Diplômé d’œnologie à l’institut Georges Chappaz à Reims en 2020, le jeune oenologue est revenu à ses racines, à Montreuil-Bellay à Saumur, pour proposer des vins de lieux d’une précision chirurgicale.

Plonger dans le vin dès l’enfance

Si le nom « Durandière » vous évoque quelque chose, c’est peut-être celui du Château de la Durandière : ce domaine, qui s’étend sur plus de 40 hectares, est en fait géré par Antoine Bodet, le père d’Etienne. Il a donc toujours connu le monde du vin.

clos de la durandière 
etienne bodet
chateau de la durandière
vente idealwine clos de la durandière

Y travailler sonne comme une évidence, il se lance alors dans des études d’œnologie à Reims, à l’institut Georges Chappaz de la vigne et du vin en Champagne. Il se forme donc à la science du vin et développe ses premières cuvées avec la Maison Bodet-Herold fondée en 2017, qui propose des crémant de Loire pour « pour titiller mes amis champenois » dit-il d’un ton ironique, mais surtout car « il y a une histoire et un matériel végétal qui se prête au crémant à Saumur ». La rigueur est de mise : il achète auprès de 3 ou 4 vignerons certifiés bio des raisins issus de parcellaires, puis les vinifie et les élève sur lattes pendant 30 mois. Il est finalement diplômé en 2020 et retourne à ses origines, celles qu’il n’a jamais vraiment quitté : Saumur.

Voyage au cœur d’un terroir unique à Saumur :

De retour au Château de la Durandière, il rachète 5,5 hectares de ce qu’il considère être des terroirs exceptionnels à Saumur, et plus généralement dans la Loire : le Clos de la Durandière est né.

Si le saumurois est en fait une faille géologique du Massif armoricain, les terroirs d’Etienne Bodet en sont très éloignés. Ils sont une sorte d’« anomalie » géologique puisque ces sols sont composés de calcaire du jurassique, donc plus lourds, plus durs et résistants que le calcaire habituel, de marnes grises et complétés par de petites quantités de tuffeaux.

En plus d’un terroir unique, le vigneron acquiert aussi un très beau matériel végétal, puisque les vignes sont toutes issues d’une sélection massale. Les cabernets francs ont été plantés en 1983 mais les chenins sont plus anciens et ont plus de 70 ans.

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etienne bodet
vieilles vignes france
vieilles vignes chenin

 Etienne Bodet nous invite à voyager dans ses racines et découvrir ses parcellaires « pour montrer l’exception de chacun des terroirs ».

De l’œnologie à la viticulture :

Au Clos de la Durandière, Etienne Bodet passe de la théorie à la pratique en appliquant les connaissances tirées de son diplôme d’œnologue.

Toute action dans la vigne est donc réfléchie et précise : l’ébourgeonnage, le palissage et la taille sont uniquement effectuées par le viticulteur, qui veut « un trajet de la sève le plus efficient possible », cela permet de limiter les maladies, de mieux concentrer les raisins, mais aussi « de faire vivre la vigne plus longtemps : j’espère avoir des vignes qui approcheront du centenaire à la fin de ma carrière ». Au vu de travail fourni et du petits soins apportés aux vignes, cela ne fait aucun doute !

Le travail des sols a également son importance : de Pâques jusqu’à la mi-juillet le cavaillon est intégralement désherbé afin que la vigne n’ait pas de concurrence végétale pour l’apport d’azote. Cet azote permet de faciliter la fermentation alcoolique, Etienne Bodet est un vigneron précautionneux « la fermentation alcoolique c’est le b.a.-ba du vigneron : si cette fermentation se passe bien, alors il n’y a plus de sucre donc pas de développement de maladie ». L’intérêt est de rechercher des vins avec du goût.

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etienne bodet
chateau de la durandière
montreuil bellay

Le même esprit est conservé lors des vendanges : les raisins sont récoltés à juste maturité pour aller chercher un fruit encore croquant et « garder un style ligérien, c’est à dire de la fraicheur ». Toutes les baies sont récoltées à la main, triées à la vigne et retriées une seconde fois à la réception. Lors d’année où le développement de maladie est plus important, des tris successifs sont opérés pour avoir bonne fin de maturation.  

Vous l’aurez compris, une telle compréhension du sol et de la vigne nécessite forcément de travailler sans intrant (ou presque) : le vigneron n’a pourtant pas fait de demande de certification, ni auprès de l’INAO, ni auprès de Demeter. Pourtant le domaine est travaillé qu’avec quelques intrants qui se comptent sur les doigts d’une main : souffre (si besoin), cuivre, 500P et 501 : ces deux derniers étant la bouse de corne et la silice de corne.

Malgré cette grande connaissance, et des processus réfléchis, l’interviewé nuance « le vin n’est pas une science dure mais une science humaine, le but du vin c’est ce dernier moment : celui du partage ».

La cave : dernière étape pour tendre le fil rouge des vins

Si l’œnologie lui donne une grande liberté, car « je sais ce qu’il se passe, je sais ce qu’il faut faire et quand le faire » Etienne Bodet confie que le vin ne doit pas devenir un dogme, une formule à respecter : « il y a de la science mais c’est beaucoup d’instinct : 90% de ce que je fais c’est de l’instinct ». Les vins d’Etienne sont donc avant tout orientés sur un ressenti, une émotion, et un fil rouge voulu par le vigneron. Son fil rouge consiste à proposer des vins de terroirs, les plus fondus possible sans structure angulaire : cela commence par l’apport des sols, le travail à la vigne jusqu’aux chais.

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etienne bodet
dégustation clos de la durandière

Cette partie aux chais, parlons-en :

Les rouges sont vinifiés en partie en grappe entière pour avoir une aromatique différente en plus de la fermentation intra-cellulaire : « la grappe entière permet d’aller chercher une aromatique un peu différente du fruit ». La macération dure 21 à 28 jours, sans remontage. Cette macération assez longue permet de chercher en profondeur les tanins des pépins et de la peau et de commencer la polymérisation. Cette durée de macération permet d’avoir un vin fondu, qui commence son vieillissement grâce aux tanins qui s’intègrent davantage, sans être rêches (macération trop courte) ou secs (macération trop longue). C’est également lors de cette macération que les fermentations alcoolique et malolactique ont lieu. Les vins sont ensuite élevés 2 ans en barrique puis 1 an en bouteille.

Les blancs sont directement pressurés et entonnés avant la fermentation alcoolique. Ils sont ensuite élevés 2 ans en barrique puis 6 mois en bouteille avant la mise en vente.

Les vendanges étant faites lorsque les raisins sont tout juste à bonne maturité, les pH sont un peu plus bas que d’ordinaire, ce qui permet de ne pas (ou peu lors des années chaudes) rajouter de souffre lors de la mise en bouteille. Cette acidité naturellement présente permet d’éviter les défauts de souris et de brett, plus fréquents lorsque les pH sont plus élevés.

Le fil rouge est tendu.

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montreuil-bellay

Les Vins du Clos de la Durandière, en vente chez iDealwine :

  • Clos de la Durandière : cuvée éponyme du domaine et premier parcellaire travaillé par son nouveau propriétaire. Planté en 100% cabernet franc, c’est un vin juteux, structuré par des calcaires du jurassique.
  • Graippeaux : vignes en 100% chenin, né dans l’Anjou, ce cépage sait parfaitement refléter le terroir des Graippeaux.
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