Découvrez l’analyse complète du millésime 2022 en France, notes et commentaires à l’appui, région par région. Un millésime globalement très réussi, voire par endroit, grandiose !
- Les notes du millésime 2022 en Alsace
- Les notes du millésime 2022 dans le Beaujolais
- Les notes du millésime 2022 à Bordeaux
- Les notes du millésime 2022 en Bourgogne
- Les notes du millésime 2022 en Champagne
- Les notes du millésime 2022 dans le Languedoc
- Les notes du millésime 2022 dans le Jura et la Savoie
- Les notes du millésime 2022 en Provence et Corse
- Les notes du millésime 2022 dans le Roussillon
- Les notes du millésime 2022 dans la Loire
- Les notes du millésime 2022 dans le Rhône nord
- Les notes du millésime 2022 dans le Rhône sud
- Les notes du millésime 2022 dans le Sud-Ouest
Les notes du millésime 2022 en Alsace
Blancs secs : 16/20
Blancs moelleux : 17/20
Rouges : 17/20
Les millésimes se suivent et ne se ressemblent pas en Alsace. Après un 2021 où l’humidité avait tenu les premiers rôles, c’est une situation bien différente qui a pu être observée en 2022. Tout au long de la saison, la région a été marquée globalement par un déficit de pluviométrie et des températures élevées. Dès les mois d’hiver, la douceur s’est installée et les pluies ont été peu nombreuses créant une situation de sécheresse précoce.
A partir du débourrement de la vigne, un peu tardif du fait du stress hydrique des mois précédents, des conditions exceptionnelles se sont installées sur la région, associant chaleur et déficit de précipitations. Les conditions observées ont pu être comparées à celles de 2003, avec notamment un record de nombre de jours présentant des pics au-delà de 30 degrés au cours de l’été. Cette situation atypique a conduit à bloquer la maturation des baies mais des pluies salvatrices ont enfin fait leur apparition juste début septembre, garantissant une progression lente et bienvenue de la maturité des raisins.
Certaines parties du vignoble ont été davantage impactées par les aléas climatiques, notamment le sud de l’Alsace où des orages de grêle ont fait des dégâts. Plus généralement, compte tenu des conditions solaires et sèches du millésime, les volumes ont été limités. En revanche, les bonnes conditions météorologiques au cours des vendanges (débutées le 29 août pour les crémants puis le 5 septembre pour les vins tranquilles) ont permis de rentrer en cave des raisins très sains, généralement marqués par une bonne concentration et une acidité correcte, sans être très élevée.
Les vins produits sur ce millésime affirment une belle gourmandise ce qui va permettre de les déguster plutôt rapidement. Les gewurztraminer et les muscats déploient une certaine puissance aromatique, offrant des vins souvent larges, quand les rieslings ont réussi à conserver une belle fraîcheur et donc des équilibres intéressants. Côté vin rouge, les pinots noirs ont pu atteindre de belles maturités, offrant souvent des jus d’une grande intensité fruitée et des tanins mûrs et structurants.
Enfin, alors que la production de vendanges tardives et de sélection de grains nobles avait été très marginale en 2021, les bonnes conditions de l’arrière-saison ont favorisé le passerillage et le développement du botrytis. De quoi permettre de donner naissance à des vins doux de qualité sur l’ensemble des cépages (riesling, gewurztraminer, pinot gris et muscat).
Les notes du millésime 2022 dans le Beaujolais
Rouges : 17/20
Bien que moins stressante qu’en 2021, la météo n’aura pas été de tout repos pour les vignerons du Beaujolais en 2022. Le début de l’année a été marqué par des conditions assez sèches et ensoleillées avec toutefois des températures relativement fraîches. Le débourrement des vignes a donc été plutôt tardif en comparaison des années précédentes. Mais les choses vont ensuite changer avec l’installation de la chaleur au cours du mois de mai qui a été le plus chaud enregistré dans la région depuis 1959 ! Très peu de pluies et un très fort ensoleillement vont compléter le triptyque météorologique, accélérant la physiologie des vignes, la floraison se déclenchant rapidement. Si quelques pluies viendront détendre la situation fin mai, ce n’est que pour mieux retrouver chaleur, sécheresse et ensoleillement au mois de juin.
Ces conditions extrêmes vont perdurer tout au long de l’été créant notamment un important déficit hydrique (à fin août il manquait quasiment l’équivalent de deux mois de précipitations). A partir de la mi-août, le retour de précipitations, parfois sous forme de violents orages, a toutefois permis de favoriser une fin de maturation plus sereine des raisins.
