Coup de coeur iDealwine depuis de nombreuses années, le château Haut-Bailly ne cesse de nous impressionner par le niveau d’excellence qu’il atteint, millésime après millésime. Parcourue de vignes depuis près de six siècles, la propriété se hisse aujourd’hui parmi les grands domaines de Pessac-Léognan.
Une histoire remontant au XVème siècle
Les premières vignes de Haut-Bailly datent du XVème siècle. L’un de ses propriétaires emblématiques fut l’ingénieur Alcide Bellot des Minières, surnommé « Roi des vignerons » en référence à ses remarquables avancées scientifiques. Il est également l’auteur du château que nous connaissons aujourd’hui.
Après les décennies compliquées de la séquence post-phylloxéra, une nouvelle ère est inaugurée en 1955 avec le rachat de Haut-Bailly par le négociant belge Daniel Sanders. Celui-ci va défendre ses lettres de noblesse, voyageant aux Etats-Unis puis en Asie dans les années 1960 et 1970. Son fils Jean prendra sa succession et élaborera une vingtaine de millésimes de grande qualité.
Le château est racheté en 1998 par le banquier américain Robert G. Wilmers (décédé en 2017). Celui-ci maintient néanmoins la famille Sanders, aujourd’hui brillamment représentée par Véronique, la petite-fille de Daniel Sanders. Celle-ci continue à gérer l’exploitation. L’équipe technique, jamais en reste pour trouver de nouvelles idées améliorant la qualité et le respect du terroir, est conduite par Gabriel Vialard.
En février 2012, Robert G. Wilmers rachète le voisin de Haut-Bailly, le château Le Pape. La question était sur toutes les lèvres alors, pour savoir si les sept hectares de l’ancienne propriété de la famille Monjanel, allaient ou non être intégrés au vignoble historique de Haut-Bailly. Il s’agirait d’une opération foncière considérable, en principe tout à fait légale. Ce ne sera finalement pas le cas, selon Véronique Sanders, qui assure que Le Pape restera bien une propriété à part entière.
Une viti-viniculture de pointe
Le domaine a gagné en reconnaissance ces dernières années, grâce à une viticulture respectueuse des usages bordelais traditionnels, qui contribue à élaborer un vin harmonieux et extrêmement équilibré. Le vignoble est en effet labouré à l’ancienne, sans recours aux désherbants, et les rendements volontairement limités. À des vendanges manuelles succède un tri sur table minutieux. Depuis 2007, on notera que six hectares sont en culture biologique dont trois en biodynamie (labour au cheval, compost d’origine végétale, épandage manuel, respect du calendrier lunaire, etc). par ailleurs, la propriété est certifiée HVE.
Haut-Bailly possède 30 hectares de vignes – une taille qui n’a pas changé depuis le XIXème siècle – qui jouissent d’une position rêvée, situées sur des terres hautes et graveleuses à l’est du village de Léognan. Parfaitement drainées grâce à l’inclinaison des pentes, leurs sous-sols sont composés de pierres fossiles. On trouve encore quatre hectares de très vieilles vignes, centenaires pour certaines d’entre elles, aux cépages variés et complantés : cabernet franc, carménère, merlot, malbec, petit verdot, cabernet sauvignon…
Le cabernet sauvignon est majoritaire dans l’assemblage du premier vin (autour de 66%) complété par le merlot (environ 34%), et le cabernet franc est aussi parfois présent, dans de faibles proportions. Le vin vieillit dans des fûts de chêne dont 50 à 60% sont neufs d’une année à l’autre, pour un élevage allant jusqu’à 18 mois. Haut-Bailly est connu pour sa souplesse et sa précision, mais depuis les années 1990 ses vins ont gagné en force et en concentration. Dès les premières années, à l’ouverture, on distingue des arômes de cerises sauvages, de notes épicées et fumées, venant accompagner avec perfection l’élégance et les traits féminins qui caractérisent ce Grand Cru Classé de Graves.
