Découvrez l’analyse complète du millésime 2021 en France, région par région. Un millésimé exigeant pour les vignerons mais ayant donné de très jolis vins dans plusieurs régions, notamment pour les blancs.
- Le millésime 2021 en Alsace
- Le millésime 2021 dans le Beaujolais
- Le millésime 2021 à Bordeaux
- Le millésime 2021 en Bourgogne
- Le millésime 2021 en Champagne
- Le millésime 2021 dans le Languedoc
- Le millésime 2021 dans le Jura et la Savoie
- Le millésime 2021 en Provence et Corse
- Le millésime 2021 dans le Roussillon
- Le millésime 2021 dans la Vallée de la Loire
- Le millésime 2021 dans le Rhône nord
- Le millésime 2021 dans le Rhône sud
- Le millésime 2021 dans le Sud-Ouest
Le millésime 2021 en Alsace
Blancs secs : 15/20
Blancs moelleux : NA
Rouges : 13/20
Les millésimes se suivent mais ne se ressemblent pas dans la région. Après un millésime 2020 qui avait marqué les esprits par sa très grande qualité et son homogénéité, 2021 a donné naissance à des vins de qualité variée, certains cépages ayant particulièrement souffert des conditions climatiques très complexes.
Tout avait commencé avec un printemps inhabituellement chaud ayant conduit à un débourrement précoce des vignes. Celles-ci ont donc été très exposées aux épisodes de gel qui se sont abattus sur le vignoble. Ceux-ci n’ont finalement pas trop fait de dégâts, contrairement aux violentes attaques de mildiou qui ont été la conséquence d’un mois de juillet très pluvieux. Le retour du beau temps en août est allé de pair avec des épisodes d’oïdium. Cet enchaînement défavorable a conduit à une baisse drastique des rendements, allant de 50% à 80% !
Heureusement que les mois de septembre et octobre ont vu le retour d’un beau temps ensoleillé. Couplées à des nuits fraîches, ces journées ont réussi à sauver une vendange qui paraissait mal engagée. Les premiers coups de sécateurs ont été donnés le 13 septembre pour les crémants, puis une semaine plus tard, le 20 septembre, pour les Alsace et Alsace Grands Crus. Nombre de vignerons ont préféré repousser au maximum leurs vendanges pour pouvoir atteindre des niveaux de maturité plus aboutis. Ce pari, lorsqu’il a été pris, s’est révélé gagnant. Les vendanges tardives et les sélections de grains nobles ont été récoltées pour leur part à partir du 4 octobre mais dans des conditions extrêmement limitées sous la conjonction d’un botrytis peu présent et de vignerons préférant orienter leur faible récolte sur les vins secs.
Dans ces conditions tout à fait exceptionnelles (du jamais vu en Alsace depuis plus d’un demi-siècle), seul le riesling a véritablement brillé. Les vins sont d’une très grande qualité, présentant tout à la fois des niveaux de concentration admirables, notamment dans les grands crus, ainsi qu’une trame acide ciselée qui devrait leur conférer un très bon potentiel de garde. De grands vins en perspective.
Les muscats et les sylvaners sont également dignes d’intérêt et offrent une belle opulence aromatique et une matière étoffée. Les gewurztraminers, sans être d’une profondeur mémorable, présentent toutefois une belle typicité aromatique.
Du côté des pinots, le niveau qualitatif apparaît un peu plus en deçà. Les pinots gris et pinots blancs sont plaisants mais n’ont pas une grande constitution. Les pinots noirs, de leur côté, sont peut-être ceux qui ont le plus souffert. S’ils s’accompagnent de notes fruitées agréables, leur niveau de concentration fait quelque peu défaut. Ce seront des vins à boire rapidement.
Le millésime 2021 dans le Beaujolais
Rouges : 16/20
Le début de l’année 2021 s’annonçait sous des auspices presque habituels au niveau climatologique. Malheureusement, à l’instar de bon nombre d’autres régions françaises, les conditions vont se dégrader entre les mois d’avril et début août. La région va alors connaître successivement des épisodes de gel historiques courant avril puis des records de pluviométrie courant mai, le froid continuant à s’imposer. Les conséquences se sont évidemment fait ressentir sur le cycle végétatif de la vigne qui a accumulé du retard par rapport aux moyennes décennales.
