moutons entre les rangs de vignes

Dominique Lucas exploite un domaine familial de 7,5 hectares en Haute-Savoie. En homme soucieux de préserver sa liberté, il a initié une démarche biodynamique qui l’amène à s’affranchir du système des appellations. iDealwine a voulu en savoir plus sur ce bourguignon qui a fait le choix de la Savoie.

Le domaine est implanté à Ballaison, à quelques encablures de Thonon-les –Bains, au Sud du Lac Léman et à proximité de la frontière suisse. Les vignes sont plantées sur trois appellations : Crépy, Marignan et Marin. Dominique Lucas a fait le choix de sortir des appellations pour passer en IGP des Allobroges, afin de pouvoir exploiter ses vignes comme il l’entend. Le domaine cultive en premier lieu le chasselas, cépage autochtone suisse. A cela s’ajoute une complantation de cépages blancs : chardonnay, savagnin, sauvignon, chenin et pinot gris. Le domaine accorde une grande importance à la qualité du sol, du raisin et de l’environnement. Ainsi, non content d’avoir reçu le label Ecocert, il s’oriente désormais vers une approche biodynamique. Les sols sont labourés au cheval pour éviter le tassement du sol ; et le travail de la vigne est exclusivement réalisé à la main. Afin d’assurer une maturité parfaite du raisin, les vendangeurs récoltent les baies en plusieurs fois. Les  animaux sont aussi au cœur de l’équilibre naturel : des moutons paissent entre les vignes. Le calendrier lunaire rythme le cycle de la vigne et des vinifications.

Quelques mots avec Dominique Lucas, des Vignes de Paradis

Depuis combien de temps votre famille cultive-t-elle le vin ?
Je représente la 5e génération de vigneron. Ma famille est d’origine bourguignonne.

dominique lucas les vignes de paradis

Quel est votre parcours ?

J’ai travaillé dans deux gros domaines en Bourgogne. Nous étions peut-être dans les plus belles appellations au monde et pourtant j’ai constaté à quel point la terre était malmenée. J’ai quitté cette région en 2002 pour aller travailler ailleurs. Tout d’abord dans un domaine en Savoie. Mais, il n’y avait que peu de moyens matériels et humains. En 2008 j’ai rencontré la propriétaire des Vignes de Paradis. Puis j’ai racheté les vignes domaine, puis d’autres hectares autour. Je suis sorti de l’appellation pour faire des vins le plus précis possible et pour pouvoir planter des cépages interdits, le chasselas étant le seul cépage autorisé sur l’AOC Crécy.

Comment êtes vous parvenu à la démarche biodynamique ?

Lorsque je travaillais sur le deuxième grand domaine où j’ai fait mes armes en Bourgogne, en parallèle, j’ai suivi des conférences de Masson et de Bourguignon. La biodynamie m’intéressait davantage que la culture en bio.  J’ai eu la chance aussi d’être à proximité du domaine Leroy qui est sans doute le plus à la pointe en biodynamie. J’ai commencé au départ à me perfectionner avec le chasselas et depuis je travaille tout le domaine des Vignes de Paradis en biodynamie. Le but de la biodynamie est en fait de ramener autant de vie que la vie qu’il y a dans une forêt. En effet, la forêt est un écosystème dont la biodiversité a été préservée. Nous cherchons à retrouver dans nos vignes un sol vivant et une biodiversité aussi variée.

Vous fabriquez vous-même vos cuves ?

pyramide de KeopsJe ne maîtrisais pas les cuves. J’ai voulu aller au bout de mon idée et construire mes propres cuves avec une partie des matériaux de notre terroir. La dernière née, c’est la pyramide de Kéops. Je l’ai construite en gravier local, chargé en calcaire, avec du sable de Chamonix, chargé en silice. Nous avons utilisé l’eau de la source de Thonon-les-Bains pour fabriquer le béton. Et nous fabriquons aussi des amphores en terre cuite. En 2010 j’ai perdu mes parents donc il a fallu reprendre leur domaine de 2.5 hectares à Pommard. Pour des raisons financières, j’ai dû le revendre mais j’ai récupéré de l’argile de leur domaine pour fabriquer les amphores de vinification pour mon domaine savoyard. Mais les amphores sont difficiles à faire : il faut les cuire à 1200 degrés, alors que la pyramide de Kéops je peux la répliquer autant de fois car elle est réalisée à partir d’un moule.