Le domaine produit un second vin, « La Parde de Haut-Bailly », introduit en 1967 et désormais rebaptisé « Haut-Bailly II ». On retrouve également un troisième vin « Pessac-Léognan », ainsi qu’un rosé depuis 2004 lorsque le millésime le permet. Contrairement à la plupart des autres crus classés de Pessac-Léognan, Haut-Bailly ne produit pas de vin blanc.
La propriété n’est pas seulement à la pointe en matière de viticulture et de vinification. En 2016, le designer Octave de Gaulle imagine une nouvelle forme d’embouteillage du vin… optimale pour les voyages en apesanteur lors de l’exposition « Octave de Gaulle, civiliser l’Espace » présente au MADD (Musée des Arts Décoratifs et du Design). Cela n’est pas sans nous rappeler la « fillette » de Lynch-Bages 1975, qui avait été la première à voyager dans l’espace en compagnie du spationaute Patrick Baudry en 1985.
Une route tracée vers l’excellence
En 2015, l’équipe du Château a atteint l’un de ses rêves : Robert Wilmers avait en effet promis d’inviter tous les collaborateurs du domaine aux Etats-Unis, à condition que l’autre Robert (Parker) attribue la note maximale de 100/100 au vin. Mission accomplie avec le splendide 2009, dont le critique américain avait réhaussé la note en avril 2015, pour la porter au sommet : « Riche, complexe, [Haut-Bailly 2009] est l’équivalent, en matière de vin, d’une création de haute couture conçue par Coco Chanel. » La promesse fut tenue par le propriétaire du château : Véronique Sanders et son équipe s’étaient donc envolés en décembre 2015 pour quelques jours à New-York !
Ainsi, depuis quelques années, la propriété ne cesse de gagner en précision et en prestige, en atteste son nouveau chai, dessiné par l’architecte Daniel Romeo. Le millésime 2021 sera le premier millésime vinifié dans ce chai, symbole d’une nouvelle ère pour Haut-Bailly. En septembre 2023 dernier, nous étions invités à célébrer avec le château, les 25 ans d’accomplissements de la famille Wilmers. Une soirée haute en couleur et en musique !
Les critiques de La Revue du Vin de France (3*) et de Bettane et Desseauve (5*) ne tarissent pas d’éloge à propros de la propriété… tout comme nous ! La finesse et l’élégance de cet immense pessac-léognan ne nous laissent pas indifférents. Angélique de Lencquesaing avait pu déguster en 2020 une verticale de 20 millésimes de la propriété, remontant jusqu’en 1998. De beaux souvenirs !
Château Haut-Bailly – ce qu’en disent les guides
La Revue du Vin de France 3*
[…] Haut-Bailly produit un vin (rouge uniquement) d’une droiture et d’une classe uniques, harmonieux et suprêmement équilibré, respectant les usages bordelais, cultivant l’élégance et la réserve. […] Il est bien difficile de prendre en défaut un seul millésime : tous, avec un style inimitable, long et fin, parviennent à l’excellence. […] La troisième étoile accordée il y a deux ans résonne comme une évidence pour les vrais amateurs de Bordeaux […].
Guide Vert 2024
Bettane & Desseauve 5*
C’est l’un des pessac-léognan les plus attachants de cette belle appellation […]. Les vins sont raffinés et équilibrés. Le fruit est précis, le tannin noble, la fraîcheur toujours maîtrisée et l’équilibre irréprochable. Le second vin, haut bailly II, est d’une régularité sans faille et d’une élégance à toute épreuve. La propriété qui cumule un nombre impressionnant de grands millésimes depuis maintenant plus d’une décennie rejoint l’élite des plus grands vins de Bordeaux. Cinquième étoile amplement méritée.
En Magnum 2024
Les vins en vente sur iDealwine
Château Haut-Bailly : Un vin harmonieux, d’une remarquable complexité. Une des stars discrètes de Pessac-Léognan qui brille par sa régularité au plus haut niveau.
Château Haut-Bailly II : depuis 1967, Haut-Bailly II (anciennement la Parde de Haut-Bailly), second vin du château, est issu des mêmes parcelles que le premier et vinifié avec le même soin. On y retrouve une belle fraîcheur avec une structure solide mais élégante.
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