Nouveau chai du Chateau Pontet Canet-iDealwine
Le nouveau chai de Château Pontet Canet – ©iDealwine.com

Poursuivons le petit journal de nos dégustations du millésime 2017 avec une incursion dans les vignobles du Médoc (Saint-Julien, Saint-Estèphe, Pauillac). Avec, en prime, quelques sauternes.

Nous avons déjà eu l’occasion de vous le dire : 2017 n’a pas facilité la vie des vignerons. Dans le Médoc, le constat est sans appel : la météorologie ne s’est montrée ni tendre, ni juste avec la vigne. Certaines propriétés ont presque complètement échappé au gel de ces fameuses nuits glacées des 27 et 28 avril, notamment celles dont les vignobles sont implantées sur des croupes bien orientées, ou situées à proximité du fleuve. La Gironde a en effet joué pleinement son rôle, venant adoucir les rigueurs du froid. Quand les intempéries ont frappé, les propriétés ont déployé des efforts significatifs pour réparer le pire. Mais quand le pire a eu raison de tous les efforts, certains domaines ont opéré des choix douloureux, écartant une bonne part de la récolte ou modifiant leur assemblage. Il en résulte – et ce n’est pas une surprise – des vins de qualité infiniment plus hétérogène que ce que les millésimes 2015 et 2016 avaient permis de produire.

La difficulté à comprendre ce millésime, et surtout à lui décerner un profil qui se définirait en quelques mots lapidaires risque d’en amener certains à déduire que l’année est médiocre, à l’enterrer. Ce serait dommage, car même si 2017 n’est sans doute pas au niveau des deux millésimes qui l’ont précédé, tant sur le registre de la puissance que de la longévité, c’est assurément un millésime de stature élégante.

Les vins de Saint-Julien, Saint-Estèphe et Pauillac

Primeurs 2017 Chateau Beychevelle-iDealwine
Dégustations primeur 2017 au Château Beychevelle – ©iDealwine.com

Les vins de Saint-Julien, présentés dans le cadre de l’UGC, étaient dégustés dans les nouvelles installations du Château Beychevelle. Un bâtiment déroutant vu de l’extérieur, mais qui abrite des installations à la pointe de la modernité.

L’appellation Saint-Julien offre traditionnellement des vins d’une belle souplesse, charmeurs dans leur jeunesse, et particulièrement homogène en 2017. Pourtant, certains vignobles ont été épargnée par le gel, grâce à sa proximité avec la Garonne, tandis que d’autres plus à l’intérieur des terres ont été touchées. Nous avons été impressionnés par le niveau général, digne d’un grand millésime. Pauillac a été un peu plus touché par le gel que Saint-Julien, mais plus épargnée que le reste du Médoc. Au final, les vins dégustés pour cette appellation ainsi que Saint-Estèphe se caractérisent par une fraîcheur de bon aloi, qui tranche avec l’opulence du millésime 2016. Nous y avons toutefois relevé plus de disparités dans la réussite des vins qu’au sein des autres appellations communales médocaines.

 

Nos coups de cœur à Saint-Julien

Château Lagrange

78% CS | 18% M | 4% PV

La particularité de 2017 est que, l’assemblage du grand vin comporte une proportion de cabernet sauvignon qui n’a jamais été aussi importante. Le gel n’est pas étranger à ce choix, et d’ailleurs le domaine a fait le choix d’écarter les raisins issus de la deuxième génération, ces derniers n’ont même pas été retenus pour le deuxième vin.

Déjà plaisant et charmeur, le 2017 est doté d’un nez floral (violette) très expressif. Il a été construit dans un style qui privilégie l’élégance à la puissance, et déploie en bouche un très joli jus, la matière est fluide, superbe. Les tannins sont présents mais bien fondus. D’une belle longueur, il offre une belle concentration qui lui permettra de durer dans le temps.

Château Beychevelle

Primeurs 2017 Chateau Beychevelle-iDealwine
Dégustations primeur 2017 au Château Beychevelle -2- ©iDealwine.com

Epargné par le gel en raison de sa proximité avec le fleuve, Château Beychevelle a rentré une récolte de qualité, son 2017 a enregistré de beaux rendements, pour un qui s’affirme de très haut niveau.

