savoir parler du vin quand on n'y connaît rienLe vin nécessite toute une éducation, de palais et de circonstance, une culture du goût et des bienséances, bref, une certaine initiation. Pour ne pas passer pour un cuistre ni un ignare, mieux vaut jouer profil bas, surtout si l’on n’est pas très sûr de son coup.

Il est une aristocratie du langage qui permet à celui qui la maîtrise d’être de toutes les coteries, de s’immiscer dans toutes les conversations avec le culot et l’à-propos idoines. En matière de vin, il existe deux catégories de personnes : celles qui s’y connaissent et les autres. Catégories arbitraires elles-mêmes subdivisées en deux sous-catégories entre celles qui s’y connaissent et qui le font savoir et celles qui n’y connaissent rien mais le font savoir quand même. Pour éviter d’appartenir à la seconde, communément appelée cuistres, un minimum de préparation s’impose.

Voici quelques répliques prêtes à l’emploi pour éviter de rester en carafe et de sécher sur une dégustation.

Mise en situation. Au cours d’un dîner vous est servi un vin carafé et à l’air grave de votre hôte, vous sentez qu’il s’agit d’un gros calibre.

Marquer un temps d’arrêt. Regarder le verre, faire tourner le vin, avaler avec délectation une gorgée, prendre un air entendu et dans un froncement de sourcil, lâcher : « quel vin ! »

Lors de soirées mondaines, ce genre de phrases passent très bien, déclinables à l’infini : « on sent bien le terroir derrière », « c’est un millésime de vigneron », « il est tout à fait en phase avec son appellation », « c’est typique de Machin » (prévoyez un coup d’œil sur l’étiquette), « on reconnaît bien le style du château Dugenou Gros-Caillou », « j’adore », « ça m’émeut », « c’est du lourd », « ça envoie du bois » etc.

Pour les plus lyriques, quelques souvenirs de cinéphiles feront l’affaire, du genre : « Tu ne sais pas ce qu’il me rappelle ? C’t’espèce de drôlerie qu’on buvait dans une petite taule de Bien Hoa, pas tellement loin de Saïgon. »

Pour contrecarrer les empêcheurs de tourner en rond, dites : « Je suis pas Lawrence d’Arabie. Je traverse pas le désert sans boire » ou « La jeunesse boit de l’eau pétillante et les anciens combattants, des eaux de régime ».

Profil bas, donc. Restez superficiel, général, le plus flou possible : « il se goûte particulièrement bien aujourd’hui », « on a bien fait de le carafer », « avec deux ou trois ans de plus en cave, ça va être une bombe atomique ». Et recasez dès que vous pouvez ces petits trucs que personne ne vous contredira : « Depuis qu’ils ont baissé les rendements, on sent bien la différence », « l’élevage est particulièrement réussi », « vous saviez qu’il y a avait 80% d’eau dans le vin ? ».

Si avec tout cela, vous vous sentez un peu dépassé, désireux d’en savoir plus, ne pas hésiter : un abonnement à la Revue du Vin de France, un Guide des vins dans la poche, un atlas, quelques cours de dégustation, des achats sur iDealwine (surtout des vins que vous ne connaissez pas) et vous deviendrez peu à peu celui-qui-s’y-connaît. Revers de ce succès, vous trouverez toujours un épais pour vous dire : « Et dis donc, toi-qui-t’y-connais, t’as qu’à ouvrir la bouteille. Et puis tu nous feras un commentaire de dégustation aussi ».

Parfois, mieux vaut jouer les naïfs.

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Pour en savoir plus :

Parution : « Vins leçons de dégustation », la nouvelle bible du dégustateur ?

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Cet article a 8 commentaires

  1. Philippe MARGOT

    1) Il suffit déjà d’examiner comment l’individu saisi son verre pour savoir son degrés de connaissance.

    2) A celui qui se vante le plus, pour peu que l’on soit dans la région, je lui lance :
    « Ces vins ligériens à la robe quasi atramentaire font la propitation des aristarques dotés d’un sens vernaculaire. » !

