Vous avez manqué l’article de notre premier jour passé dans les vignes à Sancerre aux côtés des domaines Claude Riffault, Delaporte et Vincent Gaudry? La séance de rattrapage c’est ici ! Aujourd’hui, nous allons rendre visite aux domaines Gérard Boulay à Chavignol et Michel Redde à Pouilly-Fumé. Ces terres de grands blancs vous réservent des surprises ! Vous nous suivez ?
Le domaine Gérard Boulay, élite de Chavignol
2ème jour à Sancerre. Après une bonne nuit, nous reprenons la direction de Chavignol : nous avons rendez-vous avec les Boulay ce matin. La cuverie est située sur la route qui mène au village de Chavignol, dans des bâtiments relativement modernes mais bien pratiques… Mettez-vous donc à la place d’un transporteur qui doit manœuvrer dans les petites rues du village de Chavignol, et charger ou décharger des palettes de vins… Ici, la vue est imprenable sur les vignes pentues, dehors mais aussi dedans, puisqu’une grande fenêtre s’ouvre sur le caveau de dégustation. C’est Thibaut Boulay, le fils de Gérard, qui nous reçoit, tout sourire.
Nous formulons deux ou trois premières questions. « Au domaine, nous ne travaillons qu’avec des locaux, des passionnés issus de la région. Nous sommes six en permanence, et prenons des saisonniers en plus pour certaines périodes de l’année ». « Le millésime 2021 ? Ne m’en parlez pas. Nous avons tout mis en place pour que cela se passe au mieux, avec une taille très tardive dans l’année, notamment sur les parcellaires. Le gel nous a touché surtout du côté de Chavignol. Sur les Monts Damnés, j’ai constaté le même résultat qu’en 1991. Malgré tout, nous sommes contents de ce que nous avons pu ramasser, la qualité est là ».
Pour la petite histoire…
Nous suivons Thibaut dans les coulisses du caveau de dégustation, passons par les bureaux, puis descendons vers les caves et la cuverie. L’ensemble est spacieux, et le chai est remarquablement calme, à l’exception de quelques bruits que l’on perçoit derrière une cuve. C’est bientôt Gérard Boulay, père de Thibaut, qui apparait et nous rejoint alors que nous allons commencer la dégustation. Père et fils, à peu de chose de taille égale, sont côte à côte, nous servent chacun leur tour le vin, et le commentent. Gérard Boulay est fier de l’histoire familiale qui date des environs de 1310 (oui, rien que ça), le vigneron a rejoint dans les années 2000 l’élite des viticulteurs qui font briller l’appellation de Sancerre. Avec une telle lignée, quoi de plus naturel pour que son fils Thibaut se passionne pour l’histoire, au point d’en faire son métier : enseignant chercheur en Histoire Grecque à l’Université de Tours. Ce dernier exerce jusqu’en 2021, en parallèle du métier de la vigne aux côtés de son père. « C’était histoire de prendre un peu l’air, car j’ai toujours su ce que je voulais devenir, vigneron auprès de mon père. En fait, cela ne m’a jamais posé problème de faire les deux même si aujourd’hui je suis à 100% au domaine » nous confie Thibaut. Vous pouvez donc imaginer que notre visite au domaine a été l’occasion d’en apprendre plus sur les vins, mais aussi sur les sols séculaires de Sancerre, sur l’histoire du vignoble, en passant par le magnifique château de Buranlure, la généalogie de la famille un-tel et les désastres du phylloxéra au 19ème siècle. Nous ne vous donnerons pas tous les détails, sinon cet article risque de s’allonger à vue d’œil, mais nous avons toutes deux été passionnées d’en apprendre autant, merci Thibaut !