La floraison s’est déroulée plus tard que prévu et le vignoble n’a ensuite pas vraiment accéléré sa croissance du fait d’un mois de juillet lui aussi catastrophique. Les vignerons n’avaient pas vu autant de pluie dans la région depuis près de cinquante ans ! Ce millésime particulièrement difficile pour eux à la vigne s’acheminait vers une qualité très moyenne s’accompagnant de rendements réduits, le vignoble ayant subi des attaques de maladies cryptogamiques parfois fortes. Fort heureusement, le temps va enfin finir par s’inverser et de la mi-août jusqu’aux vendanges avec un temps redevenu plus sec et un ensoleillement retrouvé.
Le retard constaté tout au long du millésime ne sera finalement jamais rattrapé et le lancement des vendanges sera officiel le 13 septembre tant pour les Beaujolais que les Beaujolais villages, ce qui représente tout de même un décalage de dix jours en comparaison de la moyenne observée sur près d’une vingtaine d’années. Les crus, eux, ont été vendanges plus tard comme à l’accoutumée.
Avec des quantités limitées, ce millésime a pu faire craindre le pire. Et pourtant, l’été indien de fin de campagne a permis une bonne maturation des raisins. Ceux-ci ont atteint des équilibres que l’on pourrait qualifier de classiques, c’est-à-dire beaucoup moins marqués par de forts degrés alcooliques comme cela avait pu être le cas les années précédentes. Il en ressort donc des gamays particulièrement gouleyants et friands, exprimant une matières ciselée teinté par de belles notes de fruits rouges précises. Les vins ont conservé de la fraîcheur et une matière tout en finesse, rendant leur dégustation particulièrement digeste et plaisante. Les Beaujolais et Beaujolais Villages jouant cette partition aérienne seront à boire relativement rapidement.
Toutefois, comme c’est généralement le cas dans les millésimes plus compliqués, les meilleurs vignerons de la région ont produits des vins ayant fière allure, notamment dans les crus ou les meilleures cuvées affichent de belles concentrations et un grand potentiel de garde.
Le millésime 2021 à Bordeaux
Rouges de la rive gauche : 15 – 16,5/20
Rouges de la rive droite : 15 – 16,5/20
Blancs secs : 18/20
Blancs liquoreux : 18,5/20
Le millésime 2021 n’aura pas été de tout repos dans toutes les zones du Bordelais, peut-être le plus exigeant et le plus éprouvant depuis le délicat millésime 2013. Tout au long de l’année, les conditions météorologiques auront mis les nerfs de tous à rude épreuve.
Tout avait commencé avec un débourrement précoce de la vigne partout dans la région du fait d’un hiver trop doux. A ce stade, les vignes présentaient même une certaine précocité qui leur sera finalement préjudiciable dans les semaines suivantes. En effet, de graves gelées vont s’abattre tel un fléau sur l’ensemble du vignoble au début du mois d’avril, impactant les deux rives mais tout particulièrement le Sauternais qui va subir des pertes très significatives, parfois totales de récoltes. Autre conséquence de ces épisodes extrêmes de gelées qui vont continuer à se manifester jusqu’au début du mois de mai, une future maturité des raisins présentant une véritable hétérogénéité selon les terroirs.
Un court répit va toutefois permettre à la floraison de se dérouler sans trop d’encombres au cours du mois de juin mais, déjà, des retards dans le cycle de croissance végétative sont à observer. Les semaines qui s’en sont suivies ont continué à miner les esprits. Des averses de grêle vont durement toucher certains secteurs, la pluie semblant pour sa part ne plus vouloir quitter la région. Ce sera le cas de fin juin à fin juillet, mois qui n’avait pas été aussi maussade depuis des années, tant rive droite que rive gauche. Toute cette humidité permanente va évidemment offrir un terrain plus que favorable aux maladies et notamment le mildiou qui va s’exprimer avec vigueur. L’insuffisant ensoleillement et les températures fraîches ont induit quant à elle une maturation lente et peu aisée des baies en outre gonflée par les pluies.
