La semaine dernière, la célèbre dégustatrice Jancis Robinson a publié sur son site Internet un article où elle analyse l’évolution du vin et de la viticulture dans le monde depuis 1985.
Mondialisation des échanges de vins, « francisation » des cépages à travers le monde, émergence des vins du Nouveau Monde, globalisation des goûts et des vins et enfin, dans une sorte de contre-mouvement, promotion de l’identité et la singularité des terroirs, voilà ce qui ressort de l’analyse de la célèbre dégustatrice britannique.
En 1985, l’Australie n’exportait que 2% de sa production de vin (contre 60% aujourd’hui). Ce pays, à l’instar d’autres producteurs du Nouveau Monde, commençait à remplacer ses cépages traditionnels par des cépages français comme le chardonnay, alors très en vogue et relativement rare, essayant de reproduire les vins blancs de Bourgogne.
En 1991, l’émission d’information 60 Minutes de la chaîne de télévision américaine CBS News présentait pour la première fois le « french paradox », ce qui focalisa l’attention sur le vin rouge et plus particulièrement sur un autre cépage français, bordelais cette fois-ci : le cabernet sauvignon. Ainsi, les cépages autochtones furent massivement délaissés au profit des cépages français. Ce fut le sort du zinfadel en Californie, de la syrah d’Australie (Shiraz) et du sangiovese en Italie … Tant est si bien qu’au milieu des années 1990, la tendance semblait indiquer l’émergence d’un nouveau vignoble mondial, partagé entre chardonnay, cabernet sauvignon et merlot.
Le chardonnay devait notamment son engouement mondial à son affinité avec le fût de chêne français qui se rependirent également chez une grande majorité de vignerons du monde entier, avec comme modèle les vins blancs de bourgogne et les rouges bordelais. Les vins devinrent ainsi massivement boisés un peu partout dans le monde.
Le « Jugement de Paris » (1976) de Steven Spurrier, qui avait affirmé la suprématie des vins Californiens sur les vins français, inspira de nombreuses dégustations comparatives. Les vins du Nouveau Monde plaisaient par leur plus grande puissance – régions ensoleillées -, leur dénomination par cépage – beaucoup plus simple -, l’absence de défauts techniques du vin grâce à une bonne formation scientifique des vignerons.
Au début des années 1980, l’ancien avocat Robert Parker fit une entrée fracassante dans le monde du vin en introduisant le principe de notation sur 100 qui devint un des outils marketing de première importance partout dans le monde. Bien que les faits soient niés par l’intéressé, nombreux sont ceux qui s’accordent à dire que la « parkerisation » des vins les a fait évoluer assez uniformément vers des vins très matures, avec un niveau d’alcool assez élevé et un boisé marqué (beaucoup de fûts neufs), même si la recette d’un bon vin pour Parker demeure plus complexe que cela. Les vins de Bordeaux et du monde entier ont donc suivi assez largement cette tendance des vins puissants, gommant peu à peu les particularités régionales.
Mais, ces dernières années, en réaction à cette tendance d’uniformisation des vins, une sorte de contre-mouvement est né, prônant des interventions en cave limitées au maximum, une utilisation beaucoup plus faible du chêne neuf, la promotion des cépages indigènes, peu connus et oubliés, des vins naturels, aux intrants chimiques réduits au maximum … Ainsi, les vins issus de l’agriculture biologique et biodynamique ont connu une très forte croissance depuis un bonne dizaine d’années.
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