nouveaux visages du negoce bourguignon

Albert Bichot, Bouchard père et fils, Faiveley, Louis Latour, Louis Jadot, sont probablement des noms que vous connaissez bien, si vous vous intéressez de près ou de loin à la Bourgogne viticole. Ces maisons de négoce ont façonné la région pendant quelques siècles, comme fiers ambassadeurs du pinot noir et du chardonnay. Mais aujourd’hui, de nouvelles structures – plus petites – émergent, et redessinent à leur manière les codes du négoce. Tour d’horizon de ces nouveaux visages du négoce bourguignon.

Edouard Delaunay : un parcours surprenant et des vins « sur-mesure »

Désigné personnalité du mois de mars 2022 par La Revue du Vin de France et nouveau président délégué du BIVB (Bureau Interprofessionnel des vins de Bourgogne), Laurent Delaunay est aujourd’hui un bourguignon qui a le vent en poupe. Mais revenons au commencement …

Laurent Delaunay est diplômé d’une école de commerce et d’œnologie. Il fait ses premières classes dans la Napa Valley, avant de rejoindre son père en 1990, alors à l’époque à la tête de la maison Edouard Delaunay. La crise aura raison de la maison, revendue et tombée dans l’oubli. Laurent poursuivra alors de multiples expériences dans le monde du vin, rencontrant de francs succès, avant de pouvoir finalement reprendre en 2017 cette fameuse maison familiale fondée par son arrière-grand-père, pour « lui redonner la place qui est la sienne ».

Les vins de la maison atteignent un haut niveau, en attestent les nombreux prix et récompenses gagnés ces dernières années. A titre d’exemple, l’International Wine Challenge (IWC), l’un des concours les plus prestigieux au monde a remis à la maison le prix de « meilleure vinification en rouge » (année 2020) et la « meilleure vinification en blanc » (année 2021).

A la vigne, les raisins achetés proviennent de vignerons « raisonnables et raisonnés », cultivant en culture raisonnée, biologique ou biodynamique. En cave, les vinifications sont réalisées en fonction des spécificités de chaque parcelle, dans la plus grande précision et pureté, afin de laisser le terroir s’exprimer au travers des vins. La vinification est peu interventionniste. Enfin, l’élevage est également personnalisé, la maison travaillant avec sept tonneliers différents !

Voir les vins de Edouard Delaunay

Philippe Pacalet : l’émotion des grands vins naturels

Neveu du célèbre Marcel Lapierre – pape des vins natures du Beaujolais – et œnologue, Philippe Pacalet signe des grands depuis 2001. Ces dernières années, ses vins ont gagné en précision, afin de s’établir en tant que références des vins natures bourguignons.

Ayant fait ses classes aux côtés de son oncle puis au domaine Prieuré-Roch, Philippe a déjà vinifié près d’une trentaine d’appellations différentes (en rouge comme en blanc). Il accorde du temps à la recherche de raisins de qualité, avant de les révéler dans des vinifications sans soufre en vendange entière, pour en extraire des caractéristiques propres au terroir. Ses vins sont dotés d’un équilibre saisissant et d’une très bonne capacité de garde pour la plupart.

A noter que Philippe Pacalet ne s’arrête pas à la Bourgogne ; il vinifie également des raisins du Beaujolais, à l’image de ses délicieux moulin-à-vent et chénas, ainsi que des grandes appellations de la vallée du Rhône nord (Cornas, Condrieu, Côte-Rôtie).

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Chanterêves : le nouveau micro-négoce en vogue

Un couple franco-nippon (Tomoko Kuriyama et Guillaume Bott), installé à Savigny-Lès-Beaunes depuis 2010, a créé ce micro-négoce, ayant vu le jour avec le millésime 2017. Tous deux ont fait leurs armes dans des domaines réputés. Guillaume a travaillé en Bourgogne chez Simon Bize et Etienne Sauzet, tandis que Tomoko a écumé l’Allemagne, notamment la région de Rheingau, auprès de vignerons emblématiques comme Peter Jakob Kühn, Georg Breuer, Paul Fürst, et de Friedrich Altenkirch.