Robe pourpre. Son nez très expressif se caractérise par de beaux arômes de fruits rouges et noirs (cassis). Ce 2017 se présente tout en légèreté et en finesse, la matière est soyeuse, évoquant un taffetas, une étoffe raffinée. Il est doté de l’agréable rondeur que lui confère une maturité très précise. Cet ensemble très séduisant peut se targuer d’une belle concentration.

Château Gloria


61% CS | 26% M | 8% PV | 5% CF

Ce vin déploie une matière et une intensité qui impressionnent. Si les tannins sont élégamment fondus, l’ensemble est construit pour une belle garde.

Château Gruaud Larose

Le 2017 de Gruaud Larose livre à la dégustation un nez mentholé et des notes de beau végétal mûr. Avec ses tannins fins, l’ensemble se révèle assez classique, élégant. Notons que la propriété a initié une démarche de conversion à la biodynamie (50% du vignoble est concerné pour l’instant).

Château Léoville Barton

Ce magnifique 2017 présente des notes fumées au nez. En bouche, celles-ci livrent la place aux arômes de fruits noirs (mûres), de bois de cèdre et de tabac. Belle concentration. Grand classicisme. Un grand vin d’une belle verticalité. Une réussite.

Château Léoville Poyferré

Le 2017 s’inscrit parfaitement dans le style de Léoville Poyferré : il développe une belle matière concentrée, gorgée de tannins fins et élégants. Un ensemble fondu, très prometteur.

Château Talbot

Dans cette propriété où le gel a surtout affecté la production de vins blancs, la récolte a été assez protégée en rouge. A la dégustation le vin offre un nez de petits fruits rouges, de cerise griotte. La bouche se déploie avec une grande complexité, se livrant en plusieurs paliers. Superbe.

 

Nos coups de cœur à Saint-Estèphe et à Pauillac

Chateau Lafon RochetChâteau Lafon-Rochet

55% CS | 34% M | 6% CF| 5% PV

La propriété a perdu 20% de sa récolte en raison du gel en 2017. La vendange, tardive, s’est déroulée en trois étapes (les cabernet sauvignon du 14 septembre au 4 octobre, les merlots du 15 au 25 septembre et les cabernet-franc et petit-verdot le 27 septembre). Jean-Claude Berrouet – l’ancien vinificateur de Petrus, qui conseille depuis quelques années Basile Tesseron – privilégie avant tout la fraîcheur du fruit lors des vinifications. Aucun pigeage n’est effectué, le domaine travaille dans une logique d’infusion. Nous craquons pour la superbe texture de ce digne représentant de Saint-Estèphe, gourmand et marqué par un fruit mûr. Un vin puissant, élevé à 50% en barriques neuves, et promis à un bel avenir.

 

Château de Pez

Le nez gourmand de fruits noirs précède une bouche tendre, qui se déploie tout en souplesse et se distingue par une remarquable fraîcheur.

Château Pontet Canet

63% CS | 31% M | 4% CF | 2% PV

Les transformations sont nombreuses dans ce domaine indéniablement précurseur de la biodynamie à Bordeaux. Tout y conçu, revu, amélioré, simplifié aussi, avec à l’esprit le souhait de favoriser l’épanouissement du vin et son élaboration dans les conditions les plus respectueuses de la matière et de l’environnement. Et dans la sérénité, aussi. Le vin semble y être choyé, chouchouté comme un nouveau-né, avec le soin de lui apporter tout le confort et la douceur possible.

Le domaine a ainsi inauguré un nouveau chai qui abrite un superbe alignement de dolias, inspirées d’un modèle remontant au 2e siècle de notre ère. Modelées sans aucune aspérité, selon les proportions du nombre d’or et réalisées en béton, elles contiennent l’équivalent de quatre barriques. Ce chai vient s’ajouter à celui d’origine, qui abrite les cuves bois et à celui qui renferme des cuves de béton tronconniques, construit en 2005.

Chateau Pontet Canet

 

 

Ancien chai Chateau Pontet CanetNouveau chai Chateau Pontet Canet

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dolias Chateau Pontet CanetUn tiers de la récolte est ensuite élevé dans une autre série de dolias (en béton enrichi de graves ou de calcaire issus du terroir de Pontet Canet). 50% vieillissent en bois neuf, et le solde (15%) en barriques d’un vin.

