Contrairement à une idée assez répandue, les vins blancs vieillissent aussi bien et aussi longtemps que les vins rouges, parfois même bien plus longtemps. Et comme leurs cousins rouges, les blancs passent par plusieurs phases au cours de leur évolution.

Pour commencer, prenons les mêmes précautions qu’avec les vins rouges sur les propos qui vont suivre : ils sont basés sur une moyenne légèrement supérieure en ce qui concerne la qualité des millésimes et la qualité de la cave de stockage. Et au sein d’un même type de vin il faut bien avoir à l’esprit qu’il peut y avoir d’assez grosses variations en fonction du style du vigneron, certains cherchant un fruit plus immédiat et d’autres ayant plus à l’esprit une évolution assez longue de leur vin dans le temps. Le tableau que nous proposons ci-dessous n’est donc qu’indicatif et vous aurez sans doute plusieurs exceptions en tête.

Alors, comment se comportent les vins blancs au fil des ans, comment se transforment leurs arômes, comment évoluent leur perception en bouche ?

L’enfance

La robe : un vin blanc jeune aura presque toujours une couleur jaune plus ou moins soutenue, mais toujours très éclatante, allant du jaune paille au jaune intense selon le cépage et le type d’élevage (cuve inox ou barrique). Dans les vins très jeunes, il est fréquent de discerner des reflets un peu verts.

Le nez : on retrouve presque toujours une palette d’arômes frais au nez, en général sur les grandes familles végétales et florales (acacia, chèvrefeuille, genêt, tilleul, jasmin, foin coupé, buis, fougère, selon les cépages) mais aussi, bien entendu, fruitées à dominante de fruits blancs (pomme, poire, pêche) et quelques fois de fruits jaunes, selon les cépages. Des arômes fermentaires dans les vins très jeunes (mie de pain, brioche) sont assez fréquents. On est toujours en général très près du raisin frais, mais sans grande complexité.

La bouche : comme au nez, on retrouve facilement des saveurs de fruits frais, de raisin, avec de la tension et de la vivacité dans la plupart des cas. En général, les vins blancs sont plus fruités et plus marqués par leur cépage que les vins rouges. Leur origine est souvent ainsi plus facile à identifier, particulièrement dans leur enfance.

La jeunesse

La robe : peu d’évolution en général par rapport au stade précédent. Les reflets verts, quand on a pu en percevoir, disparaissent et la robe se fait peut-être parfois un peu plus dense.

Le nez : un peu comme dans les rouges, il faut distinguer les blancs de garde moyenne des vins de longue garde. Dans les premiers, un vin jeune sera un peu moins exubérant que dans son enfance, mais il restera très fruité, très séduisant. Les arômes seront un peu assagis mais toujours très présents et plaisants. Un blanc de garde, comme un rouge à ce stade, sera souvent un peu fermé, un peu plus discret dans son expression qu’à ses tout débuts.

La bouche : elle reste très très proche des informations transmises par le nez. Dans les vins de moyenne garde on est sur un fruit très expressif, assagi mais qui reste très frais. On a la sensation que c’est un vin qui est déjà très tentant de consommer tant on ressent qu’il exprime une certaine plénitude. Les vins de garde sont par contre plus réservés et plus discrets en bouche. Au palais la bouche peut présenter une belle structure, une maturité de matière, une certaine densité, un bel équilibre acidité/alcool, mais l’expression aromatique sera plus ténue. Là aussi, ne pas hésiter à passer en carafe de tels vins, au moins deux heures avant le repas, même s’il est plutôt recommandé de les laisser quelques années en cave !

La maturité

La robe : la robe d’un vin blanc évolue généralement plus vite que celle d’un vin rouge. Elle a tendance à devenir plus foncée, passant du jaune paille au jaune doré, plus ou moins intense selon les cépages. A part les vieux vins moelleux (comme les sauternes), il faut se méfier des robes tournant au cuivre ou avec des reflets gris ou marron prononcés. On est alors en présence de vins ayant dépassé leur espérance de vie !

Le nez : comme pour les rouges, le nez d’un vin blanc à maturité peut atteindre des sommets de complexité, les arômes se répondant les uns aux autres, généralement sur des notes de cire (très fréquentes), de miel, de fleurs séchées, d’abricot sec, d’herbes sèches, de tabac blond, avec souvent aussi des touches épicées (muscade, ambre, musc, vanille, cannelle) voire de truffe blanche.