Au global, les rendements observés sont environ 20% inférieurs à la moyenne des années précédentes mais les raisins vendangés ont révélé une très belle concentration de couleur, de matière et d’arômes. Les notes précises de fruits noirs et d’épices sont l’un des marqueurs du millésime. Dans ce millésime solaire, le gamay s’est montré particulièrement résilient, maintenant de beaux équilibres et ne basculant pas dans des notes confites. Selon les processus de vinification adoptés, les vins offrent une grande gourmandise fruitée à la dégustation et s’avèrent gouleyants quand d’autres révèlent des structures plus sérieuses, articulées autour de matières charnues mais suaves grâce à des tannins puissants et veloutés, bâties pour une longue garde.
A noter que les vins blancs sont marqués par le profil du millésime. Souvent généreux, ils présentent en outre des notes très aromatiques évoquant les fruits exotiques et seront consommés plutôt rapidement.
Les notes du millésime 2022 à Bordeaux
Rouges de la rive gauche : 19/20
Rouges de la rive droite : 19/20
Blancs secs : 17/20
Blancs liquoreux : 18/20
Et si 2022 était le plus grand millésime produit à Bordeaux au XXIème siècle ? Si cette question est difficile à trancher, on peut s’accorder sur la réussite vraiment exceptionnelle des vins rouges qui atteignent un niveau qualitatif remarquable. Les liquoreux, bien qu’un peu plus contrastés, sont parfois superbes. Les blancs secs sont peut-être ceux qui brillent moins au firmament tout en présentant toutefois une belle qualité.
Comment est-on parvenu à cette situation ? Si l’automne fut sec et assez froid, le redoux s’est ensuite installé tout au long de l’hiver. Les précipitations marquées de décembre ont ensuite laissé la place à un temps bien ensoleillé ce qui pouvait laisser craindre une certaine précocité des vignes. Pourtant, des conditions plus mitigées en mars ont conduit à un débourrement finalement classique des ceps, les épisodes de gel observés n’ont donc pas eu d’impact majeur sur le vignoble. Par la suite, un climat chaud et sec s’est installé, les mois de mai à septembre ayant notamment été marqués par des records d’insolation, parfois très largement au-dessus de la moyenne trentenaire. La chaleur et la sécheresse ont également marqué cette période. Les températures moyennes ont été régulièrement supérieures de 3 degrés à la moyenne trentenaire, avec plusieurs épisodes de canicule observés tout au long de l’été. En parallèle, d’importantes précipitations en juin ont permis de constituer une réserve hydrique pour les vignes qui ont ensuite été confrontées à des déficits importants de pluie.
A partir de la floraison et jusqu’aux vendanges, 2022 s’est donc imposé comme l’un des millésimes les plus précoces depuis 2010. Les baies ont rapidement stoppé leur croissance et ont commencé tôt leur véraison. Des conditions optimales ont ensuite permis une fin de maturation parfaite des raisins (quelques faibles pluies en août permettant d’éviter un stress hydrique). Les vendanges ont ainsi débuté avec 2 à 3 semaines d’avance, dès le 16 août pour les vins blancs secs et les crémants et se sont étalé jusqu’à fin octobre pour les liquoreux.
L’état sanitaire des raisins était absolument parfait grâce à des conditions météorologiques idéales. Les vignerons ont pu donc sereinement choisir la date des vendanges lorsque la maturité optimale des baies était atteinte. Les merlots début septembre et les cabernets-sauvignon quelques semaines plus tard ont dont développé des niveaux impressionnants de concentration en sucres et en anthocyanes. Les niveaux d’acidité, eux, ont été parmi les plus faibles depuis une décennie, faisant craindre un déséquilibre dans les vins. Heureusement, ceux-ci sont remontés avec la fermentation alcoolique.
In fine, un mot s’impose sur ce millésime absolument hors normes pour les rouges : grandioses. D’autant que les domaines ont appris, avec l’expérience des millésimes chauds et secs précédents, à gérer ces conditions difficiles (gestion de l’effeuillage, travail du sol, agroforesterie…). Une réussite éclatante sur les deux rives de Bordeaux pour les vins rouges qui montrent un visage terriblement séducteur, avec une texture suave, onctueuse et vibrante, une intensité rare et une complexité aromatique superbe. Les raisins blancs ont peut-être plus souffert mais offrent une belle intensité aromatique sur les terroirs les plus résilients. Côté vins liquoreux, le botrytis a eu du mal dans ce contexte sec de septembre à s’installer, conduisant certains à ramasser précocement des raisins passerillés. Ceux qui ont attendu la mi-octobre ont été en revanche récompensés par une belle pourriture noble et des raisins d’une très grande concentration, peu acides mais particulièrement aromatiques.
