Cela fait maintenant presque quatre siècles que les Pinson sont installés comme vignerons sur les terres prestigieuses de Chablis. Les grands-parents de Laurent Pinson était autrefois viticulteurs, mais aussi éleveurs de bétail. Ils avaient trois hectares. La polyculture avait ses avantages. Lorsque dame nature faisait des siennes on pouvait se rattraper par ailleurs. Après la seconde guerre mondiale, comme la plupart des viticulteurs, la famille Pinson choisit de se spécialiser dans la viticulture. Un engagement qu’elle n’a depuis cessé d’honorer. Interview avec Laurent Pinson…
Petit à petit l’oiseau fait son nid…
Dans les années 1980, après leurs études à l’école de viticulture et d’œnologie de Beaune, Christophe et Laurent Pinson viennent apprendre le métier aux côtés de leur grand-père. En quelques années et avec beaucoup de volonté, ils parviennent à faire passer le domaine de 4 à 13 hectares. Les nouvelles parcelles exigent alors un chantier de rénovation et d’agrandissement. En 2004, ils font construire une nouvelle cuverie plus performante. En 2008, la relève est assurée par Charlène Pinson, fille de Laurent, qui vient à son tour se former au domaine. Peut-être la première femme vigneronne de la famille…
L’interview de Laurent Pinson :
Comment se sont passées les vendanges en 2016 et l’année en général ?
Compliquée pour tout le vignoble avec du gel, de la grêle, et puis une certaine pression maladie (oïdium, mildiou…). Puis en été, la température est retournée à son niveau habituel. Donc l’année s’est très bien finie. La qualité est là mais pas le volume.
En quelques mots quelles est votre approche de la viticulture ? Avez-vous une ligne directrice ?
Bien sûr si on veut faire des vins avec de la personnalité, il le faut. Nous cherchons à avoir les raisins de la meilleure qualité possible. C’est ce qui va nous permettre que le terroir s’exprime. Donc nous faisons notamment des ébourgeonnages. Ça permet d’avoir moins de charge de raisin sur le pied donc de l’aérer et le vent peut faire son effet. Donc il y a un vrai travail en amont avant d’arriver en cuve.
Comment qualifiez-vous votre approche de la viticulture ?
Lutte raisonnée. Nous sommes plutôt proches du bio sans le label. Nous ne n’utilisons pas de désherbants, contrairement à ce que peuvent préconiser parfois les chambres d’agriculture ou les techniciens, mais on ne se l’interdit pas au cas où car nous sommes sur un terroir tout de même froid. On fait du travail mécanique pour les labours notamment. Mais pour faire des vins riches, structurés et équilibrés, on travaille sur de petits rendements, c’est-à-dire inférieur au cahier des charges. Par exemple pour les grands crus le rendement limite est de 54 hectolitre par hectares et nous sommes entre 40 et 45.
Vous et votre frère avez été formés à l’école de viticulture et d’œnologie de Beaune, et votre fille Charlène après vous. Qu’est ce qui a changé en 30 ans ?
Les techniques de vinification sont pratiquement les mêmes. Ce qui change c’est le suivi analytique : aujourd’hui on a beaucoup de précision sur les fermentations alcoolique et malo-lactique. Charlène est allée se former dans la vallée du Rhône, une région où d’autres facteurs entrent en compte comme le relief. A Ampuis, à Condrieu, la vigne est plantée en terrasses. Ce qui fait qu’elle a découvert un vignoble beaucoup plus manuel.
Comment ça se passe en cuverie ?
Dernièrement pour s’adapter aux rendements, nous avons changé la configuration. Comme les rendements sont de plus en plus petits, nous avons eu besoin de cuves plus petites. Donc on s’est adapté au parcellaire du domaine. D’autre part, comme nous faisons les vendanges à la main, nous avons automatisé la réception des vendanges. Chez nous 10% est vinifié en fût et 90% en cuve inox. Puis on assemble.
Expliquez-nous s’il vous plaît, quelle est la différence principale entre la rive droite et la rive gauche du Serein?
Le Serein qui est un affluent de l’Yonne coupe en deux notre vignoble en diagonale. C’est la nature du terrain qui change. Sur la rive gauche, vous trouvez un sol calcaire et de l’argile blanche. Tandis que sur la rive droite, la rive des grands crus, c’est ce qu’on appelle un sol kimméridgien fait de marnes et de calcaire reconnaissables aux fossiles de petites huitres nommés « Exogyra virgula ». Il s’est formé il y a 150 millions d’années.
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Chablis 2016 :
Chablis 1er Cru Mont de Milieu 2016 : cette parcelle est située sur la rive droite et dispose d’une exposition plein sud. Les vins chaleureux se distinguent par leur finesse et leur élégance. En somme, ils forment d’excellents ambassadeurs de la typicité chablisienne.
Chablis 1er Cru La Forêt 2016 : rive gauche, sur un sol orienté sud-est légèrement plus froid, la nature de terrain très calcaire de ce premier cru lui confère davantage d’énergie.
Chablis GC Les Clos 2016 : les vinifications sont menées à 20% en fût et à 80% en cuve. Suivent un passage de 12 mois en fûts. L’accord conseillé par Laurent Pinson : un plat raffiné comme des Saint-Jacques poêlées, pour la finesse et la qualité du mets.
Chablis GC Les Clos Cuvée Authentique 2015 : pour cette cuvée le raisin provient aussi de la parcelle Grand Cru Les Clos mais avec 100% de fût neuf au départ et 24 mois en fût ancien pour plus d’affinage. Quand il est jeune on sent le bois. Il est austère dans la jeunesse, mais c’est un vin d’avenir. C’est l’élevage sur le long terme pas dans la précipitation qui apporte cette longévité. Après deux hivers en fût, le vin acquiert une certaine maturité.
Accord conseillé par Laurent Pinson : il lui faudrait un filet mignon aux cèpes, ou alors un fromage savoureux comme un vieux comté, de époisses, ou soumaintrain, fourme d’Ambert. Viandes blanches avec curry.
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