Après les quatre cépages représentatifs du nord de la vallée du Rhône, direction le sud vers Châteauneuf-du-Pape, appellation qui contient à elle seule treize cépages possible. Le plus emblématique d’entre eux, le grenache, mais aussi ceux qu’on a toujours du mal à citer ! Retour les principaux cépages de cette région : grenache, cinsault, mourvèdre, counoise, muscardin, picpoul, picardin, terret noir, bourboulenc…
SOMMAIRE
- Cas d’école pour comprendre le Rhône sud : Châteauneuf-du-Pape
- Tous les cépages blancs de la vallée du Rhône sud
- Tous les cépages rouges de la vallée du Rhône sud
- Les autres cépages de la vallée du Rhône sud
- Le grenache (garnacha)
- Le mourvèdre (monastrell)
- Le cinsault
- La clairette
- Le bourboulenc
- Le grenache blanc (garnacha blanca)
Les principaux raisins qui permettent de produire les vins que vous appréciez tant en vallée du Rhône sud sont en rouge, le grenache, assemblé de syrah et mourvèdre, en rosé le cinsaut et en blanc la clairette et le bourboulenc. Variétés précoces et historiques ou issues de longues mutations, nous vous en disons plus sur ces cépages, leurs ressemblances ou différences ainsi que leurs caractéristiques aromatiques.
Cas d’école pour comprendre le Rhône sud : Châteauneuf-du-Pape
Pour une petite entrée en matière, petit rappel sur l’appellation Châteauneuf-du-Pape : pour produire les vins de la célèbre AOC, sont autorisés pas moins de 13 cépages. Les vignerons peuvent ainsi choisir librement parmi : 8 cépages rouges – grenache noir, syrah, mourvèdre, cinsault, counoise, muscardin, vaccarèse et terret – et 5 blancs – roussanne, clairette, bourboulenc, picpoul et picardan -. A l’origine, toutes ces variétés qui apportent chacune ses caractéristiques, étaient même complantées dans les mêmes vignes. Le grenache représente tout de même aujourd’hui environ 2/3 de l’assemblage de l’ensemble des vignerons. Rien que cet exemple montre bien la différence entre le Rhône nord caractérisé davantage par des vins en monocépages (comme la plupart des régions du nord de la France) et le Rhône sud plus tourné vers le travail d’assemblage (ainsi que le font les régions du sud de la France).
A noter que cet article parle du sud de la vallée du Rhône dans son ensemble, y compris les autres appellations comme Gigondas, Vacqueyras, Ventoux ou Côtes-du-Rhône Villages.
Tous les cépages blancs de la vallée du Rhône sud
- Bourboulenc
- Carignan blanc
- Clairette
- Grenache blanc
- Maccabeo
- Marsanne
- Muscat blanc à petits grains
- Picardan
- Picpoul blanc
- Roussanne
- Ugni Blanc
- Vermentino ou rolle
- Viognier
Tous les cépages rouges de la vallée du Rhône sud
- Brun argenté
- Calitor
- Carignan
- Cinsault
- Counoise
- Grenache noir
- Marselan
- Mourvèdre
- Muscardin
- Muscat rouge à petits grains
- Picpoul noir
- Pinot noir
- Syrah
- Terret noir
- Vaccarèse
Les autres cépages de la vallée du Rhône sud
- Clairette rose
- Grenache gris
- Picpoul gris
Tous ces cépages, blancs, rouges, roses et gris, sont originaires pour la plupart du Languedoc et du nord de l’Espagne, et on peut tracer la culture de certains de ces cépages depuis le XIVème siècle! Voici un rapide tour d’horizon des variétés les plus employées en Rhône sud.
Le grenache (garnacha)
Le grenache existe en trois variations de couleurs différentes blanc, noir et gris. La variété la plus fréquente, et à l’origine des autres mutations, est bien sur le grenache noir sur lequel nous nous pencherons.