Les notes du millésime 2022 en Bourgogne
Rouges : 18/20
Blancs : 18/20
S’il fallait retenir un élément clé sur ce millésime 2022 en Bourgogne, ce serait le retour d’une vraie générosité de la nature qui a donné naissance à des volumes de production importants. Ceux-ci ne sont pas synonymes de qualité moindre, bien au contraire. Le niveau qualitatif s’avère très bon, en dépit de conditions climatologiques intenses.
Si l’hiver avait commencé dans un registre froid, les choses vont rapidement s’inverser dès le mois de février et c’est alors la douceur qui va s’installer. Les températures relevées ont été plus élevées que les normales jusqu’en mars avant qu’une vague de froid ne vienne ralentir la physiologie des vignes. Le débourrement a eu lieu heureusement moins précocement que ce qui aurait pu être craint, permettant aux quelques épisodes de gel marqués de début avril de ne faire que des dégâts très limités (mais parfois importants). Par la suite, le cycle végétatif (et notamment la floraison qui a débuté à la mi-mai) va se dérouler sans encombre avec une météo clémente associant des précipitations de moins en moins abondantes jusqu’en mai et des températures élevées. Le mois de mai a par exemple été le plus chaud enregistré dans la région depuis 50 ans ! Les sorties de grappes vont rapidement montrer une quantité très importante, les vignes surproduisant naturellement après les graves accès de gel qu’elles avaient souvent connu en 2021.
Le mois de juin a fait figure d’exception avec d’importantes précipitations souvent orageuses (parfois accompagnées de violentes tombées de grêle). Cela a toutefois permis aux sols de reconstituer des réserves d’eau et aux vignes de ne pas trop subir de stress hydrique. Par la suite, l’été a été très sec, très chaud (se positionnant juste après 1947 !) et ensoleillé. Quelques orages courant août viendront apporter un peu d’eau, permettant aux raisins de terminer correctement leur maturation. Le pinot noir présente, in fine, de très bons niveaux de maturité, plus avancés que pour le chardonnay qui a été pénalisé par l’importance de la charge des grappes.
Initiées de manière très précoce dès la mi-août pour les crémants, les vendanges se sont poursuivies une semaine plus tard en Côte de Beaune. Elles se sont étalées jusqu’à la troisième semaine de septembre, notamment en Côte de Nuits et dans le Chablisien.
In fine, les caves ont été bien remplies grâce à des rendements qui n’avaient plus été observés depuis plusieurs années. Les vins blancs présentent un profil riche et bien aromatique (notes florales et de fruits mûrs), souvent tendres en bouche. Dans le Chablisien, les vins sont amples et riches et dotés d’une fin de bouche salivante. En Côte de Beaune, les vins affichent une matière charnue et gourmande associée à un profil aromatique complexe. Également de belles maturités en Côte chalonnaise où les vins, souples et corpulents, offrent une palette fruitée large. Enfin, dans le Mâconnais, on retrouve également des vins très aromatiques, souples mais non dénués de fraîcheur. Du Chablisien au Mâconnais, les vins sont donc de très belle facture, complexes et équilibrés, et présentent un joli potentiel de garde.
Du nord au sud de la Bourgogne, les vins rouges se montrent globalement très réussis, affichant une couleur profonde, une chair dense et des profils aromatiques intensément fruités. Les tannins sont particulièrement soyeux, offrant des bouches veloutées et profondes. Là encore, les vins ont conservé de beaux équilibres et disposent d’un grand potentiel de garde même s’ils sont déjà très agréables à déguster jeunes. Dans le grand auxerrois et en côte chalonnaise, les vins offrent une très belle maturité et un fruité particulièrement séduisant. En Côte de Nuits comme en Côte de Beaune, les vins ont beaucoup de panache, affichant une grande profondeur aromatique et une matière pleine. Ils sont armés pour affronter le temps.
Les notes du millésime 2022 en Champagne
Blancs de noirs : 17/20
Blancs de blancs : 17/20
Pour commencer, notre rappel traditionnel : il est important de se rappeler des deux particularités champenoises qui relativisent toujours un peu l’appréciation du dernier millésime dans ce vignoble. La première, c’est que la très grande majorité des bouteilles de champagne consommées… ne sont pas millésimées, mais résultent d’un assemblage de plusieurs millésimes dont la combinaison, en fonction de leurs qualités respectives, est censée apporter un équilibre gustatif quasi constant. Les qualités (ou les insuffisances) d’un seul millésime ne sont donc pas déterminantes. La seconde raison est qu’un champagne est un vin “transformé” et que, pour juger de la qualité réelle d’un millésime, on n’a que deux solutions : soit goûter au bout de quelques mois de vinification les “vins clairs” de l’année, avant leur champagnisation (mais ce ne sera qu’une impression incomplète), soit attendre la fin du cycle de production d’un champagne millésimé, c’est-à-dire plusieurs années plus tard…
A l’instar d’autres régions septentrionales, l’hiver en Champagne a été plutôt doux et sec, même si quelques épisodes de gel intense ont émaillé la saison. Le contraste a donc été important entre le temps ensoleillé, presque printanier, observé jusqu’à fin mars et le retour important du gel début avril. Des températures très basses (jusqu’à -8°) ont été observées, impactant significativement certains secteurs comme celui de la Côte des Bar ou la région de Vitry-le-François.
