Vaches, moutons, cochons …, sont des animaux que l’on peut retrouver à la ferme, mais plus rarement dans les vignes. Et pourtant, certains domaines les utilisent, convaincus de leurs bienfaits sur la vigne. Partons à la découverte de ces pratiques, et voyons l’utilité de quelques animaux plus en détail.
Le respect de la biodiversité
Ce qui anime probablement plus que tout, les vignerons qui travaillent avec des animaux dans leurs vignes, c’est le respect de la biodiversité.
Comme le dit Philippe Lancelot, vigneron en Champagne : « la nature est bien faite, il n’y a sans doute pas mieux qu’elle… La biodiversité n’apporte que du bon, où plusieurs espèces peuvent se côtoyer et recréer des équilibres entre règnes végétaux et animaux. » Dans son vignoble de quatre hectares, il emploie des moutons et cochons afin qu’ils viennent manger le surplus d’herbe (si vous voulez en savoir plus lisez notre article : faut-il enherber ou travailler ses sols ?) venant se nicher entre les rangs de vignes. Plus besoin de tondeuse donc !
Didier Barral, qui gère le domaine Léon Barral à Faugères dans le Languedoc, considère que tout compte au sein de son domaine, l’aspect animal comme végétal, tout cela étant au service de la vigne. Pour avoir une vie végétale, près de 70 vaches de races anciennes et diverses, se retrouvent dans les vignes après les vendanges. Elles tondent, elles aussi, tout en apportant un fertilisant naturel grâce à leurs déjections. A cela viennent s’ajouter quelques cochons noirs gascons.
Du côté de la vallée de la Loire, un nom nous vient forcément, celui de la Coulée de Serrant. Précurseur en biodynamie, Nicolas Joly se rend compte de l’un de ses seuls « effet négatif » : « tous les animaux veulent se réfugier au domaine ». Ces animaux sauvages, viennent compléter la panoplie d’animaux domestiques que l’on retrouve au domaine : vaches, chèvres, chevaux, ânes, moutons … « Chaque nouvelle espèce présente sur le lieu peut être comprise comme une corde supplémentaire que l’on ajouterait à notre instrument de musique qu’est le terroir ; quand il est vivant bien sûr. Les animaux, la diversité végétale du paysage, sont aussi une réponse à la monoculture qu’est la vigne, que la nature n’aime pas finalement. Ici des prairies qui pourraient produire de très bons vins restent pour cette raison non plantées. »
Quelques autres domaines ont des pratiques similaires … pour ce ne citer qu’eux :
- Olivier Pithon (Côtes Catalanes et Côtes du Roussillon), accompagné de sa vache Laïs (il lui a d’ailleurs rendu hommage avec sa cuvée du même nom) et de sa jument.
- Laroque d’Antan (Côte du Lot) avec leurs poules, moutons et leur âne.
- Henry Pellé, vigneron à Menetou-Salon, qui utilise lui aussi des moutons dans ses vignes, uniquement pendant la phase hivernale.
- Le domaine des Roches Neuves ou le domaine Laureau avec la traction animale (chevaux) pour l’entretien des sols.
- Le château Lilian Ladouys, avec ses lâchers de coccinelles pour manger les pucerons qui se nourrissent de la sève des plantes
Un écosystème renforcé : bactéries, insectes, abeilles …
Chaque plante a une famille de bactérie gravitant autour d’elle, qui lui est propre. Ces bactéries sont en symbiose avec son système racinaire. Au château Le Puy et la Closerie Saint Roc, Harold Langlais (directeur des vignobles de la famille Amoreau) l’a bien compris. De facto, il s’est rendu compte que « la proximité de deux plantes d’essences différentes peut participer à la création de nouvelles symbioses bénéfiques par la présence de nouvelles familles bactériennes. Les bactéries d’une plante s’associent au développement de la plante voisine. » Pour cette raison, il a réintroduit avec ses équipes des plantes nouvelles : viorne tin, eleagnus, cassissier … Avec quelques 46 hectares de végétaux, forêts, étangs, vergers, l’écosystème de ses propriétés en est renforcé (50 hectares de vignes au Puy et 16 pour la Closerie Saint Roc).
Ainsi, cela favorise « la présence permanente de pollinisateurs dans les parcelles. Evidemment, la vigne n’a pas besoin de pollinisateurs pour donner naissance à son fruit. En revanche, la présence de pollinisateurs favorise le développement d’autres plantes et participe à un équilibre qui évite la prolifération de nuisibles pour la vigne. C’est une façon de s’assurer de la présence des abeilles si fondamentales à la survie de notre écosystème global. » Ce sont des « voies de pollinisation », « parce que la présence de ces plantes au sein des parcelles fait le lien entre les écrins d’espaces sauvages (forets, étangs, vergers, prairies) et la vigne ». Ainsi, « les insectes sont incités à se déplacer d’un espace sauvage vers un autre en passant par les voies de pollinisation à travers les vignes. »
En Bourgogne, le domaine de La Vougeraie suit également une philosophie de protection de sa biodiversité, avec comme point d’orgue l’abeille, produisant même son propre miel ! En effet, l’abeille pollinise et assure une diffusion d’espèces botaniques diverses au domaine.
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Si le sujet vous passionne, n’hésitez pas à lire également notre autre article sur la viticulture durable : Viticulture durable : faut-il enherber ou travailler ses sols ?