La bouche : avec les années, la bouche d’un vin blanc de garde se fond entre ses différentes composantes, en particulier entre la richesse et la densité de sa matière et sa composante acide. Les vins jeunes les plus tendus perdent cette nervosité et s’apaisent au fil des ans. On retrouve en bouche les arômes perçus au nez avec ces notes cirées, miellées et de fruits secs qui caractérisent la plupart des vins blancs après une longue garde. Une vraie découverte magique pour ceux qui ne pensaient pas qu’un vin blanc (à part les légendaires sauternes ou les grands liquoreux d’autres régions) pouvait longuement vieillir.

Tableau indicatif des 3 âges des vins blancs selon leur provenance

(à noter : les vins jaunes ne sont commercialisés qu’après 6 ans et 3 mois d’élevage)

Enfance Jeunesse Maturité
Bourgogne « Village » 1 – 2 ans 3 – 6 ans 7 – 12 ans
Bourgogne 1er cru 2 – 4 ans 5 – 9 ans 10 – 15 ans
Bourgogne grand cru 2 – 4 ans 5 – 10 ans 11 – 20 ans
Bordeaux 2 – 3 ans 4 – 8 ans 9 – 15 ans
Bordeaux liquoreux 2 – 5 ans 6 – 15 ans 16 – 40 ans
Vallée du Rhône 1 – 3 ans 4 – 9 ans 10 – 20 ans
Jura (chardonnay) 2 – 3 ans 4 – 8 ans 9 – 15 ans
Jura (vin jaune et Château-Chalon) 7 – 15 ans 16 – 40 ans
Alsace riesling (grands crus ou assimilés) 2 – 4 ans 5 – 10 ans 11 – 25 ans
Alsace (vendanges tardives ou SGN) 2 – 4 ans 5 – 10 ans 11 – 25 ans
Savoie 1 – 3 ans 4 – 6 ans 7 – 12 ans
Loire secs (chenin) Vouvray, Montlouis, etc. 1 – 4 ans 5 – 9 ans 10 – 20 ans
Loire (sauvignon) Sancerre, Pouilly-Fumé, etc. 1 – 3 ans 4 – 8 ans 9 – 15 ans
Loire moelleux 2 – 4 ans 5 – 12 ans 13 – 40 ans
Jurançon sec et Irouléguy 1 – 3 ans 4 – 8 ans 9 – 15 ans
Jurançon 2 – 4 ans 5 – 12 ans 13 – 25 ans
Languedoc/Roussillon 1 – 3 ans 4 – 8 ans 9 – 15 ans

 

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Cet article a 3 commentaires

  1. Beauvarlet

    Bonjour , Vous allez pouvoir me renseigner . On nous a offert un jour un Sauternes qui avait entre 20 et 30 ans . C’était parait-il un beau et bon cadeau et pourtant je ne l’ai pas trouvé meilleur qu’un Sauternes jeune , mais nous ne sommes pas des spécialistes . Qu’en pensez vous ?
    Anne-Marie Beauvarlet .

  2. CABRI

    Bonjour

    Je viens de passer un bon moment à vous lire et à parcourir le (*) Tableau indicatif des 3 âges des vins blancs selon leur provenance
    …mais je ne comprends pas pourquoi vous ne parlez pas des VINS DU SUD OUEST . Il y a des très jolis cuvées sur des très belles AOC ….Pourquoi n’en parlez vous pas ?
    Peut être parce que vous ne nous connaissez pas ?

    Cordialement ,

    Christine Cabri

    1. iDealwine

      Merci de votre message. Pour commencer il n’est pas tout à fait exact que nous ayons complètement négligé les vins blancs du sud-ouest puisque dans notre liste il y a les appellations Jurançon et Jurançon sec, les blancs sans doute les plus connus de cette région.
      Le problème c’est que le sud-ouest est une sorte de “fourre-tout” qui n’a aucune unité et homogénéité. Il y a de très nombreuses appellations et de très nombreux cépages différents, presque un par appellation, et il est donc assez difficile d’évaluer une capacité de vieillissement pour l’ensemble des vins de cette région, sauf à le faire appellation par appellation, ce qui serait un peu fastidieux. Il y a de jolis vins blancs secs à Irouléguy (assimilables dans leur vieillissement aux jurançons secs), de délicieux vins secs à Gaillac et à Bergerac au vieillissement sans doute plus limité en moyenne. Le sud-ouest est surtout riche de vins blancs moelleux capables évidemment d’un joli vieillissement, notamment en Pacherenc du Vic Bilh et à Gaillac.
      Merci de votre intérêt pour notre Blog !
      Cordialement,
      La rédaction

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