Difficile de passer à côté de Châteauneuf-du-Pape, l’une des appellations les plus célèbres au monde. Mais connaissez vous Gigondas, Beaumes-de-Venise, Rasteau, Tavel ou encore Lirac ? Dans ce deuxième épisode de notre guide des vins du Rhône, nous évoquons la partie méridionale (sud) de cette vaste région. Tour d’horizon de cette source de grands vins à la notoriété établie mais également de pépites moins connues qui représentent souvent de très bonnes affaires.
Continuons le cours du Rhône vers le sud. Entre Montélimar et Nîmes se trouve le vignoble de la vallée du Rhône méridionale. Alors que le nord de la région fait la part belle à quatre cépages seulement (syrah pour les rouges, viognier, marsanne et roussanne pour les blancs), le sud est le royaume de l’assemblage. On pense évidemment aux 13 cépages autorisés dans le cahier des charges de Châteauneuf-du-Pape. Un record en France ! De même, le paysage change totalement : les vignes sont plantées en plaine, et non plus en coteaux, sur l’ancien lit du fleuve ou de la mer. En effet, la Méditerranée joue également un rôle important même si elle demeure à une centaine de kilomètres de là. Le climat est très chaud et sec l’été, bien que régulièrement tempéré par le mistral, mais les températures peuvent également descendre très bas l’hiver, notamment près des massifs rocheux. Autour des vignes, des oliviers, la garrigue et les cigales au chant assourdissant : nous sommes bel et bien dans l’univers méditerranéen.
Les cépages
Il est très difficile d’évoquer tous les cépages que vous rencontrerez dans le sud du Rhône. Nous citerons seulement les principaux, dont le fameux trio « GSM » (grenache-syrah-mourvèdre), assemblage que l’on retrouve aussi bien dans les vignobles voisins : le Languedoc au sud ouest et la Provence au sud est.
- Les cépages rouges :
– le grenache noir : c’est le cépage roi de la vallée du Rhône sud. Il est comme son nom l’indique de la famille des grenaches avec ses déclinaisons (blanc et gris). Cépage peu teinturier (on peut trouver des vins de grenache très clairs), il apporte pour autant beaucoup de structure et d’alcool au vin. On le rencontre généralement assemblé, car il est difficile d’en obtenir une maturité parfaite. Au nez, il exhale des arômes de fruits mûrs et confits (fraise, mûre etc.). En bouche, il apporte une sensation chaleureuse due à la souplesse de son fruit. Les plus belles expressions se trouvent probablement à Châteauneuf, alliant structure et finesse. Son potentiel de garde peut être très important.
– le mourvèdre : c’est le cépage qui a fait la réputation de Bandol. Très tardif, il apporte beaucoup de structure et de puissance au vin. On le reconnait à sa robe très sombre, son nez de fruits noirs, de garrigue, d’épices, et sa légère amertume en bouche (cacao, chocolat noir). C’est un cépage qui vieillit à merveille et donne des vins d’une grande distinction une fois les tanins fondus.
– La syrah : elle se retrouve minoritaire au sud car le climat est généralement trop chaud. Peu présente dans les côtes-du-rhône, elle donne cependant de très bons résultats dans certains climats plus frais des meilleurs crus comme à Gigondas. Il existe même une poignée de châteauneufs 100% syrah. Epicée, immédiate et fraîche, elle apporte de la complexité aux assemblages.
– Le cinsault : sa proportion tend à disparaitre dans le Rhône, dans le Languedoc et le reste du monde. Pourtant, ce cépage que l’on vinifie souvent en rosé en Provence, donne de très jolis résultats. On le retrouve à Tavel, mais aussi à Gigondas et Châteauneuf. On peut reconnaitre le cinsault à son caractère très fruité au nez comme en bouche. Il fait partie de la famille des « picpouls », comme le cépage éponyme, la counoise, le picardan ou le terret qui sont autorisés dans l’assemblage des châteauneufs.
– le carignan : cépage identitaire du Languedoc, il donne également de très bons résultats dans le Rhône sud. Il a la particularité d’apporter l’acidité qui permet aux vins d’être bien équilibrés. Les vignes donnent de hauts rendements dans leur jeunesse, l’ébourgeonnage et les vendanges en vert sont alors essentiels pour une production de qualité, les vieux plants permettent de très beaux résultats.
- Les cépages blancs :
– Le grenache blanc : c’est le pendant du grenache noir avec lequel il partage des caractéristiques ampélographiques. Il donne des vins blancs, structurés, aux niveaux d’alcool élevés. Au nez, il est discret mais très complexe (notes de fleurs, de fruits jaunes, d’anis ou de fenouil).
