Le mois dernier, Eloïse, acheteuse chez iDealwine et Elsa, responsable marketing se sont rendues dans le Jura pour rendre visite à certains de nos domaines partenaires. L’occasion de découvrir le rare mais délicieux millésime 2021, mais aussi de (re)déguster l’ensemble des vins, de prendre un peu le pouls de la région. Récit de ces trois jours autour d’Arbois.
Le mois de décembre a été l’occasion pour une partie de l’équipe iDealwine de se rendre dans le Jura, pour la tournée annuelle. Alors que l’an dernier, nous nous étions rendus chez les domaines Tissot, La Borde, La Loue, Philippe Châtillon, ainsi que La Touraize, Valentin Morel, Berthet-Bondet et Les Bottes Rouges, cette année, notre programme s’articulait autour des domaines Berthet-Bondet, le domaine du Pélican, Philippe Châtillon, Jérôme Arnoux, Fumey-Chatelain, Cellier Saint-Benoît et Rousset-Martin.
Petit récit de ces visites, les dégustations et de ce que nous en avons vu, bu et entendu sur le millésime 2021, mais aussi le millésime 2022 en préparation, qui semble donner du fil à retordre à tous les vignerons de la région… Le Jura comme si vous y étiez.
Le domaine Berthet-Bondet : le point de vue de Château-Chalon
Domaine iconique et classique de Château-Chalon, le domaine Berthet-Bondet est aujourd’hui une institution. Il s’agit une création, par les parents d’Hélène qui est aujourd’hui aux commandes, en 1985. Ils se sont dirigés vers le Jura par goût pour le vin jaune et que le foncier était encore abordable dans cette région. Ils ont donc commencé par acheter la très belle maison située dans le village de Château-Chalon puis ils ont repris les vignes d’un domaine ainsi que le salarié. Jean Berthet-Bondet s’est formé chez Jean Macle, l’une des références de l’appellation. Dans les années 1990, ils ont agrandi le domaine avec des vignes en côtes-du-jura et la dernière acquisition en date s’est faite en 2015 à Passenans. Le vignoble se porte ainsi à 14 hectares.
Hélène, l’actuelle vigneronne ne se destinait pas initialement à reprendre le domaine, puisqu’elle était partie vivre à Bruxelles en tant que traductrice. C’est avec le temps et à force de donner « des petits coups de main » à son père sur des salons et des dégustations que l’envie de retourner au domaine familial est née. C’est ainsi que son retour s’est fait en 2013 et qu’elle a réellement repris le domaine en 2018. Pour en savoir plus sur l’histoire du domaine, n’hésitez pas à lire notre article « Domaine Berthet-Bondet : la grande tradition du Jura ».
Quid du millésime 2021 ?
Sans surprise, le domaine a énormément gelé, et 80% de la production a été perdue, puisqu’elle n’a été que de 10hl/ha (contre 52 hl/ha en 2022 par exemple). Hélène nous précise qu’ils ne font rien de particulier en cas de gel (bougies…) car il n’y a pas grand-chose à faire, ce ne sont d’ailleurs même pas forcément les mêmes parcelles qui gèlent à chaque fois (pas les mêmes sur 2017 et 2021 par exemple).
Et le millésime 2022 ?
Le millésime, en cours de vinification n’est pas simple à produire, alors que tout se présentait bien, avec une belle récolte en quantités comme en qualité. Les fermentations ont du mal à se terminer sur beaucoup de cuves et il reste donc des sucres encore non transformés en alcool pour le moment. Si les causes de ces difficultés ne sont peut-être pas encore totalement élucidées, il semblerait que ce soit la sécheresse qui soit responsable. Cette dernière a en effet entrainé des carences en azote à la vigne, ce qui amoindrit l’efficacité des bonnes levures lors de la fermentation alcoolique. Elle a également favorisé les bactéries lactiques qui perturbent les vinifications : très souvent les fermentations malolactiques se sont faites avant même que la fermentation alcoolique soit achevée, sur les sucres donc mais également le manque d’azote. Pas de panique pour autant, le domaine laisse son temps au vin et aux fermentations de repartir de plus belles au printemps prochain, lorsque les températures seront plus propices.
La dégustation
Nous avons dégusté certains 2021 et 2020, dont un joli savagnier 2021 (savagnin ouillé) parfaitement équilibré et doté d’une belle pointe saline, ainsi qu’une nouvelle cuvée : l’Acacia 2020, un savagnin ouillé élevé 22 mois en fûts d’acacia (60%) et de chêne (40%), très fin, frais, salin, minéral et au boisé parfaitement intégré. Du côté des rouges, la cuvée Trio 2021 avec une majorité de pinot noir sur ce millésime (80%) , ainsi que du trousseau et du poulsard s’exprimait dans un registre très gouleyant et fruité, tandis que La Queue au Renard 2020 (100% pinot noir) offrait un profil plus structuré avec une certaine puissance ainsi que des notes torréfiées.
Pour ce qui est des millésimes plus anciens, notamment pour les oxydatifs, nous avons beaucoup apprécié la cuvée Tradition 2018, un assemblage de 80% de chardonnay et 20% de savagnin élevé deux ans sous voile et livrant une belle aromatique de fruits secs, d’épices et d’agrumes confits, avec une bouche tout en rondeur et une jolie fluidité ; le savagnin 2018, élevé trois ans sous voile offrait des notes fumées et une belle concentration, de la puissance. Enfin mention spéciale pour le château-chalon 2015, d’une grande finesse avec une jolie matière fluide, beaucoup de fraîcheur et ses beaux arômes de noisette, de noix ; soulignons également la production d’un macvin très réussi, gourmand et digeste avec ses notes épicées et de raisin de Corinthe.
