Rully Guide cote chalonnaise iDealwine Bourgogne

S’étendant de Chagny, au nord, à Saint-Gengoux-Le-National, au sud, le vignoble de la Côte Chalonnaise compte près de 4.000 hectares de vignes. Voisine immédiate à la fois de la Côte de Beaune (Rully, l’appellation la plus au nord de la Côte Chalonnaise, et Santenay, l’appellation la plus au sud de la Côte de Beaune, se joignent presque en une langue de terre) et du Maconnais, sa notoriété est souvent minorée par ces deux mastodontes viticoles. Pourtant la Côte Chalonnaise recense de très beaux terroirs répartis sur cinq communes (Montagny, Givry, Mercurey, Bouzeron, Rully), d’excellents producteurs et de nombreuses originalités. Regardons de plus près cette côte encore méconnue de la Bourgogne et dont la qualité ne cesse de révéler la diversité étonnante des terroirs de cette partie de la Bourgogne.

Comme sa grande sœur la Côte de Beaune, le découpage de la Côte Chalonnaise a été produit selon un système d’appellations qui la divise en trois qualités. D’abord, les appellations régionales : Bourgogne Côte Chalonnaise, les Villages et, enfin, les 1er crus. A l’inverse de sa grande sœur, aucun grand cru n’y a été délimité. En revanche, deux originalités subsistent. D’un côté l’autorisation d’un cépage autre que le chardonnay accolé à une mention communale : l’aligoté à Bouzeron. De l’autre, une commune qui n’autorise que le cépage Chardonnay : Montagny (en Côte d’or, toutes les communes où le Chardonnay est autorisé autorisent aussi le pinot noir). Malgré ces originalités, la Côte Chalonnaise traîne encore, comme un poids, l’image d’une région où la qualité était souvent moins recherchée que la quantité : les pinots grossiers, dits de Santenay envahissaient les vignes, l’aligoté était un cépage à haut-rendement et si acide que seule la crème de cassis pouvait le rendre buvable (d’où l’invention du Kir), Mercurey accusait l’image d’un terroir dur, aunuix tannins rugueux et aux fortes notes de venaison. Actuellement, même si ces images lui collent peut-être encore à la peau, la Côte Chalonnaise n’a plus rien à voir avec celle d’alors. Il semblerait même que sa réputation historique refasse surface : Givry était le vin préféré d’Henri IV et considéré comme le volnay ou le chambolle-musigny du sud par beaucoup d’observateurs du 19ème siècle. Napoléon se serait même exclamé devant la qualité des vins de Mercurey… Les modes passent, seule la vérité du terroir reste : voilà que la Côte Chalonnaise refait surface.

Au cours de nos pérégrinations dans cette région beaucoup de producteurs nous ont confié qu’après des études poussées les géologues retrouvaient en Côte Chalonnaise, et notamment à Givry, la même qualité de sol qu’à Chambolle-Musigny. Les meilleurs montagnys ressemblent, pour ceux situés au cœur de l’appellation, sur la commune-même, aux plus beaux Chablis par leur tension. Et pour cause ! On y retrouve les mêmes sols composés de calcaire du Kimméridgien ! Les mercureys, par leur profil terrien et ferrugineux ont, dans leur partie historique, la finesse et l’expression tantôt d’un pommard tantôt d’un nuits-saint-georges. Quant à Bouzeron, elle est peut-être la commune où l’on exploite le mieux la fraîcheur, la vivacité et la complexité minérale du cépage aligoté qui, au début du siècle dernier était encore complanté avec le chardonnay dans le Montrachet et à Corton-Charlemagne.

