DenisDubourdieu

Ce mardi 27 juillet le monde du vin apprenait avec une grande tristesse la disparition de Denis Dubourdieu. Il était œnologue, professeur, vigneron et  propriétaire de plusieurs châteaux bordelais. Vie pleine et entièrement consacrée au vin. Il nous laisse un héritage hors du commun : de nombreux ouvrages l’Institut des Sciences de la Vigne et du Vin et surtout sa vision du vin au travers de toutes les propriétés qu’il aura conseillées.  

Denis Dubourdieu collectionnait les diplômes et pourtant quand on lui demandait ce qu’était un grand vin, il répondait : « Un bon vin, un grand vin, c’est avant tout un projet esthétique ». Elève et héritier d’Emile Peynaud, Denis Dubourdieu n’aura eu de cesse d’apprendre sur le vin. Né en 1949 à Talence, il devient ingénieur agronome en 1972, formation qu’il complètera par une maitrise en sciences économique en 1973 à l’université de Bordeaux et un doctorat en œnologie et ampélologie en 1978.

Il haïssait les vins « orgueilleux », au contraire, la technique devait permettre au vin de susciter de l’émotion. C’est cette vision qu’il a tenté d’imposer dans ses châteaux : Doisy Daëne, Clos Floridène, Cantegril, Château Reynon et aussi auprès des propriétés qu’il conseillait. On peut citer entre autre Yquem, Haut-Bailly, château Margaux, Paul Jaboulet ou encore la maison Louis Jadot.

Partager ses connaissances, Denis Dubourdieu le faisait aussi en tant que professeur. C’est même ce qui l’a poussé à prendre les rênes de l’Institut des Sciences de la Vigne et du Vin (ISVV). Il laisse derrière lui plus de 200 publications majeures, et de nombreux ouvrages dont un « Traité d’œnologie » en deux volumes, publié en 2012 et le livre « Autour d’une bouteille. L’œnologie dans tous ses états » co-écrit avec Pascal Ribéreau-Gayon.

Sa conception du vin continuera de vivre dans toutes les bouteilles des domaines qu’il a conseillés. Il s’évertuait à s’éloigner le plus possible des modes de consommation.

Jacques Dupont, dans Le Point, cite cette phrase qui résume si bien la philosophie de Denis Dubourdieu : « J’aime les vins sensibles et poétiques qui entrent en résonance avec la sensibilité des dégustateurs, qui ouvrent des portes de leur inconscient inconnues d’eux… et encore plus de moi ! J’oppose ces vins sensibles aux vins d’orgueil, faits essentiellement pour flatter l’ego de celui qui les produit et plus encore de ceux qui les achètent. »

Les vins blancs de Bordeaux, un temps délaissés par le public, doivent énormément à celui qu’on surnomma « Le pape des blancs » et qui a entamé une véritable révolution dans le vignoble. Pourtant, lorsque Jean-Marc Koch lui demanda pour son ouvrage « Portraits intimes » son meilleur souvenir de vin, c’était de vin rouge dont il était question :

« Le vin qui m’a le plus bluffé, c’est un Gruaud Larose 1929. Je l’ai dégusté à un diner au château Olivier. M de Bethmann qui l’a servi à l’aveugle a demandé d’identifier le millésime. Les premiers se sont lourdement trompés de plus de cinquante ans en annonçant 1980, puis 1970, 1960… Je me suis dit les grands bordeaux restent uniques. Tout ce que nous devons faire, c’est continuer à produire des monuments comme cette bouteille. Nous ne devons pas perdre ce caractère éternel ».

Le caractère et la personnalité de Denis Dubourdieu, un homme aussi brillant que drôle, exposant ses convictions avec force, mais sans aucune arrogance, restera longtemps dans nos mémoires. Nul doute que son épouse Florence, ses fils deux fils Jean-Jacques et Fabrice, et tous ses élèves perpétueront son héritage, immense. Nous leur adressons nos sincères condoléances et nos amicales pensées.

Les vins de Denis Dubourdieu :

En savoir plus sur le Château Doisy-Daëne

En savoir plus sur le Clos Floridène

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Cette publication a un commentaire

  1. Philippe

    Ce n’est pas le règlement qui fait le vin, même si il est important.
    Deux hommes qui ont consacré leurs vie à dépasser les limites de la qualité.
    J’espère qu’ils gagneront car le monde bouge et les règlements devaient faire la même chose.
    Lé région a bien besoin d’eux pour que les appellations ne tombe pas dans l’oubli
    On enlève pas une corde à un violon

    A suivre

    Philippe

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