
Discrètement, depuis le début des années 2000, Gérard Boulay a rejoint l’élite des vignerons de Sancerre, celle des Cotat, Vatan et Vacheron. Ses blancs purs, cristallins et disposant d’un beau potentiel de garde, reflètent avec force et élégance l’identité de leur terroir.
Gérard Boulay, héritier d’une longue tradition viticole
« Vignerons depuis 1310 », introduit fièrement une pancarte dans l’espace de dégustation situé à l’entrée de Chavignol. Héritier, donc, d’une longue tradition – son grand-père, André, était Président de l’Union Viticole au moment de l’obtention de l’appellation –, Gérard Boulay est à la tête d’un domaine de 11,5 ha de vignes, moitié en propriété, moitié en location. 2 ha pour le rouge et le rosé, le reste étant consacré au blanc. Le vin générique représente deux tiers de la production, mais c’est une cuvée découverte soignée, au sein de laquelle Gérard Boulay, aujourd’hui secondé par son fils Thibaut, intègre d’ailleurs les jeunes vignes des terroirs classés.
Une vie biologique favorisée
Gérard et Thibaut Boulay font figure d’exception au sein de l’appellation puisqu’ils favorisent la vie biologique à travers un important travail des sols. Ils labourent, avec une chenillette les pentes les plus marquées, en Clos de Beaujeu, Monts Damnés et Grande Côte, les plus jolies parcelles.
Le domaine possède une belle part du climat du Clos de Beaujeu qui, pour de nombreux amateurs, est sans doute le plus beau terroir de Sancerre. Une parcelle très pentue d’un peu plus d’un hectare sur un sol argilo calcaire kimméridgien (de composition très proche des terroirs de Chablis), peu fréquent à Sancerre, qui a été délimitée et défrichée au Haut Moyen-Age par les moines de Beaujeu pour le compte de chanoines de la cathédrale Saint-Etienne de Bourges. Ces vignes sont longtemps restées les seules de tout le Sancerrois à produire du vin blanc (le reste était planté en rouge) jusqu’à l’apparition du phylloxéra.
Les vieilles vignes sont reines au domaine et puisent leurs lettres de noblesse dans des sols de craie majoritairement exposés vers le sud. Empreinte d’un bon sens paysan, la culture saine leur permet de s’épanouir pleinement sur ces coteaux crayeux, systématiquement enherbés pour lutter contre l’érosion. Dans les « crus », les vendanges sont manuelles et entreposées dans des petites cagettes, tandis que dans les autres terroirs, une bonne partie est vendangée à la machine. Les traitements de la vigne sont les plus légers possible : ni pesticides, ni anti-pourriture, ni engrais chimiques. Le domaine utilise un peu de compost organique, mais sans chercher à faire de gros rendements.

Les vins de terroir de Gérard Boulay
Les vins sont vinifiés dans le même esprit. L’idée ? Refléter l’identité de son terroir plutôt que les caractéristiques organoleptiques des cépages qu’il cultive avec passion. Les levures sont évidemment indigènes, la fermentation malolactique peut être effectuée si besoin, un soutirage est pratiqué en fin de fermentation et le soufre est utilisé à dose homéopathique. Les Boulay ne semblent pas apprécier les vins marqués par l’élevage. Les siens reposent donc dans des fûts de 300 litres ou dans des cuves en émail ou en inox. Quant aux parcellaires, ils effectuent une fermentation en fûts de plusieurs vins, un élevage d’un an sur lies fines (sans bâtonnage pour ne pas apporter d’arômes lactés !) ainsi qu’un élevage final en cuve pour revêtir une texture « aérienne ». La cuvée Tradition est embouteillée début mai, en 3 ou 4 mises, et les cuvées de terroir sont mises en une seule fois, en juillet ou en septembre, selon les millésimes. La toute nouvelle cave enterrée située à quelques centaines de mètres de l’entrée de Chavignol permet un travail encore plus précis sur l’ensemble des vins.
Alors, bien sûr, ce qu’il faut retenir de Gérard Boulay et de son fils, c’est que leur discrétion est louable. Travaillant sans relâche, ils nous offrent ainsi le privilège de déguster des vins parfaitement équilibrés, à la fois charnus, sapides, fins et énergiques, tout en étant indéniablement taillés pour la garde. Quant aux rouges, nous ne tarirons pas d’éloge sur leur élégance…
Domaine Gérard Boulay, ce qu’en disent les guides
Guide Vert de La Revue du vin de France – 2* sur 3
Les Boulay disposent à Chavignol d’un des plus beaux terroirs du village, le Clos de Beaujeu. Cette parcelle, à la pente de 70 %, se situe dans le secteur des Culs de Beaujeu, en orientation est/sud-est, tandis que la parcelle des Monts Damnés, qui partage la même nature crayeuse des sols, est exposée plein sud. Cette exposition au levant apporte une élégance et un raffinement rares aux sauvignons, qui ne s’expriment qu’au bout de cinq ans. Sur vingt ans, ils évoluent vers des senteurs de truffe blanche. Les vins sont entiers, généreux, d’une concentration exemplaire pour la garde, en particulier le très pur Comtesse et l’admirable rouge Oriane, capable à plus de vingt ans d’âge de se montrer éblouissants.
