Il y a de l’eau dans le gaz entre les appellations Bourgogne et Beaujolais. Cette dernière conteste une décision de l’Inao qui la prive de la possibilité d’apposer le nom de Bourgogne sur certains Beaujolais.
L’Association des Producteurs de Bourgogne en Beaujolais (APBB) a contesté devant le Conseil d’Etat, le 30 septembre dernier, la décision de l’Inao datant du 28, relative à la délimitation des appellations Bourgogne Blanc, Bourgogne Aligoté et Bourgogne Rouge.
Les vins de Beaujolais sont ils de vrais bourgognes ? Cette question inhérente au contentieux naissant a déjà nourri de nombreux débats et se révèle être aujourd’hui plus que jamais d’actualité. En 1937, l’Inao a délimité les appellations bourguignonnes que les producteurs du beaujolais sont autorisés à produire. Depuis cette date, ces derniers étaient habilités à élaborer des appellations régionales/génériques “Bourgogne” sur 91 communes du Beaujolais. La dernière décision de l’Inao (celle du 30 septembre 2011) met en avant trois nouveaux règlements. Tout d’abord, l’aire d’appellation AOC Bourgogne blanc est réduite à 42 communes. Ensuite, la production de l’AOC Bourgogne rouge n’est dorénavant plus possible en Beaujolais. Enfin, seule l’appellation “Bourgogne Gamay” pourra être utilisée, et ce uniquement dans 19 communes des crus du Beaujolais et 6 de l’aire de l’AOC Mâcon. E plus, les bourgognes-gamay peuvent entrer à hauteur de 30 % maximum dans les bourgognes rouges et 15 % maximum dans les Bourgognes Rouges Pinot Noir. Cette délimitation s’est faite sur la base de critères de milieu physique, notamment en retenant des sols sur substrat calcaire et en pente notable (plus de 4%) à une altitude inférieure à 400m. En outre, l’Inao n’a retenu que les communes qui avaient déclaré ces appellations sur quatre années consécutives depuis 2006.
Les viticulteurs membres de l’APBB (qui compte parmi ses adhérents la quasi totalité des caves particulières ainsi que l’Union des Maisons du Beaujolais du Mâconnais) sont indignés. Ils s’estiment lésés par cette décision et considèrent ne pas avoir été traités sur le même pied d’égalité que le Mâconnais. En effet, l’APBB reproche à l’INAO de ne pas avoir appliqué les mêmes critères de délimitation de l’aire d’appellation “Bourgogne rouge” en Beaujolais que ceux retenus pour le Mâconnais.
« C’est une décision partisane » commente Olivier Bosse-Platière Président de l’APBB et il ajoute : « Le Beaujolais fait partie intégrante de la Bourgogne au même titre que Chablis et le Grand Auxerrois, le Châtillonnais, la Côte de Nuits, la Côte de Beaune, la Côte Chalonnaise et le Mâconnais. Nous avons les mêmes devoirs, nous demandons à ce que nous soient reconnus les mêmes droits ».
Pour information, il est utile de rappeler que le vignoble du Beaujolais couvre une surface de 18 000 ha dont 650 ha de chardonnay qui produisent des bourgognes blancs et des crémants de Bourgogne. A cela s’ajoutaient jusqu’à aujourd’hui 70 000 hl de Bourgogne Grand Ordinaire et environ 20 000 hl de bourgogne rouge élaboré avec des crus du Beaujolais. En comparaison de la production totale du Beaujolais (plus d’un million d’hectolitres), cela peut apparaître peu significatif, voire dérisoire, mais les enjeux économiques restent malgré tout importants. De plus ce contentieux naissant alimente un peu plus la querelle traditionnelle et culturelle entre les producteurs de Bourgogne et ceux du Beaujolais…
Une affaire à suivre…
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