Si Châteauneuf-du-Pape – la première AOC viticole française décrétée dès 1936 – est sous le feu des projecteurs depuis des années pour la qualité de ses vins issus des fameux terroirs de galets roulés, les appellations satellites de la vallée du Rhône méridional sont, elles, longtemps restées dans l’ombre. La rédaction d’iDealwine s’est penchée sur deux villages encore trop souvent méconnus des amateurs : Vacqueyras et Gigondas. Ces grands terroirs sont de mieux en mieux exploités par l’arrivée des jeunes générations, et produisent désormais des nectars qui n’ont plus rien à envier à leur illustre voisin. Il est désormais l’heure de leur rendre leurs lettres de noblesse.
Gigondas
Gigondas est une AOC reconnue depuis 1971 par l’INAO, elle produit sur 1 225 hectares plantés de rouges (98%) et de rosés (2%). Les vignes s’épanouissent sur les contreforts des dentelles de Montmirail. Une info fraîche? … tout comme les vins qui seront produits, notamment à base de clairette, l’INAO a en effet donné son feu vert à Gigondas pour la production de blancs à partir du millésime 2022. Le dossier porté conjointement par un duo de protagonistes de l’appellation – Louis Barriol (Château de Saint-Cosme) et Pierre Amadieu – a fini par aboutir après douze ans de négociations avec l’INAO, l’organisme régissant les appellations d’origine.
Mais revenons aux rouges, la couleur qui a fait connaitre Gigondas, environ cinq millions de bouteilles sont produites chaque année. Les terroirs sont très variés, le calcaire et les argiles dominent cependant, qui, alliés à un microclimat frais, permettent la production de grands vins, amples, profonds et complexes. L’exposition ouest/nord-ouest procure au vignoble une aération parfaite rendue possible par les brises montantes et descendantes en provenance des dentelles. Quelques parcelles de sables fins produisent de superbes grenaches à la finesse et la profondeur qui rappellent un célèbre Château de Châteauneuf-du-Pape. Les règles d’assemblage décrétées par l’INAO sont relativement complexes mais globalement similaires à celles de Vacqueyras. Le grenache roi, assemblé à la syrah et au mourvèdre, ainsi que parfois quelques cépages complémentaires, tout cela pour des vins à la grande concentration et complexité aromatique, bien dynamisés par une fraicheur tonifiante provenant du terroir et du microclimat. Il est souvent possible d’obtenir une maturité technologique optimale tout en préservant un haut degré d’acidité dans les baies. Ce qui permet de produire des vins équilibrés, taillés pour la garde.
Nous vous invitons à découvrir ou redécouvrir les vins de Gigondas avec les sérieuses et constantes cuvées de la maison Guigal dans les millésimes 2017 et 2019. Les cuvées du château de Saint-Cosme sont également à retrouver, des vins vibrants de justesse, aux équilibres très réussis. Quelques rares cuvées parcellaires sont à dénicher, attention, quantités très limitées. Retrouvez également les grands vins du domaine Santa Duc, avec l’arrivée du talentueux Benjamin Gras à la tête du domaine, les cuvées semblent gagner en précision et en pureté. Les élevages en foudre et en jarre sont particulièrement bien maitrisés sur les derniers millésimes. On termine notre sélection avec un autre domaine emblématique de l’appellation, il s’agit du domaine Raspail-Ay, qui produit des vins très qualitatifs à prix sages, la dégustation du millésime 2019 avait particulièrement séduit notre comité de dégustation.
Vacqueyras
On compte 94% de vins rouges sur cette appellation qui produit également des blancs et des rosés. Elle est reconnue comme un cru à part entière dès 1990 par l’INAO. Selon les millésimes, c’est environ six millions de bouteilles qui sortent des 230 domaines exploitant des parcelles vacqueyrassiennes. L’appellation compte 1 460 hectares de vignes plantées soit une superficie légèrement supérieure à celle de Gigondas.
Côté cahier des charges, voici le programme : les vacqueyras rouges doivent comporter au minimum 50% de grenache dans leur assemblage, les cépages complémentaires, la syrah et le mourvèdre doivent à eux deux représenter au moins 20%. Les autres cépages autorisés, dits « complémentaires », ne doivent quant à eux pas excéder 10% de l’assemblage. On retrouve notamment le carignan, le cinsault mais aussi la counoise, le grenache gris ou encore le muscardin. Du côté des cépages blancs, là encore, toute une palette de variétés est autorisée, la marsanne, la roussanne, le grenache blanc ou la clairette pour ne citer qu’eux.
Les terroirs de cette appellation, situés en contrebas des somptueuses dentelles de Montmirail sont merveilleux de diversité, on y retrouve aussi bien des grès que des marnes rouges, des sables argileux, des calcaires gréseux ou des éboulis colluvionnés.
Si la grande diversité des sols et des assemblages nous complique la tâche pour vous dresser le portrait type d’un vin de Vacqueyras, nous pouvons néanmoins nous accorder sur le fait que ces nectars jouissent souvent d’un profil aromatique plein et gourmand, dynamisé par une jolie fraicheur et de fines notes épicées en finale. Une appellation que nous vous invitons à découvrir par exemple à travers le travail du domaine Le Sang des Cailloux, qui produit en biodynamie des vins amples et puissants sans jamais tomber dans le démonstratif, ils nécessitent quelques années de garde pour se fondre. Le domaine de la Bouïssière vinifie des crus dans un style fin, avec un supplément d’élégance, sans pour autant perdre leur côté racé et leur grande profondeur. On termine notre tour de Vacqueyras avec le domaine Rocas Toumba qui réalise des nectars aux textures suaves, entre richesse et finesse, accessibles dans leur jeunesse tout en disposant d’un excellent potentiel de garde.