Du débourrement des vignes, en moyenne autour de la mi-avril, à leur floraison qui s’est étalée du 30 mai au 7 juin, les conditions météorologiques ont été idéales garantissant un parfait état sanitaire du vignoble. Alors que jusqu’ici, la météo avait été très chaude et sèche, quelques pluies bienfaitrices au cours du mois de juin vont permettre aux vignes d’affronter sans trop souffrir la sécheresse (il n’est tombé que 43 mm de pluie en juillet et en août) et la chaleur parfois caniculaire qui ont été observées jusqu’à la mi-août. L’été 2022 a été le 3ème le plus chaud enregistré dans la région après 2003 et 2018 avec, notamment, un nombre record (68) de jours où la température a dépassé les 25°. Autre facteur clé sur ce millésime, l’ensoleillement qui a, lui aussi, battu des records.
Dans ces conditions, les maladies se sont très peu développées, permettant d’obtenir des rendements importants, une bénédiction après la faible récolte observée en 2021. Chardonnay, pinot noir et meunier ont atteint de bons niveaux de maturité (s’accompagnant d’une belle profondeur aromatique) avec toutefois des niveaux d’acidité plus bas qu’à l’accoutumée.
Les notes du millésime 2022 dans le Languedoc
Les rouges : 18/20
Les blancs : 17/20
S’il fallait résumer les grandes étapes de ce millésime, on pourrait évoquer un hiver doux, un printemps chaud et un plein soleil en été. Il n’y a en effet presque pas eu d’hiver dans la région, la douceur persistant au printemps avant que de véritables épisodes de canicule ne s’installent durablement à partir de la mi-juin, sans discontinuer ou presque jusqu’au mois d’août. De fait, la période estivale de 2022 a été l’une des trois plus chaudes sur les 30 dernières années ! Mais, contrairement à 2021 où les contraintes hydriques avaient été particulièrement fortes dans la région, de nombreux secteurs ont pu bénéficier en 2022 de niveaux satisfaisants de précipitations, que ce soit à Narbonne, à Carcassonne ou Perpignan. Certains secteurs ont plus souffert, ce fut le cas notamment de Montpellier. Mais de manière générale, le printemps a été particulièrement humide et favorable au démarrage physiologique de la vigne. Au mois de juin, les orages ont profité aux secteurs qui avaient été moins arrosés jusqu’ici. A la fin août, l’état sanitaire du vignoble était excellent dans l’ensemble, hormis de rares secteurs.
De nouvelles pluies bienvenues ont refait leur apparition vers fin août, début septembre, offrant une belle arrière-saison qui a relancé la maturité de raisins. La fin de la période de maturation des vignes a ainsi été marquée par de belles journées et des nuits fraîches, une bénédiction pour les cépages noirs qui ont ainsi pu parfaire leur mûrissement et leur développement aromatique le jour sans voir leurs acidités diminuer drastiquement. Les équilibres ont donc pu être préservés.
Ce sont les cépages blancs aromatiques de la plaine biterroise, particulièrement solaire et précoce, qui ont été les premiers raisins vendangés, suivis rapidement par le chardonnay et le pinot noir des terroirs les plus précoces.
Cette fin de saison a permis de donner naissance à des rouges souvent très bien définis, conservant de beaux équilibres et de la fraîcheur et portés par des tannins très élégants. Certains d’entre eux seront vraiment de très grands vins. Parmi les belles réussites, le secteur de Faugères a produit des syrah concentrés, issus de petites baies. Ce cépage est l’un de ceux qui s’est le mieux comporté. Les carignans et grenaches s’annoncent, comme souvent ailleurs, plus juteux sur ce millésime. Les pinots noirs s’avèrent, de leur côté, riches et soyeux. Au global, les vins présentent souvent un style méditerranéen sur les petits fruits noirs mûrs, la garrigue et présentent parfois une fine note minérale.
