cépages alsaciens et allemands

Cette semaine encore nous allons découvrir l’histoire passionnante d’une région et de ses vins à travers l’histoire de ses cépages. Comme la région elle-même, l’histoire des cépages alsaciens est intimement liée avec l’Allemagne et son vignoble. Zoom sur ces grands cépages qui s’expriment dans des vignobles aux conditions climatiques parfois difficiles.

 

Jean Michel Deiss, dans une dégustation il y a quelques jours nous a dit haut et fort : « Il n’y a pas d’archétype de vin alsacien » tant la pluralité des vins produits dans la région lui semblait en être la caractéristique principale. Si en effet chaque producteur et chaque terroir donnent naissance à une pluralité incroyable de vins et de cuvées différentes, l’histoire de la région en elle-même est intimement liée à quelques cépages régionaux que des centaines d’années de culture ont permis d’identifier comme étant les meilleurs et les plus adaptés.

Pour les vins blancs, les cépages les plus retrouvés en Alsace sont naturellement les stars connues : le riesling et le gewurztraminer. Mais également le sylvaner, le pinot blanc, le pinot gris, et le muscat d’Alsace. Pour les rouges, le seul cépage utilisé en Alsace est le pinot noir. Les cépages retrouvés en Alsace sont également communs aux cépages retrouvés en Allemagne, naturellement bien plus nombreux, que nous ne pourrons étudier tous.

Le riesling

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Histoire : le riesling est un cépage ancien à l’origine des plus grands vins blancs produits en Allemagne et en Alsace. On en retrace l’origine précise à partir du XVème siècle et dès le XVIIIème siècle l’on peut témoigner des premiers vins blancs doux réalisés avec du riesling vendangé tardivement. Ce cépage se démarque très tôt pour sa remarquable résistance au gel et son adaptation aux climats frais. Plus encore, c’est un cépage qui se révèle très sensible aux variations de terroir et qui transmet parfaitement bien les nuances et la finesse des terroirs d’exception.

Géographie : ses capacités à s’adapter dans des climats frais, voire « hostiles » fait du riesling le cépage privilégié d’Alsace, d’Allemagne, d’Autriche, du Canada, du Luxembourg, des Etats-Unis et dans certaines régions tempérées de pays du nouveau monde comme la Nouvelle-Zélande ou l’Afrique du Sud.

Arômes : le riesling produit des vins secs ou doux qui se caractérisent par une grande acidité et un grand respect du terroir ce qui se traduit le plus souvent par une superbe minéralité.

Les vins blancs secs de riesling arborent le plus souvent une robe pâle aux reflets verts et s’exprime au nez à travers des arômes frais et tendus rappelant agrumes, fleurs blanches, minéralité (silex). En bouche c’est un vin d’une grande acidité. Lorsque l’équilibre en est assuré cette acidité se fait garante d’une grande tension et d’une belle longueur. Le faible taux d’alcool contenu dans ces vins permet de maintenir une part de sucre non fermentée qui vient modérer l’acidité de ce cépage fin et complexe.

Les vins blancs issus de vendanges tardives, de sélection de grains nobles ou de raisins pris dans la glace (eisweine) libèrent des arômes de surmaturité très fins dirigés vers les agrumes confits, l’abricot, les fruits blancs et parfois certains fruits exotiques, le miel les épices douces et bien sur la minéralité si le terroir le permet. Ces vins auront souvent un beau potentiel de vieillissement.

Enfin, dans les climats tempérés le riesling adoptera une structure plus grasse et ronde avec des arômes plus riches dont notamment des notes florales, de fruits secs et de fruits blancs et une puissance alcoolique accrue sans perdre pour autant la force minérale et la tension qui le caractérise.

Le gewurztraminer

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Histoire : le mot gewurz provient de l’allemand « épicé », alors que la partie « traminer » du nom est un synonyme de savagnin en allemand. Le gewurztraminer est donc bien évidemment un cépage allemand qui serait né au XVIIIème ou XIXème siècle dans la région de Pfalz.

Géographie : le gewurztraminer est un cépage adapté aux climats frais mais cultivable sous toutes les latitudes et conservant toujours la puissance de ses arômes bien qu’ils varient dans leur expression. Il est donc possible de trouver du gewurztraminer dans la totalité des pays viticoles (ou presque) quoiqu’il ne représente qu’une faible superficie au niveau mondiale.

Arômes : Le gewurztraminer est un cépage adapté à l’élaboration de vins blancs secs et de vins blancs doux notamment en vendanges tardives ou sélection de grains nobles.

