sauvignon sémillon muscadelle bordeaux

Le château du Tertre à Margaux se lance dans une nouvelle cuvée audacieuse. Son nouveau vin blanc assemblera du sauvignon… avec du chardonnay, du gros manseng, et du viognier. La preuve originale d’un avenir prometteur pour les blancs de Bordeaux ?

Représentant environ 10% du vignoble bordelais, les vins blancs vivent parfois dans l’ombre des rouges, leurs grands frères qui ont fait la renommée mondiale du vignoble. Une injustice qui n’est pas du goût de tous, puisque plusieurs châteaux portent une attention croissante à l’élaboration de vins blancs de qualité.

Les crus classés ont toujours élaboré leur vin blanc, qu’il s’agisse de flacons prestigieux comme le Pavillon Blanc de Château Margaux, ou de productions plus confidentielles. Néanmoins, « vilains petits canards » du vignoble, les vins blancs sont souvent restés confinés à certaines régions du Bordelais, comme les Graves, l’Entre-Deux-Mers, ou encore le vignoble de Blaye.

Qu’à cela ne tienne, le château du Tertre (Margaux) vient de s’illustrer en sortant une cuvée à base de sauvignon blanc… mais aussi de chardonnay, de gros manseng et de viognier. Ces derniers sont respectivement les cépages rois de la Bourgogne, de Jurançon, et du Rhône septentrional. Ne rentrant pas dans le « moule » de la typicité de Bordeaux (et encore moins du Médoc), le vin sera donc commercialisé sous la dénomination de « Vin de France ». Un déclassement qui n’effraie pas Alexander van Beek, directeur général du Tertre, puisqu’il souhaite avant tout lancer une cuvée audacieuse, de personnalité. De plus, cette surprenante sélection de cépages a été supervisée par le célèbre professeur Denis Dubourdieu, l’œnologue-conseil de la propriété. Si le pari fait ses preuves, il pourra être étendu au château Giscours. Les flacons seront commercialisés d’ici mi-mai, au prix public de 25 euros.

Le blanc semble donc revenir à la mode à Bordeaux, et le château du Tertre n’est pas le premier à en témoigner, ni le dernier. Le Clos Dubreuil (Saint-Emilion), a lui aussi lancé en 2010 son « chardonnay », sur volonté de son propriétaire Benoît Trocard, revenu d’Australie et séduit par ce cépage qui semble réussir partout… sauf à Bordeaux. La réforme européenne des indications géographiques, qui a converti les anciens « vins de table » en « vins de France » (terme nettement plus valorisant à l’export) est sans doute un élément qui a encouragé ce genre d’expérimentations.

Cet effet de mode ne doit pas cacher une réelle montée en qualité. D’ailleurs, pour retrouver leur fierté, les vins blancs de Bordeaux savent se contenter de leurs cépages traditionnels ; le sauvignon, le sémillon, et la muscadelle. C’est ainsi que le château Clarke a relancé en 1993 sa cuvée « Merle Blanc », qui jouissait d’une grande réputation au début du XXème siècle. Sur la rive droite également, le château de La Rivière (Fronsac) commercialise depuis 2010 une petite production de Bordeaux Blanc. Enfin, récemment, le château Margaux envisageait de renommer son vin blanc « Château Margaux blanc », et non plus « Pavillon Blanc » qui l’assimilait au second vin du domaine ; l’idée étant que, par sa progression qualitative, ce dernier soit désormais considéré comme un grand cru à part entière.

Parmi les vins blancs de Bordeaux, ceux de Pessac-Léognan occupent une place un peu à part. Cette AOC haut de gamme, créée en 1987 au sein de l’appellation des Graves, recoupe un vignoble historique de la région et des terroirs très qualitatifs. L’appellation est particulièrement réputée pour ses vins blancs secs et ses crus classés ont acquis une reconnaissance mondiale – tous les crus classés des Graves sont d’ailleurs issus de l’AOC Pessac-Léognan – : au tout premier plan (et en précurseur à bien des titres), le château Haut-Brion produit une cuvée de blanc depuis le XVIIIe siècle, une rareté qui se révèle avec le temps un véritable monument de complexité ; par ailleurs les domaines Clarence Dillon commercialisent depuis 2009 un Mission Haut-Brion blanc (anciennement Laville Haut-Brion) ainsi qu’un second vin, la Clarté de Haut-Brion. Parmi les domaines régulièrement plébiscités par la critique, et dont la qualité atteint désormais des sommets d’élégance et de complexité aromatique, on trouve également les vins des châteaux Pape-Clément, Smith Haut-Lafitte, Domaine de Chevalier, Carbonnieux, Fieuzal, Malartic-Lagravière… Ces blancs d’assemblage sauvignon, sémillon et muscadelle se démarquent par leur typicité reconnaissable entre tous, avec leur fraîcheur, leur grande vivacité, un beau gras, des arômes fruités et de genêt, le tout restant très équilibré. La locomotive – ou même plutôt l’Aston Martin 😉 – des grands vins blancs de Bordeaux en quelque sorte…

A Sauternes, les vins blancs secs retrouvent également leurs lettres de noblesse. Les cuvées Y de château d’Yquem ou G de Guiraud, développent leur propre prestige en complément des liquoreux traditionnels de ce vignoble.

Longtemps réputés pour ses rouges, le vignoble bordelais semble déterminé à démontrer qu’il sait diversifier son offre. Un signal toujours bien perçu par un marché de plus en plus concurrentiel.

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