Côté blancs les vins présentent des profils très gourmands et fruités. Le sauvignon offre ainsi ses arômes typiques d’agrumes avec une tension et une minéralité particulièrement élégante sur ce millésime. Le chardonnay, arrivé très tôt à maturité cette année, n’en exprime pas moins autant de complexité que de profondeur avec des arômes de miel, de fruits à chair blanche et des notes citronnées. Les blancs ont souvent beaucoup de chair, une belle plénitude. Les expressions fruitées sont franches, comme sur les viognier aux notes d’agrumes, d’ananas, de fruits jaunes et blancs (abricots, pêches blanches). Côté rosés, les syrah, grenache et merlot ramassés tôt s’avèrent frais, profonds et expressifs, avec des arômes de fruits rouges et parfois de jolies notes de pamplemousse.
Plus généralement, les vins du sud du Languedoc offrent des personnalités rondes et riches, tandis que ceux du nord et de l’ouest s’avèrent plus frais et fruités.
Les notes du millésime 2022 dans le Jura et la Savoie
Les rouges : 18/20
Les blancs : 17/20
Après une année 2021 extrêmement difficile pour les vignerons du Jura (gel de printemps, fortes précipitations, grêle…), le millésime 2022 était très attendu. Il a répondu aux espoirs et attentes de la filière. Les conditions météorologiques en 2022 ont été beaucoup plus favorables pendant toute la période de pousse de la vigne, avec notamment une absence de gel de printemps et un bon ensoleillement. Si bien que la pression des maladies de la vigne n’a pas été très forte, limitant de fait le nombre de traitements nécessaires. Par la suite, à l’instar des conditions observées sur la quasi-totalité du reste de la France, l’été a été caniculaire mais la vendange a été sauvée par les pluies tombées fin août qui ont permis d’avoir des baies juteuses et, in fine, de très belle qualité. La météo clémente d’avant vendanges a, quant à elle, permis d’atteindre des maturités optimales pour chacun des cépages. Les volumes ont été trois fois plus élevés qu’en 2021 où ils avaient été historiquement faibles. Initiées pour les crémants le 20 août, les vendanges se sont étalées jusqu’à la mi-septembre avec les savagnins. En dépit d’acidités parfois moyennes, les vins blancs se révèlent solaires et équilibrés (ils vieilliront bien) et les vins rouges présentent de très belles matières qui en feront de très grands vins de garde. L’avenir dira si les vins jaunes produits sont à la hauteur du reste de la production.
En Savoie, après un mois de décembre froid, des périodes relativement douces ont rythmé les semaines suivantes. Le mois de mars a, quant à lui, marqué les esprits par sa chaleur et sa sécheresse historiques. Si le mois d’avril a retrouvé des conditions plus classiques, le mois de mai a pour sa part surpris avec des records de chaleur. Au global dans la région, le printemps aura été le 4ème plus chaud enregistré depuis 1959 ! De mai à août, les conditions vont demeurer particulièrement chaudes, proches de celles enregistrées en 2003. Cette situation s’est accompagnée d’un manque de précipitations, notamment là aussi au mois de mai. Heureusement que des précipitations sont apparues à la fin août pour détendre une situation préoccupante. Le cycle de la vigne a été précoce jusqu’à la floraison, expliquant certains ravages causés par les épisodes de grêle du mois de juin. Les volumes en ont été impactés et ont été moins importants qu’espérés. In fine, malgré des disparités, les vins blancs présentent souvent une belle gourmandise fruitée et les vins rouges se parent d’une grande richesse et concentration de matière.
Les notes du millésime 2022 en Provence et Corse
Rouges : 16-17/20
Blancs : 16/20
En Provence, le début d’année 2022 très sec a ralenti le cycle végétatif de la vigne qui n’a débourré que tardivement, entre fin mars et fin avril. Cela a permis d’échapper aux gels parfois dévastateurs à cette période. Les choses vont s’infléchir en avril, mois qui signera le retour des pluies ce qui accéléré la croissance des vignes. Les bonnes conditions ont permis d’observer une belle floraison et une nouaison de qualité. Et si la sécheresse semblait s’installer en mai et début juin, les précipitations sont finalement tombées à la fin-juin. Les mois d’été ont été marqués par de fortes chaleurs mais les nuits sont demeurées fraîches, permettant un développement harmonieux des raisins. Là encore, des pluies vers la mi-août et en septembre ont favorisé une fin de maturation optimale des baies.
