Dégustation : pour en finir avec les complexes

Les jeunes amateurs ou tous ceux qui s’estiment encore peu expérimentés font souvent un complexe quand il s’agit de donner leurs impressions sur un vin. Dans une série d’articles, iDealwine va essayer de vous donner quelques clefs pour vous permettre de déguster sans complexe.

Première règle : oubliez (un moment) les arômes !

En général les néo amateurs de vins, quand ils dégustent une bouteille, sont obsédés par l’idée d’identifier les “bons” arômes. Reconnaître les zestes d’agrume, les notes de mirabelle, les touches de poivre blanc… Ils ont lu ces mots dans la presse, ils ont entendu leurs amis fins connaisseurs les utiliser, et ils pensent que pour avoir l’air affranchi, il faut pouvoir annoncer à la cantonade, et décrire avec un air convaincu de vieux briscard, le merveilleux nez de griotte et de baies sauvages que présente ce vin dans le verre…

Oubliez tout ce verbiage souvent un peu pédant qui s’attache à mettre en avant ce qui est finalement assez secondaire dans l’appréciation d’une bouteille. Quand vous achetez un vin, vous le choisissez, vous, parce qu’il sent la groseille ou la framboise ? De plus, ce n’est pas parce que votre voisin, un grand connaisseur, trouve de fabuleuses notes de fruits blancs, que vous n’avez pas le droit de déceler de superbes touches de carambar ou de fraise tagada ! Sur la perception des arômes du vin, chacun est prisonnier de son propre vécu et on ne peut identifier que des odeurs qu’on a connues. Une même molécule dans un verre de vin peut donc parfaitement être nommée de deux façons différentes par deux dégustateurs pour lesquels cette molécule évoquera des souvenirs olfactifs différents.

Deuxième règle : vous aimez ou pas ?

Ce qui est important quand vous dégustez, ce n’est pas de réussir à “trouver” quelque chose dans le vin qui est dans votre verre, mais de savoir si vous l’aimez ou pas et ensuite, éventuellement, de comprendre pourquoi vous l’aimez ou pas. Parce qu’il est trop acide, trop sucré, trop fort, parce qu’il râpe la langue, parce qu’il sent un drôle de truc… Là encore, n’ayez aucun complexe ! Votre goût vous appartient et aucun gourou n’a le droit de vous le voler, que ce soit votre ami d’enfance qui possède une cave formidable de 2000 bouteilles ou tel ou tel critique adulé dans le monde entier. Si la table entière se régale d’un vieux château-chalon grandiose, vous avez une légitimité totale pour dire que ce goût de noix et d’oxydation révulse votre palais, même si cela ne fait qu’un an que vous vous passionnez pour le vin ! D’ailleurs, entre nous, même de nombreux amateurs chevronnés ne s’y sont pas encore habitués !

Troisième règle : on ne reconnaît que ce qu’on connaît déjà !

Une autre obsession du nouvel amateur c’est de pouvoir reconnaître le vin servi (sans avoir vu la bouteille), dire de quelle région il provient, avec quel(s) cépage(s) il a été produit et de quel millésime il pourrait se réclamer. C’est le jeu favori des amateurs aguerris quand ils organisent entre eux des dégustations “à l’aveugle”. Ne vous tracassez pas, il est plus que normal que vous ne soyez pas très brillants lors des premières soirées de ce genre auxquelles vous pourriez être conviés : comment voulez vous reconnaître un vin que vous n’avez jamais dégusté ! Pour pouvoir espérer donner quelques bonnes réponses (cela reste difficile même avec un peu d’expérience…) il faut avoir dégusté énormément de vins de millésimes différents pour que votre mémoire olfactive et gustative puisse classer un grand nombre d’informations en fonction des vins dégustés dans votre “carrière” d’amateur. Donc, là encore pas de complexe, n’hésitez pas à dire que tel ou tel élément du vin que vous goutez vous rappelle un autre vin, même si vous avez peur de dire n’importe quoi ! Et si vous pariez qu’il s’agit d’un bourgogne alors que vous découvrez ensuite que c’est un côtes-du-roussillon, vous ne passerez pas pour un ignare si le vin en question est la cuvée Muntada du domaine Gauby au sujet de laquelle nombreux dégustateurs professionnels évoquent souvent « sa finesse toute bourguignonne. » On vous regardera même avec respect !