Remettons en contexte tout de même ! Sancerre ? Un vignoble hi-sto-rique, dont le paysage s’est forgé à travers les siècles ! Les premières cartes du vignoble datent des 11ème et 12ème siècles, c’est bien avant celles de la Bourgogne et notamment des vignes du Clos de Vougeot. La Bourgogne, « les vignerons de Sancerre ont un complexe d’infériorité par rapport à cette région. A tort selon moi, car nous n’avons pas à rougir vu la richesse que nous avons ici ! Sancerre se dit souvent plus proche de la Bourgogne et notamment de Chablis par ses sols, par rapport aux autres vignobles de la vallée de la Loire. » Nous avons en effet entendu ce discours dans beaucoup de domaines visités lors de notre séjour. Effectivement, le joli vignoble n’a pas à rougir de son voisin bourguignon. Dès le 12ème siècle, le Sancerrois prend de l’essor grâce aux moines, notamment pour ses vins rouges. Premier coup de massue : la révocation de l’édit de Nantes qui fait tomber les marchands protestants du vignoble de Sancerre, là où la Bourgogne est plus catholique et où le commerce des vins continue de prospérer. En 1878, les vins de Sancerre sont présents à l’exposition universelle de Paris et au centre de l’attention, « je pense notamment à la parcelle La Comtesse, véritable star à l’époque ». Cet événement donne un gros coup de projecteur aux vins de Sancerre, qui regagnent des lettres de noblesse. Deuxième coup de massue : le phylloxéra au 19ème siècle, qui ravage le vignoble. Les parcelles se libèrent pour servir d’enclos pour les chèvres, vous connaissez tous le très fameux crottin de Chavignol. Pour la petite histoire d’ailleurs, le domaine Boulay est le seul qui laisse entrevoir la fameuse petite chèvre sur ses étiquettes. Ce changement d’activité explique notamment la présence de micro-parcelles, la végétation entre les vignes et la présence de haies, qui dispensent de l’utilisation d’insecticides. La reconstruction se fait petit à petit, et le village de Chavignol notamment est vite reconnu pour ses délicieux blancs, vendus deux fois plus chers que les vins de Sancerre. Pour plus de reconnaissance, l’idée de se regrouper en une seule appellation émerge, Chavignol est abandonné à l’instar de Sancerre, car les vignerons de Chavignol ne souhaitent pas prêter leur renom à ceux de Sancerre. L’on perd alors peu à peu la notion de parcelle et de lieux-dits, là où la Bourgogne les brandit. Aujourd’hui, le processus de revendication de premiers et grands crus serait plus que complexe à mettre en place, même si certains lieux-dits parlent aux plus aguerris que vous êtes : nous parlons de la Côte d’Amigny, du Clos de Beaujeu ou encore des Monts Damnés, trois parcelles sur le village de Chavignol. « Nous sommes très fiers de nos terroirs, de nos sols, de nos vins. Nous encourageons tout amateur à les découvrir, et à leur laisser le temps de s’exprimer. Trois ou quatre années sont nécessaires à un nectar de Chavignol pour lui permettre de laisser son terroir parler en lui. » conclue Thibaut, les étoiles dans les yeux (et encore tant d’explications qui se pressent dans sa bouche mais qu’il tait pour ne pas nous retenir une journée entière). Le vigneron est moteur dans la demande de classement du vignoble de Sancerre au patrimoine mondial de l’Unesco. Thibaut Boulay nous a gentiment offert son livre Les terroirs Sancerrois: Un héritage géologique, culturel et immatériel, une mine d’or à avoir dans sa bibliothèque, pour tout amateur en quête de savoir.
Let’s taste !
Revenons à nos chèvres… et à la dégustation. Au cours de celle-ci, père et fils commentent les vins avec beaucoup de passion, au point de se couper la parole pour terminer la phrase de l’autre hôte… C’est captivant et amusant à la fois, une complémentarité que l’on retrouve même dans le discours. Ici, les choses sont simples et authentique, l’on craque directement au « tout-à-l’égout » comme on dit dans le jargon. Que le festival commence :
Sancerre Tradition 2021 : il s’agit d’un assemblage issu de sols de calcaires crayeux, et de marnes caillottes. Ce nectar a été élevé en tout inox, là où les autres cuvées sont affinées dans du bois. Il a tout juste été soutiré lorsque nous le dégustons. Un vin équilibré, des notes de fruits frais et exotiques. Nous vous conseillons de le boire assez jeune, dans les cinq ans.
