Métaphore du sang versé, symbole du partage, le vin a dès l’Antiquité joué le rôle de trait d’union entre Dieu (ou les dieux) et les hommes. Un beau livre publié par les éditions Féret retrace l’histoire de ce lien indéfectible et millénaire.
Quel est donc le mystère de cette boisson sacrée qui a joué un rôle si déterminant dans l’histoire de Noé, des dieux Bacchus ou Dionysos, et dans la naissance des grandes religions ? Pourquoi le vin a-t-il pris le pas sur les autres boissons, pour devenir celle de l’offrande, celle de la métaphore du sang versé ? Qui du vin ou des dieux a séduit l’autre ? C’est cette histoire fusionnelle qui a traversé les siècles, que l’auteur a voulu conter au travers de ce très beau livre édité pour Noël.
L’histoire des relations entre le vin et les religions n’est pourtant pas un long fleuve tranquille, en raison de l’ambivalence de cette boisson. Car si le vin symbolise la vie, la fête, la joie, il peut aussi être source d’ivresse et par là même de troubles, d’excès et de débordements. Et pourtant… Saviez-vous que le mot « vin » figure pas moins de 440 fois dans la Bible, et que c’est la religion chrétienne qui a contribué à établir et à répandre dans le monde la culture du vin ? La Bible ne se contente d’ailleurs pas d’évoquer la boisson divine, elle se fait aussi volontiers manuel de viticulture et n’hésite pas à souligner le caractère festif de la période de vendanges. La signification religieuse est évidemment primordiale, puisque la vigne devient le symbole de la terre promise, puis signe d’alliance. Et enfin, le vin plonge au cœur de la symbolique chrétienne lors du dernier repas que partagera Jésus avec ses disciples. Un chapitre du livre est également consacré aux rapports entre le vin et l’islam. Boisson interdite sur notre terre mais promise dans l’au-delà aux croyants fidèles, le vin figure d’ailleurs dans le Coran. La première mention qui en est faite célèbre le vin comme l’un des bienfaits de la terre. L’interdit viendra plus tard, né des débordements et des excès dans la consommation de ce breuvage pourtant répandu en terre d’islam.
Aujourd’hui, même si le caractère religieux du vin s’efface parfois devant les valeurs de partage et de convivialité, ce lien demeure, intime et puissant, célébré dans la musique, le théâtre et la poésie. Qui mieux que Baudelaire a célébré ce breuvage divin ? « Profondes joies du vin, qui ne vous a connues ? Il parle avec son âme, avec cette voix des esprits qui n’est entendue que des esprits »…
Le Vin et le Sacré – Evelyne Malnic
Féret – 39,90€
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