Pourquoi utilisez-vous du matériel local pour fabriquer les cuves ?

Le vin est vinifié sur une partie de son terroir et comme c’est poreux, il y a un échange naturel qui s’effectue. Il n’a plus de cassure de la vigne au chai. Pour chercher les failles dans ce système, on fait appel à un magnétiseur car il est question aussi d’ondes.

Quelles sortes de préparations biodynamiques utilisez-vous ?

Il est vrai que si je peux me priver du soufre et du cuivre, je m’en porte mieux. Même si la bouillie bordelaise est autorisée en bio, ce sont des produits issus de la pétrochimie. Je préfère travailler avec ce que la région nous donne. Il suffit d’observer. Je travaille par exemple avec les minéraux. Il s’agit de faire comme une tisane, de laisser macérer les minéraux. Ensuite je redynamise cette tisane. Puis on pulvérise les vignes, ce qui apporte une impulsion à la plante.

Vous utilisez le labour à cheval ?

labour au cheval vignes de paradisJe passe au labour à cheval essentiellement les vieilles vignes et vignes accidentées. Je suis le premier de la région à y revenir.  Il existe une vraie différence avec la traction animale au niveau de la vie des sols, ça évite le tassement du sol. C’est d’ailleurs comme cela que c’était pratiqué sur la terre de mes ancêtres. Economiquement ce n’est pas rentable. Finalement on peut à peine appeler ça labourer c’est plutôt gratter, et on ne fait cela qu’autour du pied des vignes.

Avez-vous choisi de faire pousser d’autres plantes entre les vignes ?

Je suis assez sceptique quant à cette méthode. J’évite pour ne pas perturber mon sol.  Il existe déjà sur nos sols des plantes que l’on appelle bio-indicatrices.

Cette question va peut-être vous paraître difficile, de la même manière qu’il est difficile pour un père de choisir son préféré parmi ses enfants, mais avez-vous un cépage préféré ?

Je suis bourguignon d’origine donc vous allez dire que je devrais préférer le chardonnay et le pinot noir.  Mais le chasselas, je le travaille le plus pur possible car il me tient vraiment à cœur.

Dans la gamme des vins de Dominique Lucas, il a y d’un côté les cuvées des Vignes de Paradis qui sont haut de gamme, travaillées en biodynamie, dotées d’une durée de garde de 8 à 15 ans, et de l’autre il y a Les Vins du Léman, qui ont vocation à rester en culture biologique. Ils peuvent se garder 5 ans. Les vins des Vignes de Paradis sont pour la plupart sur l’appellation Crépy à environ 450 mètres d’altitude, dont le sol composé d’argile jaune et de molasse repose sur une moraine glaciaire. La cuvée C de Marin provient de l’appellation Marin (entre 450 et 480m) qui se situe sur les rejets de la Drance; le sol est ainsi composé de galets, riches en granit.

Les Vignes de Paradis
IGP Allobroges Savagnin 2016
IGP Allobroges Savagnin 2015
IGP Vin des Allobroges C de Marin 2014
IGP Vin des Allobroges Chasselas Un p’tit coin de paradis 2016
IGP Vin des Allobroges Terroir du Léman Un matin face au Lac 2016

Les Vins du Léman
IGP Vin des Allobroges Chasselas Quintessence 2015
Vin de France Vin de France Gamay et Glou et Glou 2016
Vin de France Vin de France Gamay et Glou et Glou 2015
Vin de France Vin de France Pinot noir Et pourquoi pas… 2016

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