Au sein d’une côte de Nuits qui n’en finit pas d’enchaîner les records, les vins du domaine Roumier ont récemment atteint de nouveaux sommets. Retour sur une belle histoire familiale.
La vente qui s’est achevée en ligne le 22 novembre sur iDealwine avait ceci de particulier que tous les vins proposés aux enchères provenaient la cave d’un couple d’amateurs, passionné de toutes les régions, mais dont le cœur bat particulièrement pour les grands pinots noirs de Bourgogne. Au cœur de leur collection, de grands crus signés Coche-Dury, en blanc, et Roumier, en rouge. Deux domaines dont ils ont fait la découverte dans les années 1970, et dont ils n’ont jamais cessé d’acheter les vins. Ces derniers mois, ils ont décidé de se séparer de certaines bouteilles pour continuer à donner libre cours à leur passion pour le vin. Ils nous ont donc confié à la vente quelques joyaux, parmi lesquels de mythiques millésimes des grands crus issus du domaine Georges Roumier.
A son mariage en 1924, Georges Roumier hérite de quelques parcelles qui appartiennent à sa femme. Il prend alors la direction du domaine viticole familial de son épouse, qui s’étend alors sur plusieurs parcelles des appellations Chambolle-Musigny et Bonnes-Mares. La fin de la seconde guerre mondiale marque le véritable essor du domaine, et le début d’une reconnaissance des vins portant la signature Roumier. En 1945, Georges Roumier initie la mise en bouteille au domaine. Il agrandit l’exploitation en rachetant différentes parcelles à Bonnes-Mares et du Clos Vougeot et en faisant en 1953 l’acquisition d’un clos entier situé à Morey-Saint-Denis, le Clos de la Bussière. Son fils, Jean-Marie Roumier, poursuit cet essor et étend le domaine sur les appellations de Corton Charlemagne et Musigny.
Depuis 1982, le talentueux Christophe Roumier gère brillamment le domaine patiemment constitué par son père et son grand-père. Il s’agit désormais de l’une des signatures de Bourgogne les plus prisées au monde pour son musigny ou encore son chambolle 1er cru Les Amoureuses. Aujourd’hui, le vignoble couvre 11,8 hectares, incluant des parcelles qui figurent sans conteste parmi les plus prisées de la côte de Nuits. Deux cuvées (le charmes-chambertin et le ruchottes-chambertin) proviennent de parcelles en métayage. Elles sont étiquetées « Christophe Roumier » mais ont bénéficié de la même attention des équipes du domaine. La vigne est conduite selon les principes de la lutte raisonnée point de fertilisants ni d’herbicides avant une récolte manuelle de raisins parfaitement mûrs. Après un tri méticuleux et un égrappage partiel, les raisins sont alors prêts pour la vinification, puis l’élevage, qui dure entre 15 et 18 mois. L’une des perles du domaine Roumier est son chambolle-musigny 1er cru Les Amoureuses. Il s’agit il est vrai de l’un des noms les beaux, les plus poétiques, et les plus vendeurs de Bourgogne. Mais Les Amoureuses est surtout le 1er cru le plus recherché de Chambolle pour la qualité des vins qu’il produit. Situé juste en dessous du Musigny, le nez déploie des arômes floraux et d’infusion de fruits. Les talents de vinification de Georges, puis aujourd’hui de Roumier en font un grand cru hors-norme, un sommet de finesse qui ne laissera aucun dégustateur indifférent. La bouche est soyeuse, délicate et précise. Un mythe à attendre généralement 10 ans, au bas mot. Lors de la vente du 22 novembre sur iDealwine, un lot de trois bouteilles de ce 1er cru a atteint dans le millésime cultissime 1978 la somme de 8998€. Le lot a été acquis par un amateur de Hong Kong au prix de 2999€ la bouteille, en hausse de 15% sur sa dernière cotation. Dans le millésime 1990, tout aussi prisé, ce vin décidément plébiscité en Asie a également été adjugé à un amateur de Hong Kong pour la somme de 2128€ la bouteille (+28%).
A la frontière entre Morey-Saint-Denis et Chambolle, le bonnes-mares représente l’un des grands crus les plus concentrés et imposants de Bourgogne. Elevé avec 40% de chêne neuf, le vin est ensuite mis en bouteille sans filtration. Le domaine Roumier signe ici un vin à la complexité incroyable qui se dévoile après 10 à 20 ans de garde. Dans le millésime 1978 il a été vendu 2797€ (+11%) à un enchérisseur venu… d’Australie !
Cette vente comportait aussi plusieurs lots du « simple » chambolle-musigny 1978, vendu 486€ (+177%) à un amateur chypriote, tandis qu’un enchérisseur russe remportait un flacon millésimé 1990 de ce même vin pour la somme de 395€ (+52%). La quête de ces vins aussi rares qu’exceptionnels est donc désormais mondiale.
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