Lorsqu’il sert à l’élaboration de cuvées de vins blancs secs le gewurz se pare d’une robe colorée dans les tons souvent soutenus annonçant d’ores et déjà une grande puissance aromatique qui se développe au nez à travers des arômes marqués et complexes de fleurs (rose, géranium), de fruits exotiques (fruit de la passion, litchi, ananas, mangue), ainsi que d’épices (clou de girofle). En bouche c’est un vin rond développant une matière assez grasse et opulente retransmettant puissamment et en longueur toute l’exubérance des arômes perçus au nez.

Les vins blancs doux s’apparentent aux vins blancs secs et reprennent les mêmes caractéristiques en les magnifiant. Les vins, dorés, s’intensifieront de notes de miel, d’épices et de fruits secs. A la dégustation ces vins seront d’autant plus amples, onctueux et gras que leurs parfums sont expressifs et la complexité de ces vins se prolonge d’autant dans la longueur. Ce sont des vins au potentiel de garde remarquable dont la puissance permet de fabuleux accords à tables, notamment avec des épices comme le curry.

Le sylvaner 

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Histoire : le sylvaner est un cépage qui existe depuis plus de cinq siècles déjà et qui s’est imposé comme un cépage référent en Alsace et outre-Rhin et a servi de parent à la création de nombreux cépages allemands comme l’albalonga, le bukketraube, freisamer, juwel, kanzler, morio-muskat, nobling, oraniensteiner, oseiner et rieslaner.

Géographie : également adapté aux climats frais et tempérés, le sylvaner est très populaire en France, en Allemagne ainsi qu’en Europe Centrale notamment en Hongrie, République Tchèque, Roumanie, Bulgarie, Autriche et Suisse. Le sylvaner est également apprécié dans des pays plus tempérés où il est utilisé pour faire des vins plus larges et amples comme en Afrique du Sud, Australie, Argentine, Nouvelle-Zélande ou en Italie.

Arômes : le sylvaner sert le plus souvent à produire des vins blancs simples d’une très grande buvabilité et agréables au palais. Mais cultivé au bon endroit entre de bonnes mains il s’avère être un cépage d’une grande complexité. Sa robe peut se confondre avec celle du riesling, c’est au nez qu’il se distingue notamment par la discrétion de ses arômes d’agrumes et de fruits jaunes et des touches végétales d’herbe fraîche. En bouche le vin est parfaitement maintenu par une belle acidité qui permet au vin d’allier tension et élégance avec très peu de sucre résiduel.

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Le Müller-Thurgau

Histoire : seul cépage de cette liste n’étant pas cultivé en France, ce cépage est nommé après son créateur suisse, Hermann Müller-Thurgau qui le mit au point en 1882 en croisant deux variétés : le riesling et le sylvaner. D’ailleurs le cépage s’est longtemps appelé le rivaner. Les analyses ADN récentes ont montrées que Monsieur Müller-Thurgau s’était trompé en croisant ses deux cépages
et que ce qu’il pensait être du sylvaner était en réalité un cépage nommé madeleine royale.

Géographie : ce cépage est adapté aux climats frais en Europe Centrale notamment en Allemagne, Autriche mais également Hongrie, Grande-Bretagne, République Tchèque, Slovaquie, Suisse. Il est également possible d’en trouver de petites quantités aux Etats-Unis et en Nouvelle Zélande.

Arômes : le müller-thurgau donne des vins agréables et simples à boire jeunes. Ce sont des vins relativement pâles aux arômes portés sur les fleurs et les épices (muscade) ainsi que les fruits (poire, pomme, citron). Ce sont des vins souples et peu acides qui possèdent toutefois un équilibre agréable notamment grâce à leur légèreté.

Les autres cépages souvent présents en Alsace et les pays d’Europe centrale ont été vus pour la plupart dans les épisodes précédents notamment le pinot blanc et le pinot gris, ainsi que le muscat, dont le muscat d’Alsace n’est qu’une mutation régionale. Le pinot noir a également été vu dans les épisodes précédents et s’adapte parfaitement bien au climat alsacien

Merci d’avoir suivi ce septième épisode de la saga des cépages ! Nous nous retrouverons la semaine prochaine pour un huitième et dernier épisode de la saga des cépages sur le monde passionnant des cépages italiens.

Passez de la théorie à la pratique en consultant nos ventes de vins Alsaciens et Allemands !

Alsace

Allemagne

Autriche

Ou bien en attendant retrouvez les épisodes précédents :

La saga des cépages – Episode 1 – Les cépages bordelais (1ère partie)

La saga des cépages – Episode 2 – Les cépages bordelais (2ème partie)

La saga des cépages – Episode 3 – La star de la Loire, le chenin

La saga des cépages – Episode 4 – Les cépages de la Vallée du Rhône (1ère partie, le nord)

La saga des cépages – Episode 5 – Les cépages de la vallée du Rhône (2nd partie, le sud)

La saga des cépages – Episode 6 – Les cépages de Bourgogne

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