Les vins : le niveau de la dégustation commence très fort avec le sancerre blanc 2018, un sauvignon énergique et de bonne constitution pour évoluer joliment, dénué de toute approche variétale. Les cuvées de lieux-dits atteignent un équilibre impressionnant, d’une densité rare en extraits secs, traduisant la richesse du millésime 2017 ; ils restent pourtant parfaitement droits et élancés. Ces vins se magnifieront avec le temps, particulièrement La Côte et l’incroyable Comtesse (bas de coteaux des Monts Damnés), un peu contenu à ce stade : de grands blancs à mettre en cave. Ils prendront des airs chablisiens avec le temps. Le rouge Oriane se montre très original : tout en infusion de saveurs poivrées, il présente une grande finesse.
Guide Bettane + Desseauve – 3* sur 5
La tenue des 12 hectares de vignes reflète le degré d’exigence de Gérard Boulay, vigneron chevronné du Sancerrois qui fait briller l’appellation à travers le monde. Travail régulier des sols, enherbement des parcelles les plus pentues pour limiter l’érosion, bannissement des pesticides et du cuivre, suppression manuelle des contre-bourgeons pour éviter les vendanges en vert et limiter les rendements, tout est mis en œuvre dans un soucis d’agriculture modèle. Issus de « terres blanches », ces terroirs de Chavignol font la part belle aux marnes kimméridgiennes, identiques aux sols de Chablis. Ce sont des vins de texture qui reflètent chacun leur terroir des monts-damnés, de beaujeu, la-côte ou la-comtesse. Le domaine produit essentiellement des blancs, les 2 hectares de rouges étant quasi-exclusivement dédiés au rosé vendu à l’export. Une adresse à ne pas manquer !
Les vins de Gérard Boulay en vente sur iDealwine
Sancerre Comtesse de Gérard Boulay
Le premier millésime de cette cuvée parcellaire sur le terroir des Monts Damnés a été réalisée en 2005. La Comtesse est réalisée à partir de vieilles vignes. Un vin qui mérite d’attendre au moins cinq ans pour révéler toute sa complexité et son potentiel. Le nez est aromatique, des notes herbacées et florales sont réhaussées par des arômes d’agrumes. La bouche est mûre en rondeur avec une acidité faible. La finale est marquée par de légers amers.
Sancerre Oriane de Gérard Boulay
La cuvée Oriane est née en 2012 et porte le nom de la petite fille de Gérard Boulay née la même année. Il s’agit d’un assemblage de deux parcelles, le coteau des Cheneau (face au Clos de Beaujeu) et le Graveron (mitoyen des Monts Damnés). Les raisins sont entièrement égrappés et la vinification réalisée avec les levures indigènes. L’élevage est réalisé en barriques (bois neuf :50%), sans aucun ajout de soufre. Le vin délivre à la dégustation des arômes de fruits rouges (cerise, groseille, fraise) ainsi que des notes de réglisse.
Sancerre La Côte de Gérard Boulay
Cette cuvée a vu le jour en 2010. Elle est issue d’une sous-parcelle de la Grande Côte de Chavignol dont les vignes sont enracinées sur les marnes du Kimméridgien. Un vin savoureux vibrant avec des arômes d’épices et de fumée. Sa grande pureté nous séduit.
Sancerre Clos de Beaujeu de Gérard Boulay
D’un joli jaune brillant, ce vin possède un nez porté par des notes de fruits exotiques tandis que la bouche est d’une grande pureté avec une jolie matière et une finale fraîche et minérale.
Sancerre Les Monts Damnés de Gérard Boulay
Les Monts Damnés est l’un des grands terroirs de Sancerre, situé au Nord de l’appellation, sur un coteau très incliné face au sud. Cette cuvée est élevée en fûts de plusieurs vins durant 12 mois sur lies fines sans bâtonnage, puis en cuves. Au nez, elle exprime des arômes de fruits blancs, des notes de menthe ainsi que de très légères touches boisées. La bouche se montre particulièrement droite, avec une très belle acidité, des saveurs de fruits jaunes et des notes salines.