Les vins rosés, qui représentent l’essentiel de la production (plus de 90%), ne sont pas présentés ici car leur consommation est essentiellement réalisée dans les mois qui suivent la production. Par ailleurs, leur mode de production plus technique que les blancs et les rouges permet d’obtenir plus aisément une qualité standard. Les vins blancs sont pour leur part intéressants, avec des notes de fruits blancs et exotiques mais aussi d’agrumes et d’herbes aromatiques (menthe). En bouche, les équilibres sont là avec de belles acidités qui étirent les vins dont les matières s’avèrent pleines. Côté vins rouges, les fruités s’avèrent éclatants, oscillant entre notes franches de fruits rouges, de fruits noirs (myrtille), de garrigue et des notes épicées. En bouche, les matières sont denses, bien structurées, la puissance s’accompagnant d’un velouté de tannins qui promet de grands vins au potentiel de garde certain.
En Corse, alors que la végétation s’était réveillée plutôt tardivement, les chaleurs printanières et estivales ont finalement conduit à un millésime relativement précoce, en avance de dix jours par rapport au précédent. Le fait marquant de cette année 2022 demeure la grande sécheresse qui a marqué l’île de la mi-mai jusqu’à la mi-août, période où n’ont été constatées presque aucunes précipitations. Heureusement, la pluie a fait sa réapparition ensuite, d’abord dans le nord puis sur tout le reste de la Corse. Globalement, le vignoble n’a pas eu à souffrir d’attaques de maladies trop violentes, ces dernières sont restées relativement contenues. En revanche, les sangliers ont fait beaucoup de dégâts. Assoiffés, ils ont dévoré beaucoup de raisins.
Certains cépages ont mieux réagi à ces conditions spécifiques, comme le niellucciu, bien armé en période de sécheresse. Le sciacarellu de son côté a été plus affecté, avec notamment de petites baies et des baisses de rendements. Si l’hétérogénéité des maturités et des qualités est un fait à travers le vignoble, les vins se révèlent toutefois harmonieux, notamment sur les rosés et les blancs. Les acidités n’étant généralement pas très élevées, certains cépages ont été davantage pénalisés que d’autres, notamment le vermentinu. Les vins rouges sont, quant à eux, souples avec de la matière et des couleurs profondes.
Les notes du millésime 2022 dans le Roussillon
Rouges : 16/20
Blancs : 15/20
Dans le Roussillon, la météo a été contrastée et complexe tout au long de la campagne ayant conduit au millésime 2022. Si des pluies importantes sont tombées en novembre 2021 et mars 2022, elles ont en revanche été encadrées par des périodes longues et intenses de sécheresse, couplées à de fortes chaleurs. On a ainsi pu constater entre avril et septembre, des températures très élevées, supérieures de 1,5° à 3° aux moyennes des années précédentes. Dans le même temps, les déficits de pluviométrie qui ont commencé à être observés au mois d’avril se sont ensuite accentués sur les mois suivants, de mai à août.
En début de cycle, les vignes avaient pu profiter des réserves hydriques du printemps, ce qui avait conduit à un débourrement légèrement plus tardif qu’à l’accoutumée. Cependant, le changement drastique des conditions météorologiques va inverser cette tendance en accélérant la croissance végétative. Tant est si bien que la floraison, qui va s’observer en moyenne autour du 22 mai, a présenté une avance de 9 jours en comparaison des 20 dernières années. Cette précocité va ensuite se maintenir, la maturité des raisins progressant rapidement, couplée à une concentration importante des baies. Les vendanges ont donc été initiées extrêmement tôt (dès le 4 août !) mais elles se sont ensuite étalées longuement du fait d’une hétérogénéité à travers le vignoble.
In fine, les rendements ont été moyens et la production régionale en légère augmentation par rapport aux deux années précédentes (mais celles-ci étaient limitées). Les raisins, récoltés dans un état sanitaire très bon, présentaient généralement des taux de sucre élevés et des acidités basses. Les vins blancs s’avèrent gourmands, dotés de beaux arômes fruités et floraux et conservant une certaine vivacité en bouche. Les vins rouges présentent des profils très cariés mais ont en commun leur belle définition fruitée (parfois mûre), de belles chairs tout en conservant de la fraîcheur.
Les notes du millésime 2022 dans la Vallée de la Loire
Rouges : 18/20
Blancs : 17/20
Blancs moelleux : 17/20
L’hiver avait commencé dans une relative douceur dans le Val de Loire puis les mois de mars et avril ont connu un niveau d’ensoleillement classique avec une juste quantité d’eau. Le cycle végétal de la vigne s’est donc enclenché relativement tôt mais n’était pas encore trop avancé lorsque plusieurs vagues de gel se sont abattues sur les vignobles début avril, notamment dans le Centre-Loire et le Muscadet, avec, dans ce dernier cas, des pertes parfois à hauteur de 20% à 30%.