Histoire : le grenache provient du nord de l’Espagne, a priori d’Aragon comme en témoigne son nom le plus répandu : garnacha. On a des preuves de la présence de grenache en Espagne dès 1513 par un traité sur l’agriculture de Gabriel Alonso même si certains auteurs comme Lovicu (2006) cherchent à prouver que le grenache proviendrait de Sardaigne, île sur laquelle on trouverait des traces encore antérieures. Il y a encore des doutes et des disputes entre les spécialistes sur la provenance du grenache et son étymologie ne permet pas de trancher puisque « garnacha » pourrait provenir de l’italien verniacca qui était un cépage blanc présent en Sardaigne à l’époque ou du catalan garnaxa qui désignait la robe du Roi dont la couleur était similaire à celle d’un vin rouge de l’époque. Italien ou espagnol, Jancis Robinson, J.Harding et José Vouillamoz semblent préférer la deuxième option, mais seuls de nouveaux éléments permettront de déterminer réellement l’origine du grenache.
Géographie : le grenache est un des cépages les plus plantés au monde. Critiqué pendant un temps, il est revenu en force notamment grâce à l’appellation Châteauneuf-du-Pape mais aussi grâce aux vins rouges catalans du Priorat. Il est aujourd’hui planté partout dans le monde, particulièrement sur le pourtour méditerranéen et dans les pays au climat généreux. On le trouve donc en Afrique du Sud, Australie, Etats-Unis, France, Espagne, Italie, Liban, Maroc, Algérie, Tunisie, Grèce…
Arômes : le grenache en monocépage est d’une faible vivacité qui donne des vins assez peu ou moyennement colorés, en fonction de la concentration. Les arômes perçus au nez se situent dans un registre de fruits mûrs parfois même confiturés (souvent la fraise, mais aussi parfois le pruneau, et les fruits rouges et noirs très murs). Les monocépages de grenache sont assez rares car il est difficile d’atteindre sa parfaite maturité. Lorsque celle-ci est atteinte, pour de très grands domaines comme par exemple Rayas, cela donne des vins d’une profondeur exceptionnelle et un immense potentiel de garde.
Dans un assemblage du Rhône sud, le grenache est souvent majoritaire et constitue la structure du vin. Il apporte sa souplesse, son fruit et sa chaleur au vin et est souvent assemblé avec des cépages plus vifs et plus frais comme le mourvèdre, la syrah ou le carignan.
Le mourvèdre (monastrell)
Histoire : on des traces écrites du mourvèdre dès le XIVème siècle. Son nom provient du latin monasteriellu, un diminutif de monasteriu qui signifie monastère. Ce cépage a probablement été cultivé à Camp de Morvedre dans la région de Valencia dans le sud de l’Espagne d’où le nom mourvèdre que nous lui avons attribué en France après son introduction en Provence au XVIème siècle.
Géographie : cépage à maturité tardive il est cultivé dans les pays chauds à l’instar du grenache. Argentine, Chili, Afrique du Sud, Australie, Etats-Unis, Maroc, Espagne et bien sûr en France.
Arômes : Dans le sud de la vallée du Rhône de très rares cuvées sont produites en 100% mourvèdre, mais sinon il est presque toujours assemblé aux autres cépages locaux. Ajouté à un assemblage le mourvèdre apporte, structure et complexité et un grand potentiel de vieillissement.
En monocépage, comme en appellation Bandol par exemple, il produit des vins tanniques et structurés. Les nectars sont très sombres, violacés. Le nez est assez aromatique mais peut rester assez discret dans la jeunesse conservant ses arômes de fruits noirs (mûre, cassis), de maquis, de truffe, d’olive noire et d’épices. Très puissant jeune, ces vins ont un grand potentiel de garde et s’adoucissent énormément avec le temps.