Le domaine produira 100% de grand vin en 2017. C’est la philosophie de Jean-Michel Comme : tous les raisins forment un ensemble, ils sont choyés de la même manière tout au long de l’année, tous ont quelque chose à apporter. L’assemblage est ainsi proche de l’implantation de la propriété (qui compte 62% de cabernet sauvignon, 32% de merlot, 4% de cabernet franc et 1% de petit verdot)

Bouteille Chateau Pontet CanetLe nez de ce 2017 est discret, encore fermé. On y perçoit progressivement de beaux arômes de fruits bien mûrs. Puis viennent des notes charmeuses, gourmandes, de bonbon anglais, délicatement épicé. En bouche se déploie une matière élégante, bien structurée mais pas écrasante, on sent une forme de puissance contenue. La texture est infiniment soyeuse. L’ensemble dégage un remarquable équilibre entre la puissance et la délicatesse. La finale très longue déploie un bouquet complexe de fruits, magnifique.

Est-ce la signature de la biodynamie ? Le vin se démarque par la finesse de son grain et cette faculté de se montrer d’ores et déjà abordable, délicieux dès son plus jeune âge.

Ce 2017 tout en délicatesse, sans aucune ostentation, incarne à merveille la devise gravée dans l’une des salles de réception du domaine : « le grand vin nourrit l’âme ».

Château d’Armailhac

68% CS | 22% M
Un ensemble frais, déployant au nez une jolie palette aromatique de fruits rouges et noirs (cassis, cerise). La finale est agréablement tendue et minérale.

 Château Grand Puy Ducasse

Très beau nez élégant, développant un bouquet d’arômes associant les fruits noirs (cassis) et les épices. En bouche la texture est délicatement fine, l’ensemble doté d’une remarquable vivacité, avec des tannins bien mûrs. La finale est élégante, serrée, tout en finesse, avec une rétro-olfaction gourmande, qui dévoile de succulents arômes de cacao. Gros coup de cœur !

Château Haut Bages Libéral

Une autre cuvée atypique de Pauillac, qui livre un nez très expressif, un véritable panier de fruits frais. Un domaine cultivé en biodynamie.

Château Pichon Longueville Comtesse de Lalande

70% CS | 23% M |6% CF | 1% PV

Ce 2017 offre un ensemble velouté qui libère au nez des notes florales de violettes. Le vin présente une grande souplesse et une très belle minéralité. Très harmonieux et équilibré, il livre des tanins frais et élégants, dans un style classique de l’appellation, parfaitement abouti et élégant.

Bouteille Chateau Pichon Baron

Château Pichon Baron

52% CS | 48% M

Nez de fruits rouges. La bouche se distingue par une grande gourmandise qui doit beaucoup à la part de merlot dans l’assemblage. Malgré une concentration importante, le vin n’est pas austère. Très longue finale. Une réussite. Gros coup de cœur.

 

 

 

Château Lynch Bages

70% CS |24% M | 4% CF | 2% PV

Le superbe 2017 livre un nez fumé, relevé de notes d’olives noires, de tapenade. En bouche, un fruit éclatant, bien qu’encore sur une grande réserve. On sent une très belle matière, dense et noble, pour un vin tout en rondeur, déjà prêt à boire. Une sorte de « modern classic ». Un vin magnifique, d’une longueur impressionnante.

 

Quelques Sauternes pour finir…

Château Guiraud

Nez mentholé, d’une très grande fraicheur. Un vin caractérisé par la pureté du fruit. Bel équilibre, aucune lourdeur.

Château Suduiraut

Marqué par une légère réduction. Le nez livre de jolies notes vanillées, toastées, relevées d’arômes de pain d’épices. Belle liqueur

Château Doisy Daëne

Un nez extrêmement élégant, qui joue une jolie partition de notes de fleurs blanches (iris, lys, pivoine), très aérien. Touches miellées en bouche. Ensemble aérien avec une superbe longueur. Gros coup de cœur.

Château Rieussec

Signature classique dense, avec un nez qui livre des arômes de miel et de coing. L’ensemble est doté d’une belle concentration et d’une longueur superbe. A attendre, bien sûr.

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