
Installé sur les coteaux de la Côte Chalonnaise, entre Montagny et Mercurey, le Domaine Lorenzon incarne un héritage familial centenaire. Ce sont 10 hectares de vignes dont 70 % classés en premier cru que Bruno Lorenzon cultive, représentant la quatrième génération.
À la fin des années 1990, le père de Bruno lui transmet les clés du domaine. Celui-ci s’est formé au métier en BTS viticulture-œnologie ainsi que dans une école de commerce. Il a complété son savoir-faire au fil de ses voyages. Consultant et vinificateur dans l’hémisphère sud, notamment trois ans en Nouvelle-Zélande et plus de dix ans en Afrique du Sud, il a pu observer les effets du soleil sur la vigne. Ainsi, Bruno a façonné son vignoble à son image tout en gardant un principe hérité depuis 45 ans : n’utiliser aucun herbicide ou pesticide dans les vignes.
Des pratiques culturales rigoureuses
Une des pratiques que Bruno a pu développer est d’utiliser au maximum la prophylaxie (moyens culturaux mis en œuvre pour éviter les maladies). Pour également contrer les effets du réchauffement climatique, le vigneron a adopté un palissage haut inspiré de ses expériences en hémisphère sud : des vignes de 1,80 m de haut espacées d’un mètre, avec neuf fils de relevage et une haute densité (jusqu’à 20 000 pieds par hectare). Toutes les branches sont décroisées une à une. L’objectif : favoriser un ombrage naturel des grappes, préserver la fraîcheur et la saveur des baies : « Le vin se fait dans la vigne, pas au chai. Le millésime, on le prend tel qu’il est. Si les vins font 11,5 % vol comme en 2011 ou montent à 14 % vol comme en 2022, on fait au mieux. Ce qui compte, c’est la maturité. Il faut que le raisin ait du goût et de la saveur. » Chaque hectare demande près de 800 heures de travail (contre 350 en moyenne en Bourgogne), mobilisant huit tracteurs et trois chauffeurs spécialisés.
Le domaine était certifié en agriculture biologique mais Bruno a décidé de ne pas poursuivre cette voie. L’idée de suivre un cahier des charges n’était plus dans son ADN, mais il en suit toujours les principes : pas d’herbicides ni de pesticides mais le soufre et le cuivre pour traiter ces vignes. Il retient de la biodynamie l’observation constante et l’attention constante ainsi que le calendrier lunaire.
Les rendements sont volontairement bas (environ 35 hl/ha) pour conserver concentration et équilibre. La vendange, exclusivement manuelle, se fait en petites caisses de 6 kg, conçues sur mesure et utilisées depuis 25 ans et les raisins sont réfrigérés et protégés à 3 °C dès réception.

Une vinification d’orfèvre
En cave, la ligne est claire : infusion plutôt qu’extraction pour les vins rouges, aucune chaptalisation ou acidification et une propreté du chai à toute épreuve pour produire de grands vins. Depuis dix ans, le domaine développe ses propres levures indigènes, issues des raisins du domaine, en partenariat avec un laboratoire. Une « crème de levures » maison est ainsi utilisée, une vraie collection qui est inoculée chaque année. Les fermentations alcooliques s’étirent sur six semaines, avec pigeages et remontages lents sur des chapeaux (marc composé de peaux et des pépins des raisins) fins au vu des cuves très larges pour peu d’hauteur. « Le but est d’avoir des raisins concentrés en tanins et en anthocyanes qu’on va fouler au pied pour avoir des tanins souples. » Les vins sont ensuite élevés pendant 13 mois en petits fûts (certains jusqu’à 1200 L), puis affinés en cuves inox. Particularité notable : Bruno a créé sa propre tonnellerie à Mercurey, sélectionnant lui-même les bois en forêt et les faisant sécher pendant trois ans. Un artisanat d’exception, jusque dans les moindres détails.
Les vins blancs, eux aussi, sont le fruit d’un soin extrême. Les grappes entières sont pressées lentement pour préserver « la pureté du fruit ». Les lies sont conservées pendant la fermentation. Le soufre est utilisé avec parcimonie, uniquement pendant l’élevage et à la mise en bouteille sur l’ensemble des vins.
Tous les vins de la Côte Chalonnaise
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