Le cinsault
Histoire : des références sont faites au cinsault dès 1600 en France sous des noms anciens comme mourrquin ou marroquin et sous son nom moderne dans l’Hérault en 1829 dans un ouvrage de Bouschet « le sinsâou, le bois ressemble à l’œillade ». Il est aujourd’hui certain que ce cépage provient du Languedoc-Rousillon tout d’abord car il est issu du groupe ampélographique du picpoul puis parce qu’il est génétiquement très proche du rivairenc, un autre cépage de la région.
Géographie : le cinsault est de moins en moins planté dans le monde et dans la vallée du Rhône également. Il subsiste principalement en Afrique du Sud, Argentine, Chili, Etats-Unis, Italie, Liban et Maroc. En France il est surtout planté en Côtes de Provence et dans le Languedoc (où est souvent utilisé pour produire du rosé, assemblé à d’autres cépages locaux).
Arômes : le cinsault est rarement en monocépage pour les vins rouges. Il apporte aux assemblages des notes fruitées (fruits rouges, agrumes) et des notes florales toutes en souplesse.
La clairette
Histoire : la clairette serait plantée dans l’Hérault depuis 1500 et quelques écrits plus tardifs nous prouvent que déjà à l’époque ce cépage plaisait énormément et était réputé pour faire de très bons vins. Le nom clairette provient soit de la couleur des feuilles légèrement plus claires soit de la couleur des baies. A noter que la clairette rose est une variété de clairette très rare, également présente dans le Rhône sud.
Géographie : c’est un cépage principalement méditerranéen qui est relativement peu planté dans le reste du monde hormis en Afrique du Sud et en Australie. On le trouve en Italie, au Maghreb et naturellement en France dans le Languedoc, à Bandol, à Cassis, dans les Côtes du Rhône et bien sûr à Châteauneuf.
Arômes : pour les vins blancs secs, la robe est très claire et le vin s’exprime à travers un nez discret mais souvent complexe à travers des arômes de fruits comme la pomme, la pêche, le pamplemousse, de fruits tropicaux et de fleurs. En bouche les vins produits avec de la clairette ont une attaque souple et sont des nectars tendres et délicats.
Le bourboulenc
Se prononce « bourboulenque » dans le sud, d’autres le prononcent « bourblanc » ou « bourboulen », à vous de choisir. Nous préférons jouer le jeu et le prononcer de la première manière !
Histoire : les écrits parlent dès 1515 de borbolenques ou de borbollenque, qui proviennent probablement du barbolenquiera, un vieux vignoble à Aubignon à quelques encablures seulement d’Avignon.
Géographie : ce cépage principalement cultivé en Provence et dans le Languedoc et utilisé dans les assemblages à Châteauneuf serait donc finalement originaire de cette dernière région. Le bourboulenc fait partie de ces cépages exclusivement français qui ne sont pas cultivés ailleurs. Une spécificité régionale que l’on apprécie beaucoup !
Arômes : c’est un cépage qui donne des vins relativement peu sucrés avec de faibles degrés d’alcool. Dans les assemblages le bourboulenc apporte de la fraicheur et une note florale.
Le grenache blanc (garnacha blanca)
Le grenache blanc est une mutation du grenache noir que nous avons évoqué plus haut, inutile donc de s’attarder sur son histoire et l’étymologie de son nom puisque tout ceci est précisément identique.
Géographie : le grenache blanc présente des caractéristiques ampélographiques relativement proches du grenache noir et pousse donc dans des régions au climat similaire. Vous pourrez donc le trouver en Afrique du Sud, Espagne, Grèce, et bien sûr en France dans le sud de la vallée du Rhône mais également en Languedoc.
Arômes : en assemblage, le grenache blanc apporte des arômes plutôt discrets et complexes qui évoquent certaines plantes aromatiques comme l’anis ou le fenouil et développe également des arômes floraux.
Retrouvez nos autres guides des cépages
- Les cépages bordelais
- La star de la Loire, le chenin
- Les cépages de la Vallée du Rhône nord
- Les cépages alsaciens et allemands
- Les cépages “oubliés” des grands vignobles français
Pour en savoir plus sur le Rhône méridional, lisez notre Guide du Rhône sud