Avec leur saveur souvent marquée et leur texture presque toujours très particulière, les abats font partie de ces plats pour lesquels les accords sont assez “pointus”, mais ils peuvent se révéler magiques. Voici plusieurs exemples qui vous donneront quelques pistes d’association.

Historiquement les abats d’un animal de boucherie n’étaient pas commercialisés dans le même circuit que le reste de la viande pour des raisons de coutumes et de pratiques remontant au Moyen-Âge. Il existait donc des tripiers (pour les abats) qui cohabitaient avec des bouchers. Il est à noter que certains morceaux de viande plus “classiques”, comme l’onglet, la queue ou les joues étaient considérés comme des abats et donc commercialisés en triperie. Aujourd’hui, le métier de tripier est en voie de quasi disparition et on trouve des abats dans toutes les boucheries ou charcuteries.

Notons aussi que les abats divisent en général les amateurs de viande. Si beaucoup d’entre eux apprécient la plupart des produits de triperie, une part importante des carnivores a beaucoup de mal à les apprécier, voire à les supporter… Pour résumer, les abats, on adore ou on déteste ! Et pour le vin c’est un peu pareil : certaines appellations s’accordent très bien avec la plupart des abats et pour d’autres, l’entente est moins cordiale…

Le foie

C’est probablement le plus consommé des abats, surtout le foie de veau qui, pour les amateurs, est l’un des mets les plus fins qui existent. Il est le plus souvent préparé de façon assez simple, soit en tranches cuites “rosé” (avec parfois un déglaçage au vinaigre), soit en gros tronçon cuit entier, comme un rôti, soit, si on a des attirances italiennes, cuisiné à la vénitienne, c’est à dire revenu avec des oignons confits (avec ou non un déglaçage au vin, généralement blanc). La plus belle association passera presque toujours par un beau rouge de pinot. Compte-tenu du goût assez puissant du foie de veau, il vaut mieux aller directement sur un premier cru bourguignon, sans préférence particulière pour la Côte de Beaune ou de Nuits, mais si l’on veut entrer dans les détails, on pourra citer Volnay, Beaune, Chambolle-Musigny ou Vosne-Romanée. Si l’on veut rester raisonnable dans ses dépenses, on pourra quand même apprécier les meilleurs rouges de Marsannay, Rully, Mercurey ou Givry. En dehors du pinot, il y a tout de même quelques pistes qui ne sont certainement pas un pis-aller ! On pense à de belles cuvées de la Loire, en cabernet franc, comme à Saumur-Champigny, à Chinon ou à Bourgueil, mais en évitant les cuvées à l’élevage boisé trop marqué. Et si l’on fait une petite concession aux vins étrangers, penser à des vins du Piémont, pas forcément des barolos trop puissants, mais des Langhe à base de nebbiolo ou des barberas fruitées.

Les rognons

Un autre grand classique des abats, mais avec une texture et un goût très différents du foie. Ici, les préparations peuvent être plus variées, allant du rognon simplement rôti ou sauté à des préparations incluant de la crème, de la moutarde ou même du porto. Les accords mentionnés pour le foie (essentiellement bourgognes et vins de Loire rouges) fonctionneront également avec les rognons, particulièrement dans leur version sans sauce trop marquée. Mais la texture plus “solide” du rognon autorise aussi des accords avec des vins plus tanniques, des rouges du Rhône nord par exemple, ou des bordeaux aux tannins assagis par une certaine garde ou vinifiés plus en souplesse comme certains merlots à Saint-Émilion ou en Côte de Castillon. Avec une sauce à la crème on peut rester sur un vin rouge tendu comme peut l’être un bourgogne, mais on peut aussi tenter un blanc de la même région, si possible un vin avec une certaine ampleur (plus chassagne que chablis par exemple). Une sauce au porto peut vous amener à essayer un accord avec un rouge du Rhône sud.