Les conditions climatiques ont ensuite évolué et ont vu la chaleur et la sécheresse s’installer durablement. Dès la mi-mai, des températures inhabituellement élevées, proches des 30°, étaient ainsi observées dans de nombreux vignobles dont ceux du Centre-Loire. Fort heureusement, des pluies, parfois intenses, sont arrivées en juin et ont fait beaucoup de bien au vignoble. L’été, particulièrement sec et chaud, s’est accompagné d’inévitables orages de grêle, parfois violents, notamment en Touraine qui a vu certains secteurs très impactés comme à Bourgueil. Mais globalement, selon les sols, les cépages et l’âge des vignes, les maturités ont été hétérogènes, les vendanges ayant été initiées dès le 10 août, même si une large part du vignoble a pu bénéficier des pluies salvatrices de la mi-août pour vendanger plus tard.
En effet, c’est là que c’est joué la qualité du millésime, notamment sur les rouges, qui ont pu atteindre de très bons niveaux de maturité tout en conservant des équilibres tout à fait remarquables. De manière générale, les vins présentent un profil charnu, avec beaucoup de fond et des notes de fruits rouges intenses. La longue maturation jusqu’en septembre a permis quant à elle d’obtenir des tannins bien veloutés. In fine, on obtient donc des vins de caractère, mûrs et soyeux mais qui conservent une belle fraîcheur. Chinon figure assurément parmi les grandes réussites sur le millésime.
Côté blancs, les vins effervescents et tranquilles présentent généralement une acidité peu élevée et des profils relativement amples et gras en bouche. Ils conservent toutefois une certaine droiture. Ils exhalent souvent des notes de fruits bien mûrs, parfois exotiques voire confits. Les conditions atypiques de ce millésime ont permis au melon de Bourgogne d’atteindre une très belle maturité et une complexité aromatique notable. Les muscadets devraient donc rester dans les annales comme comptant parmi les très belles réussites de la région.
Enfin, les conditions de l’arrière-saison ont permis de produire des chenins liquoreux de belle facture.
Les notes du millésime 2022 dans la vallée du Rhône nord
Rouges : 18/20
Blancs : 16/20
Commencé avec des températures froides en début d’année, le millésime 2022 dans le nord de la vallée du Rhône va connaître très tôt un déficit de pluies au cours du premier trimestre. Les températures douces de mars vont ensuite laisser la place à une baisse du thermomètre (mais les épisodes de gel vont être limités) et le retour de quelques pluies qui vont mettre les vignes dans de bonnes conditions pour débuter son cycle végétatif. Comme souvent en 2022 dans le reste du pays, le mois de mai a été particulièrement chaud dans le Rhône avec des températures déjà supérieures à 30°. La sécheresse s’est déjà bien installée et à ce stade, les précipitations observées étaient les troisièmes plus faibles depuis 1959, après 1976 et 2003 !
La floraison s’est correctement déroulée et les sorties de grappes laissaient imaginer de gros rendements en perspective. Mais c’était sans compter sur les conditions caniculaires et particulièrement sèches qui vont accompagner les mois de juin, juillet et d’août où les températures vont régulièrement dépasser les 35° et même 38°, couplées à un vin du sud accentuant les effets de la sécheresse. Ces extrêmes climatiques ont pu faire craindre à un millésime très solaire, riche en alcool et en matière. Pourtant, des pluies salvatrices vont tomber à la mi-août ce qui va permettre de détendre les raisins et de pouvoir allonger la période de maturation des baies pour parvenir à de bons équilibres physiologiques mais aussi phénoliques. Les vendanges ont été précoces et ont débuté à la fin du mois d’août.
Dans ces millésimes chauds, il n’est pas surprenant que les blancs, comme à Condrieu, soient dotés de matières charnues et manquent un peu d’acidité. Mais ils sont dotés d’une aromatique charmeuse aux accents épicés. Côté syrah, les raisins se sont bien comportés et ont conservé des niveaux d’alcool contenus (autour de 14°) et surtout une belle fraîcheur. Les matières sont pleines, denses et présentent des profils aromatiques complexes. Les très beaux terroirs granitiques avec un peu d’altitude ont moins souffert que les bas de côteaux, et notamment sur les jeunes vignes. La patience récompensera ceux qui sauront les laisser vieillir en cave. Un grand millésime à n’en pas douter.
Les notes du millésime 2022 dans la vallée du Rhône sud
Rouges : 17/20
Blancs : 16/20
Le millésime 2022 est né dans des conditions compliquées dans le sud de la vallée du Rhône. Hormis au mois de décembre qui était dans la normale, le manque de pluie a été criant et a entraîné une situation de sécheresse dès le mois de mars et jusqu’en fin de campagne en octobre. Une donnée est édifiante : entre le stade du débourrement de la vigne et celui de la récolte, le millésime 2022 a été le plus chaud et le plus sec jamais observé depuis 1950, encore plus marqué que 2003 !
