Aaahh, le Muscadet ! Qui n’en a pas eu, un jour, une image désuète ? Qui ne l’a pas imaginé uniquement servi avec une assiette d’huîtres fraîches en période estivale ? Pourtant, cette région a de quoi vous surprendre depuis quelques années grâce à une nouvelle génération de vignerons qui a drastiquement modifié les modes de culture et de vinification de l’AOC. Les vins s’en trouvent transformés… et méritent d’être racontés.
Un point sur l’appellation Muscadet
Le Muscadet ? Près de 9 000 hectares de superficie à l’histoire pluriséculaire. Le vignoble a en effet été planté par les Romains, lors de leurs conquêtes gauloises, avant que les moines ne s’emparent de sa culture et ne la développent avec talent au Moyen-Âge.
Le Muscadet, c’est aussi une des appellations les plus anciennes, puisque reconnue en 1937, et la première de la région ligérienne en termes de volume.
En réalité, le Muscadet est plus complexe que cela puisqu’il est complété d’appellations sous-régionales de Muscadet-sur-Lies :
- Muscadet-Sèvre-et-Maine : la plus importante des trois avec plus de 6 000 hectares de surface plantée et située entre les deux rivières éponymes ;
- Muscadet-Côtes-de-Grandlieu : confidentielle, elle doit son nom à un lac local ;
- Muscadet-Coteaux-de-la-Loire : située entre Nantes et Ancenis, elle est la plus petite des trois, au regard de sa superficie.
A cela s’ajoute un système de crus communaux qui reconnaît des terroirs exceptionnels depuis 2011 : Clisson, Gorges et Le Pallet, rapidement ralliés par Goulaine, La Haye-Fouassière, Champtoceaux, Vallet, Monnières Saint-Fiacre, Château-Thébaud et Mouzillon-Tillières.
Les cépages du Muscadet
Le Melon de Bourgogne, également appelé Muscadet
Sans grande surprise, le Muscadet est le royaume du vin blanc. Il est donc une appellation blanche à 99% composé de… muscadet, aussi appelé melon de Bourgogne. Il couvre toutes les appellations : Coteaux de la Loire, Côtes de Grandlieu et Sèvre-et-Maine. C’est un cépage qui n’existe plus qu’en France et dans cette région précise. Il en reste néanmoins une proportion infime en Bourgogne.
Histoire : en 1567, un décret de Philippe II de Bourgogne (dit Philippe le Hardi) dispose : « Avons interdit, prohibé et défendu… de planter et édifier de nouveau en quelque lieu que ce soit, gamez, melons et autres plants de semblable nature. » Banni comme son frère le gamay, le melon s’exile dans d’autres contrées et s’installe définitivement dans la Loire dès 1635 (on en trouvait déjà trace en 1530 de manière ponctuelle). Le nom melon provient probablement du latin misculare qui signifie « mélange » comme le nom du Meslier. Le nom Melon peut également provenir de la ressemblance possible avec le fruit, aucune preuve ne permet d’écarter complètement cette étymologie.
Géographie : on ne trouve le melon qu’en France.
Arômes : le melon donne un vin très peu coloré avec un nez assez discret porté sur le pamplemousse, le citron, parfois la pomme ainsi que des notes iodées, minérales et florales. En bouche c’est un vin souple, frais, parfois légèrement perlant dans le cas des muscadets « sur lies » qui possèdent un peu plus de rondeur. Les vins de melon sont souvent des vins de garde et demandent quelques années de cave pour s’exprimer pleinement.
Folle blanche, gamay et chardonnay
Aux côtés du melon, la folle blanche permet de réaliser le gros-plant-du-pays-nantais. En rouge, le gamay offre des vins rouges légers à cette même appellation. A noter que, depuis peu, le chardonnay fait également partie des cépages qui sont cultivés dans le Muscadet.
Le renouveau du Muscadet
Nombreux sont les amateurs qui portent quelques préjugés sur cette appellation « pépite ». Force est de reconnaître que le vin souffrait auparavant d’un manque d’identité, voire d’une image de vin acide. Par ailleurs, le négoce fixait les demandes de volume et… Les régions à l’entour, jugées plus prestigieuses, empiétaient sur sa réputation.
