C’est un domaine au nom curieux : qui est donc cet ennemi ? Il est certain que ce ne sont pas ses vins ! Riches, frais, pensés pour être bus simplement et facilement, ils racontent l’histoire de deux vignerons absolument extraordinaires : Alejandro Vigil et Adrianna Catena. Deux passionnés de vin que rassemblent le respect de la terre et l’envie de produire des vins de haut vol. Alors, zoom sur un des projets de la tentaculaire famille Catena.
Les vins argentins, le verre à moitié plein
Avant de prendre votre billet direction Maipú et El Enemigo, voici un petit tour d’horizon des vins argentins mais aussi de l’histoire légendaire de la famille Catena. Cela fait maintenant 450 ans que les raisins y sont bichonnés et finissent en bouteille. Si les pieds de vignes ont d’abord été plantés dans le Nord du Pays, ils ont vite pris le chemin de Mendoza. C’est là que c’est installé Nicolas Catena en 1902. Maintenant, il règne sur 2000 hectares au sud de la région. Selon Jancis Robinson, « on attribue à juste titre à Nicolás Catena Zapata d’avoir mis les vins argentins sur la carte du monde, en se concentrant uniquement pour qu’ils gagnent sans cesse en qualité. C’est génial de savoir qu’il a été à l’origine d’une véritable dynastie de vignerons ». En effet, il n’a pas pu s’empêcher de transmettre le virus à ses filles, Laura, et la dernière, Adrianna. Avec cette quatrième génération de vignerons, la famille Catena a décidemment bien planté ses racines.
El Enemigo : un vignoble de passion, d’amis, de famille et d’histoires
Si Adrianna a grandi les pieds dans les vignes, elle a fait des infidélités au raisin en allant d’abord étudier l’histoire des textiles à Oxford. Bien loin des vignobles ! Et pourtant, elle a l’explique elle-même, pendant le confinement, en corrigeant ses copies, elle a ouvert une bouteille de son père et y a retrouvé dans ce vin l’histoire de sa famille et le travail des générations passées. Il n’en fallait pas plus pour relancer la machine.
Si Adrianna est une enfant du cru, Alejandro a été « l’enfant terrible ». A quatorze ans, il sait déjà ce qu’il veut et rejoint une coopérative viticole tout en étudiant la nuit. Les efforts finissent par payer quand il obtient un diplôme d’ingénieur agricole. En 2002, il devient maître de chai de Bodega Catena Zapata et reçoit pour ses vins, la première note de 100 points attribuée à un vin sud-américain par le Wine Advocate.
Et pourtant, c’est à Londres qu’ils ont l’idée de fonder un domaine ensemble, un domaine de passion, de passionnés, une histoire de famille et d’amis. Mais si ce domaine est une histoire d’amis, pourquoi l’appeler El Enemigo, l’ennemi ? Eh bien, face aux difficultés qu’ils rencontrent, Adrianna et Alejandro sentent bien que le véritable ennemi est intérieur et intervient dans la lutte entre les désirs et les obstacles, dans la volonté de saisir l’instant présent. L’ennemi, c’est vous-même !
Se réconcilier avec son ennemi intérieur
Alors, comment amadouer son ennemi intérieur ? Alejandro et Adrianna ont trouvé une voie, le travail attentif dans les vignes et au chai. En 2009, ils installent leur vignoble à Mendoza, et plus précisément dans la région de Piedemonte al Sur à Lujan de Cuyo. Les parcelles situées à 1470 mètres d’altitude, tout proche de la cordillère des Andes sont ainsi protégées des intempéries bénéficient de bonnes amplitudes de température. Pour Alejandro, le sol est ce qu’il y a de plus important pour faire du bon vin. Alors, il tente de mettre en bouteille ses parcelles assises sur une couche d’argile, d’alluvions des Andes et de pierres de rivière rondes, cette oasis de fraicheur. Pour le duo, cela passe aussi par un vrai respect de la terre, notamment face aux effets du changement climatique. Pour économiser une eau si rare dans cette région, un système d’irrigation goutte à goutte a été installé. Pour certaines cuvées, les vendanges sont échelonnées dans le temps, jusqu’à cinq fois pour être sûrs de ne récolter que les raisins parfaitement mûrs. Dans les caves, intervention minimale. Les fermentations sont spontanées et les cuves et œufs en ciment et les tonneaux en chêne alsacien centenaires ont remplacés les cuves en acier et le bois neuf, laissant aux typicités des terroirs argentins tout le loisir de s’exprimer.