– La roussanne : on retrouve ce cépage du Rhône nord dans l’assemblage des châteauneufs avec la générosité naturelle qu’on lui connait (pêche, abricot etc).
– Le bourboulenc : ce cépage est cultivé exclusivement en France, et le Rhône est fier de le vinifier. C’est un cépage plus frais et moins alcooleux, ses arômes sont floraux. Utilisé à Châteauneuf, on le retrouve en bonne proportion dans certains domaines.
– La clairette : on retrouve également la clairette, cépage fin et délicat, le plus souvent en minorité dans les assemblages. Ce cépage tend à redevenir à la mode, bien vinifié à partir de vielles vignes, d’excellents résultats peuvent être appréciés.
Pour plus d’informations, retrouvez la saga des cépages du Rhône sud.
Les appellations
On dénombre trois niveaux d’appellation : les AOC régionales, les AOC sous régionales, et les crus.
Les AOC régionales
Parmi les AOC régionales, vous avez bien sûr l’incontournable Côtes-du-Rhône dont la grande majorité est produite dans le sud de la région. L’appellation regroupe les trois couleurs mais le rouge représente 95% de la production (grenache majoritaire dans les assemblages). Avec près de 44.000 hectares, il s’agit de la plus vaste AOC (plus de 50% de la production). Les vins sont souples, fruités et certaines cuvées présentent des rapports prix/plaisir parmi les meilleurs de France. On pense à la cuvée Sommelongue d’André Brunel, au domaine Charvin, et à l’incontournable Emmanuel Reynaud, au château des Tours.
L’appellation Côtes-du-rhône villages, elle, regroupe 95 communes du Gard, du Vaucluse, de l’Ardèche et de la Drôme. Le cahier des charges se veut plus strict que pour l’appellation classique. Parmi ces 95 villages, 17 peuvent accoler leurs noms, ce sont les CDR villages communaux comme Sablet ou Laudun. C’est la première marche vers la reconnaissance d’un cru (comme Cairanne qui a été promu en 2015).
Les AOC sous régionales
On retrouve ici de très vastes appellations. Certains vins se révèlent très qualitatifs à des prix extrêmement modestes, mais il faut savoir chercher, ou faire confiance à iDealwine ! On retrouve du nord au sud : Grignan-les Adhémar, Côtes du Vivarais, Ventoux, Luberon (qui regardent vers la Provence), Uzès et Costières de Nîmes qui regardent vers le Languedoc. Chez iDealwine, nous avons un faible pour les côtes-du-vivarais du vibrant Gallety ou encore les Ventoux de la Ferme Saint Martin !
Les crus
Vinsobres : autrefois appelée Vintiobriga, de « vins » signifiant vent et « briga » la montagne, colline ou forteresse, la petite cité de Vinsobres désignait donc une forteresse bâtie sur une hauteur, d’où cette vue imprenable sur la vallée de l’Eygues. On rapporte aussi que Monseigneur de Suarès, évêque des lieux, formula en 1633 la maxime suivante : « Vinsobres ou sobre vin, prenez-le sobrement ». Vinsobres a accédé en février 2006 au rang de premier cru des Côtes du Rhône pour son vin rouge. Une reconnaissance amplement méritée pour ce vignoble ancien, réputé depuis l’Antiquité et qui cultive sa renommée depuis plus de cent ans. Il fut d’ailleurs classé en AOC Côtes du Rhône en 1937 et Côtes du Rhône Villages en 1957. Les vins sont riches et amples, mais demeurent (pour l’instant) dans l’ombre des autres crus. Le domaine Serre Besson produit un vinsobres de très belle facture.
Rasteau : connu pour sa production de vins doux naturels, l’AOC a vu le jour en 2010 pour les vins rouges. Ceux-ci sont puissants, structurés et avec un beau potentiel de vieillissement. Ils donnent d’excellents résultats lorsque le terroir est sublimé par des domaines qualitatifs.
Cairanne : c’est le nouveau venu depuis 2015 et l’une des appellations coup de cœur chez iDealwine. Et pour cause, on y trouve deux domaines brillants : Marcel Richaud et l’Oratoire Saint-Martin (avant 2015, vous auriez vu écrit Côtes-du-Rhône Villages Cairanne). L’appellation existe dans les trois couleurs. Pour les rouges, l’assemblage est le fameux trio grenache, syrah, mourvèdre, avec une permission de 20% de cépages annexes. Pour le blanc (plus rare), on retrouve du grenache blanc, avec les nombreux autres cépages rhodaniens. Des cuvées d’entrée de gamme qui se montrent très gourmandes, jusqu’à des vins très racés pour les plus belles cuvées. A découvrir au plus vite !