Le retour du beau temps fin août début septembre permettra toutefois de sauver le millésime. Les blancs secs qui seront vendangés au cours du mois seront ceux qui auront le plus bénéficié de ces conditions dantesques, la fraîcheur de l’été ayant notamment permis de conserver de belles acidités dans les raisins présentant en outre de très beaux potentiels aromatiques. Globalement très réussis, les blancs secs sont parfois de très haut niveau, notamment dans les meilleurs crus des Graves.
Bien que très affecté par les conditions de l’année, avec peu de raisin in fine, le Sauternais va lui aussi tirer parti des alternances de chaleur et de quelques précipitations, situation idéale pour le développement de la pourriture noble. Les raisins qui avaient conservé de belles acidités et une très belle complexité aromatique, vont ainsi atteindre des niveaux d’équilibre superbes laissant augurer de très grandes réussites parties pour durer qui marqueront les esprits.
Le bilan est quant à lui beaucoup plus complexe s’agissant des rouges. Le mot clé du millésime les concernant est sans aucun doute hétérogénéité. Les propriétés ont été impactées différemment par les catastrophes climatiques, les choix à la vigne et en termes de dates de vendange accentuant encore les fortes différences qualitatives constatées. Globalement, les merlots, notamment rive droite, ont présenté une intéressante complexité aromatique même s’ils n’étaient pas aussi flamboyants que sur certains des millésimes précédents. Les cabernets, francs et sauvignons, ont pour leur part atteint de très beaux équilibres lorsque les propriétés ont suffisamment prolongé les maturations. Si les vendanges ont été initiées ici dès le mois de septembre, avec parfois des sous-maturités impliquant des manques de matière et des milieux de bouche creux, les très bonnes conditions météorologiques des semaines suivantes (maturation lente et régulière, grands écarts de température entre le jour et la nuit) ont permis de donner naissance à de grandes réussites, charnues et pleines, en particulier sur les beaux terroirs de graves.
Sur les rouges, il ne faudra donc pas négliger ce millésime plus classique en comparaison du flamboyant trio de millésimes précédents, tout en faisant preuve de discernement entre les différentes propriétés.
Le millésime 2021 en Bourgogne
Rouges : 16/20
Blancs : 17/20
Le Millésime 2021 a laissé des traces dans les corps et les esprits des vignerons bourguignons qui ont dû affronter des conditions difficiles au cours de cette année fluctuante en termes météorologiques.
Frais jusqu’au mois de mars, le temps a toutefois changé drastiquement au tout début du mois d’avril pour offrir des températures inattendues pour la saison, plus élevées que la normale. La conséquence directe de situation atypique a été la dynamique de pousse constatée au niveau des vignes. Ces dernières ont ainsi initié leur phase de débourrement, ce qui va s’avérer très problématique quelques jours plus tard seulement. En effet, comme dans d’autres régions hexagonales, une vague d’air polaire va s’abattre sur la région et provoquer plusieurs nuits de gel intense. Selon les secteurs, les pertes vont être modérées à sévères, jouant évidemment sur les rendements finaux. La taille des baies va aussi s’en ressentir par la suite, permettant une certaine concentration aromatique des raisins.
La vigne, heurtée par ces évènements climatiques, va montrer une certaine torpeur dans les semaines suivantes, peu aidées à en sortir du fait d’une morosité constante observée sur avril et mai. Fraîcheur et pluie continuent d’être au rendez-vous et le retour du beau temps au début du mois de juin paraît presque inespéré. Il va permettre à la floraison de se passer dans de bonnes conditions. La hausse des températures va, pour sa part, stimuler les vignes qui vont progressivement rattraper le retard qu’elles avaient pu accumuler jusqu’ici, tant dans l’Yonne, la Côte d’Or qu’en Saône-et-Loire.
Malheureusement, la dégradation météorologique va vite arriver et de nouvelles conditions pluvieuses et fraîches vont rythmer tout le mois de juillet ainsi que la première moitié du mois d’août. De nouvelles pertes vont alors être observées du fait de la prolifération du mildiou, de l’oïdium et même parfois du botrytis. Un casse-tête qui va mobiliser beaucoup les équipes dans les vignes qui trouveront enfin du répit fin août avant le retour de conditions plus automnales à la fin du mois.