La précocité du cycle végétatif s’est accentuée à mesure que les semaines passaient. La floraison a ainsi eu lieu 2 jours plus tôt que d’habitude dans des conditions sanitaires très bonnes, et la véraison 10 jours plus tôt que la moyenne. Les cépages les plus précoces ont parfois atteint leur maturité vers le 10 août et ont dû être récoltés dans des conditions très sèches. Heureusement, des pluies salvatrices sont arrivées autour du 15 août permettant de regonfler un peu les baies et de permettre une certaine redynamisation de la maturation des raisins. Cependant, les niveaux d’acidité se sont avérés très bas avec notamment des concentrations d’acide malique historiquement faibles.
Globalement, l’état sanitaire des raisins était très bon mais des différences de maturité ont été observées, nécessitant d’étaler sur une période relativement longue les vendanges. Selon les secteurs et l’eau qu’ils ont pu recevoir, le profil des vins présente de vraies disparités. Les pluies de septembre ont permis notamment de permettre d’atteindre une maturité phénolique optimale.
Au global, les vins rouges présentent généralement un profil concentré mais ne tombant pas dans les excès de maturité constatés sur d’anciens millésimes solaires comme 2003. Le travail de sélection des vignerons aura été décisif. Côté cépages, grenaches et mourvèdres se sont plutôt mieux comportés que les syrahs (dont la maturité n’a pas toujours été optimale) et les carignans. Dans des appellations comme Rasteau, Gigondas ou bien encore Costières-de-Nîmes, les jus présentent une belle couleur, des équilibres intéressants et de belles structures tanniques. A Châteauneuf-du-Pape, les pluies de la mi-août, parfois dévastatrices à cause de la grêle, ont là aussi permis d’aller vers une bonne maturité phénolique.
Côté blancs, les vins présentent un profil plus riche que ceux de 2021 mais sans tomber dans des excès de puissance, de gras ou de surmaturité. Les vignes, parfois vendangées tôt, ont réussi à conserver une certaine fraîcheur en dépit de niveaux d’acidité globalement bas.
Les notes du millésime 2022 dans le sud-ouest
Rouges : 15-16/20
Blancs : 16/20
A Cahors, on a pu craindre le pire sur ce millésime 2022. Début avril, c’est le gel qui a frappé l’ouest de l’appellation, avant qu’un orage de grêle fin juin ne dévaste 1 300 hectares. Un nouvel épisode sera en outre observé en septembre. Ajoutez à tout cela, une sécheresse importante dans tout le vignoble de la fin du printemps à l’été. Malgré cela, la qualité est au rendez-vous. Les vendanges ont véritablement été initiées le 6 septembre mais la majorité des merlots ont été ramassés à partir du 12 septembre, avant que les malbecs ne le soient à leur tour.
Les vins présentent de très belle matière, avec des équilibres très appréciables, notamment des degrés contenus. Les profils aromatiques offrent des fruités précis et complexes et les matières associent densité et fraîcheur, ce qui en fait un très bon millésime.
Du côté des côtes de Gascogne, la baisse des volumes (35% à 40%) est très importante par rapport à la moyenne des dernières décennies et représente la plus petite récolte observée depuis 1991. La précocité de la vigne au printemps, liée à la douceur observée, a conduit à un débourrement très précoce qui a été dramatique lorsque les gelées noires ont frappé le vignoble. En outre, des orages de grêle violents ont touchés de nombreux secteurs en juin et en août. Enfin, la sécheresse estivale a été très marquée. En dépit de cela, la qualité est au rendez-vous grâce à un état sanitaire parfait et à des maturités optimales. Les vins blancs (70% de la production) réjouiront les amateurs grâce à leur belle expressivité, portée par des notes typées d’agrumes, de fruits exotiques ainsi qu’une vraie fraîcheur en bouche les rendant très digestes et plaisants.
Le vignoble de Gaillac a pour sa part été épargné par la grêle (à l’inverse de 2021) mais offrent lui aussi des quantités limitées. Les vins blancs présentent davantage un profil fruité qu’acidulé. Les vins rouges, hétérogènes, offrent un fruité plaisant, parfois couplé à une belle fraîcheur. Enfin, à l’image de la plupart des vignobles français, Madiran et Pacherenc du Vic-Bilh n’ont pas été épargnés par les aléas climatiques. Durement touchées par des épisodes de gel – pour la seconde année – et de grêle, les répercussions sur les rendements ont parfois été considérables. L’été 2022, très sec, a eu un impact sur la taille des raisins qui ont donné peu de jus. Les volumes de vin produits sont donc limités mais les vins sont agréablement fruités.
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