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Le 9 mai dernier, la Bourgogne a perdu l’un de ses éminents ambassadeurs. Charles Rousseau, fils d’Armand, fondateur du domaine éponyme, s’est éteint à l’âge de 93 ans.

Charles Rousseau était l’un de ces « mastodontes » du vignoble bourguignon, ancré sur la Côte de Nuits depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Après avoir effectué des études d’œnologie à l’Université de Dijon, il rejoint son père en 1945, persuadé que la profession d’œnologue sans le savoir-faire vigneron n’avait pas de sens. Et peut-on imaginer mieux que d’atterrir sur le domaine familial, fondé en 1910, qui fut l’un des premiers à renverser le rapport de force entre propriétaires et négoce en Bourgogne ? Avec l’aide de Raymond Baudoin, le fondateur de La Revue du vin de France, Armand Rousseau fut en effet un pionnier de la mise en bouteille à la propriété, à partir des années 1930, aux côtés du Marquis d’Angerville et d’Henri Gouges (des domaines éponymes). Un grand pas pour le travail des vignerons, valorisés par l’apposition de leur nom à leur produit au moment de la commercialisation.

Le domaine Rousseau était l’œuvre de petits propriétaires, et ne mesurait originellement que six hectares. Plusieurs rachats de parcelles ont lieu dans les années 1930, et le Clos Saint-Jacques est acquis en 1954 au nom du jeune Charles Rousseau, qui gagnait déjà en notoriété aux côtés de son père. En 1959, suite au décès brutal de celui-ci dans un accident de voiture, il reprend les rênes du domaine. A une époque où le prix du foncier bourguignon était encore insolemment raisonnable par rapport à aujourd’hui, il continue d’agrandir le domaine en acquérant des parcelles essentiellement dans les Grands Crus : plusieurs parcelles de Chambertin Clos de Bèze en 1961, 1989 et 1992, le Clos des Ruchottes en Monopole en 1977, et du Chambertin en 1983, 1990, et 1993.

Charles Rousseau avait su allier à ses qualités de producteur, un véritable talent relationnel. Parlant couramment anglais et allemand, il fut l’artisan du « grand bond » vers l’exportation. Bien que son père eût déjà constitué une clientèle fidèle de grands restaurateurs et d’importateurs américains, c’est bel et bien lui qui développera les échanges avec la Grande-Bretagne, l’Allemagne et la Suisse. Dans les années 1970, il étend sa commercialisation à toute l’Europe, au Canada, à l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Brésil, et évidemment vers l’Asie tout au long des décennies suivantes.

La tradition est maintenue, grâce au fils de Charles, Eric Rousseau qui a rejoint la propriété depuis 1982 et en assure la gestion en compagnie de sa fille Cyrielle Rousseau.

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Les vins du domaine Rousseau font partie des grands crus de Bourgogne les plus recherchés aux enchères. Dans le millésime 1990, particulièrement prisé, le chambertin clos de bèze du domaine n’a cessé de grimper, avec une accélération à compter de l’année 2012, caractérisée par l’engouement croissant du marché chinois pour les grands pinots noir. Les prix se stabilisent depuis quelques mois, au sommet.

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