In fine, les vendanges ont commencé dans le Mâconnais pour les crémants dès le 8 septembre, les vendanges destinées aux vins tranquilles du reste de la région commençant de leur côté autour du 20 septembre. Et, contrairement aux cycles classiques des cépages, ce ne sont pas les chardonnays qui ont été récoltés les premiers mais les pinots noirs. En rouge comme en blanc, les meilleurs résultats ont été obtenus en faisant preuve de la plus grande vigilance en matière de tri, tant dans les vignes qu’en cave. C’est à cette condition que des jus de qualité ont pu être obtenus.
Du nord au sud, du chablisien au Mâconnais, les vins blancs de ce millésime s’avèrent réussis et ont en commun de présenter une très belle gourmandise de fruit, souvent florale. Les vins offrent de beaux équilibres classiques, portés par une minéralité et une belle fraîcheur dans le Chablisien et affichant davantage de corps et d’opulence en Côte d’or et en Côte chalonnaise. Les vignerons les plus méticuleux ont donné naissance à de grands vins de garde. Du côté du Mâconnais, les équilibres sont très intéressants, entre précision, sapidité et aromatique séductrice.
Côté vins rouges, 2021 ne présente évidemment pas les mêmes niveaux de concentration ni d’alcool que sur les millésimes précédents. Mais c’est tant mieux. Les vins, quelque peu hétérogènes, s’avèrent toutefois particulièrement friands, enthousiasmants même par leurs notes fruitées ciselées et précises lorsqu’ils sont réussis. En Côte de Nuits et Côte de Beaune, les vins séduisent par leur toucher de bouche d’une très grande élégance, associant des tannins veloutés et soyeux et une matière longiligne. Jouant moins la puissance que la finesse, leur équilibre pourrait faire date. Leur caractère classique les rend déjà très appréciables. La Côte chalonnaise a également produit de son côté des vins de belle facture.
Le millésime 2021 en Champagne
Blancs de noirs : 14,5/20
Blancs de blancs : 14,5/20
Pour commencer, notre petit rappel traditionnel : il est important de se rappeler des deux particularités champenoises qui relativisent toujours un peu l’appréciation du dernier millésime dans ce vignoble. La première, c’est que la très grande majorité des bouteilles de champagne consommées… ne sont pas millésimées, mais résultent d’un assemblage de plusieurs millésimes dont la combinaison, en fonction de leurs qualités respectives, est censée apporter un équilibre gustatif quasi constant. Les qualités (ou les insuffisances) d’un seul millésime ne sont donc pas déterminantes. La seconde raison est qu’un champagne est un vin “transformé” et que, pour juger de la qualité réelle d’un millésime, on n’a que deux solutions : soit goûter au bout de quelques mois de vinification les “vins clairs” de l’année, avant leur champagnisation (mais ce ne sera qu’une impression incomplète), soit attendre la fin du cycle de production d’un champagne millésimé, c’est-à-dire plusieurs années plus tard…
Les 3 millésimes précédents avaient presque fait oublier que certaines années pouvaient être fraîches et humides en Champagne. 2021 l’a bien rappelé à tous les vignerons de la région qui ont vécu une saison très éprouvante. Le débourrement précoce des vignes à la suite d’un temps presque estival à la fin du mois de mars a eu des conséquences désastreuses par la suite avec l’arrivée d’épisodes de gel nombreux et répétés (pas moins de 12 jours de gel observés entre le 6 avril et le 3 mai !). Les semaines suivantes laisseront peu de répit au niveau météorologique, la pluie abondante alternant avec de fortes grêles localisées, à l’exception de la période de la floraison en juin.
Les précipitations ont atteint cette année des niveaux jamais observés dans la région, notamment lors d’épisodes diluviens à la mi-juillet. Ces conditions ont représenté du pain béni pour le mildiou qui n’avait jamais frappé la Champagne avec autant de vigueur. Les raisins noirs (pinot noir et pinot meunier) ont été encore plus durement touchés que le chardonnay. Les rendements, déjà impactés par le gel, ont été réduits encore davantage, la région vendangeant in fine l’une des plus petites récoltes de ces dernières décennies. Au global, la qualité des vins, lorsque les tris ont été correctement réalisés, s’avère correcte mais ne marquera certainement pas les esprits. Une situation qui devrait conduire souvent à ne pas déclarer de millésime.