Alors, lassés, des vignerons ont souhaité lutter contre le système qui voulait que leurs vins soient embouteillés et vendus avant le 30 novembre qui suit la récolte. En créant l’association Le Gorgeois, ils ont établi un cahier des charges sérieux à la fin des années 1990. Au programme ? La volonté de récolter les grappes manuellement, de restreindre les rendements pour obtenir des baies hautement qualitatives et d’élever longuement les vins afin d’atténuer l’acidité tant critiquée. Le résultat de ces évolutions a été la classification des lieux (dont on vous parle plus haut) et l’introduction d’un nouveau cépage : le chardonnay.
L’élevage des crus du Muscadet
Avez-vous déjà entendu parler de l’élevage sur lies ? Selon les dires, celui-ci aurait justement été découvert dans le Muscadet. Aujourd’hui, il est réclamé pour la réalisation des crus qui nécessitent un élevage de 18 à 24 mois minimum. Au cours de cette étape, les lies (levures mortes qui, de leur vivant, avaient enclenché la fermentation alcoolique en transformant le sucre des baies en alcool) restent en contact avec le jus. En se décomposant (c’est le processus d’autolyse pour les férus de mots scientifiques), elles transforment le vin, l’arrondissant, l’enjolivant d’arômes, le complexifiant et le dotant d’un bon potentiel de garde.
Le muscadet, quel goût, quels accords ?
De façon générale, le muscadet séduit par la délicatesse et la discrétion de ses arômes majoritairement floraux, acidulés (agrumes) et salins. L’élevage sur lies est susceptible d’apporter un côté quelque peu perlant équilibré par un joli gras. Tranchant, presque nerveux, le muscadet se savoure volontiers dans sa jeunesse avec des mets fins comme, cliché à l’appui, du poisson et des fruits de mer. Osez aussi le jambon blanc, les rillettes et autres terrines dont la générosité est alors balancée par la vivacité du vin. Les autres, et surtout les crus, disposent parfois d’un potentiel de garde atteignant une bonne dizaine d’années. Leurs arômes et leur texture plus riches s’associent alors volontiers avec des mets de caractère comme une volaille en sauce crémée aux champignons, un risotto à la truffe ou un fromage de chèvre (régional !) affiné !
Les vignerons à suivre de près… et à retrouver sur iDealwine
Quelques valeurs sûres ont indéniablement porté le Muscadet à son sommet. Et il semblerait que cette petite révolution ne soit pas finie… Parmi eux, ces quelques propriétés qui figurent dans notre réseau de domaines partenaires :
- Domaine de l’Ecu (1* à La RVF et 3* chez B+D) : l’une des signatures emblématiques issue de grands terroirs que le vigneron bichonne à coup de culture bio et biodynamique. En cave ? Une vinification naturelle s’impose.
- Domaine de Bellevue (2* à La RVF et 3* chez B+D) : à la tête de ce domaine, Jérôme Bretaudeau, connu pour son extravagance, tant sur les cépages qu’il cultive que sur les techniques de vinification qu’il instaure.
- Jo Landron (1* à La RVF et 3* chez B+D) : doté de grandes moustaches reconnaissables entre toutes, il a largement œuvré pour la reconnaissance de ce vignoble. Son secret ? Une culture biodynamique, des vinifications parcellaires, des vins de garde qui allient matière et minéralité.
- Luneau-Papin (2* à La RVF et 4* chez B+D) : la star du parcellaire qui vinifie le melon de Bourgogne sous toutes ses coutures avec une dizaine de cuvées d’une précision redoutable.
- Le Fay d’Homme : depuis plus de trente ans, Vincent Caillé, 5ème génération de vignerons œuvre à magnifier la diversité du Muscadet, en laissant ses trois grands terroirs s’exprimer naturellement. Cap sur Monnières !
- Bonnet-Huteau : (1* sur 3 La RVF) : un vignoble familial de 41 ha certifié bio depuis 2005, existant depuis plus de 150 ans !
Merci de cette mise en lumiere
Rajoutons D. De la Pepiere, D. Bregeon, Fay D’homme
et puis la génération nature
et les cuvées de cépages historiques la folle blanche, le pinot noir
Bravo pour votre présentation. Le muscadet est de tous temps (oui c’est vrai, c’est le seul, ou presque) le plus grand vin breton.
Merci pour ce très bel article qui redore le blason de ce vin souvent décrié à une époque (et que dire du gros-pète, pardon gros-plant !). Je suis de la région Nantaise, et j’adore ce vin….avec les huitres, et même sans (!), à boire bien frais avec des amis. Et pour moi, c’est Emmanuel Luneau, Domaine du Bois Brûlé à Vallet. Vive le muscadet !
Merci pour votre chaleureux message. Nous partageons votre enthousiasme, vive le muscadet !
L’équipe iDealwine.