Quatrième grand cru classé, Château Branaire-Ducru, signe au fil des millésimes des vins tout à fait remarquables. A la fois président et co-propriétaire du château et président de l’appellation Saint-Julien, François-Xavier Maroteaux nous avait accordé il y a quelques temps un entretien particulier, idéal à la compréhension de ses nectars. Zoom sur une propriété emblématique de Saint-Julien.
Introduction à Saint-Julien
Saint-Julien est réparti entre deux plateaux : celui de Beychevelle, où siègent notamment les fameux châteaux Beychevelle, Gruaud Larose, Lagrange et Branaire-Ducru, ainsi que celui de Saint Julien sur lequel trône le trio Léoville (Las Cases, Barton et Poyferré).
Contrairement à son voisin margalais qui s’étend sur plusieurs communes, Saint-Julien est une « petite » appellation de 910 hectares d’un seul tenant. Là, dix-neuf propriétés (dont dix-sept familiales) se partagent les vignes et, parmi elles, onze crus classés qui détiennent 85% de l’appellation.
Le château : histoire, terroirs, encépagement et culture
L’histoire du château Branaire-Ducru débute en 1680 lorsque Jean-Baptiste Braneyre rachète des parcelles au duc d’Epernon, alors propriétaire du Château Beychevelle. La propriété est transmise aux Duluc, sa descendance. Elle acquière petit à petit une certaine notoriété, si bien qu’en 1824, le château, que l’on connaît à ce jour, est construit sous le nom de Branaire, en hommage à l’ancêtre familial.
Situé sur le plateau de Beychevelle à un kilomètre de l’estuaire de la Gironde, le château Branaire-Ducru est entouré de vignes qui courent sur près de soixante hectares organisés en soixante-dix parcelles. Avec une quinzaine de sols, on peut dire qu’il dispose d’une diversité exceptionnelle pour cette appellation plus confidentielle que les autres bordelaises. Une variété qui permet un encépagement à forte dominante de cabernet-sauvignon (65%), de merlot (28%) ainsi que de petit verdot (4%) et de cabernet-franc (3%). « Lors des assemblages, la météo, le millésime et cette diversité de terroir offrent une complexité intéressante aux vins. Cumulez à cela les quatre cépages que nous cultivons et vous y décèlerez un très bel équilibre dans nos vins. » nous livre François-Xavier Maroteaux.
La propriété s’attache à une agriculture raisonnée et s’adonne à quelques tests empruntés à la biologie sur certaines parcelles. L’équipe fait ce qu’on appelle du biocontrôle dans la mesure où elle applique certains produits de synthèse (à la différence du bio qui n’utilise que des produits naturels) qui n’impactent pas la nature. « Le plus important est de réaliser des vins de grande qualité, tout en respectant mon terroir ».
Vinifications et élevages
Depuis 1991, la vinification s’effectue dans un cuvier moderne qui fonctionne par gravité. Le pompage de la vendange et du vin est ainsi évité afin de préserver l’intégrité des baies. Ainsi la vinification se veut « la moins invasive possible ». Les raisins sont entièrement égrappés puis légèrement foulés avant d’être encuvés. La macération dure environ trois semaines et des remontages sont effectués si nécessaire. Leur nombre est adapté en fonction de la qualité du millésime.
La volonté du château est d’extraire raisonnablement. Ainsi quand vient l’assemblage, les vins de goutte sont d’abord mélangés puis complétés de vin de presse à hauteur de seulement 13 à 15%. Ce dernier, François-Xavier Maroteaux le considère comme le « sel et le poivre d’un met ».
Le grand vin est élevé longuement, entre seize et dix-huit mois en fûts de chêne dont la proportion de bois neuf avoisine les 60%. Quant au second vin, il repose un an sous bois (20% de bois neuf). Les barriques choisies ont subi une chauffe moyenne, afin de laisser au fruit l’aisance de s’exprimer. « La barrique est là pour sublimer le vin pas, non pas pour s’y superposer »
Un processus minutieux et savant, donc, mené par l’œnologue Eric Boissenot.
Les vins : signature, accords et garde
« La signature de nos vins repose sur trois éléments : la pureté du fruit, une fraîcheur incomparable, et une élégance des tannins. » Duluc se savoure après quatre ou cinq ans mais dispose d’un potentiel de garde atteignant vingt-cinq à trente ans. Quant au grand vin, s’il peut être dégusté jeune, il réclame toutefois une dizaine d’années de repos en cave dans la mesure où il peut atteindre les cinquante ou soixante ans, voire même quatre-vingts ans, avec agilité.
« Une chose est sûre, l’année où l’on déguste un vin doit dépendre de nos goûts. Bordeaux a certes de grands potentiels de garde, mais on peut aujourd’hui boire des vins délicieux jeunes, sur le fruit. La qualité des vins n’a jamais été aussi grande qu’en ce moment : les vins sont bien plus accessibles aujourd’hui qu’il y a quelques années. Un des grands défis de Bordeaux est de remettre au goût du jour nos vins, pour que la région ne soit plus seulement perçue et associée au vin du grand père ou de Noël. Aussi, la distribution de Branaire-Ducru est répartie entre 75% à l’export et 25% en France. Ce socle français est très important pour le château. »
Les millésimes et la garde en cave conditionnent bien sûr les conseils de service de ces nectars. Un 2005 va bénéficier d’un carafage, tandis qu’un 2004 peut s’ouvrir lors de la dégustation. Un 2010 appréciera également une aération d’une heure au préalable.
En ce qui concerne les accords mets-vins, comme le dit si bien François-Xavier, « un bon vin se marie avec (presque) tout ! ». Viandes rouges, viandes blanches et poissons peuvent s’inviter à votre table. Ne vous étonnez donc pas si, au château, le vin s’acoquine parfois à une lotte à la sauce au chorizo !
Les vins du domaine
Château Branaire-Ducru : Souple et fruité, emblématique de l’appellation Saint-Julien, ce vin figure parmi les grands crus exceptionnels de l’appellation, tout en restant encore accessible.
Duluc de Branaire : Un excellent « second vin » pour découvrir l’efficacité du travail mené dans ce château considéré comme un des meilleurs de l’appellation.
Ce qu’en pensent les guides
La Revue du Vin de France 2*
« C’est désormais François-Xavier, fils du regretté Patrick Maroteaux qui conduit cette admirable propriété. Branaire-Ducru s’est tranquillement hissé au sommet et fait désormais partie des propriétés incontournables du Médoc. Ces dernières années, le château a bénéficié d’équipements techniques de premier plan. Par la nature de son terroir, Branaire-Ducru ne peut donner un vin aussi corsé que ceux engendrés par les trois Léoville ; il joue sur un registre différent, plus en finesse et en souplesse, tout en vieillissant admirablement. Les derniers millésimes atteignent un niveau remarquable. »
Bettane & Desseauve 4*
« Le vin, issu d’un parcellaire réparti sur l’ensemble de l’appellation, exige de la rigueur dans le travail d’assemblage, et l’obtient d’une équipe très compétente. Sa régularité est à citer en exemple ainsi que celle du second vin, duluc. »
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