Le millésime 2021 dans le Languedoc
Les rouges : 15/20
Les blancs : 16/20
Le Languedoc n’aura pas été épargné par un millésime 2021 compliqué ayant conduit à des rendements plus faibles qu’à l’accoutumée, présentant des baisses de 12% sur les AOC à 24% sur les IGP, les vins rouges étant globalement plus concernés que les blancs et les rosés. Cette situation est due à un enchaînement défavorable de facteurs. Après des températures anormalement élevées au cours du mois de mars, la vigne a entamé son débourrement. Les bourgeons sortis ont alors été durement atteints par l’épisode de gel sévère de début avril qui a touché presque l’ensemble des appellations de la région, à de rares exceptions près comme Faugères. S’en sont suivi des mois de mai à juillet marqués par une certaine fraîcheur et de l’humidité. Des conditions plus estivales ont ensuite permis d’obtenir une maturation correcte des raisins. La période de maturation plus longue que d’habitude a par ailleurs permis aux baies de conserver dans leur ensemble de bons niveaux d’acidité.
Habitué à produire des vins rouges charpentés, le Languedoc a sur ce millésime 2021 retrouvé des équilibres différents, avec des tanins plus souples et des matières bien juteuses. Finesse et fraîcheur caractérisent les vins qui offrent beaucoup de plaisir à la dégustation dans leur jeunesse, comme sur les appellations Languedoc, Saint-Chinian ou bien encore Faugères. Moins opulents que sur les millésimes précédents, ils s’avèrent toutefois digestes et élégants.
C’est peut-être du côté des vins blancs que les surprises sont les plus nombreuses. Les vins, qui ont conservé une belle acidité, affichent en effet des profils aromatiques tout à fait intéressants, vibrants et plein d’éclat. Leur caractère nerveux, équilibré et frais leur permettront de ravir les amateurs au cours de prochaines années.
Le millésime 2021 dans le Jura et la Savoie
Les rouges : 15/20
Les blancs : 15/20
Pour plagier la reine Elisabeth II, ce millésime peut être décrit comme une « Annus horribilis » pour le Jura. Rarement les conditions climatiques auront été aussi difficiles dans la région. Comme dans d’autres régions françaises, le mois de février a été anormalement chaud permettant à la vigne d’enclencher son cycle végétatif. L’arrivée d’épisodes de gel au début avril, quoique pas inhabituels dans la région, ont donc eu des effets néfastes sur le vignoble notamment dans le sud. Par la suite, de violents orages de grêle se sont abattus cette fois-ci dans le nord du vignoble, notamment à Arbois et Château-Chalon. Pour compléter ce tableau, c’est la pluie qui a finalement pris le relais tout au long du mois de juillet et jusque début août. Sa grande intensité a même provoqué d’importants glissements de terrain à Château-Chalon. Les pertes de rendements ont été donc très importantes, de l’ordre de 70% ! Le chardonnay et le poulsard ont été les cépages les plus impactés, le savagnin résistant finalement mieux à ces conditions. C’est donc lui que l’on trouvera plus facilement. Finalement, les vins présentent une belle typicité aromatique, tant en blanc qu’en rouge et beaucoup de fraîcheur. Digestes, ils n’ont pas de grands niveaux de concentration mais révèlent toutefois de beaux équilibres.
