Les vins liquoreux sont, comme chacun sait, les vins de Bordeaux les plus difficiles à produire. Les rendements sont microscopiques (8 à 9 hectolitres par hectare en moyenne), et la production entièrement dépendante de l’apparition de la pourriture noble, conséquence de l’action du fameux château de Fargues, il dresse pour Paris-Match, dans le numéro spécial vin paru dans ces jours-ci, un bilan amer des évolutions récentes de la filière viticole propre à ce vin.
« Nous sommes revenus aux prix obtenus il y a quinze ans. Nous allons vers un suicide collectif pour toute la filière viticole, pour la propriété condamnée à abâtadir sa production, pour l’appellation Sauternes et pour le négoce lui-même, qui perdra une large part de sa crédibilité dans l’abandon d’un pan entier du classement de 1855 et d’une AOC exceptionnelle dans le cénacle des grands vins girondins », déplore-t-il dans une lettre adressée au négoce de Bordeaux. Les difficultés financières seraient telles que le vignoble de Sauternes, aux terroirs et aux vins si particuliers, pourrait à terme être poussé presque de force à se noyer dans « l’océan des vins sucrés ou bien encore dans la production d’un blanc sec… C’est comme si les premiers crus du Médoc étaient condamnés à se reconvertir dans la production de vins rosés. » Le constat est sans appel…
Nous constatons nous aussi sur la plateforme d’iDealwine que les enchères atteignent rarement les sommets, ou alors sur des millésimes très, très anciens. Le Château d’Yquem n’échappe pas à cette règle. Ainsi, une bouteille d’un premier cru classé (Sigalas Rabaud) d’une des plus grandes années (1990) s’échange autour de 50 euros. De même, un Château de Fargues 2001 (une année exceptionnelle pour le Sauternes), ne dépasse pas les 80 euros… Si ces prix restent sages, ils n’ont absolument rien à voir avec les sommes déboursées pour les équivalents du Médoc ou de Saint-Emilion, et ne parlons pas de la Bourgogne…
Pourtant, en amoureux de ce vin que Frédéric Dard qualifiait de « lumière bue », le Comte de Lur-Saluces ne cède pas au défaitisme. Au contraire, son optimisme révèle une conviction sans faille, une confiance totale envers les vins de Sauternes. « On maintiendra la qualité, on sortira encore des chefs d’œuvre », argue-t-il. Ce n’est pas la première fois que l’existence même des vins liquoreux à Sauternes est questionnée. « On me disait dans les années 60-70 que le vin liquoreux du château (d’Yquem, ndlr) ne durerait pas, que le système de vendanges fondé sur la quête problématique du botrytis, des tries successives jusqu’à Noël, n’avait aucun avenir ». Le temps lui a pour l’instant donné raison, mais les difficultés reviennent aujourd’hui sans doute plus fortes que par le passé. « Je suis convaincu que l’on peut faire aimer ce vin de toute beauté. S’il y a un vin d’art en Gironde, c’est bien le sauternes ». Cette espérance est tout à fait légitime au regard de la qualité des vins produits. S’il y a bien un vin au rapport qualité/prix imbattable aujourd’hui, c’est à Sauternes qu’on le trouve. Puisse cet avantage un peu empoisonné sauver ce vin particulier qui participe grandement à la richesse et à la diversité des grands vins de Bordeaux.
Retrouvez une collection exceptionnelle de vins de Sauternes et de vins blancs secs de Bordeaux (vente terminée) dans la vente on-line qui se déroule jusqu’au 24 septembre !
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Cote iDealwine de deux vins de Sauternes
Château d’Yquem
Vin | Cote iDealwine |
Château d’Yquem 2001 | 558 € |
Château d’Yquem 1996 | 216 € |
Château d’Yquem 1990 | 281 € |
Château d’Yquem 1989 | 267 € |
Château d’Yquem 1988 | 307 € |
Château d’Yquem 1986 | 235 € |
Château d’Yquem 1967 | 1 180 € |
Château de Fargues
Vin | Cote iDealwine |
Château de Fargues 2001 | 78 € |
Château de Fargues 1996 | 70 € |
Château de Fargues 1990 | 108 € |
Château de Fargues 1989 | 96 € |
Château de Fargues 1988 | 107 € |
Château de Fargues 1986 | 70 € |
Château de Fargues 1967 | 160 € |
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Je m’étonne de ne pas voir mentionné ce qui est, à mon avis d’agronome, la plus grande menace, à savoir le réchauffement climatique. Il pourrait faire disparaître le Botrytis et transformer le sauternes en vin de raisins secs sans le goût de pourriture noble. Ou pire encore, si le climat devenait chaud et humide, le Botrytis pourrait virer à la pourriture grise…