Découverte du Clos des Goisses, joyau de la maison Philipponnat. Un vrai défi pour le vigneron ! A la clé, une dégustation de millésimes qui remonte le temps.
Une invitation chez Philipponnat ? On accourt, bien sûr ! Je vous avais déjà raconté une belle rencontre avec Charles Philipponnat – dans le monde d’avant le COVID -. La dégustation des cuvées passionnément, et minutieusement conçue par cette belle maison m’avait donné bien envie de découvrir, in situ, le fameux Clos des Goisses, trésor de la famille depuis 1935. Je vous y emmène !
La maison Philipponnat, qui a rejoint le giron du Groupe Boizel Chanoine Champagne, reste parfaitement incarnée par Charles Philipponnat, désormais rejoint par son fils François, animé de la même passion. Car la lignée est ancienne, la présence de la famille dans la région d’Aÿ remonte au XVIème siècle. C’est bien simple, la Champagne coule littéralement dans les veines de générations de Philipponnat qui se succèdent à la tête de cette maison confidentielle, mais bien identifiée des connaisseurs. Une famille originaire de la commune d’Aÿ, pedigree qu’elle partage avec l’illustre René Lalique, qui n’y est pas resté longtemps mais a tout de même donné son nom à une rue.
Confidentielle, vraiment, la maison Philipponnat ? Oui, car si les sous-sols où nous plongeons recèlent un dédale long d’un 1,5 km de caves, lieu de repos pour un stock qui ne compte pas moins de trois millions de bouteilles, la production est strictement encadrée. Les rendements dépassent rarement une bouteille par pied de vigne, et encore, quand tout se passe bien sur le plan climatique. Il faut dire que la maison, désormais certifiée HVE, ne lésine pas sur le sujet du développement durable. Depuis 10 ans des essais de traitement bio sont menés dans le vignoble, avec une forte accélération récente. En 2020, un quart des vignes étaient en bio, fin 2021 la moitié du vignoble (les coteaux sud) sera concernés, et d’ici deux ans, l’intégralité du vignoble devrait être convertie.
Peu de chardonnay, plus du tout de pinot meunier, ici, on laisse la part belle au pinot noir, issu d’un matériel végétal bourguignon, progressivement replanté, depuis 2000, en sélection massale. Nous longeons d’abord la parcelle de Léon, un terroir calcaire, crayeux qui donne un sol blanchâtre. Sur ce terroir de pinot, un rang sur deux est enherbé, et les vignes taillées en cordon de Royat.
Les vignes possédées en propre représentent un tiers des approvisionnements de la maison. Le Clos des Goisses en est indéniablement le joyau. Cette vigne, acquise par un oncle de Charles Philipponnat en 1935 est un vrai défi pour le vigneron !
Regardez cette pente que nous escaladons sous un grand soleil déjà chaud de début d’été. La pente atteint 45 degrés sur cette surface de 5,83 ha désherbés manuellement, bien sûr.
En Champagne on pressure localement afin d’éviter que le raisin ne prenne de la couleur. Chez Philipponnat, les raisins sont pressurés par petits lots, un travail de précision, mené en parcellaire. Seules les deux premières presses sont utilisées, le reste est vendu, ici, on ne garde que le meilleur ! Le débourbage s’effectue dans de petites cuves afin de clarifier les moûts. Après le débourbage (statique) qui dure environ 18 heures, vient le soutirage. Les vins sont ensuite placés en fûts ou en cuves.
La maison produit également des vins rouges et rosés de saignée, destinés au Clos des Goisses rosé et au brut non millésimé. Les raisins sont pressurés par grappes entières, le tri des grappes ayant préalablement été effectué à la vigne. C’est parti pour 6 mois d’élevage, la fermentation se poursuit dans la barrique, sur lies. Au printemps aura lieu un soutirage, suivi de l’assemblage.