Les vins sont aussi un symbole de leurs histoires : notamment celle de l’immigration de leurs familles depuis l’Italie. Alors, au domaine, on retrouve aux côtés de cépages typiquement français comme le cabernet franc, le malbec, la syrah-viognier, le chardonnay… un cépage associé aux immigrés italiens, le bonarda. Alors, chaque bouteille raconte l’histoire viticole d’Adrianna, d’Alejandro et de l’Argentine.
Mais loin de faire uniquement référence à un passé révolu, ils n’hésitent pas à adopter des partis pris audacieux : aussi c’est le cabernet franc qui a la vedette. Contrairement à son homologue sauvignon, il se laisse marquer par les lieux qui l’ont vu naître sans dominer le vin. Tant et si bien qu’au lancement de son projet, les plus sceptiques avaient affirmé que personne n’achèterait ces vins trop foncés. Et pourtant, maintenant, tout le monde s’arrache ces nectars riches, fruités, désaltérants à la finale époustouflante. Et ce souci du détail des vignerons a été récompensé par deux médailles d’or au Decanter World Wine Awards 2018.
Les vins El Enemigo en vente sur iDealwine
Pour boire ces nectars, pourquoi ne pas réserver une table au restaurant étoilé Michelin fondé par Alejandro, la Casa Vigil ? Qui aurait-pu croire que diner avec son pire ennemi pourrait s’avérer aussi plaisant ?
- Gran Enemigo Agrelo : Cette cuvée porte le nom du village où se situe un des vignobles du domaine. Ici, des sols d’argile, 930 mètres d’altitude et cinq vendanges différentes donnent au vin ses tannins doux et ses fruits rouges épicés.
- Gran Enemigo El Cepillo : Seulement 2000 bouteilles de ce monocépage de cabernet franc ont été produites. En bouche, on retrouve la fraicheur des fruits rouges et la subtilité du chêne. Quelques années en cave et il révélera toute sa richesse.
- Gran Enemigo Blend : Tout le bordelais en bouteille avec du malbec, du cabernet sauvignon, du cabernet franc, du merlot et du petit verdot. Un délice aux multiples saveurs.
- Gran Enemigo Gualtallary : Un vrai paradoxe en bouteille : des saveurs bordelaises, des références à Pomerol, du cabernet franc et du malbec mais une parcelle littéralement volcanique à Tepungatito. Un vrai trésor argentino-bordelais.
- Gran Enemigo Torrontés : Depuis deux ans maintenant, le vignoble joue carte blanche en mettant le torrontés, le seul cépage originaire d’Argentine à l’honneur. Et il ne cache pas sa différence : pur, précis, élégant.
- Malbec El Enemigo : Un vrai vin de curiosité issu d’une parcelle unique et de 64 mois d’élevage. Riche, il révèle ses tannins parfaitement intégrés et ses puissantes notes de fruits noirs
- Mendoza Sémillon : Un vin blanc issu de vignobles d’altitude exhalant les fruits exotiques et les épices. Une bouche délicate, un beau jeu entre minéralité et acidité, un vrai délice.
- Mendoza Bonarda El Enemigo : Ici, Alejandro et Adrianna jouent pour l’Italie avec le bonarda et cette robe violacée. Dans le verre, des arômes intense de fruits noirs et d’épices.
