vendanges 2022

Avez-vous eu des échos des vignerons de nos régions françaises, qui sortent tout juste (pour certains) de cette période si chargée des vendanges ? Ces coups de sécateur sont à la fois l’aboutissement d’une année de travail aux vignes et les prémices du nouveau millésime qui sera façonné au chai et en cave. Grâce à nos 800 domaines partenaires, nous avons quelques nouvelles (en direct des vignes) de ce millésime 2022 qui arrivera dans quelques mois ou années sur iDealwine.com … puis dans vos verres. Zoom, donc, sur la qualité du millésime après une année particulièrement sèche.

vendanges 2022 raisins

De manière générale, le millésime 2022 a été marqué par la sécheresse estivale et par des aléas climatiques mais qui n’ont pas empêché la plupart des régions françaises de retrouver des volumes dignes de ce nom, après des années particulièrement maigres. Selon les Services de la Statistique et de la Prospective (SSP) et Agreste, la production viticole en France est estimée à 44,6 millions d’hectolitres avec les précautions d’usage (au 1er octobre), un chiffre revu à la hausse en un mois. 44,6 millions d’hectolitres, c’est une production supérieure de 18% par rapport au millésime 2021 historiquement bas et de 4 % par rapport à la moyenne quinquennale (2017-2021).

Si les aléas climatiques ont été moins catastrophiques qu’en 2021, ils ont tout de même affecté le vignoble cette année (gel et grêle particulièrement dans le Sud-Ouest, dans le Charentais et le Val de Loire), et ont été surmontés par les vignerons au prix d’une lutte acharnée.

Par sécheresse, entendons que le mois de juillet 2022 a été le plus sec jamais enregistré depuis 1959 (début des mesures) : seuls 9,7 millimètres de pluie sont tombés entre le 1er et le 31 juillet 2022 contre 90,8 mm en 2021 (données de Météo France).

Nous vous proposons un petit tour de chacune de nos régions françaises, témoignages à l’appui, pour connaître un peu davantage les spécificités de chacun des vignobles pour ce millésime 2022.

Bordeaux

A Bordeaux, l’on parle de 2022 comme d’un grand millésime solaire, prometteur, pour lequel la qualité sera donc au rendez-vous. Les Services de la Statistique et de la Prospective (nous les appellerons maintenant SSP) précisent : « conséquence de la sécheresse, les baies sont restées petites pour les rouges avec peu de jus au pressage », un commentaire que confirme Quentin Maydieu, notre responsable du développement et des relations Place : « la récolte, côté quantité, est très disparate à Bordeaux. Globalement, la vigne a toujours manqué d’eau, les baies sont petites et les rendements sont faibles mais la qualité devrait être au rendez-vous. Certains consultants, propriétaires et vignerons sont très confiants quant à la qualité ». Les vignes girondines ont su montrer leur résistance face au changement climatique.

Le 26 août dernier, Dominique Guignard, président du Syndicat viticole des vins des Graves, déclarait : « Le début des vendanges a été un peu avancé mais ce n’est pas la première fois que nous commençons à vendanger à la mi-août. Il fait un temps extraordinaire et tout se passe bien. Les rouges mûrissent, les perspectives sont enthousiasmantes ! ». Nous avons également pu récolter le témoignage du Château Haut-Bailly qui précise : « Les vendanges se sont bien terminées et se sont déroulées dans des conditions idéales. Nous sommes très heureux de la qualité des raisins récoltés, un grand millésime s’annonce ! Sans surprise, les rendements sont en revanche un peu faibles compte tenu de la sécheresse de l’été ».

La Bourgogne

En Bourgogne, 2022 est une année bénie : la quantité et la qualité sont -enfin – au rendez-vous ! Le 21 septembre à Beaune, se tenait la conférence de presse de rentrée du Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB). François Labet, son président, y évoquait alors un millésime 2022 comparable à celui de 1959, à la fois « beau et généreux ». Thiébault Huber, président de la Confédération des associations et des vignerons de Bourgogne (CAVB), parle même d’un « millésime grandiose ».

Côté quantité, cette résurrection était vitale, après une année 2021 bien en deçà de la production moyenne bourguignonne, 997 000 HL contre 1 450 000 HL. « Nous avons eu une saison sans maladie, sans gel ni grêle, sauf dans de rares secteurs : nous sommes revenus à des rendements normaux » ajoute François Labet. Et pourtant, l’année s’annonçait difficile : « Les pluies de juin ont permis d’éviter la catastrophe » explique Christophe Suchaut, expert vignes et vin à la Chambre d’agriculture de Côte d’Or.

Emilien Millot que nous avons interviewé récemment, nous témoignait en effet qu’au domaine Bernard Millot « les vendanges se sont bien passées, la qualité et les quantités sont au rendez-vous ».

La vallée du Rhône

Dans la vallée du Rhône, les vignerons s’attendaient également au pire (déséquilibre, degrés trop élevés, vins trop solaires), et ont finalement été sauvés par les précipitations juste avant les vendanges, certains parlent même d’un millésime d’anthologie, proche, en qualité, de 2015. Les raisins sont bien riches, il faudra s’attendre à de jolis tanins sur les rouges.

Pierre Combat, président de l’AOP Crozes Hermitage, se confie ainsi sur les vins de cette belle appellation du Rhône nord « un millésime équilibré, joli, pas très élevé en volume, c’est ce qui va nous manquer le plus ».