Monts Damnés 2021 : vous l’avez donc compris, la quantité a laissé à désirer, 70% de récolte en moins pour ce millésime. Gérard et Thibaut ont utilisé très peu de soufre tout au long des vinifications et de l’élevage de ce vin. C’est une cuvée plus discrète (encore un bébé), qui présente un nez fin de fruits blancs. Rondeur et charme sont au rendez-vous, un nectar qui peut être consommé pendant plusieurs années.
Clos de Beaujeu 2021 : « nous avons récupéré un hectare récemment, qui s’ajoute à notre surface d’origine. » commence Thibaut, « nous sommes bien chanceux, car il s’agit d’un des plus beaux morceaux du Sancerrois selon moi ! » termine Gérard, en un joyeux ping-pong dont nous sommes les arbitres. Le domaine Boulay possède aujourd’hui les deux extrémités du Clos de Beaujeu (un « cul » (Cul de Beaujeu bien-sûr, ne soyons pas vulgaires) qui était bien un « clos » originellement, fractionné en 54 parcelles différentes dans le cadastre de 1824, preuve de ce que nous avancions précédemment). Un vin aux notes de fruits exotiques et légèrement fumé, la bouche est minérale, un côté un peu « terre ».
La Côte 2021 : « pour cette cuvée, nous n’avons pas fait de malo, en la bloquant avec le froid, ni même de bâtonnage, pour garder toute la fraîcheur. Un tout petit peu de soufre a été utilisé à la mise, et l’élevage n’a pas été trop long. » A la dégustation, le nez de ce vin est d’une finesse incomparable, des fruits blancs, la bouche est grasse et onctueuse, une matière très noble. « Je me souviens d’un déplacement à New-York où nous avions fait une verticale de 2017 à 1959… Un moment inoubliable pour tous » raconte Gérard.
La fin de cette histoire est l’occasion de remonter dans le caveau de dégustation pour nous attaquer aux 2020. Les explications vont pouvoir continuer avec de belles illustrations, puisque la salle est parsemée de pierres et fossiles trouvés dans les vignes, de cartes de vignes et des sols… « Je trouve cela trop dommage de simplifier Sancerre avec seulement trois catégories, les silex, les caillottes et les terres blanches. C’est beaucoup plus complexe et riche que cela. Les sols se sont construits en strates pendant des millions d’années… » glisse Thibaut.
Sancerre Tradition 2020 : ce vin présente un nez de fleurs et de fruits blancs, assez exotique. La bouche est ronde, avec une certaine amertume. Coup de cœur !
Monts Damnés 2020 : un coup de cœur. C’est un vin équilibré, des notes de fleurs blanches, une bouche précise et épicée.
Clos de Beaujeu 2020 : nouveau coup de cœur, décidément… Ce vin présente un équilibre exemplaire, beaucoup de profondeur et de précision. La longueur est incomparable, il promet une garde inouïe. Aujourd’hui, les 1997, 1998 et 1999 se goûtent très bien, la preuve que vous devez attendre !
La Côte 2020 : un vin très frais, au nez citronné, tranchant, au très bel équilibre. Il possède une mâche agréable, une tension sans pareille et une belle longueur.
Comtesse 2019 : pour la petite histoire, Elian Da Ros a utilisé des greffons de sauvignons de cette parcelle pour les planter dans le Sud-Ouest. La texture est soyeuse, c’est un vin rectiligne, assez délicat et fin.
Clos de Beaujeu 2009 : le nez laisse pleinement place au terroir, des notes tertiaires apparaissent, une expérience à vivre que de déguster des vieux millésimes de Sancerre. Au nez, nous sommes perdus sur le cépage et le type de vin, l’on pourrait partir sur un tokay ou un sauternes. En bouche, la fraîcheur est au rendez-vous, ainsi que des notes de safran, un vin profond.