    Quant à nous , parlons simplement et n’hésitez surtout pas de me demander la traduction compréhensible de cette phrase qui en jette plein la vue de certains !
    Philippe Margot
    Journaliste vitivinicole senior
    phmargot@freesurf.ch

  2. Philippe MARGOT

    1) Il suffit déjà d’examiner comment l’individu saisi son verre pour savoir son degrés de connaissance.

    2) A celui qui se vante le plus, pour peu que l’on soit dans la région, je lui lance :
    « Ces vins ligériens à la robe quasi atramentaire font la propitation des aristarques dotés d’un sens vernaculaire. » !

    Quant à nous , parlons simplement et n’hésitez surtout pas de me demander la traduction compréhensible de cette phrase qui en jette plein la vue de certains !
    Philippe Margot
    Journaliste vitivinicole senior
    phmargot@freesurf.ch

  3. CHAUVET

    Quand on ne connait rien sur un sujet, le plus simple reste encore de se taire.
    Celui qui voudrait absolument « déguster plus haut que son…verre » ne pourrait que déverser le flot des poncifs et autres discours correctement formatés, insupportables de langue de bois.
    Le vin est un long apprentissage tranquille qui ne supporte pas la médiocrité d’une approche opportuniste et superficielle.
    Pour abonder dans le sens de Philippe MARGOT, avec lequel j’ai déjà eu l’occasion d’échanger sur le bien fondé de son observation, avant même d’échanger le moindre mot, la tenue du verre en dit bien plus que n’importe quel discours sur la qualité de l’interlocuteur.

  4. CHAUVET

    Quand on ne connait rien sur un sujet, le plus simple reste encore de se taire.
    Celui qui voudrait absolument « déguster plus haut que son…verre » ne pourrait que déverser le flot des poncifs et autres discours correctement formatés, insupportables de langue de bois.
    Le vin est un long apprentissage tranquille qui ne supporte pas la médiocrité d’une approche opportuniste et superficielle.
    Pour abonder dans le sens de Philippe MARGOT, avec lequel j’ai déjà eu l’occasion d’échanger sur le bien fondé de son observation, avant même d’échanger le moindre mot, la tenue du verre en dit bien plus que n’importe quel discours sur la qualité de l’interlocuteur.

  5. claude C

    Après coup, je souris aux commentaires.
    A qui la faute, si tant de clowns essaient de se montrer quelque peu connaisseurs etc…. Quand des tas de journalistes ? seniors ou juniors ou « vétérants des Dardanelles » vous abreuvent d’une prétendu connaissance qu’un amateur silencieux ne retrouve pas au fond du verre ?
    Lorsque chacun peut lire des critiques ou/et conseils de pisse-copies arrivés dans le microcosme du vin, grâce à un joli minois et à de l’entregent, il ne faut plus s’étonner de rien

  6. claude C

    Après coup, je souris aux commentaires.
    A qui la faute, si tant de clowns essaient de se montrer quelque peu connaisseurs etc…. Quand des tas de journalistes ? seniors ou juniors ou « vétérants des Dardanelles » vous abreuvent d’une prétendu connaissance qu’un amateur silencieux ne retrouve pas au fond du verre ?
    Lorsque chacun peut lire des critiques ou/et conseils de pisse-copies arrivés dans le microcosme du vin, grâce à un joli minois et à de l’entregent, il ne faut plus s’étonner de rien

  7. Philippe MARGOT

    Cher Monsieur Claude C,
    Puisque « j’en prends pour mon rhume » et que vous mettez globalement un tas de journalistes dans la mauvaise catégorie, moi senior, n’agissant que par passion dans ce domaine, je vous dis : vétéran s’écrit sans t !

  8. Philippe MARGOT

    Cher Monsieur Claude C,
    Puisque « j’en prends pour mon rhume » et que vous mettez globalement un tas de journalistes dans la mauvaise catégorie, moi senior, n’agissant que par passion dans ce domaine, je vous dis : vétéran s’écrit sans t !

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