Le ris de veau

Après une quasi disparition suite à la maladie de la “vache folle”, ce morceau raffiné a fait son retour chez les bouchers et au restaurant depuis quelques années. Cet abat possède une texture particulière, très délicate, pas vraiment éloignée de celle de la cervelle, avec une saveur élégante et subtile. Deux caractéristiques qui excluent la plupart des vins rouges (à l’exception d’un pinot noir “en dentelle”) et qui amènent tout naturellement au vin blanc. Mais il faut faire attention, car si le ris possède une texture délicate, elle n’en reste pas moins dense, d’où la nécessité de choisir un blanc doté d’une matière suffisante pour jouer la bonne partition. En Bourgogne, ceux de Meursault, de Chassagne-Montrachet, de Corton-Charlemagne sont sans doute les mieux placés. Ne pas hésiter à monter dans les meilleurs premiers crus pour les deux premiers noms cités. Si l’on aime le Jura, bel accord aussi avec les meilleures cuvées de chardonnay locales et, dans le Rhône, un hermitage ou un châteauneuf-du-pape blanc seront certainement à la hauteur. Si vous voulez sortir des sentiers battus, un blanc demi-sec de Loire avec peu de sucre (Vouvray ou Montlouis) ou un pinot gris alsacien avec un peu de résiduel seront probablement une belle découverte pour vos convives.

Les tripes

Dans nos sociétés très urbanisées et donc de plus en plus éloignées des coutumes rurales, on en consomme moins qu’autrefois. Il s’agissait en effet d’un plat nourrissant et très bon marché qu’on pouvait laisser mijoter des heures pendant qu’on s’occupait aux tâches de la ferme. Dans la cuisine populaire italienne ou espagnole on trouve également de nombreuses recettes de tripes. Ici encore, c’est la texture légèrement caoutchouteuse (avec une sensation qui évoque également le gélatineux ou le gras) de la viande qui va guider les accords. C’est évidemment vers un vin possédant une certaine acidité qu’il va falloir se diriger pour équilibrer la texture des tripes. La plupart des vins de Loire (y compris demi-secs) vont fonctionner, le muscadet comme les chenins à la trame bien tendue. En Bourgogne ce sera le choix des extrêmes : le nord, à Chablis (on pourra se contenter d’un “village”) pour la tension, et le sud, dans le Mâconnais, pour l’enrobage aromatique du chardonnay local qui se mariera bien avec la saveur légèrement douce des tripes. Dans la famille des blancs un peu vifs, penser également à un sancerre, un savagnin ouillé du Jura ou à une jacquère de Savoie (Chignin, Apremont). Si vous êtes allergiques au blanc, vous pouvez faire votre choix dans la majorité des beaujolais, en évitant peut-être les crus les plus structurés comme Morgon ou Moulin-à-Vent. Enfin, dans la série des accords un peu “osés”, essayez un vin jaune du Jura et vous aurez sans doute une bonne surprise !

La tête de veau

Encore un plat qui a un peu disparu de la cuisine familiale, comme toutes ces préparations qui nécessitent beaucoup de temps alors que nous sommes de plus en plus dans l’ère de l’immédiateté… Heureusement, certains restaurants gardent la tête de veau à leur carte ! Ce plat a une particularité, quand il s’agit de la “vraie” tête de veau, c’est qu’il allie des textures extrêmement différentes puisqu’on y trouve le côté gélatineux des joues, le croquant de l’oreille, la douceur moelleuse de la cervelle et la chair un peu ferme de la langue ! Le tout cuit dans un bouillon et généralement servi avec des sauces un peu relevées avec plusieurs composants comme de l’œuf, des cornichons, des câpres, des échalotes, de la moutarde. Autant dire qu’il y a peu d’amis du vin dans tout ça ! Pour accompagner la tête de veau il faut donc aller vers la simplicité, un vin blanc bien sec et plutôt tendu, un chablis village, un muscadet, un apremont ou une “petite” cuvée de Vouvray ou Montlouis.

 

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Cette publication a un commentaire

  1. PELLEGRIN

    Conseils paraissant très pertinents !
    A confirmer dans l’assiette et le verre…

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