Le château Brane-Cantenac, riche d’une histoire longue de près de quatre siècles, jouit d’une renommée mondiale. Il est particulièrement reconnu pour sa finesse et son élégance. Découvrons comment on façonne le vin dans ce domaine iconique de Margaux.

Brane-Cantenac, quatre siècles d’histoire

La propriété, située à Cantenac, en appellation Margaux, a connu différentes dénominations au gré de ses différents propriétaires : Hostein au XVIIe puis Gorce au XVIIIe siècle et enfin Brane-Cantenac au XIXe siècle.

Particulièrement reconnu dès la fin du XVIIIe siècle, le château est déjà réputé produire de grands vins. A la Révolution, la famille Gorce est décimée et Marie-Françoise de Gorce, orpheline, arrive un temps à conserver la propriété puis est contraint de la vendre en 1833 au Baron Hector de Brane – lui-même ancien propriétaire du château Brane-Mouton (aujourd’hui Mouton-Rothschild). Par la suite, son fils Jacques-Maxime de Brane modernise le domaine, replante le vignoble en cabernet sauvignon et transforme les bâtiments. C’est en 1833 qu’il donne à la propriété son nom actuel, en accolant son nom à celui du village.

Lors du classement de 1855, le château est classé 2e Grand Cru, récompensant sa stature et en 1866, il est vendu à la propriété voisine, le château d’Issan (la famille Roy). Ces derniers continuent de développer la propriété et la renommée de ses vins. Après la Seconde Guerre mondiale, la propriété est quelque peu à l’abandon et en 1920, la famille doit vendre le domaine à un consortium de viticulteurs et de négociants qui avait déjà racheté un grand nombre de domaines. François Lurton devient ensuite propriétaire du château en 1925, puis le lègue à son fils Lucien. Cet ingénieur agronome s’investit beaucoup dans la propriété et les vins, mais aussi dans ses autres domaines. A la fin des années 1990, il cède le château Brane-Cantenac à son fils Henri, œnologue qui perpétue la tradition et poursuit le travail déjà accompli. C’est toujours lui qui est aux commandes aujourd’hui et veille à ce que les vins demeurent parmi les plus grands de Margaux.

Un grand terroir margalais

Le vignoble s’étend sur 75 hectares, situés sur un grand terroir de Margaux : la « terrasse 4 ». Il s’agit de la quatrième terrasse apportée par la rivière au quaternaire, composée d’une couche superficielle sableuse à grosses graves et d’un sous-sol de même nature avec également une forte proportion d’argile. Vous l’aurez deviné : la couche superficielle permet ainsi un bon drainage et incite la vigne à plonger ses racines profondément et l’argile du sous-sol permet quant à elle de fournir l’eau nécessaire lors des sécheresses. Un terroir particulièrement favorable à la culture de la vigne en somme.

La biodiversité est stimulée par le couvert végétal et les semis qui sont plantés dans les vignes. Des vendanges en vert sont effectuées, particulièrement sur les jeunes vignes afin de favoriser une bonne concentration – tandis que sur les vieilles vignes moins productrices, la concentration se fait d’elle-même.

La parfaite maturité des raisins pour les vendanges se décide sur la base de nombreuses analyses, mais aussi et surtout des hommes (dégustation des raisins rangée par rangée). Cela n’empêche évidemment pas la nécessité d’un tri sévère dans les rangs de vigne, puis au chai, par tri optique.

Du carmenère dans l’assemblage de Brane-Cantenac

Depuis le millésime 2011, dans presque chaque millésime, un peu de carmenère entre dans l’assemblage du grand vin. Ce cépage reconnu dans l’appellation (c’est le 6ème autorisé) est encore rarissime à Bordeaux. Pourtant, au XIXe siècle, il était extrêmement répandu dans le Bordelais et c’était même le cépage le plus utilisé pour produire le clairet, ce vin peu coloré très apprécié des Britanniques. Toutefois, sa difficulté à mûrir et sa sensibilité aux maladies ont conduit la grande majorité des domaines bordelais à l’abandonner.

