte-Marguerite (devenu Château Sainte-Marguerite), Domaine de la Clapière, Domaine de l’Aumérade, Clos Cibonne, Domaine de Rimaurescq, Domaine de Castel Roubine (devenu Château Roubine), Château du Galoupet, Château de Saint-Martin, Château de Saint-Maur, Clos Mireille, Château de Selle, Château de Brégançon, Domaine de Mauvanne, Domaine de la Croix, Domaine du Jas d’Esclans et Domaine du Noyer.
Enfin, aucune révision n’est prévue. Il est donc figé dans le marbre ad vitam aeternam. Pour le mettre à jour, il faudrait l’annuler et procéder à une nouvelle sélection.

Le Classement made in Revue du Vin de France

Un récent palmarès de la Revue du Vin de France, conduit par Bernard Burtschy, a fait le point sur les vins de chacune de ces propriétés. A l’issue d’une dégustation de millésimes récents et anciens, la revue a livré son propre classement.

Les 11 crus classés en 1955 qui méritent leur rang : Domaine de l’Aumérade, Château de Brégançon, Château du Galoupet, Domaine du Jas d’Esclans, Château Minuty, Clos Mireille, Domaine de Rimaurescq, Château Roubine, Château Sainte-Marguerite, Château Sainte-Roseline, Château de Selle.

Les crus suivants classés en 1955 ne méritent plus d’en faire partie : Clos Cibonne (hormis son rosé), Domaine de la Clapière, Domaine de la Croix, Domaine de Mauvanne, Domaine du Noyer, Château de Saint-Martin, Château de Saint-Maur.

En revanche, ces châteaux non classés mériteraient de l’être : Domaine de la Courtade, Domaine de la Cressonnière, Domaine Gavoty, Domaine de Richeaume, Domaine Saint-André de Figuière, Domaine des Sarrins.

Cet article a 6 commentaires

  1. LaPlumedesVins.fr

    Un article qui remet les choses en place.
    Je suis parfaitement en accord.
    La Clapière mais surtout Mauvanne qui n’a pas sa place, les rouges sont peu travaillés tout comme la vigne, il suffit de passer au bord de la route.
    La Courtade va connaitre un renouveau son Mourvedre 2011 n’a pas très bien vieilli mais je ne doute pas sur leur avenir.

    St André de Figuière est incontournable pour ma part avec une régularité dans la qualité, tout comme St marguerite, le Galoupet, qui aurait aussi sa place en Cru classé.

  2. LaPlumedesVins.fr

    Un article qui remet les choses en place.
    Je suis parfaitement en accord.
    La Clapière mais surtout Mauvanne qui n’a pas sa place, les rouges sont peu travaillés tout comme la vigne, il suffit de passer au bord de la route.
    La Courtade va connaitre un renouveau son Mourvedre 2011 n’a pas très bien vieilli mais je ne doute pas sur leur avenir.

    St André de Figuière est incontournable pour ma part avec une régularité dans la qualité, tout comme St marguerite, le Galoupet, qui aurait aussi sa place en Cru classé.

  3. Baliren

    Je suis entièrement d’accord pour le St André de Figuière mais suis plus circonspect concernant le Ste Marguerite.
    En revanche pour le Clos Cibonne, je pense qu’il est redevenu ce qu’il était depuis une dizaine d’années environ pour ses rouges: Cuvée des Vieilles Souches 2010 est magnifique, Cuvée Olivier 2011 tout en explosivité et élégance (dommage que la longueur soit moins là). Les cuvées Olivier 2015 et 2016 semblent très prometteuses par contre leurs grandes cuvées de rouge doivent maintenant attendre au moins 5 ans pour être dégustées voire 7-10 ans pour les bons millésimes ce qui est rare sur les Côtes de Provence.
    Que dire de la Cuvée Caroline qui a elle seule vaut le détour! Il s’agit d’ailleurs du seul rosé de Provence qui sorte du lot que j’arrive à boire avec un réel plaisir. Je ne connais aucun autre domaine capable de servir un rosé de presque 40 ans d’âge qui tient encore la route.

  4. Baliren

    Je suis entièrement d’accord pour le St André de Figuière mais suis plus circonspect concernant le Ste Marguerite.
    En revanche pour le Clos Cibonne, je pense qu’il est redevenu ce qu’il était depuis une dizaine d’années environ pour ses rouges: Cuvée des Vieilles Souches 2010 est magnifique, Cuvée Olivier 2011 tout en explosivité et élégance (dommage que la longueur soit moins là). Les cuvées Olivier 2015 et 2016 semblent très prometteuses par contre leurs grandes cuvées de rouge doivent maintenant attendre au moins 5 ans pour être dégustées voire 7-10 ans pour les bons millésimes ce qui est rare sur les Côtes de Provence.
    Que dire de la Cuvée Caroline qui a elle seule vaut le détour! Il s’agit d’ailleurs du seul rosé de Provence qui sorte du lot que j’arrive à boire avec un réel plaisir. Je ne connais aucun autre domaine capable de servir un rosé de presque 40 ans d’âge qui tient encore la route.

  5. Ducrot

    Mes rosés préférés: Manon, Ott, Roseline , Minuty et Château St -Martin et Sainte Marguerite.

  6. JACQUES

    Beaucoup de choses ont changées depuis ces 2 dernières années avec le rachat de Ste Marguerite par Pernod Ricard , Galoupé et Minuty par LVMH et nous pourrons constater que ce classement ne sera plus qu’une arme commerciale de quelques Grands Groupes …
    Sauf erreur de ma part il manque un point interessant à votre article .
    Vous soulignez que le classement cru classé est attribué au domaine et non pas à la parcelle … ce qui est vrai et a permis ces dernières 20 années à des domaines de passer sous ce classement les nouvelles parcelles limitrophes au domaine en cru classé sous prétexte que les vins sont travaillés … par le domaine cru classé … un des domaines cité plus haut n’ayant à l’origine que 15 hect a revendu ses 300 hect avec ce classement …
    Comme pour la Champagne et ses Grands crus , Premiers crus etc … la Provence pourra certainement d’ici peu valoriser ses vins par terroir , parcelles et n’oublions pas … les Femmes et hommes qui les travaillent … le reste sera un argumentaire commercial pour l’export .

Laisser un commentaire