En Savoie, la récolte a été beaucoup plus faible sur le millésime 2021 en comparaison des années précédentes en raison principalement du gel de printemps et d’épisodes de grêle vers la fin de l’été notamment sur les secteurs d’Apremont et de Chignin qui ont fait baisser les rendements d’environ 30% (83 000 Hl seulement contre 115 000 Hl en temps normal). Les conditions météorologiques ont été sinon plutôt favorables avec peu de pression des maladies et donc un bon état sanitaire des raisins au moment des vendanges. Celles-ci ont débuté vers le 20 septembre pour les cépages les plus précoces puis fin septembre début octobre pour la jacquère et la mondeuse, des dates correspondant à une année classique. L’allongement de la maturation des baies a permis de conserver un équilibre sucre / acidité appréciable, apportant davantage de fraîcheur aux vins. Ceux-ci présentent des matières aériennes et s’avèrent très digestes. Les blancs présentent des notes de fruits frais et de fleurs blanches. Les jacquères, notamment, sont de belle qualité avec une touche bien minérale et des notes fumées et de silex. Les altesses ont de leur côté produit des blancs très équilibrés, un millésime de référence. S’agissant des rouges, les mondeuses à juste maturité offrent une aromatique très séductrice, oscillant entre notes de violette et de cassis très appétentes.
Le millésime 2021 en Provence et Corse
Rouges : 15 – 16/20
Blancs : 16/20
La Provence s’est fait peur au cours de l’année 2021 mais cela s’est finalement bien terminé. Après un hiver très sec, le printemps aura été marqué par deux phénomènes remarquables : deux jours d’un gel inédit dans la région, parfois dans des zones qui n’en avaient plus connu depuis un demi-siècle, ainsi que beaucoup de pluie. Heureusement, la période estivale a permis de retrouver des conditions propices à la bonne maturation des raisins. In fine, les quantités produites ont été en ligne avec une année classique. La qualité des vins s’avère tout à fait satisfaisante avec des rosés pimpants, aux arômes éclatants et portés par une belle fraîcheur. Du côté des vins blancs, les matières sont dotées d’une belle rondeur et séduisent par une aromatique là aussi bien définie et séduisante. Les vins rouges enfin offrent un profil plus frais et fluide que les années précédentes, régalant de notes de fruits rouges ciselées, porté par une matière tannique moyenne les rendant très digestes.
Si la Corse a subi également de plein fouet l’épisode de gel de début avril, spécialement dans le sud de l’île ainsi que dans une partie des terres, elle n’a toutefois pas connu de pluies abondantes par la suite. Bien au contraire, c’est une longue période de sécheresse à laquelle la Corse a dû faire face pendant près de 4 mois entre la mi-mai et fin septembre. Des foyers de maladie, notamment mildiou, et des attaques de ravageurs comme la pyrale des agrumes ont contribué à accentuer les pertes de rendements qui se sont avérées toutefois mesurées, de l’ordre de 15% par rapport à l’année 2020. Les vins présentent un beau niveau qualitatif, avec des blancs marqués par une belle fraîcheur due à un bon niveau d’acidité. Les vins rouges sont, dans l’ensemble, dotés de matières élégantes et ne manquant pas de concentration (à l’exception peut-être de quelques sciacarellu). De jolis vins au profil classique.
Le millésime 2021 dans le Roussillon
Rouges : 16/20
Blancs : 16/20
Gel et sécheresse ont été les marqueurs clés de ce millésime 2021 complexe dans le Roussillon. Comme la plupart des régions de France, l’épisode de gel de début du mois d’avril va avoir une incidence sur les rendements. Le temps frais d’avril et mai aura pour conséquence de ralentir la croissance des vignes, retard qui ne sera jamais rattrapé et qui se constatera sur les dates de vendanges. La sécheresse très marquée qui va impacter l’ensemble du territoire tout au long de la période estivale (le déficit hydrique était de l’ordre de 50% par rapport à une année normale) va, elle aussi, renforcer la tension sur les rendements, très en deçà d’une année classique. Seul point plutôt favorable, la pression des maladies, notamment le mildiou, a été plus faible qu’à l’accoutumée. In fine, les vendanges ont été initiées généralement à partir de la mi-août, soit une dizaine de jours plus tard qu’en 2020. Les grappes récoltées présentaient des poids inférieurs à la normale et les rendements en jus ont, eux aussi, été faibles.
