Pour des amateurs comme nous, le domaine de La Bégude est un paradis de 500 hectares, dont près de 30 sont consacrés à la viticulture. Difficile d’imaginer un meilleur terroir que celui sur lequel le vignoble évolue. Protégés par la Sainte Baume, haut-lieu de la chrétienté (ndlr : Sainte Marie-Madeleine y aurait fini ses jours), du souffle du Mistral et bénéficiant de l’influence maritime, mourvèdre, cinsault, grenache, clairette, rolle et autres cépages autochtones dominent la région grâce à leur culture en altitude. Devant un tel spectacle, la famille Roulleau décide de racheter le domaine en 2022, succédant ainsi à la famille Tari et à Guillaume Tari qui veillait sur lui depuis 25 ans.
Guillaume Tari : « un bon fruit et un bon vin »
Comme souvent, le vin coule dans les veines de certains vignerons. Issu d’une famille propriétaire du prestigieux vignoble de Château Giscours, Guillaume Tari avait acquis avec son épouse le domaine de La Bégude à la fin des années 1990. Il s’était attelé « à réveiller une belle endormie de plus de 7 hectares » qu’il soignait selon des principes biologiques (certification perçue en 2006). En effet, Guillaume Tari s’estimait chanceux d’être vigneron et héritier d’un tel patrimoine. Sa famille était la quatrième à le reprendre depuis le Ve siècle ! Il lui semblait donc logique de vivre en harmonie avec la nature afin de réaliser « un bon fruit et un bon vin » et de privilégier un développement durable.
Un bijou de la nature : « ne jamais chercher ce que le vin ne veut pas offrir »
Bandol étant à ses yeux la quintessence des plus belles appellations de France (elle est l’une des premières à avoir été classée dans les années 1940), Guillaume Tari avait très vite compris qu’il possédait un joyau duquel il voulait révéler tout le caractère. Et ce, en produisant un grand vin. Un projet majestueux qui réclame patience et humilité, car c’est alors que l’homme constate combien il est peu de chose face à Dame Nature. Une règle d’or l’animait : « ne jamais chercher ce que le vin ne veut pas offrir ». Guillaume Tari cherchait seulement à faire de son mieux à partir de ce que la nature a la générosité de lui donner et transforme volontiers les excès de son terroir en générosité et en rondeur
La Bégude, la béguda ou « le lieu où l’on boit »
Les ambitions de Guillaume Tari se résumaient noblement à révéler un terroir et s’adapter à chaque millésime afin de laisser le vin exprimer le caractère qui lui sied. Le terroir, parlons-en. Bandol est une appellation qui bénéficie des entrée marines et est protégée de l’influence continentale grâce à la Sainte-Baume. Le domaine, ancien monastère, ancienne halte de voyageurs, dispose de près de 70 parcelles aux sols argilo-calcaires et propose toute une variété de sols entre marnes bleues, argile, calcaire et grès ferrugineux. Le tout est balayé par des vents tous azimuts, d’une brise marine et douce à un vent du nord plus sec et plus frais. Après la pluie, les baies sont alors séchées en douceur et ses arômes n’en sont que plus concentrés. Elles sont aussi protégées de l’ardeur du soleil par les fortes amplitudes thermiques entre la nuit et jour.
L’ambition de Laurent Fortin : préserver un patrimoine historique et végétal
Le 6 septembre 2022, la famille Tari concluait la transaction avec la famille Roulleau mais Laurent Fortin (Directeur Général de Dauzac) était déjà pleinement investi dans le projet de reprise, et plein d’ambitions pour poursuivre le développement de ce domaine d’exception. La mise en valeur d’un tel patrimoine passe d’abord et avant tout par le patrimoine végétal. La nouvelle équipe a entamé dès 2022 une transition vers la culture en bio-dynamie et le domaine été certifié Demeter dès l’année suivante. Le vigneron s’applique donc à suivre les cycles lunaires mais aussi à pulvériser des décoctions à base de végétaux ou encore de bouse de corne. Le domaine est par ailleurs protégé par le Parc Naturel Régional de la Sainte-Beaume et par la zone Natura 2000 du Grand Caunet. Autre projet d’envergure, un nouveau chai gravitaire devrait voir le jour. Le domaine s’est également diversifié en lançant une production oléicole. Ainsi, vignes et oliviers cohabitent et se complètent.