Les vins de ce négoce révèlent des appellations bourguignonnes un peu moins connues, comme les Hautes Côtes de Beaune ou Maranges pour ne citer qu’elles, mais qui méritent donc toute votre attention ! Les vinifications sont soignées, peu interventionnistes, avec peu de soufre utilisé. Les vins sont d’une grande pureté et précision. Certains amateurs décèleront dans ces grands vins blancs frais, une patte légèrement germanique, liée à l’expérience viticole de Tomoko en Allemagne.

En bref, voici un grand négoce confidentiel, véritable étoile montante bourguignonne !

Labruyère-Prieur : excellence et tradition bourguignonne

Le domaine Jacques Prieur, référence bourguignonne, est l’un des rares à posséder près d’un tiers des appellations classées grand cru en Côte de Beaune et Côte de Nuits. Ce patrimoine rare complète un savoir-faire haute-couture.

Le négoce Labruyère-Prieur a quant à lui été créé en 2013 par Edouard Labruyère, afin d’élargir cette « mosaïque de terroirs ». Ce négoce dévoile donc des cuvées allant d’appellations villages (comme Santenay), aux premiers (Chassagne-Montrachet, Pommard, Gevrey-Chambertin …) et grands crus (Charmes et Griotte-Chambertin).

Les achats de raisins s’effectuent exclusivement auprès de vignerons en culture raisonnée ou conversion biologique. Après des vendanges manuelles en petites cagettes et un tri rigoureux, les raisins sont vinifiés dans la cuverie du domaine Jacques Prieur à Meursault. L’expertise du domaine est donc exploitée dans la conduite de ce négoce.

Voir les vins de Labruyère-Prieur

Armand Heitz : un producteur de vin, mais pas que …

Armand Heitz fait partie de ces nouveaux visages atypiques dans le paysage viticole bourguignon, se définissant lui-même comme : « producteur de vins, éleveur de vaches et de moutons ». Ce personnage propose également des chambres d’hôtes et l’accueil de mariages. Pas commun pour un producteur de vin ! Son domaine Heitz-Lochardet, repris en 2012 et situé à Chassagne-Montrachet, s’étend sur près de 20 hectares qu’il cultive en agro écologie et agriculture régénérative.

Son négoce regroupe des vins sous l’étiquette « Armand Heitz », allant jusqu’aux grands crus de Montrachet, Corton et Corton-Charlemagne notamment.

Au travers de ces cinq portraits de négoces émergeants, vous avez ainsi un aperçu du renouveau de la bourgogne dans le monde des négociants. Les négociants historiques restent bien sûr les plus importants en termes de production en volume et en valeur, mais il est bon d’également mettre en lumière ces néo-négociants, au sein de la région des petits domaines bucoliques et de ses quelques 84 AOC…

Voir notre article : Bourgogne | Que penser des vins produits par le négoce ?

Cet article a 0 commentaires

  1. Léa

    J’ai vu le film où l’on suit 4 candidats au cours de leur préparation au Master sommelier. On ressent bien la pression du concours et le niveau d’exigence qu’il demande. Par contre, j’ai été assez choquée par la ségrégation homme/femme qu’il reflète. Tout d’abord, on ne suit que des candidats hommes. Seulement à quelques moments du film une sommelière, qui a réussi le concours, est interviewée. Mais c’est surtout l’image des femmes des 4 candidats qui m’a choquée: Certaines expliquant qu’en rentrant le soir elles vident le crachoir plein des restes de vins de leurs hommes, d’autres que pour eux l’oenologie c’est comme un sport où on est entre hommes et on se challenge… Je sais bien que le vin reste un monde d’hommes, mais quand même!

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