Pour certains producteurs, la minoration de la Côte Chalonnaise peut venir d’abord de l’anoblissement de terres voisines à Mercurey ou Givry sans que la qualité ne soit toujours au rendez-vous. Ceci a eu pour effet de diluer l’offre de vins de bonne qualité. Mais au-delà de certaines largesses accordées par le législateur en termes de terroir est aussi visible un défaut dans le matériel végétal. En effet, au lendemain des guerres mondiales le vignoble de la Côte Chalonnaise a été en grande partie abandonné, les appellations eurent peu de défenseurs ou de vignerons phares. Si le premier effet a été la perte de surface viticole, un autre effet, moins visible, a fini par resurgir : le matériel végétal que certains domaines en côte d’Or conservent depuis plusieurs décennies voire siècle était absent dans cette partie de la Bourgogne. Les replantations successives en vignes se sont faites depuis des sélections clonales, parfois axées sur la production. Autrement dit, plus qu’une différence de terroir la Côte Chalonnaise se démarque de la Côte d’Or, pour leurs majeures parties, par une différence en termes de matériel végétal. Désormais, conscients de ce problème, les meilleurs producteurs ont su sélectionner au mieux leur matériel végétal afin de retranscrire le plus fidèlement possible la qualité des terroirs du Chalonnais. C’est notamment le cas pour le domaine François Lumpp à Givry, ou encore A & P de Villaine à Bouzeron qui a initié depuis quelques années un conservatoire du cépage de Bouzeron : l’aligoté doré, qui donne des rendements naturels moins généreux que l’aligoté vert, a de petites grappes, et de petites baies riches en sucre.

Désormais, nous allons revoir les différentes appellations de la Côte-Chalonnaise, en mettant en avant leurs spécificités ainsi que quelques-unes des adresses préférées de nos services 😉

Commençons par les appellations du nord, à la limite de la Côte de Beaune, pour redescendre vers les appellations les plus au sud.

Rully, berceau du crémant

Rully, village d’à peine 2.000 âmes sillonné par la Thalie, petite rivière à l’est du village, a fait de la viticulture sa meilleure ambassadrice. Peu de personnes le savent mais Rully est le berceau de la méthode traditionnelle du crémant qu’elle a importée de Champagne au début du XIXème siècle face à l’attrait grandissant pour les vins pétillants. Depuis, la commune a conservé une grande tradition de crémants, souvent de très grande qualité et profitant du terroir de la commune. Qui n’a jamais goûté la finesse et l’élégance des crémants de la maison Vitteau-Alberti (à prix très très doux) ne peut connaître la justesse et la qualité des crémants de Bourgogne. Leur blanc de blancs, cuvée Agnès, est largement au niveau des meilleurs BSA, dans un style beaucoup plus mûr et vineux. Un véritable vin de gastronomie, sans le prix. 😉

Enchâssé entre les communes de Chagny au nord, qui assure la jonction avec la Côte de Beaune et les villages de Chassagne-Montrachet et Santenay, Mercurey au sud et Bouzeron à l’ouest, Rully est un véritable bijou viticole. Prolongement géographique naturel de la Côte de Beaune et plus particulièrement de la commune de Chassagne-Montrachet avec laquelle elle partage la capacité de produire de très belles choses dans les deux couleurs avec toutefois moins de puissance.

Au nord de l’appellation, les premiers crus Saint Jacques et Du Chaigne ont des terres comparables à celles que l’on peut trouver du côté de Chassagne. Au Cœur de l’appellation l’excellent Margotté, dont le domaine Dureuil-Janthial fournit une cuvée de très haut-vol, vineuse et dense, sans doute influencée par l’argile rouge de la terre. Les meilleurs vins de ce secteur sont blancs. Les Pucelles, ou les Grésigny, qui sont au centre de l’appellation, sont d’une élégance rare pour cette partie de la côte. D’une grande finesse et très accessibles, ils font partie des incontournables du domaine Paul et Marie Jacqueson.

Les domaines Jacqueson, Dureuil-Janthial, et A & P de Villaine sont parmi les plus côtés et recherchés de la commune. Ils participent en effet depuis de nombreuses années déjà à l’excellence de la commune et à la renommée de l’appellation. Mais on déniche aussi quelques perles cachées, moins connues que les étoiles actuelles. A iDealwine, en plus des crémants de Vitteau-Alberti nous avouons un petit faible pour les cuvées de Jean-Baptiste Ponsot, le croquant de ses fruits et le volume impressionnant de ses cuvées.

Maintenant, direction l’Ouest, passons rapidement en revue l’appellation Bouzeron.