Pour favoriser la concentration des vins et de leurs arômes, les rendements sont également maîtrisés à hauteur de 30 hectolitres à l’hectare. Les vins sont pensés comme un reflet, un hommage aux terroirs, soit des sols, des climats et le travail du vigneron. Comme son prédécesseur, Laurent Fortin a à cœur de ne pas brusquer la nature et la vigne : vendages à la main, à maturité, tri rigoureux, sélection des micro-terroirs les plus adaptés aux différentes cuvées… La baie est ainsi respectée du pied de vigne jusqu’au chai, de la macération, pensée comme une infusion, à la vinification. Ici, pas de pompage, remontage ni délestage ni même de collage ou de filtrage mais des pigeages manuels comme ils sont réalisés à Château Dauzac. S’en suit un élevage en foudres pendant 18 mois pour les vins rouges et en amphores d’argile cuite pour les vins natures Thyrsus. Ainsi, tout est fait pour préserver le fruit et l’essence même des cépages que l’on retrouve ensuite directement dans les bouteilles.
Domaine de la Bégude, ce qu’en disent les guides :
« À 410 mètres d’altitude, La Bégude bénéficie d’un climat très différent de celui du littoral. Avec des amplitudes de température importantes entre le jour et la nuit, les mourvèdres mûrissent doucement mais sûrement. Le grenache prend sur ce terroir de « caillasses » une dimension que l’on trouve rarement à Bandol. Le rosé est toujours remarquable par sa vinosité. »
La Revue du vin de France
C’est désormais sous l’égide de Christian Roulleau (Samsic) déjà propriétaire du château Dauzac à Bordeaux, que la propriété continue son ascension vers les sommets, ambitionnant même de s’agrandir. […] Brulade, must have du domaine, issu d’un vignoble à plus de 400 mètres d’altitude, livre depuis toujours une expression aussi corsée que séveuse.
Bettane + Desseauve: quatre étoiles sur cinq
Tous les vins du domaine de la Bégude en vente sur iDealwine !
- Bandol (blanc) : Produit de façon très confidentielle, ce bandol blanc est un véritable vin de gastronomie. Issu des parcelles calcaires et fraiches du domaine, il se distingue par sa fraicheur et sa gourmandise.
- Bandol Cuvée Amphore (blanc) : Cette cuvée doit son nom à son élevage en amphore. Né d’un assemblage de clairette, d’ugni blanc et de rolle, elle exhale des notes cristallines et minérales.
- Bandol (rosé) : Frais, équilibré, gourmand, fidèle à ses racines provençales, ce rosé de gastronomie s’accordera parfaitement à une cuisine méditerranéenne.
- Bandol L’Irréductible (rosé) : Rosé emblématique du domaine, 95% mourvèdre, surprenant, vineux et complexe. Un vrai rosé de gastronomie pensé comme un rouge léger et subtil dévoile un bon potentiel de garde.
- Bandol (rouge) : Séducteur, fruité, puissant et légèrement boisé, ce bandol est fait pour être partagé. Pour une dégustation optimale, n’hésitez pas à le faire patienter plusieurs années dans votre cave.
- IGP Méditerranée Thyrsus (rouge) : Vin nature, emblématique du domaine, pure expression du mourvèdre, est à déguster dès aujourd’hui ou après quelques années en cave.
- IGP Méditerranée Cadet de la Bégude (rouge) : Vinifié avec les mêmes soins que ses aînés, mais à boire dans sa jeunesse. Gorgé de soleil, généreux, il dévoile des notes de fruits noirs et d’épices.
- IGP Méditerranée Cadet de la Bégude (rosé) : ce rosé aux notes florales et fruitées est certifié bio. Désaltérant, rond et frais, il invite toujours à nouvelle gorgée.
- Bandol La Brûlade (rouge) : Une robe grenat, un nez intense et une bouche structurée, cette cuvée confidentielle et haut de gamme révélera toutes ses saveurs après quelques années de garde.