Les vins se caractérisent davantage par leur côté digeste et équilibré que par leur concentration. Les vins blancs s’avèrent ciselés et portés par d’intéressants niveaux d’acidité. Ils affichent une belle présence en bouche. Du côté des vins rouges, les notes de fruits rouges et d’épices dominent, accompagnant des matières souples et veloutées. Ils s’affirment comme très digestes, harmonieux et frais. Les Vins Doux Naturels, enfin, sont charmeurs avec de belles complexités aromatiques, de la fraicheur pour les muscats de Rivesaltes et davantage de puissance sur les grenaches.
Le millésime 2021 dans la Vallée de la Loire
Rouges : 15/20
Blancs : 16/20
Blancs moelleux : 16/20
Aromatiques et frais, les vins de Loire auront été fidèles à leur identité sur ce millésime 2021 qui n’avait toutefois pas été très reposant. D’est en ouest, des vignobles du Centre-Loire jusqu’à ceux du pays nantais, aucun vignoble ligérien n’aura été épargné par les forts épisodes de gel du début du mois d’avril. Certains secteurs ont ainsi été très impactés, notamment dans le Muscadet, l’Anjou, du côté de Montlouis ou bien encore du côté du Sancerrois. Après un hiver très pluvieux, la pluie reviendra en force à partir du mois de mai et surtout en juin, ne laissant qu’une petite fenêtre de répit au moment propice de la floraison.
Ces conditions très humides ont favorisé logiquement l’apparition d’importants foyers de mildiou mais aussi d’oïdium qui ont été combattus pendant de longues semaines. Les températures n’ont de leur côté pas été très élevées, affichant des moyennes sur juillet et août parfois inférieures de près de 1,5 degrés à ce qu’elles auraient dû être dans des conditions normales. La maturation des raisins sera donc lente, ce qui permettra cependant de conserver de bons niveaux d’acidité dans les baies. Jusqu’au bout, les conditions météorologiques auront constitué une menace, les vendanges étant finalement lancées la 2ème semaine de septembre en Anjou, le 17 du mois dans le Centre-Loire pour se terminer avec les dernières récoltes de cépages rouges à la toute fin du mois d’octobre. Enfin, les belles conditions automnales de fin de saison, associant des brumes matinales régulières et de beaux après-midis ensoleillés, ont permis de donner naissance à des vins moelleux de qualité.
S’agissant du profil des vins, les rouges imposent leur caractère aromatique précis marqué par des notes appétentes de fruits rouges, tant dans le Centre-Loire que du côté de la Touraine, à Chinon notamment. Ils présentent moins de concentration que ceux des millésimes précédents mais permettent au contraire de retrouver des équilibres beaucoup plus classiques. De vrais vins de plaisir. Côté vins blancs, le melon de Bourgogne s’avère de belle facture. Les Muscadets associent une belle ampleur aromatique à une matière présente et une fraîcheur affirmée. Les sauvignons déploient une palette aromatique oscillant entre notes florales et fruits exotiques. Quant aux vins liquoreux, ils peuvent s’enorgueillir d’une belle complexité aromatique couplée à une acidité présente qui leur permettra d’affronter le temps.
Le millésime 2021 dans le Rhône nord
Rouges : 16/20
Blancs : 17/20
Le nord de la vallée du Rhône semble être revenu en 2021 à des conditions climatiques plus classiques, en tout état de cause beaucoup moins chaudes et sèches que celles connues lors des millésimes précédents. Le climat aura toutefois été beaucoup plus rude avec un enchaînement d’évènements climatiques induisant des rendements moindres ainsi qu’une certaine hétérogénéité selon les secteurs. Au gel de printemps ont succédé des pluies très importantes parfois couplées avec d’importants épisodes de grêle. De manière générale, les conditions observées ont rappelé à certains vignerons celles qu’ils observaient deux décennies plus tôt. Les maturités obtenues étaient moins avancées et les concentrations moins poussées.
Elégance et finesse sont les maitre-mots des vins rouges, les syrahs présentant des niveaux d’alcool moins élevés que ceux des derniers millésimes ainsi que de bons niveaux d’acidité. Il en ressort donc des vins qui jouent davantage le registre aromatique des épices associé à une matière voluptueuse portée par des tannins soyeux. Une typicité de vins différente que l’on retrouve tant sur Côte-Rôtie et l’Hermitage que sur Saint-Joseph et les Crozes-Hermitage. Des vins particulièrement digestes, immédiatement charmeurs mais qui n’auront certainement pas un potentiel de garde très grand.