Bouzeron

Village de 141 âmes, d’altitude toute Bourguignonne (entre 201 mètres et 405 mètres), l’histoire de l’appellation Bouzeron est récente. Ce n’est qu’à partir de 1988 que les vignerons du village obtiennent le droit d’accoler la mention « Bouzeron » au cépage aligoté qu’ils produisaient. La reconnaissance comme village à part entière fut plus tardive et n’arriva qu’à partir du millésime 1998, en partie sous l’impulsion de domaines locaux comme le domaine A & P De Villaine dont le propriétaire n’est autre qu’Aubert de Villaine, co-propriétaire du domaine de la Romanée-Conti mais aussi maire de Bouzeron.

Ce village aux dimensions toutes bourguignonnes qui étend son appellation sur 60 hectares est situé à l’Ouest de Rully et sis entre les communes de Chassey-le-Camp à l’Ouest, Rémigny et Chagny au nord.

Particulièrement marquée par les marnes blanches de l’Oxfordien, les parties hautes de Bouzeron conviennent parfaitement au cépage Aligoté. Au Nord de l’appellation le sol est largement sous l’influence de la colline du Camp Romain, de la Montagne de l’Ermitage et de la Montagne de la Folie. On retrouve dans cette partie l’excellente parcelle « Les Corcelles » que le domaine du Champ Thémis, que nous affectionnons particulièrement ici, isole pour donner un vin plein, profond et séveux, parvenant, par des maturités justes, à gommer l’aspect variétal du cépage. L’exposition ouest de ce côteau lui permet de bénéficier en outre du soleil couchant, évitant au maximum les grillures et permettant une maturité plus tardive. En face de ce coteau, du côté de la montagne de l’Ermitage, l’expression très calcaire des sols colle plus à l’image minérale, tendue et rafraîchissante du Bouzeron. La parcelle Les Clous, exposée nord-est donne un vin minéral, tendu au laser où s’exprime à la perfection la roche mère chez les meilleurs. Au sud de l’appellation la parcelle les Cordères, exploitée entre autres par le domaine Jacqueson, produit un vin où se sent particulièrement l’énergie calcaire de la roche-mère en bouche. L’impressionnante persistance du cépage permet de faire de ce vin souvent utilisé à l’apéritif un vin de gastronomie, s’associant à la perfection avec des fruits de mer ou des plats plus ambitieux. Tentez l’association de ce climat avec des mets légèrement épicés ou relevés pour apprécier au maximum la tension minérale de ce vin. Autrement, osez des recettes plus simples : un accord avec le jambon persillé dont la commune s’est fait une spécialité ou encore avec un fromage de chèvre qui permet un superbe accord. Nous vous invitons également à goûter ceux du domaine des Moirots, au rapport qualité-prix imbattable. Tentez aussi de conserver vos bouzerons quelques années et vous verrez que ce cépage, tout comme son grand frère le chardonnay, se bonifie largement avec le temps. A maturité les meilleurs d’entre eux donnent des vins très minéraux au sein desquels des nuances de cailloux et d’agrumes particulièrement élégantes se font sentir au nez, tandis qu’en bouche, la précision minérale et la vivacité du cépage nous impressionnent.

Il est important de noter le travail de conservation du cépage historique de Bouzeron : l’aligoté doré, initié par le domaine A. & P de Villaine, avec à sa tête leur neveu Pierre de Benoist. En effet, par opposition à l’aligoté dit vert, l’aligoté doré est un cépage endémique de l’appellation. On le retrouve dans les vieilles vignes des domaines, à l’époque où la sélection des plants était encore faite par les domaines eux-mêmes. Ce cépage à faible rendement, qui donne des vins tranchants et bien ficelés, Bouzeron a décidé de le conserver afin de protéger son patrimoine génétique communal exceptionnel et de valoriser au mieux les vins de l’appellation. Désormais, c’est un pool d’un grand nombre de représentants de cette variété que le conservatoire de conservation de l’aligoté doré gère, afin de pouvoir, par la suite, sélectionner au mieux les plants adaptés à la commune. Cette initiative remarquable permet au village de sortir de ses travers anciens de rendements mal-maitrisés et parfois trop généreux. L’avenir appartient à cette commune.

Soyez patients, nous descendrons bientôt dans le sud-est, en direction de Mercurey, écrin de la Côte Chalonnaise. Vous en saurez plus au sein du prochain article « Tout savoir sur la Côte Chalonnaise – Partie 2 »

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