Sancerre Oriane 2018 (rouge) : ce vin présente des notes de fruits rouges, la bouche est astringente et épicée, légèrement poivrée, et profonde. Ce millésime avait été égrappé, mais il arrive souvent qu’il ne le soit pas lorsque les rafles sont bien mûres. Une cuvée issue de vignes orientées à l’ouest et au nord, sur des sols kimméridgiens. Le millésime 2018 a été très favorable au pinot noir, le réchauffement climatique magnifie de façon générale ce cépage qui se plait beaucoup à Sancerre.
« Pour faire du bon vin, il faut commencer par s’intéresser aux sols. Nous les écoutons ici, et faisons de notre mieux pour en prendre soin. Nous sommes certifiés HVE, mais pas bio ou biodynamique car nous ne sommes pas d’accord avec le cahier des charges. A Chavignol, le sol est déjà très chargé en cuivre, ainsi nous ne pensons pas qu’il faille en ajouter… Ça ne fait que tuer les verres de terre » précise Gérard.
Après ce moment riche en rencontre et en connaissance, nous quittons le père et le fils. Encore merci pour ces magnifiques vins !
Le domaine Michel Redde, pionnier dans l’âme à Pouilly-sur-Loire
Nous repartons dans la direction de Pouilly-sur-Loire, sur l’A77, ancienne route nationale 7 où Michel Redde décide de construire un caveau de dégustation en 1966. L’on aperçoit en effet la maison depuis la route, une grande demeure sur plusieurs étages. Nous nous garons sur le parking et entrons dans le caveau de dégustation. « Sébastien vous attend ? Suivez-moi ! » Nous passons par un petit couloir pentu qui s’engouffre on ne sait encore où, sans fenêtres, il a tout d’une crayère champenoise, exigu, sinueux, éclairé par une lumière tamisée. Une grille, et nous arrivons dans une vaste salle haute de plafond, qui donne sur les bureaux du domaine d’un côté, et la cuverie et les caves de l’autre. Dans cette salle, nous avons tout juste le temps d’admirer le splendide pressoir du 13ème siècle qui prône ici, à se demander comment il est arrivé là, avec ses gigantesques poutres et ses leviers de bois, que Sébastien arrive pour nous saluer.
Une histoire de famille
Sébastien est le fils de Thierry Redde, lui-même fils de Michel Redde. Remettons les choses dans l’ordre pour que vous puissiez bien les comprendre. Des Redde dans le coin et dans le vin remontent à 1630. 300 ans plus tard, en 1930 (pour les moins matheux d’entre nous) Michel Redde nait à Saint-Andelain qui n’est autre que le village de l’autre côté de l’autoroute. Ce dernier est animé par cet amour du vin qui coule dans ses veines, et décide d’y consacrer sa vie aux côtés de sa femme Simone. Dès 1950, à 20 ans, il agrandit les 2ha de vignes d’origine, achète des parcelles de Pouilly-Fumé et Pouilly-sur-Loire, en défriche certaines, en plante, et construit ce caveau de dégustation au bord de la célèbre route nationale 7, appelée « la route bleue » qui traversait la France, de Paris à Antibes, conscient de l’importance de rencontrer les clients, de leur faire déguster son vin. Vigneron, visionnaire, artiste, Michel Redde est un véritable pionnier à l’époque, et regorge d’idées. Son fils Thierry le rejoint dans l’aventure et décide en 2001 de construire un chai sur 3 étages afin de travailler par gravité. A leur tour, ses deux fils, Sébastien et Romain arrivent successivement en 2003 et 2005, conscients de leur héritage familial, et avec la soif de perpétuer cet esprit novateur au domaine Michel Redde qui compte aujourd’hui un peu plus de 40ha. Le lieu s’appelle la Moynerie, en référence aux moines qui étaient à l’époque les seuls à vinifier le vin, le « y » présent dans le nom étant une preuve vivante de l’esprit artistique du Grand-Père.
