14 Crus Bourgeois Exceptionnels

Bordeaux est notamment réputé pour ses grands crus classés en 1855. Ces dernières décennies, la plupart de ces magnifiques vins sont toutefois devenus inabordables pour certains amateurs. Nous vous invitons donc aujourd’hui à pousser les portes du Médoc, à la découverte des Crus Bourgeois, issus d’un classement revisité régulièrement et dont la première apparition remonte à 1932. Tour d’horizon de ces crus à prix doux.

Un classement en perpétuelle évolution

Si certains classements bordelais perdurent sans grands bouleversements depuis plus de 150 ans, le nouveau classement des crus bourgeois, lui, n’attribue sa mention que pour cinq ans à partir du millésime 2018. Pour pouvoir y prétendre, il faut déjà faire partie de l’une des AOC prestigieuses du Médoc (Médoc, Haut-Médoc, Listrac-Médoc, Moulis-en-Médoc, Margaux, Saint-Julien, Pauillac et Saint-Estèphe) et répondre à un cahier des charges bien précis qui comprend notamment des demandes environnementales.

Classement 2020 – une nouvelle hiérarchie à trois niveaux

Un comité de dégustation évalue par la suite la typicité des vins et ce, à l’aveugle afin d’éviter tout soupçon. Si, à la suite de l’annulation du classement de 2003, certains grands châteaux bordelais se sont détournés des crus bourgeois notamment à cause d’un manque d’homogénéité, la nouvelle hiérarchie a été conçue pour répondre à cette problématique et apporter plus de clarté. Depuis 2020, il repose sur un classement pyramidal à trois niveaux avec un niveau d’exigence particulièrement élevé au sommet : meilleures moyennes sur 5 millésimes dégustés à l’aveugle, présentation d’un dossier sur des sujets tels que le respect de l’environnement, la traçabilité, l’authentification, l’aspect commercial (notoriété, présence sur les grandes tables), etc.

Ainsi, le classement compte 250 propriétés, commençant avec la mention Cru Bourgeois (180 crus) puis celle de Cru Bourgeois Supérieur (56 crus) et enfin celle de Cru Bourgeois Exceptionnel (14 crus seulement).

En 2020, voici la liste des 14 Crus Bourgeois Exceptionnels (d’ailleurs vendus dans une caisse bois panachée en 2019) :

  • Château d’Agassac,
  • Château d’Arnauld,
  • Château Lestage (Listrac-Médoc),
  • Château d’Arsac (Margaux),
  • Château Belle-Vue,
  • Château Le Boscq,
  • Château Cambon la Pelouse,
  • Château Charmail (Saint-Estèphe),
  • Château Le Crock (Saint-Estèphe),
  • Château Lilian Ladouys (Saint-Estèphe),
  • Château Malescasse,
  • Château de Malleret,
  • Château Paveil de Luze (Margaux),
  • Château du Taillan.

Le prochain classement se tiendra donc en 2025.

Chiffres clés crus bourgeois
Source : crus bourgeois

Dégustation des 14 Crus Bourgeois Exceptionnels

Récemment, nous avons pu déguster ces 14 Crus Bourgeois Exceptionnels, tous présentés dans le millésime 2018. S’en est suivi un dîner avec des vieux millésimes en magnum, afin d’avoir un peu plus de recul. Ce fût une dégustation marquée par l’impressionnante régularité des vins de ces châteaux du Médoc. Appartenant à une véritable famille, ces crus tirent l’appellation et le classement des Crus Bourgeois avec eux…

Château d’Agassac : il appartient à une famille bretonne (propriétaire de Fourcas Dupré aussi) et dispose de 43 hectares de vignobles (complété par 67 hectares de forêts, marécages etc) sur deux plateaux (graves et argiles).  En 2018, le vin est un assemblage de 60% de cabernet sauvignon et 40% de merlot. Il présente un bel équilibre, avec des tannins fins, des notes de fruits noirs et un léger côté vanillé, ainsi qu’une trame chaleureuse.

Château d’Arnauld : située à Arcins, la propriété s’étend sur un terroir du bord de l’estuaire (à 1km), marqué notamment par une haute culture de la vigne (entre 8 et 11.000 pieds à l’hectare). La famille du château Poujeaux en est propriétaire, conseillée par Hubert de Boüard (co-propriétaire du Château Angélus). Le 2018 a une belle attaque, avec une trame équilibrée et fraîche. On retrouve des notes de petits fruits rouges acidulés, de fruits noirs, portés par des tannins soyeux. L’élevage se fait en fûts de bois bourguignons. Coup de cœur.