Voir tous les vins du domaine Bethet-Bondet
Le domaine du Pélican : les « petits nouveaux, pas si nouveaux » du Jura
Création récente (2012) de Guillaume d’Angerville et François Duvivier, connus pour leur domaine bourguignon Marquis d’Angerville (à Volnay), le domaine du Pélican s’est doté d’un chai flambant neuf en 2020. Et quel chai ! Parfaitement intégré au paysage, en toute discrétion (à l’image du chai du château Cheval Blanc à Saint-Emilion) ; il s’agit d’un bâtiment isolé par l’extérieur et avec un toit végétal. L’eau de pluie est récupérée et coule au milieu du chai afin de le rafraichir et l’humidifier. Les différentes opérations en cave se font par gravité. Pour l’anecdote, le chai était tellement discret et tellement bien fondu dans le paysage et la végétation que nous sommes passées trois fois devant avant de le voir !
Le domaine s’est construit en rachetant 5 hectares de vignes qui appartenaient à la famille de Chavanes ainsi qu’une parcelle de 5 hectares du Grand Curoulet (parcelle historique d’Arbois) et en reprenant les vignes de Jacques Puffeney qui prenait sa retraite en 2015 et les a également formés. Basé à Montigny-lès-Arsures, la capitale du trousseau, le vignoble s’étend sur 15 hectares. Il est travaillé en biodynamie certifiée depuis le départ. Les replantations se sont faites en sélections massales.
A noter que ce domaine produit un savagnin de macération (macération de deux semaines) ainsi qu’un effervescent à base de savagnin. Les élevages se font pour moitié en foudre et moitié en fûts de 500L pour les blancs et en cuve béton pour les rouges.
Pour plus d’informations sur le domaine, vous pouvez lire notre article « Domaine du Pélican | Quand la Bourgogne rencontre le Jura »
Quid du millésime 2021 ?
Là aussi, le bilan de 2021 est catastrophique avec une récolte de 7hl/ha du fait du gel et de la grêle en juillet. Cela les a contraints à ne produire que trois cuvées d’assemblage, les trois mêmes cuvées avec lesquelles ils avaient commencé, lorsqu’ils n’avaient que 5 hectares : un rouge d’assemblage, un chardonnay et un savagnin.
La dégustation
Nous avons dégusté les trois vins du millésime 2021. Le rouge d’assemblage (pinot noir, poulsard et trousseau) se distinguait par sa précision, sa délicatesse et sa jolie matière aérienne et fluide. Le chardonnay se montrait bien aromatique au nez avec ses arômes de fruits blancs et sa belle richesse et fraicheur en bouche. Enfin, nous avouons un coup de cœur pour le savagnin, parfaitement équilibré, frais, fruité (fruits exotiques), floral, subtile et présentant de beaux amers en finale.
Voir tous les vins du domaine du Pélican
Philippe Châtillon : la biodynamie et la musique au service du vin
Voici un autre de nos grands partenaires jurassiens. Créé en 2013 par l’ancien régisseur du domaine de la Pinte (Arbois), Philippe Châtillon, ce domaine est une référence parmi les grandes signatures biodynamiques et nature du Jura. En effet, ici, la biodynamie est poussée à son paroxysme et beaucoup de travail est effectué à la main : sols travaillés à la pioche, préparations pulvérisées à l’atomiseur à dos… L’aventure a démarré avec seulement 2 hectares et désormais 3,5.
En cave, les vinifications sont naturelles et l’on aime prendre son temps. Philippe Châtillon organise même des concerts de harpe en cristal pour harmoniser ses vins ! Nous avons longuement discuté avec Philippe et avons pu apercevoir à quel point il est « habité » par la biodynamie en laquelle il croit et qu’il vit à 200%.
Pour plus d’informations sur le domaine, vous pouvez lire notre article « Philippe Châtillon : de grands vins jurassiens biodynamiques et naturels en toute discrétion »
Quid du millésime 2021 ?
Petite récolte là aussi. : après le gel noir d’avril, la pluie qui a permet au mildiou et au black rot de s’installer puis la grêle de juillet arrive enfin. Au moment des vendanges évidemment, la récolte est minuscule et un gros tri doit être effectué. Au total, ce sont seulement 800 bouteilles qui ont été produites sur ce millésime (contre 9 000 en 2020). La qualité est là en revanche, avec des jus très digestes.
Et le millésime 2022 ?
Il y a eu cette année aussi un peu de gel mais surtout la sécheresse. La récolte demeure très belle en qualité et en quantité. Même son de cloche que chez les autres domaines rencontrés : les fermentations ne sont pas toutes terminées et les vinifications s’avèrent difficiles. Philippe Châtillon nous avoue même prier pour ses vins et leur envoyer toutes les ondes positives possible ! A noter qu’il va également faire une cuvée en vin de France avec des achats de raisins d’Alsace.
La dégustation
Nous avons dégusté plusieurs vins du millésime 2021, dont deux jolis rouges : La Grande Chaude (assemblage de pinot noir et trousseau), aux arômes gourmands et délicats de fruits rouges et offrant un beau jus, une matière fluide et délicate ; et Amphore, particulièrement gouleyant et frais. Concernant les blancs, mention spéciale pour le savagnin Amphore, fait avec 5 mois de macération et qui livre une bouche cristalline, gourmande et minérale avec des notes d’écorce d’agrumes.
Dans des millésimes décalés, notons également Sage Chardonnay 2020, aux arômes d’agrumes et à la bouche ronde et ample, ainsi que Les Nouvelles 2018, un savagnin sous voile livrant des arômes d’amade amère, de fruits à coque et une bouche à l’attaque vive se terminant par une finale aux notes d’épices, fumées, mentholées.
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Suite de nos aventures dans quelques jours…