Gigondas : au pied des dentelles de Montmirail (avec Vacqueyras et Beaumes de Venise), cette appellation propose quelques-uns des vins les plus fins et racés du Rhône. L’appellation peut en effet compter sur une mosaïque de sols du secondaire, tertiaire et quaternaire charriés à la surface par les phénomènes géologiques qui ont donné lieu aux dentelles, et notamment des couches d’argile précieuses quand il s’agit de conserver l’eau l’été. L’appellation fait la part belle au grenache (80% maximum), à la syrah et au mourvèdre (15% minimum). Chez iDealwine, nous fondons littéralement devant la sensualité du domaine de la Bouïssière, le mordant du domaine Raspail-Ay ou encore les cuvées du château de Saint Cosme, plébiscitées par les plus grands amateurs.
Vacqueyras : ce cru constitue avec Gigondas l’une des plus belles alternatives à Châteauneuf, dans un style cependant plus corsé. Les trois couleurs sont produites même si le rouge constitue 97% de la production. L’encépagement est comparable: au minimum 90% de grenache, syrah, mourvèdre, même si ces deux derniers sont plus présents qu’à Gigondas. Comme à Châteauneuf, on retrouve les célèbres galets roulés très drainants et qui restituent la chaleur le soir à la vigne. A Vacqueyras, il faut découvrir les cuvées des domaines Roucas Toumba, Le Sang des Cailloux, ou encore La Bouïssière.
Beaumes-de-Venise : ce nom vous évoque forcément quelque chose. D’abord connu pour les vins doux naturels à base de muscats (AOC Muscat de Beaumes de Venise), les vins rouges du secteur ont été récemment reconnus en tant que cru (2005). L’appellation s’appuie sur trois terroirs bien distincts pour produire des rouges généreux mais élégants. Nous aimons particulièrement le domaine de la Ferme Saint Martin (et ses tarifs encore doux eux aussi) !
Châteauneuf-du-Pape : c’est une appellation très vaste (3 161 hectares) qui s’appuie sur une mosaïque de terroirs absolument incroyable. Au vu de sa taille, toute l’appellation n’est pas homogène. Mais les plus grands domaines produisent quelques-uns des plus beaux vins de la planète. Généralement, les propriétés vinifient une cuvée tradition, assemblage des différents terroirs du vignoble où sont plantés les cépages adéquats. Certains d’entre eux, comme le brillant Vieux Donjon ne réalisent que deux cuvées : l’une en blanc et l’autre en rouge. D’autres enfin produisent depuis les années 1980-1990, des cuvées parcellaires à la manière de ce qui peut exister en Champagne en mettant en avant un sol, un cépage etc. On pense à la cuvée du Centenaire d’André Brunel, à l’Hommage à Jacques Perrin, ou au mythique Rayas d’Emmanuel Reynaud (100% grenache sur le seul terroir sableux de l’appellation). Rayas offre ainsi – et ce ne sont pas nos clients qui nous contrediront – la plus belle expression du grenache, se bonifiant au fil des années et des décennies. Châteauneuf est un univers passionnant, à découvrir absolument.
Tavel : on change de rive et de couleur. Toute la production est dédiée au rosé. Si vous les aimez transparents, passez votre chemin. Ceux de Tavel (à base de cinsault), tirent vers le rouge et sont clairement destinés à la table. Chez iDealwine, nous aimons le tavel de la Mordorée avec des rougets à la plancha. Un accord magique à essayer au plus vite !
Lirac : un cru discret mais qui monte pour atteindre des niveaux de qualités impressionnants ! Les rouges sont charnus mais disposent d’une grande finesse de grain, les rosés évoquent les tavels et les blancs de très bonne tenue. Là encore, la Mordorée produit de superbes rouges et rosés qui vous raviront, intéressez vous également à la cuvée du Clos du Mont-Olivet, un rapport prix/plaisir irrésistible.
Lire le guide des vins du Rhône nord
Voir la liste des vins du Rhône en vente sur iDealwine.
Découvrez également nos 10 pépites du Rhône nord à avoir dans sa cave
Quelle bonne idée de mettre en avant ces appellation Gigondas, Vacqueyras,Rasteau et autres qui sont d’un excellent rapport Q/P et qui s’avèrent étonnants après quelques années.
Une remarque sur des Tavel de la Mordorée redécouvert après un vieillissement d’une dizaine d’année, éblouisant, surprenant et plus .