Aujourd’hui les vins « nature » font bouger les lignes, et divisent les amateurs. Pourtant, ces vins comportent leur part de mystère. Qu’est-ce au fond qu’un vin nature ? L’initiative d’Isabelle Legeron est à cet égard intéressante. Cette Master of Wine est allée sur le terrain mener l’enquête : à la lumière de ses dégustations et des rencontres sur le vignoble français et à travers le monde, elle retranscrit dans un ouvrage son cheminement qui apporte un éclairage indépendant et convaincu.
Isabelle Legeron, auréolée du titre prestigieux de Master of Wine, est avant tout une amatrice de vins natures. C’est pourquoi elle a voulu en savoir plus. Elle a donc mené l’enquête, qui aboutit à la parution aux éditions Eyrolles de l’ouvrage « Le vin nature, introduction aux vins biologiques et biodynamiques vinifiés naturellement ».
Ouvrage pédagogique
Le postulat de départ c’est un peu « Bonum vinum laetificat cor hominis » (le bon vin réjouit le cœur de l’homme). Bon étant polysémique pour sain et savoureux. Donc implicitement le spectre concerné dans cet ouvrage est celui des vins qui répondent à ce double impératif. Ainsi on ne s’étonnera pas qu’Isabelle Legeron évoque le Domaine de la Romanée-Conti. Le but est de s’extraire de l’activisme environnementaliste, parfois simpliste et réducteur, pour comprendre comment le vin nature est produit. Sans sulfites certes, mais pour quelles raisons ? L’idée-phare est que l’ajout d’éléments chimiques extérieurs à la matière première comme les levures et le sulfite sont susceptibles d’altérer le goût du vin. Plutôt qu’un « processus » pour faire du vin nature, au fil de la lecture de ce livre, on comprend qu’il existe un esprit, une manière de voir le monde commune à ces vignerons, et ce en dépit d’un cadre institutionnel. La philosophie développée par les vignerons nature est un retour aux sources. Les références vont de Pline l’Ancien, Histoire naturelle, à Claude et Lydia Bourguignon, Le sol, la terre et les champs.
Il faut commencer par dépasser les idées reçues dont la plus répandue est que le vin nature est instable et n’a donc aucune capacité de vieillissement. Car on peut ouvrir aujourd’hui, et sans crainte, un morgon 1990 de chez Jean Foillard. Les préjugés ont la vie dure, à tel point que nombre de vignerons n’indiquent pas sur l’étiquette une mention dont ils devraient pourtant être fiers, de peur d’effrayer le client. La méthode naturelle s’apparente parfois à une négligence, ainsi de nombreux amateurs se détournent des vins nature. Alors que si l’on écoute le discours tenu par Pierre Overnoy, on comprend à quel point la vinification naturelle demande une attention de tous les instants.
Histoire, portraits, rencontres
Dans les années 50, l’ère était aux produits phytosanitaires. On s’est rendu compte peu à peu que ces derniers sont à l’origine d’un appauvrissement des sols et de la vigne. La genèse du mouvement des vins nature remonte aux travaux scientifiques d’un vigneron et ingénieur agronome nommé Jules Chauvet. Ceux-ci ont ouvert la voie à toute une génération de vignerons. Les premiers vignobles à avoir sauté le pas sont le Beaujolais et la Bourgogne, à l’instar de Marcel Lapierre et de Jacques Néauport. Puis, lentement voire très lentement, cette technique a fait des émules, surtout dans le Jura, la Loire et la Champagne, dans des domaines à petite production qui sont entre autres aujourd’hui des pionniers de leur appellation : Pierre Overnoy et son successeur Emmanuel Houillon au domaine Houillon-Overnoy (Arbois-Pupillin), Nicolas Joly au domaine de la Coulée de Serrant à Savennières, domaine Jacques Selosse à Avize, domaine de Trévallon en Provence. La philosophie de ces vignerons est fondée sur un respect de la nature. Nombre d’entre eux sont aussi apiculteurs, chasseurs, cultivateurs et ont un rapport à la nature qui dépasse amplement la seule notion de viticulture.
Hommage aux audacieux
Dans un contexte politique tendu où les vignerons sont parfois obligés de renoncer à leur appellation, comme Alexandre Bain, certains choisissent coûte que coûte cette voie alternative loin des directives européennes et du diktat des labels. Il est indubitable que produire des vins nature comporte des risques et c’est par fidélité qu’ils s’engagent à s’en remettre à la nature qui parfois peut-être cruelle. Oui, il est plus difficile pour un vigneron en vin nature de produire des vins qualitatifs: « Faire un grand vin, c’est savoir flirter avec les défauts du vin ». Cette philosophie implique une démarche d’humilité et d’audace qui est salué par une critique alternative, à l’instar du magazine Le Rouge et le Blanc qui se positionne favorablement. C’est lorsque l’on est au-dessus du précipice que l’on a une vue imprenable et magnifique sur le paysage, n’est-ce pas ?
Merci Isabelle Legeron pour ce passionnant ouvrage d’investigation !
Le vin nature, introduction aux vins biologiques et biodynamiques vinifiés naturellement
Editions Eyrolles – 24,9€
Retrouvez les vins nature de notre sélection sur iDealwine :
ALSACE :
BEAUJOLAIS
Domaine Joseph Chamonard
BOURGOGNE
Domaine de la Romanée -Conti
CHAMPAGNE
Benoit Lahaye
Chartagne-Taillet
JURA
Peggy Buronfosse
LANGUEDOC
LOIRE
Domaine Alexandre Bain
Domaine de la Coulée de Serrant
Domaine de l’Ecu
PROVENCE
RHÔNE
SAVOIE
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