Un monument incontournable de Châteauneuf que le château de Beaucastel tenu depuis cinq générations par la famille Perrin… Rares sont ceux qui atteignent de tels sommets de perfection, et le tout dans la durée. Leurs secrets : savoir-faire, travail en bio et biodynamie et assemblage rare. Cap sur le sud de la vallée du Rhône pour (re)découvrir l’histoire et les vins hors normes de ce domaine grandiose.
Une histoire qui couvre plusieurs siècles
La famille de Beaucastel vivait à Courthézon au milieu du XVIe siècle. En 1549 Pierre de Beaucastel achète « une grange avec son tènement de terre contenant 52 saumées assises à Coudoulet ». Plus tard, la maison de maître que nous connaissons aujourd’hui, y sera édifiée et, dans un petit salon au plafond à la française, les armoiries de Beaucastel seront sculptées dans la pierre, aujourd’hui gravées sur les bouteilles et représentées sur les étiquettes des vins. Pierre de Beaucastel obtint en 1687 la charge de « Capitaine de la Ville de Courthézon » de la part de Louis XIV, en reconnaissance de sa conversion au catholicisme. La lettre de Louis XIV, également signée par Colbert, est toujours en possession des propriétaires actuels.
En 1909 Pierre Tramier reprend le domaine. Il le transmet ensuite à son gendre, Pierre Perrin, homme de science qui donne son essor au domaine, développement amplifié par Jacques Perrin jusqu’en 1978. Aujourd’hui le flambeau est entre les mains de Jean-Pierre et François, et leurs enfants Marc, Pierre, Thomas, Cécile, Charles Matthieu et César qui représentent la cinquième génération. La relève est plus qu’assurée, donc les amateurs peuvent être rassurés !
Le vignoble de Beaucastel
Le domaine comprend actuellement 130 hectares, mais « seulement » 100 hectares sont en vignoble : trois quarts en appellation châteauneuf-du-pape (sous l’étiquette Château de Beaucastel) et le quart restant en appellation côtes-du-rhône (sous l’étiquette Coudoulet de Beaucastel). Les 30 hectares restants sont utilisés en assolement pour les nouvelles plantations : chaque année, un à deux hectares de vignes sont arrachés et une superficie égale replantée sur ces terrains qui n’ont plus porté de vigne depuis au moins dix ans. Le domaine cultive les treize cépages autorisés dans l’appellation Châteauneuf-du-Pape.
Les engrais chimiques sont proscrits et remplacés par un compost élaboré à la propriété, qui, une fois épandu dans le sol du vignoble, lui maintient son taux d’humus et son équilibre micro-biologique. Les traitements sont réduits au minimum, la nutrition très rationnelle du sol permet « d’exacerber la physiologie de la plante et sa résistance naturelle » ce qui est un moyen d’éviter l’escalade des traitements chimiques, radicalement destructeurs de tel ou tel parasite mais qui, par déséquilibre, engendrent la recrudescence d’autres formes de parasitisme. Aujourd’hui, abeilles et oiseaux, cigales et coccinelles sont très nombreux à Beaucastel.
La vendange, exclusivement ramassée à la main, est soigneusement triée à son arrivée à la cave. Seuls les plus beaux raisins seront vinifiés. Après un égrappage total, les baies sont vinifiées en cuve traditionnelle thermorégulée pendant 15 jours. Tous les cépages sont cuvés séparément, pour respecter leurs caractère, arômes et originalité propres. La fermentation terminée, chaque vin de chaque cépage est dégusté dans le but de former une cuvée unique. Il s’agit d’un travail minutieux car la famille Perrin, suivant les pourcentages des cépages (différents chaque année) détermine la qualité, l’originalité et la spécificité de chaque millésime. Le vin est ensuite mis en foudre de chêne où il va vieillir pendant un an avant la mise en bouteilles.
Les grands blancs de Beaucastel
Le Château de Beaucastel est reconnu pour ses grands vins rouges mais il ne faut cependant pas passer à côté des grands vins blancs du domaine. La cuvée de “Vieilles Vignes” fait office de référence de l’appellation.