« Romain est aux vignes, mais je suis là pour vous accueillir. Nous sommes contents de vous voir ici ! » nous explique le vigneron, grand sourire, yeux pétillants et joviaux, avec son bonnet vissé sur la tête. « Je vous laisse prendre un verre et me suivre, on va aller déguster dans la cave. Ici, c’est la cuverie. Nous avons donc des vignes sur Pouilly-sur-Loire, mais mon Grand-Père et mon père se sont toujours battus pour avoir les parcelles et terroirs qu’ils jugeaient les plus beaux, ainsi nous avons beaucoup de parcellaires qui mettent en avant la richesse de nos sols. Vous allez vite comprendre que nous avons notre propre hiérarchie des crus au domaine Redde. » Sébastien est particulièrement en charge des vinifications au domaine.
Une hiérarchie des vins propre au domaine
Sébastien empoigne un crachoir qui nous suivra tout le long de la dégustation. « Comment nous travaillons ? Nous sommes aujourd’hui dix au domaine, et avons bien sûr des saisonniers en plus. Nous avons des vignes mais nous faisons aussi de la permaculture pour nourrir nos sols d’azote : céréales et légumineuses sont produits au domaine. Nous sommes actuellement en conversion bio, le label est prévu pour cette année 2023, et nous avons également des méthodes biodynamiques pour lesquelles nous allons revendiquer le label à l’avenir. Tous nos raisins sont vendangés à la main dans des petites caissettes, excepté les raisins qui iront dans la cuvée Petit F… Une fois en cave, nous essayons d’intervenir le moins possible. La presse est délicate, l’on utilise le moins de soufre possible. Nous soutirons les jus clairs, puis les fermentations sont issues de levures indigènes sélectionnées minutieusement dans notre vignoble. Les vins sont collés si nécessaire, et filtrés.
Nous commençons la dégustation dans la cave, à même les fûts.
– Petit Fumé 2021 : ce nectar est mis en bouteille six mois après la récolte, et est issu de jeunes vignes. « Comme dit le diction, année en 1, année en rien. Ca a été le cas de ce millésime même si la qualité est quand même au rendez-vous ». Ce vin est typique de son cépage : très fruité et aromatique, des notes d’agrumes, florales et un peu végétales. Il s’agit d’un nectar à la fraîcheur sans pareille.
– Chasselas Gustave Daudin 2021 : Gustave Daudin n’est autre que l’ancêtre de Sébastien, qui a été le premier à planter du chasselas sur l’appellation et à le vinifier. Cette cuvée lui rend donc hommage, des vignes issues d’un terroir d’argile et de silex, plantées sur un seul hectare, ce qui fait du domaine le plus gros producteur de chasselas de l’appellation. La présence du silex donne clairement une colonne vertébrale au vin. Les vignes en question, qui ont en moyenne 30 ans, sont travaillées en gobelet, effeuillées, ébourgeonnées, ce qui demande plus de travail que pour les sauvignons car les baies de chasselas, plus connu comme du raisin de table, doivent être bien mûres pour donner ce résultat. A la dégustation, ce vin présente une minéralité qui le rapproche directement de son sol de silex, ce nectar est rond, aromatique et frais, avec des notes légèrement vanillées.
Nous revenons ensuite au sauvignon blanc.
– Les Cornets 2021 : ce vin est très séducteur, assez rond et charmeur. Il est issu de sols de marnes kimméridgiennes.
– Les Champs des Billons 2021 : ce nectar est issu de sols portlandiens. Il est frais, clair, l’on retrouve des notes de craie. La finale présente une belle amertume qui fait saliver.
– Les Toupées 2021 : cette cuvée est issue de sols de calcaires oxfordiens. Un vin aromatique, gras en bouche mais minéral tout à la fois, et également fruité. Un coup de cœur de dégustation.
– Les Bois de Saint-Andelain 2021 : ce vin est issu d’un lieu-dit sur argile et silex, c’est le point culminant de l’appellation. A la dégustation, la bouche est très nette sur la pierre à fusil, en raison du sol de silex, l’on trouve aussi des épices.