Pendant longtemps Brane-Cantenac a mis un peu de carmenère dans son second vin, jusqu’au milieu des années 1990. Mais cette habitude a été abandonnée, tant ce cépage avait du mal à pleinement mûrir. C’est un jeune stagiaire chilien, qui, apprenant que Brane-Cantenac avait abandonné ce cépage très répandu au… Chili, a incité le domaine à replanter ce cépage qui a besoin de chaleur et de soleil, sur les terroirs les plus adaptés, sur le plateau de Brane, juste devant le château. Un demi-hectare a donc été planté en 2007 et, encouragés par les conditions climatiques du millésime 2011, parfaites pour le carmenère, les responsables du château ont décidé d’inclure le jus de cette nouvelle parcelle dans le grand vin. « Nous avons récolté le carmenère trois semaines après nos dernières parcelles de cabernet » précise Henri Lurton. L’assemblage final ne contient que 0,5 à 1% de ce cépage, mais d’après la propriété cela donnerait beaucoup de “pep’s” et de personnalité au vin. « Conduit avec soin, ce cépage donne beaucoup de couleur et enrichit la palette aromatique avec des touches de fruits exotiques qui viennent compléter les habituelles touches de fruits noirs. Il ajoute également une sensation de douceur en bouche. Avec le réchauffement climatique, il devient essentiel à Margaux de développer ce cépage. »

Des vinifications particulièrement douces

Une fois bien triés, les raisins sont légèrement foulés puis sont encuvés par gravité. L’extraction est ensuite très douce et se fait via la technique du « R’Pulse » basée sur une injection d’air dans la cuve afin de mélanger délicatement les peaux et les pépins de raisin avec le jus sans action mécanique, en décompactant seulement le chapeau de marc. L’extraction se fait ainsi en douceur.

Les assemblages sont réalisés à partir de plus de 200 lots différents et se décident par la dégustation et plusieurs expérimentations de combinaisons sont faites. Le vin est ensuite élevé en barrique neuve de différents type (tonneliers différents, chauffes différentes…).

Les vins du château Brane-Cantenac

Le domaine produit un grand vin, un second vin « Baron de Brane », une autre cuvée « Margaux de Brane » et un vin blanc.

  • Château Brane-Cantenac : l’essence du style de la propriété, où l’on perçoit toute la finesse et la profondeur du vin, l’élégance de ses tanins
  • Baron de Brane : le second vin du château, issu de plus jeunes vignes et vinifié en barrique et en cuve béton. S’il est le petit frère du grand vin, il révèle aussi un profil plus gourmand et accessible.

Le château Brane-Cantenac, ce qu’en disent les guides

  • La Revue du vin de France (**/***)

« Ce second cru classé est dirigé avec conviction et talent par Henri Lurton. Il dispose à la fois d’un fort beau terroir et d’infrastructures modernes. Depuis une bonne décennie, il a grandement progressé et élabore des vins très fins, dans ce que l’on pourrait qualifier de signature margalaise, sans lourdeur ni effet de style, mais avec un fruit délicat. Le cru vient de livrer une série de millésimes impressionnants qui le pousse vers les sommets de l’appellation. Il faut en profiter. »

  • Bettane+Desseauve (****/*****)

Le vin doit sa classe et son caractère au cœur du plateau de Cantenac et ses graves siliceuses et argileuses profondes. Sous la direction d’Henri Lurton, il affirme avec une régularité assez rare, une souplesse et une finesse aromatique propres à lui, qui le font rechercher des amateurs de vins conformes à ce qu’on attend d’un beau margaux. Dans les tous derniers millésimes, il semble encore franchir une étape dans la précision de l’expression du terroir. Le second vin, baron-de-brane, partage la même esthétique avec une souplesse dans le tannin qui devrait plaire à de nombreux restaurateurs et amateurs.

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