Château du Taillan : cru bourgeois depuis 1932, cru bourgeois supérieur en 2003 et cru bourgeois exceptionnel en 2020, ce château est aux mains de cinq femmes (4ème génération) et s’étend sur 105 hectares de parc (26 hectares en appellation Haut-Médoc). Le site est classé monument historique avec un très beau château du XVIIIème et des caves souterraines du XVIème siècle. Dégustation : tannins fins, fruits noirs, bel équilibre, léger mentholé agréable, puissance contenue. Un élevage de 12 mois, à la différence de plusieurs crus qui poussent à 18 mois.

Château Belle-Vue : acquis par le groupe Treasury Wine Estates (Penfolds) en 2021, ce petit château de 14,99 ha est le voisin direct de Giscours. Une particularité ? 20% de petit verdot minimum à chaque assemblage ! Dégustation : fin, pas trop concentré, sensation de légère sucrosité, fruits noirs. Ici sur 2018, 5 cépages avec du carménère et cabernet franc à hauteur de 1% chacun.

Château Lilian Ladouys : propriété des vignobles Lorenzetti (Lafon Rochet, Pedesclaux, Issan), ce cru bourgeois exceptionnel (depuis 1932) est situé à Saint-Estèphe sur le plateau de Cos d’Estournel avec, en face, certaines parcelles de Lafite Rothschild. Il sera bio en 2024. Dégustation : belle fraîcheur, accessible, buvabilité. Trois contenants pour les élevages : 225L, 400L, amphores.

Château Cambon la Pelouse : il appartient également à Treasury Wines et a connu une grande restructuration du vignoble depuis son acquisition en 2019 (certification bio pour 2024). C’est un chai uniquement (il n’y a pas de château !). Dégustation : grande fraîcheur, gourmand, épicé, fruits rouges. Cabernet sauvignon 52%, merlot 42%, petit verdot 4%.

Château Charmail : servi à la cour de Louis XV, ce vin connaît un renouveau depuis 1982 lorsqu’Olivier Sèze reprend la propriété. Dégustation : boisé bien intégré, vanillé, cassis, tabac, café, fruits rouges, tannins fondus. Peut se boire dès maintenant.

Château Le Crock : premier coup de cœur de la famille Cuvelier en 1903 (acquisition des châteaux Léoville Poyferré et Moulin Riche après cela), ce château de 32 ha puise ses lettres de noblesses dans des vignes âgées en moyenne de 50 ans (contre 30 ans de moyenne chez les autres). Dégustation : classique, fruits noirs, léger vanillé, bien équilibré, un peu discret (un vin à conserver en cave).

Château Lestage : son nom vient de son propriétaire du XVe siècle. Issu de Listrac-Medoc (la plus petite AOC communale de rive gauche), son point culminant domine le médoc à 44m. Dégustation : bien concentré, finement tannique, chaleureux en bouche, riche, fruits noirs. Beau potentiel de garde.

Château Le Boscq : c’est une splendide propriété de Saint-Estèphe, la plus au nord des crus bourgeois exceptionnels. On y trouve 20 ha de vignes (merlot, cabernet sauvignon, petit verdot, cabernet franc). L’estuaire (en face des vignes) joue un rôle de régulateur de température, permettant de ne pas souffrir de gels dévastateurs (comme en 1991 ou 2017) ou de canicules (comme en 2003).

Château Malescasse : construit au début du XIXème siècle, le château évolue sur un terroir de croupes graveleuses avec quelques 40ha de vignes (d’un seul tenant). Certifié HVE3, son vignoble connaît une grande restructuration depuis quelques années. Dégustation : épices, réglisse et cèdre, tannique.

Château de Malleret : Il appartient à la même famille depuis 1850 et s’étend sur 60 ha de vignes. On y trouve des vignes et des chevaux : pour l’anecdote, l’un de leur cheval de course vient de remporter le Grand Prix d’Autriche lors du week-end du 7-8 octobre 2023. Dégustation : très fin, grande fraîcheur, attaque tranchante.

Château Paveil de Luze : propriété familiale depuis 1862, elle couvre 70 ha (dont 32 ha de vignes et un joli parc d’agrément) à Margaux. La propriété n’a jamais été démembrée, c’est pour cette raison que les vignes sont d’un seul tenant. Des conseils de Stéphane Derenoncourt accompagnent le domaine. Dégustation : tannique et frais. Classique, fruits noirs et rouges. Juteux, finale fondue.

Château d’Arsac : AOC Margaux. En 1706, la propriété s’étend sur 543 ha (dont 260 ha vignes). En 1986, elle ne fait plus que 5 ha, elle est complètement à l’abandon lorsqu’elle est rachetée par Philippe Raoux. Aujourd’hui : 106ha en production, 54ha en Margaux et 48ha de Haut Médoc (Château le Monteil d’Arsac). Deux cépages : cabernet sauvignon et merlot. Dégustation : classique, épices, café torréfié, tannins puissants, finale longue. Conseils d’Eric Boissenot.

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