– Barre à mine 2021 : le nom de la cuvée et son étiquette pourraient en étonner plus d’un…
Il s’agit d’une ancienne carrière de silex que les vignerons ont fait exploser à la dynamite pour exploiter la parcelle. La nature du terrain est naturellement drainante, et dès 2009, Sébastien et Romain ont commencé à le défricher. Après avoir obtenu des droits de plantation, ils ont commencé à faire exploser la pierre en 2016, tous les ans en dynamitant un morceau pour le replanter, dans les pas du fameux Cros Parantoux d’Henri Jayer. La surface totale est de 4,5 hectares. Michel Redde était en effet un passionné du silex, et avait été précurseur dans sa mise en avant dans les vins, notamment avec la cuvée Saint-Andelain.
A la dégustation, ce vin présente un nez floral, de violette, de framboise, et une bouche minérale de pierre à fusil. La bouche est précise et pure, tranchante, et se termine sur une jolie longueur.
Nous remontons dans la salle de dégustation, par laquelle nous étions entrés, en passant de nouveau par le petit couloir sinueux. Là, nous nous installons sur l’une des nombreuses tables de bois, assis sur des bancs et tabourets. « Mon Grand-Père était artiste. C’est lui qui a réalisé ces tables et ces bancs, et lui qui a aussi peint tous les tableaux que vous voyez dans cette pièce ». Ceux-ci sont en effet mis en valeur aux murs du caveau, tantôt une vue de la Loire, un paysage environnant… Sébastien est touchant quand il nous dit tout cela, conscient de l’homme que ce vigneron était. C’est aussi lui a dessiné certaines étiquettes.
Nous continuons cette dégustation, installés « comme à la maison », il ne manque que le feu de cheminée et l’odeur du bon repas qui suivra nos discussions. Les échanges sont riches et conviviaux, tout ce que l’on aime !
– Chasselas Gustave Daudin 2020 : Véritable coup de cœur pour cette cuvée, là où le millésime 2021 était plus minéral et fruité, le 2020 est davantage solaire et riche. Ce vin est chaleureux, sa bouche est légèrement épicée, maintient une certaine acidité et est très salivante en fin de bouche. A l’aveugle, nous serions véritablement perdus sur le cépage avec ce vin.
– Petit Fumé 2020 : un vin rond et frais, à l’équilibre très agréable.
– Moynerie 2019 : cette cuvée est un assemblage de cinq terroirs, c’est LA cuvée phare du domaine. Il se passe beaucoup de choses au nez. De la minéralité, du gras, du floral, un peu de silex, un vin déjà très équilibré. La bouche est très nette sur la framboise, un arôme incroyable. Ce vin est frais et gras tout à la fois. A l’aveugle, vous êtes sûrs de piéger vos convives.
– Les Champs des Billons 2020 : cette cuvée a été élevée dans des foudres et demi-muids. La bouche présente une sorte de sucrosité, des ananas au sirop. La fin de bouche est mentholée et légère, fine. Une cuvée flatteuse (c’est un millésime chaud) et gras.
– Les Bois de Saint-Andelain 2020 : la bouche de ce vin est de nouveau très étonnante, l’on a des arômes de fruits rouges précis. Un vin nettement différent du millésime 2021.
– Barre à mine 2020 : un vin minéral et floral, l’on retrouve de la pierre à fusil et de la rondeur. Coup de cœur.
– Majorum 2020 : « quand tout le monde faisait un seul vin dans les années 1970, mon Grand-Père faisait cette 2ème cuvée. Elle est issue de marnes kimméridgiennes et de silex. Ce vin, en hommage à Michel Redde, n’est produit que lors des millésimes riches et chauds : 2020, 2017 et 2015. Nous avons voulu de nouveau innover sur l’étiquette, qui est signée manuellement au feutre blanc, comme un artiste qui signe son tableau. Chaque bouteille est donc unique. » Un vin fruité, gras, l’on sent qu’il a vu le soleil. Il est bien floral, sa bouche est minérale et complexe, poivrée.
Nous repartons à la tombée de la nuit, après cette belle journée passée auprès de ces vignerons. Merci pour leur accueil, et patientez pour en apprendre plus sur notre troisième journée dans le vignoble !
Les vins du domaine Gérard Boulay en vente