La Champagne

Si 2021 était l’année la plus pluvieuse de toute l’histoire de la Champagne, 2022 était la plus solaire, avec 10 à 30% d’ensoleillement supérieur à la moyenne décennale de janvier à août selon les relevés du Comité Champagne. Qui dit soleil, dit état sanitaire optimal. L’Union des Maison de Champagne parle tour à tour d’un millésime « exceptionnel », « prometteur ». La qualité et la quantité sont au rendez-vous, ce qui n’est pas sans rassurer le marché, et vous-mêmes, amateurs de jolies bulles, qui étiez peut-être inquiets de pouvoir déguster les fameux effervescents pour les prochaines fêtes de famille. N’oublions pas, d’ailleurs, que le rendement des vendanges a été fixé par l’appellation en juillet dernier à 12 000 kg/ha de raisins, c’est le rendement le plus haut de ces quinze dernières années.

La vallée de la Loire

Gel, sécheresse, la Vallée de la Loire a souffert de ces aléas climatiques : le SSP précise « en Val de Loire la sécheresse pénalise les volumes, les chardonnays ayant été les plus touchés ». La pluie, en août, a été bienfaitrice, notamment en Anjou. Nombre de témoignages ont fusé de nos domaines partenaires :

Domaine Luneau-Papin : « La récolte a débuté lundi 29 aout à 7H15 ! Les jours ont défilé comme autant de vendangeurs et de pressoirs bien remplis. Une année joyeuse, généreuse et ensoleillée nous a gâtée. Nous sommes allés les chercher ces melon de Bourgogne et folle blanche durant les nombreuses nuits de gel puis durant l’été brulant où il a fallu là aussi trouver les bons gestes et s’adapter à Dame Nature. L’attention et l’écoute du vivant a payé cette année et nous remercions la vie. »

Virginie Joly de la Coulée de Serrant, nous confiait : « 15 petits millimètres de pluie dans notre secteur, mais on prend ! Vendange prévue autour du 12 septembre, peut-être que d’ici-là on aura des gouttes d’eau supplémentaires ».

Le domaine Bonnigal-Bodet parle d’un « millésime enthousiasmant, de la quantité de volumes récoltés à la qualité des baies obtenues ».

Quant au domaine de l’Ecu : « Nous sommes absolument ravis de cette dernière vendange. Que ce soit par les quantités récoltées que la qualité. Ça fait du bien de revoir le chai rempli ».

Le Languedoc-Roussillon

Contrairement aux autres régions, la sécheresse n’a pas tant fait souffrir la vigne dans le Languedoc-Roussillon. Fin août, avant que les vendanges ne commencent, l’état du vignoble était donc presque parfait, avec de jolies baies. Le domaine Saint Sylvestre nous permet de nuancer ces informations régionales, en nous faisant savoir lors de nos derniers échanges « Les jus 2022 sont sublimes c’est la quantité qui est terrible un bon -50% sur les rouges… -50% sur les blancs aussi, le tout à cause de la sécheresse ». Un bilan donc disparate.

L’Alsace

« Plus de peur que de mal ! », c’est la formule empruntée par Francis Backert, président du Syndicat des Vignerons Indépendants d’Alsace (Synvira) lors de la conférence de presse donnée le 29 septembre dernier à propos du millésime 2022 en Alsace. La météo a pourtant été plus que capricieuse, et le vigneron souligne « l’hétérogénéité des récoltes. D’un village à l’autre, à quelques kilomètres près on peut avoir des situations très différentes, selon qu’on soit en plaine, à l’abri des forêts, sur un sol drainant… ». Les volumes globaux sont corrects, et la qualité est au rendez-vous.

Le domaine Zusslin nous précisait en effet : « Les vendanges se passent très bien ! Nous avons attaqué les rieslings et les gewurztraminers la semaine du 22 septembre et la qualité de tous les raisins que nous avons rentrés est au rendez-vous pour le moment. 2022 ne sera pas un millésime avec des acidités phénoménales mais qui offrira certainement des vins très expressifs et aromatiques ! »

Les autres régions 

Dans le Jura, le millésime redonne clairement espoir aux vignerons, malgré les orages à répétition qui ont marqué l’année 2022. Dans le Beaujolais, « la récolte est très hétérogène » pour reprendre Daniel Bulliat, président d’Inter Beaujolais, « la quantité sera inférieure de 20 % à la moyenne des cinq dernières années. Quant à la qualité, elle est réjouissante ! On retrouve des similitudes avec les grands millésimes 2009, 2015, 2018 et 2020. 2022 sera une année de vins signature ». En Provence, le SSP précise que « les précipitations juste avant les vendanges ont permis de limiter les pertes en jus » et en Corse que « les rendements sont plus élevés que prévu, favorisés par les précipitations de fin d’été ». Dans le Sud-Ouest, la sécheresse a bien réduit les quantités, l’on s’attend notamment à une toute petite récolte dans le Gers.

Nous remercions tous nos domaines partenaires pour leurs retours sur les vendanges, et leur souhaitons de belles vinifications.

En attendant de découvrir les 2022, pourquoi ne pas déguster les millésimes qui précèdent cette année-là ? 2021, 2020 ou 2019 !

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