Après l’assemblage, les vins sont ré-entonnés pour alimenter le stock de vins de réserve, dans des barriques de 228 litres (pour moitié, il s’agit de barriques d’un vin, pour l’autre moitié, de deux vins). L’équipe effectue une opération d’ouillage hebdomadaire. Six mois après un tiers des vins sont mis en bouteille avec un autre tiers de vins conservés depuis un an, et un troisième tiers de vins vieux de 2 ans. L’élevage se poursuit sur lies, le dégorgement interviendra plus tard… Vous l’aurez compris, rien n’est laissé au hasard au sein de la maison Philipponnat, qui sait laisser du temps au temps. Place à la dégustation maintenant.
Champagne Philipponnat – Clos des Goisses 2011
Pour la première fois de son histoire, c’est un 100% pinot noir
A l’œil, ce 2011 offre une jolie bulle fine. Subtilement épicé, avec des notes exotiques de curry, le nez révèle également des nuances d’agrumes et des notes fraîches de fenouil. La bouche est intensément vineuse, avec une finale florale élégante, réhaussé d’une touche d’agrume (zeste) et de miel.
Champagne Philipponnat – Clos des Goisses LV 1995
La mention LV signifie Long Vieillissement. Cette cuvée est demeurée sur lies pendant 25 ans, et dégorgé en 2020. Un gage de fraîcheur pour ce Clos des Goisses préservé de toute oxydation durant un quart de siècle.
Doté d’une robe paille d’un bel or soutenu, et d’un nez légèrement évolué qui porte l’empreinte de la maturité, élégant et complexe, ce Clos des Goisses LV 1995 livre en bouche une jolie amertume bien enrobée de notes grillées et subtilement exotiques.
Champagne Philipponnat – Clos des Goisses LV 1993 en magnum
Doté d’une robe jaune paille avec des reflets verts, assez pâle et élégante, ce 1993 se déploie en bouche, ample, puissant, gourmand, avec des notes finement grillées qui dialoguent avec des arômes de cèdre. La finale est aérienne, composée d’un élégant bouquet de fruits confits. L’ensemble est tendu, parfaitement maîtrisé.
Champagne Philipponnat – Clos des Goisses 1986 – Dégorgé en 1995
Sa belle robe jaune bouton d’or précède un nez de fruits jaunes bien mûrs. En bouche, l’ensemble bien vineux associe des notes de fruits exotiques, de zestes de citron confit et de cire. La finale est intense, très longue.
Champagne Philipponnat – Clos des Goisses 1979 – Dégorgé en 2010
Une belle robe or jaune, lumineuse.
Un nez plein de fraîcheur, ponctué de notes de petites baies et des flaveurs grillées. La bouche est pleine de finesse, agrémentée de notes gourmandes de fruits rouges (framboise). La finale, vibrante, se déploie avec une vinosité fine, réhaussée par les notes beurrées et délicatement grillées, l’ensemble est salivant, et la longueur remarquable.
Champagne Philipponnat – Clos des Goisses 1964 – Dégorgé en 2008
Un été très sec, heureusement assoupli par une petite pluie fine juste avant la vendange. Le vin dévoile au nez des notes rafraîchissantes de menthol et d’eucalyptus. Beaucoup de fraîcheur en bouche également, des notes minérales de pierre à fusil dialoguent avec un bouquet de fruits jaune délicatement miellé. L’ensemble est très fin, plein d’élégance, avec cette petite touche grillée en fin de bouche qui donne une sensation gourmande… et l’irrésistible envie d’y revenir.
Champagne Philipponnat – Cuvée 1522 – Base 2013
C’est ce que Charles Philipponnat appelle « un millésime d’octobre », bien mûr, doté du même profil climatologique que le 1979. Un vin issu de pinots noirs récoltés sur les parcelles de grands crus de Mailly, et de chardonnay de la côte des blancs (Mesnil sur Oger). Un vin tendu, sur la réserve, qui se caractérise par une belle minéralité relevée de notes poivrées. C’est sûr, ce flacon est taillé pour la garde.
Champagne Philipponnat – Blanc de noirs 2015 – Extra-brut
Doté d’une robe légèrement saumonée, cette cuvée de pinot noir est issue de raisins récoltés sur les beaux terroirs de Mailly, classés en premier cru ou en grand cru. Après des essais sur le millésime 2006, cette cuvée est commercialisée depuis le millésime 2008. Pour la réaliser, pas de macération, ce sont les pellicules qui confèrent au champagne sa couleur.
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