La famille Chave est vigneronne depuis 1481. Aujourd’hui, elle officie toujours à Hermitage, le terroir qui l’a rendue célèbre, mais aussi à Saint-Joseph, appellation qu’elle a contribué à faire renaître de ses cendres dans les années 1990.
La famille Chave, ardéchoise d’origine, produit aujourd’hui quelques-uns des meilleurs vins de la vallée du Rhône septentrionale. Dans le classement des plus grands hermitages de la Revue des Vins de France, paru en avril 2014, le domaine occupe d’ailleurs la première place avec une note de 20/20, juste devant la maison Chapoutier, dont nous vous parlions la semaine passée.
Si la régularité des vins selon les millésimes a toujours été l’une des grandes forces du domaine, le niveau tend à monter encore et toujours ces dernières années, pour atteindre des sphères tout bonnement magiques, grâce notamment à une parfaite maîtrise de l’assemblage de terroirs vinifiés séparément, basé sur un savoir-faire ancestral et un perpétuel renouvellement. Comme l’explique Jean-Louis Chave, aucune trace écrite n’est gardée de ces assemblages, ce qui permet de repartir de zéro chaque année pour trouver, sans préjugé aucun, l’équilibre parfait. Cet œnologue formé en Californie poursuit ainsi l’œuvre d’excellence de son père : sa démarche va totalement à l’encontre de la logique de division parcellaire et d’échelonnage des vins par prix pour toucher différents publics. Ici, l’idée est plutôt de présenter une photographie gustative de l’appellation, comme pour mieux présenter dans un seul vin toute la richesse et la variété des terroirs d’Hermitage, à l’exception relative de la confidentielle (en production) et grandiose (en qualité) cuvée Cathelin, fruit quasi-exclusif du granit des Bessards, qui n’est cependant produite que dans les meilleures années.
Pour les rouges, les grands hermitages du domaine sont donc le fruit de la fine alliance entre les terroirs de Bessards, partie granitique de l’appellation, qui donne la colonne vertébrale du vin, et ceux du Méal (calcaire), et de l’Ermite (argile, limons), qui lui donnent sa chair. Les vins sont à l’arrivée sublimes, soyeux, denses et aériens à la fois.
Les blancs sont eux issus de deux cépages, la marsanne pour 80%, et la roussane pour 20%. Côté parcelles, le précieux nectar est le fruit des terroirs du Péléat (sol sablo-caillouteux), des Rocoules (sol calcaire sur colluvions), et de Maison-Blanche (limon sablo-argileux). Ce sont d’ailleurs les Rocoules qui donnent les principales caractéristiques du vin, généreux, intense, éclatant.
Non contente de tutoyer les sommets en Hermitage, la famille Chave renoue aujourd’hui avec ses premières amours. Car, si l’ancienneté viticole de cette dynastie n’est un secret pour personne, on oublie souvent que leur première parcelle était située sur la colline de Saint-Joseph, offerte comme rétribution par un seigneur local pour « service rendu ». Malheureusement, le phylloxera n’a pas été plus clément ici qu’ailleurs quand il s’est agi de tuer les vignes à la fin du XIXe siècle. Tombant dans un oubli relatif pendant presque un siècle, l’appellation retrouve aujourd’hui ses lettres de noblesse, grâce notamment à Jean-Louis Chave -et à l’époque du millésime 1995, de son père Gérard-. « C’est presque un devoir pour moi de m’y intéresser », confiait-t-il à Terre de Vins en juillet 2014. C’est précisément la parcelle offerte à son aïeul, Bachasson, qu’il tint à réaménager. Sur une pente plus qu’escarpée, il lui fallut 15 ans pour reconstruire les kilomètres de pierres sèches, replanter des ceps, sélectionner (massalement) les pieds qui seront conservés, le tout sans désherbants chimiques pour débrousser.
En rachetant parallèlement le clos Florentin et ses très vieilles vignes de syrah, en 2009, il se dote d’une nouvelle arme de choix pour perfectionner ses assemblages, bien qu’à terme, il souhaite en proposer une cuvée spécifique. Aujourd’hui, il envisage même de remettre en état le haut de la colline, pour retrouver l’étendue qu’était celle du vignoble ante-phylloxera. Selon lui, il existe entre 80 et 100 hectares de terroir à fort potentiel à Saint-Joseph, et nous n’avons aucun doute quant à sa capacité à les trouver et à en tirer le meilleur pour proposer, comme à Hermitage, une photographie gustative d’un des plus beaux reliefs français.
Ce qu’en disent les guides :
BETTANE & DESSEAUVE (5 étoiles):
« Ce domaine est indissociable de la colline de l’Hermitage, Gérard hier, Jean-Louis aujourd’hui. Les rouges sont une brillante synthèse des différents quartiers de la colline, une cuvée Cathelin, encore plus typée bessards, étant produite uniquement dans les années jugées exceptionnelles (2003 et 2009 pour les plus récentes). Les blancs s’imposent régulièrement par leur puissance et leur allonge fraîche. A partir de 2009, millésime d’anthologie où l’échelle de notation ne monte pas suffisamment haut pour saluer le génie de ce grand terroir, Jean-Louis Chave opte pour une nouvelle orthographe de l’appellation, permise par décret : l’hermitage. Tout simplement. Un travail exceptionnel de constitution d’un vignoble de référence sur Saint-Joseph commence à porter ses fruits et de toutes nouvelles installations techniques (cuverie et cave) devraient permettre de continuer la quête de perfection du producteur. »
LA REVUE DU VIN DE FRANCE:
Fils de Gérard Chave, 80 ans en 2015 – toujours bon pied, bonne gâchette et bon coup de fourchette –, Jean-Louis, 45 ans, dirige désormais pleinement le domaine familial mythique. Ardéchois d’origine, les Chave sont vignerons depuis 1481. Déjà réguliers, leurs hermitages blancs et rouges atteignent dans les derniers millésimes un niveau de perfection qui force l’admiration. Les méconnus blancs de vieilles marsannes, que nous classons à l’égal des plus grands crus de chardonnays de Bourgogne, ont gagné en précision depuis 2008 ; tout en restant éloignés de la mode des blancs hyper-réducteurs, de type Coche-Dury. Après deux ans de travaux, le nouveau chai de vinification est enterré et relié par un tunnel à l’historique cave d’élevage de Mauve. Une extension qui permet de manipuler les vins avec encore plus de précision. Jean-Louis replante et produit par ailleurs d’excellents saint-joseph, mais la majeure partie du vignoble est en Hermitage (14 ha) située dans les triangles d’or : Bessard, Ermite, Méal (dominants en rouge) : Péleat, Roucoules, Maison Blanche en blanc. Récoltés tard, les lieux-dits sont vinifiés et élevés en fût (20 % de neuf) séparément. Au final, tout est assemblé afin de donner naissance à une cuvée de blanc (typé Roucoule), une de rouge (régenté par le Méal). Et dans les millésimes de haute maturité, une Cathelin (nom d’un peintre ami des Chave), micro-cuvée d’environ 2 000 bouteilles, issue des granits des Bessards et d’un soupçon d’Ermite. « L’hermitage, ce n’est jamais une réponse définitive. D’un millésime à l’autre, nous ne gardons aucune trace écrite de nos assemblages, explique Jean-Louis. Reconstruire tous les ans l’assemblage, c’est renoncé à la facilité. » Mais il n’y a pas de secret, un grand Hermitage rouge c’est « la colonne vertébrale du Bessard avec de la chair autour. »
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