Ne soyez donc pas impressionnés par vos amis qui se prennent parfois pour le Robert Parker de votre immeuble. N’hésitez pas à donner votre avis, avec modestie, mais sans complexe. Et, petit à petit, vous prendrez naturellement de l’assurance en dégustant de plus en plus de vins et surtout en comprenant leur style, ce qu’ils expriment vraiment, dans leur façon de se comporter en bouche, dans la construction de leur équilibre entre acidité, alcool et tannins. Pour vous aider à progresser plus rapidement, iDealwine va vous proposer dans les semaines à venir plusieurs articles qui tenteront de vous faire comprendre la signification de plusieurs expressions qu’on entend couramment dans une dégustation de vins.

A suivre donc !

A lire également dans le Blog iDealwine :

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Cet article a 14 commentaires

  1. Philippe MARGOT

    C’est vraiment un excellent article qui met en confiance les dégustateur débutants, tant il est logique.

    C’est vrai qu’il ne faut pas exagérer dans ses propos bluffants au sujet d’un vin dégusté. Lorsque j’entend dire « il me rappelle la rose fanée », j’aime ajouter « Pensez-vous à la rose Madame Meilland, ou plutôt à la New Yorker ? » parce que, effectivement, elles n’ont pas du tout la même odeur…

  2. Philippe MARGOT

    C’est vraiment un excellent article qui met en confiance les dégustateur débutants, tant il est logique.

    C’est vrai qu’il ne faut pas exagérer dans ses propos bluffants au sujet d’un vin dégusté. Lorsque j’entend dire « il me rappelle la rose fanée », j’aime ajouter « Pensez-vous à la rose Madame Meilland, ou plutôt à la New Yorker ? » parce que, effectivement, elles n’ont pas du tout la même odeur…

  3. Jean Pierre MAX

    Merci Philippe BARRET pour tous vos articles mais et aujourd’hui plus particulièrement pour cet article qui dédramatise la dégustion , déculpabilise les classes « défavorisées » , ignares ou béotiens , prône une simple invitation pour amateurs à éclairer sans forcément passer par des cours , écoles ou universités .
    Si GENETTE avait résumé : « Le goût n’est qu’une question de préférence personnelle et rien, aucune norme , aucune règle , aucun juge , ne peut le déterminer « . Depuis le prix nobel de médecine en 2004 sur l’odorat , il est apparu notamment que notre ADN conditionne cette perception des fameux arômes .
    Alors j’ai hâte de connaitre la suite et vos clefs , hors la polémique oenologique ou scolastique .
    Bravo pour cette communication : dégustation , illusions ou révélations ?

  4. Jean Pierre MAX

    Merci Philippe BARRET pour tous vos articles mais et aujourd’hui plus particulièrement pour cet article qui dédramatise la dégustion , déculpabilise les classes « défavorisées » , ignares ou béotiens , prône une simple invitation pour amateurs à éclairer sans forcément passer par des cours , écoles ou universités .
    Si GENETTE avait résumé : « Le goût n’est qu’une question de préférence personnelle et rien, aucune norme , aucune règle , aucun juge , ne peut le déterminer « . Depuis le prix nobel de médecine en 2004 sur l’odorat , il est apparu notamment que notre ADN conditionne cette perception des fameux arômes .
    Alors j’ai hâte de connaitre la suite et vos clefs , hors la polémique oenologique ou scolastique .
    Bravo pour cette communication : dégustation , illusions ou révélations ?

    1. Jean Pierre MAX

      C’est quoi la photo ! et de la « transformation » ?

    1. Jean Pierre MAX

      C’est quoi la photo ! et de la « transformation » ?

  5. Olivier

    Bravo pour cet article, je trouve effectivement important d’associer avant tout le plaisir et vin. La dégustation n’est pas un concours de compétences mais un plaisir de déguster et de partager.

  6. Olivier

    Bravo pour cet article, je trouve effectivement important d’associer avant tout le plaisir et vin. La dégustation n’est pas un concours de compétences mais un plaisir de déguster et de partager.

  7. Florence GERARD

    @Phlilippe Margot : comme « rose fanée », pour rester dans un terroir ligérien, je choisirais une Pierre de Ronsard pour aller avec un Vouvray (?) ou un Gamay de Touraine.

  8. Florence GERARD

    @Phlilippe Margot : comme « rose fanée », pour rester dans un terroir ligérien, je choisirais une Pierre de Ronsard pour aller avec un Vouvray (?) ou un Gamay de Touraine.

  9. Claude C

    Un mot souvent absent dans les descriptions œnologiques émises par des pontifes-EXPERTS:
    le mot PLAISIR ; tout un résumé !
    Et j’oublie le caractère jouissif ……

  10. Claude C

    Un mot souvent absent dans les descriptions œnologiques émises par des pontifes-EXPERTS:
    le mot PLAISIR ; tout un résumé !
    Et j’oublie le caractère jouissif ……

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