L’histoire des blancs à Châteauneuf est en fait totalement inscrite dans celle des rouges. Souvenez-vous : le décret d’appellation prévoit pour ces derniers l’utilisation des fameux treize cépages, pas moins. Or, curieusement, parmi ces cépages destinés à produire des vins rouges, au côté du grenache, du mouvèdre ou de la syrah, figurent cinq cépages… blancs : le picpoul, la clairette, la roussane, le bourboulenc et le picardan. Nos anciens, qui avaient du bon sens faute de produits œnologiques, plantaient en effet plusieurs pieds de cépages blancs au milieu des rouges, puis les récoltaient et les vinifiaient ensemble, la petite part des blancs donnant un peu de vivacité et d’acidité à leurs rouges gorgés de soleil. Cette pratique est encore d’actualité dans les meilleurs domaines de l’appellation. Cette présence ancestrale de vignes blanches dans l’appellation a sans doute initié un jour le désir de produire également des vins blancs, soit en vinifiant à part ces raisins autrefois destinés aux vins rouges, soit en plantant quelques parcelles avec ces mêmes cépages.
Pendant longtemps, les blancs de Châteauneuf n’ont pas eu une excellente réputation car ils étaient trop souvent lourds et facilement oxydés. La cause principale : le côté marginal de la production de vins blancs sur l’appellation (à peine 5%) faisait que celle-ci était parfois un peu négligée par les vignerons qui, par exemple, ne prévoyaient pas une équipe de vendangeurs pour récolter leurs raisins blancs quinze jours avant les rouges mais, pour réaliser des économies d’échelle, vendangeaient tout au début de la récolte des rouges, avec des raisins blancs surmûris, voire même un peu confits, d’où ces vins blancs un peu mous et oxydés. Aujourd’hui les vins blancs bénéficient de la même attention que les rouges et figurent parmi les plus réputés de France.
Le Château de Beaucastel est l’un des rares domaines à avoir choisi de planter une très grande majorité de ceps de roussanne, un cépage très qualitatif de la vallée du Rhône (il entre aussi dans la production des grands hermitages blancs). Le blanc classique est produit environ à partir de 80% de roussanne (et 20% de grenache blanc) et la cuvée de prestige “Vieilles Vignes” est issue à 100% de roussanne de plus de 65 ans. Au total 7 ha cultivés et travaillés sur un terroir très proche de celui du vin rouge. Au final, de magnifiques raisins cueillis à la main et à leur juste maturité afin de préserver de la fraicheur au futur vin. Le vin fermente pour 30% en barriques et 70% en cuves inox puis il est élevé pour moitié en barriques et en cuves inox, pendant huit mois pour la cuvée générique, un peu plus pour la cuvée “Vieilles Vignes”. Dans le verre, après quelques années de vieillissement (mais les vins s’apprécient également très jeunes), les blancs de Beaucastel se révèlent de superbes vins de gastronomie à marier à des préparations de poissons ou de crustacées en sauce, mais aussi de viandes blanches et de volailles à la crème ou même simplement rôties.
La château de Beaucastel, ce qu’en disent les guides
Guide Vert de La Revue du vin de France : 2 étoiles sur 3
« Avec son terroir si particulier de galets roulés, le château de Beaucastel est l’un des emblèmes de Châteauneuf-du-Pape. Ce domaine peut s’enorgueillir d’être l’un des seuls à faire appel aux treize cépages autorisés pour élaborer son rouge. Il demeure, sous la conduite efficace de la famille Perrin, une référence pour les vins du sud de la France. »
Guide Bettane+Desseauve : 5 étoiles sur 5
« Voici sans aucun doute l’un des plus beaux domaines viticoles de France, avec, nous semble-t-il, une pureté supplémentaire sur ces dernières années. »
Les vins du château de Beaucastel
Côtes du Rhône Coudoulet de Beaucastel (rouge) : Rond et fruité, provenant d’un terroir similaire à celui de son « grand frère » de Châteauneuf, ce côtes-du-rhône peut aussi bien se déguster jeune qu’après quelques années de garde.
Châteauneuf-du-Pape (rouge) : Un superbe châteauneuf, plein, sensuel, issu d’un des domaines les plus emblématiques de l’appellation.
Châteauneuf-du-Pape Hommage à Jacques Perrin (rouge) : Produite seulement dans les grands millésimes, cette cuvée inaugurée à la mémoire d’un immense vigneron rend un hommage vibrant à toute la viticulture de Châteauneuf-du-Pape.
Châteauneuf-du-Pape (blanc) : Elaboré à partir d’une dominante de roussanne, ce châteauneuf-du-pape blanc vous offrira une superbe onctuosité à sublimer sur des plats aux truffes ou des poissons en sauce.
Châteauneuf-du-Pape Vieilles vignes Roussanne (blanc) : Un blanc de châteauneuf-du-pape rare, issu de vieilles vignes de roussanne. Il témoigne d’une complexité et d’un équilibre exceptionnel, d’une matière onctueuse et veloutée ; son potentiel de garde est immense.