« La culture paysanne », voilà ce qui pourrait bien définir ce domaine italien. Car Paolo Caciorgna a bel et bien les pieds dans la terre, et pas n’importe laquelle ! La terre volcanique de l’Etna et les terroirs sableux de la Toscane. Animé par un respect de ce qu’elle veut bien lui donner, il produit des vins rouges élégants, équilibrés, délicats et aromatiques.
Bienvenue au pays de la vigne
Avant de poser nos valises en Italie, voici un petit tour d’horizon du premier producteur au monde, passé devant la France depuis les vendanges 2024. Au 9e siècle avant Jésus-Christ, déjà, les Grecs y ont planté des vignes. Tant et si bien, qu’ils appelaient la botte, Oenotria, le pays de la vigne, bel hommage à Vitis vinifera. Et pourtant, ses terres ne sont pas des plus hospitalières : certes, on y trouve des sols marins, plutôt argilo-calcaires, mais aussi des sols volcaniques, pas des plus accueillants pour les vignes. Et pourtant, les cépages autochtones comme l’aglianico ou le sangiovese s’y adaptent et s’y plaisent. Autant que la famille Caciorgna s’y plait.
De coup de foudre en coup de foudre :
Car leur domaine est une d’abord une histoire d’amour : une histoire d’amour pour la terre sur laquelle la famille Caciorgna s’est établie et dans laquelle elle a planté ses racines. Le premier date de 1953 lorsque Giovanni and Fulvia Caciorgna s’installent dans la petite ville de Casole d’Elsa, en Toscane. De paysans des Marches, ils deviennent paysans toscans. Ils produisent d’abord produit un véritable vin de copains, réservé à la famille et aux amis, un vin sans prétention aucune. Mais en 2004, des bouteilles commencent à être vendues et la machine est lancée. Désormais, le domaine compte 2,3 hectares, situés en haut de la colline Osteria delle Macchie. En 2007, la Casole d’Elsa et son terroir deviennent des appellations aux yeux de la Denominazionne di Origine Protetta, l’équivalent de notre AOP national et devient Terre di Casole Sangiovese. Et très vite, le virus de la vigne et du vin est transmis à Paolo Caciorgna, le petit-fils, qui parcourt l’Italie puis le monde pour percer autant que possible les secrets de la vigne et du vin. Il est alors autant œnologue que vigneron.
Le second coup de foudre date de 2006 quand Pietro tombe à son tour amoureux. Mais cette fois, c’est littéralement volcanique ! Un de ses amis, Marco de Grazia, l’invite dans son domaine, situé sur les pentes Nord de l’Etna. Et comment ne pas tomber sous le charme de ses vins soyeux et fins et de cette terre sableuse mais gorgée de sels minéraux. Ensemble, ils visitent de nombreux domaines avant de dénicher la perle rare, un demi-hectare planté de vieilles vignes de nerello mascalese, près de Passopisciaro, à 700 mètres d’altitude. Au fur et à mesure, d’autres vignobles viennent compléter le domaine comme la « Bocca d’Orza ». Pietro Caciorgna loue également quelques arpents de terre et achète du raisin à des voisins partageant ses convictions. Il paraît étrange de planter des vignes sur les pentes septentrionales d’un volcan actif, et pourtant, avec l’altitude, elles profitent de belles variations de température et d’un ensoleillement optimal.
Un cœur à cœur avec la terre
Si Paolo Caciorgna gère maintenant ces deux domaines, il reste fidèle à l’âme paysanne de ses parents et grands-parents. Il le dit lui-même, « le vin vient de la terre et est le fruit la vigne et du travail de l’homme. » Cette fidélité aux valeurs paysannes se traduit dans ses vins de terroir. D’où le choix de ne planter que des cépages autochtones et typiques : ainsi le sangiovese, le prince de Toscane, règne en maître sur Casole d’Elsa. Sur l’Etna, sont plantées des vignes de nerello issues de sélections massales préphylloxériques.
Si le vin vient de la terre, tout doit être fait pour préserver la nature, autant que la santé du consommateur. Paolo Caciorgna a à cœur de produire des vins de qualité sans recourir aux produits chimiques et engrais artificiels. Seuls le soufre, le cuivre et les engrais végétaux sont admis dans les vignes et au chai. La vigne est taillée en Guyot Poussard. Les vendanges sont manuelles, uniquement quand les baies sont parfaitement mûres. Ce que Paolo Caciorgna appelle la « culture paysanne » le pousse à rechercher toujours la simplicité mais aussi les meilleures techniques pour accompagner la terre sans la brusquer. Sur les étiquettes, le millésime est alors un clair indicateur des évènements de l’année et des choix du vigneron pour sa vigne.
Entre 2009 et 2011, à Casole d’Elsa, la famille a investi dans un chai pour appliquer ces mêmes exigences jusqu’à la mise en bouteille. Il en va de même pour le vignoble sicilien, géré par le Maître Antonio Bordonaro et ses étudiants. Paolo Caciorgna l’affirme : au chai, l’essentiel est de préserver les spécificités des cépages. Aussi les fermentations alcooliques et malolactiques ont lieu en cuves en inox avant un vieillissement pendant au moins six mois en barriques françaises complété par un vieillissement en bouteille avant la vente.
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Les vins du vignoble de l’Etna
- Etna Rosso Nanticchia: Il s’agit de la première cuvée élaborée sur les pentes de l’Etna. Son nom signifie « un peu » en patois sicilien, choisi pour sa sonorité et sa popularité. Véritable interprétation du terroir, cette cuvée à la robe claire exhale des parfums de fraise et de framboise.
- Etna Rosso Guardoilvento : Une cuvée bien littéraire car elle porte le nom du premier roman de Francesco Antonelli ! Elle est donc une référence culturelle dans tous les sens du terme. Et en bouteille, on retrouve toute la force du terroir de pierre noire de l’Etna : des fruits frais, des épices, des tannins délicats. Et si cette description ne vous suffit pas, sachez que ce vin a été servi au Pape François lui-même, la consécration pour un vin italien !
- Etna Bianco Guardoilvento : Il s’agit de la seule cuvée blanche des deux domaines de Paolo Caciorgna. Mais on y retrouve bien les valeurs qui le portent : il a encore une fois mis en bouteille un cépage traditionnel sicilien, le carricante, caractérisé par sa fraicheur et sa délicatesse.
- Etna Rosso Ciauria : Cette cuvée est née de l’ambition de Paolo Caciorgna d’élaborer un vin délicat, de tous les jours, qui ramène aux saveurs authentiques du nerello. C’est donc un vin simple mais pas banal, aux notes de fruits rouges frais.