Les vins blancs, pour leur part, ont tiré totalement partie de ces conditions particulières. Les niveaux de maturité sont tout à fait satisfaisants avec des vins ayant retrouvé des équilibres beaucoup plus digestes. Les matières, moins concentrées, se font plus fluides mais non dénuées de fond. Quant aux belles acidités, elles permettent de diriger les vins qui charment ainsi par leur droiture et leur fraîcheur. Assurément, un très beau millésime, que ce soit pour les Condrieu (le viognier s’exprime admirablement bien), les Crozes-Hermitage ou bien encore les Saint-Peray.
Le millésime 2021 dans le Rhône sud
Rouges : 15/20
Blancs : 17/20
Ce millésime 2021 dans le sud de la vallée du Rhône aura notamment été marqué par le gel qui, selon les zones, aura eu des impacts plus ou moins marqués (les températures ont pu descendre jusqu’à -7 degrés dans certaines parties du Vaucluse). Il ne faudrait pas non plus sous-estimer l’impact des épisodes de grêle qui ont été parfois très importants. La période estivale de juin à mi-août aura été plus clémente, garantissant une maturation satisfaisante des raisins, quoique plus lente qu’en 2020 du fait de conditions moins caniculaires. Le mois de septembre a en outre constitué un véritable défi compte tenu de la pluviométrie élevée qui a induit une pression importante en matière de maladies cryptogamiques.
En matière de vins rouges, notamment sur les différents crus, les syrahs présentent une couleur sombre et intense quand les grenaches apparaissent légèrement moins concentrés que lors des millésimes précédents. Globalement, la qualité des tannins est tout à fait appréciable avec beaucoup de rondeur et de soyeux. Les vins retrouvent des profils plus frais en comparaison des millésimes précédents avec des fruités beaucoup plus croquants et juteux s’accompagnant parfois de tannins légèrement fermes. Des vins qui se dégusteront davantage sur leur jeunesse.
Du côté des vins blancs, les acidités retrouvées permettent d’avoir des équilibres tout à fait intéressants, celles-ci contrebalançant admirablement des maturités abouties mais sans excès. Leur fruité s’avère éclatant et les matières en bouche sont très digestes et empreintes d’une grande fraîcheur. Sans aucun doute des vins qui plairont au plus grand nombre.
Le millésime 2021 dans le Sud-Ouest
Rouges : 15/20
Blancs : 15,5/20
Blancs moelleux : 15,5/20
Les vignobles très étendus géographiquement auront pourtant tous connu des conditions difficiles sur ce millésime 2021. Le gel d’avril a frappé, amputant de manière parfois significative les rendements comme à Cahors ou ceux-ci sont inférieurs de moitié à une année classique. Globalement, les mois suivants auront été relativement maussades, combinant des températures moins élevées qu’à l’accoutumée ainsi que des pluies souvent soutenues, notamment au mois de juillet, entraînant une lutte intense contre les maladies comme sur les appellations Madiran et Pacherenc du Vic-Bilh ainsi que du côté de Gaillac. Du côté des Pyrénées, l’appellation Irouléguy a, elle aussi, dû affronter des conditions défavorables associant fraîcheur et humidité au cours de l’été. Dans les Côtes de Gascogne, les pluies auront aussi accompagné l’été et les vendanges. Heureusement, le mois d’août plus clément dans certains secteurs aura permis une bonne maturation des raisins.
Globalement, ces conditions climatiques ont toutefois entraîné un millésime plus tardif qui a vu les vins blancs et moelleux tirer leur épingle du jeu. Les vins aromatiques, équilibrés et frais avec des niveaux corrects d’acidité s’avèrent d’une belle gourmandise notamment en Côtes de Gascogne et à Irouléguy. Les vins rouges n’ont souvent pas les mêmes niveaux de concentration que ceux des années précédentes plus solaires mais ils n’en demeurent pas moins dotés d’un fruit gourmand, parfois croquant et des tanins souples. Des vins de plaisir qui seront consommés plutôt jeunes.