Clos_de_VougeotLa dégustation annuelle organisée par l’association des Domaines Familiaux de Bourgogne au Pavillon Ledoyen sur les Champs Élysées est l’une des plus courue du tout Paris œnologique. On peut, en effet, y découvrir quelques-uns des meilleurs domaines de la région. Le 26 mars, c’était le déjà très réputé millésime 2015 qui était présenté.

Chacun des domaines présents est tenu de présenter trois vins de sa gamme. Ils étaient cette année 26, un de moins que l’an dernier, puisque Bonneau du Martray, qui vient d’être racheté par Stanley Kroenke, un milliardaire américain propriétaire du club de football d’Arsenal et du domaine viticole Screaming Eagle, ne peut plus faire partie de ce fait de l’association familiale.

Un total de 78 vins donc (pas tous dégustés, mais une large majorité d’entre eux quand même !) qui nous a permis de nous faire une bonne idée de la qualité de ce millésime 2015, annoncé partout comme très grand.

Les rouges

Dans l’ensemble, les promesses du millésime sont ici tenues. Une année solaire qui a donné des vins plutôt riches et denses, parfois un peu “carrés” dans leur structure, à l’image du millésime 2005 qui a mis (et met encore) du temps à s’ouvrir et à s’arrondir. Il nous a semblé que, dans l’ensemble, les pinots noirs de la Côte de Nuits étaient restés un peu plus fins et délicats que ceux de la Côte de Beaune, un peu plus marqués par la puissance du millésime.

Sans ordre de préférence, au fil chronologique de la dégustation, nous avons été séduits par le Beaune 1er cru Les Perrières du Domaine de Montille, matière profonde, du caractère, de la tension et la sensation d’un sol qui donne beaucoup de personnalité au vin. Chez Méo-Camuzet, le Vosne-Romanée 1er cru Les Chaumes se présente avec beaucoup de fraîcheur et de tension, très dynamique, et avec une délicatesse très bourguignonne. Le Clos de Vougeot du même domaine possède ce même caractère délicat et tendu, mais avec encore plus de caractère et de profondeur. Il faudra sans doute l’attendre un peu plus longtemps en cave.

Nous sommes toujours autant séduits, d’année en année, par le style “ultra bourguignon” de Jacques-Frédéric Mugnier. Dès le Chambolle-Musigny “Village”, on retrouve cette “patte” d’une infinie délicatesse en bouche malgré la richesse du millésime. Un style que l’on retrouve dans le 1er cru Les Fuées, avec un peu plus de densité bien entendu, et dans le Nuits-Saint-Georges 1er cru Clos de la Maréchale, un nuits qui n’affiche en rien le caractère parfois un peu “rugueux” de l’appellation, mais qui joue, là encore, sur la suavité et l’élégance, avec un caractère de terroir bien marqué.

L’enchaînement avec les rouges du Domaine Armand Rousseau permet de rester dans le très haut niveau ! Dès le “simple” Gevrey-Chambertin “Villages”, on trouve cette densité de jus et ce volume de matière associés à une tension et une finesse qui signent le style du domaine. Le Charmes-Chambertin propose également un équilibre magistral, à la fois puissant, dense et délicat. Que dire alors du Chambertin Clos de Bèze ? Sans doute un peu plus “sérieux” que les précédents dans sa première approche, il se livre un peu moins sur le plan des arômes, mais la montée de sa puissance en bouche et sa finale incroyablement dynamique sont une promesse de grand avenir.

Au Domaine Marquis d’Angerville, le Volnay 1er cru Champans se révèle très joli, à la fois puissant et délicat, pas trop marqué par le millésime, et révélant parfaitement le caractère de ce grand terroir de Volnay. Le Domaine Chandon de Briailles, en biodynamie, propose toujours des vins fins et délicats, régulièrement marqués par le floral mentholé de vinifications qui font souvent la part belle aux vendanges entières, comme le Pernand-Vergelesses 1er cru Île des Vergelesses, délicat, floral et très équilibré pour le millésime, ou le Corton Les Bressandes, plus “sérieux”, mais très dynamique, à attendre plus longtemps que le Pernand.

Changement de style avec deux domaines de la Côte de Nuits, le Domaine Georges Roumier à Chambolle-Musigny et le Domaine Henri Gouges à Nuits-Saint-Georges. Il nous a semblé (effet de style, effet millésime ou les deux à la fois ?) qu’on proposait ici des vins marqués par une certaine puissance, avec un profil plus “carré”, probablement un peu moins séducteur dans l’immédiat mais sûrement prometteur pour l’avenir. Chez Roumier le Chambolle-Musigny “Village” est sans doute le moins marqué par ce style, plus délicat et en finesse que le Morey-Saint-Denis 1er cru Clos de La Bussière, très dense, puissant mais avec une finale longue et dynamique et un Bonnes-Mares au caractère très “sombre”, presque secret, un gros jus et une superbe matière à attendre. Chez Gouges, l’ensemble des vins proposés, les 1ers crus Clos des Porrets Saint-Georges, Les Pruliers et Les Vaucrains, ne jouaient pas sur un charme immédiat, mais sur le sérieux et la qualité de leur matière, la puissance de leurs tanins et une invitation à la patience en cave.

Enfin au Domaine des Comtes Lafon, le Volnay 1er cru Santenots du Milieu proposait parfaitement la partition qu’on imagine volontiers sur cette appellation, tout en fraîcheur (gelée de fruits rouges) et en délicatesse de toucher de bouche avec une jolie dynamique en finale.

Les blancs

Les millésimes solaires, comme l’a été 2015 (et 2009 avant lui), sont rarement très favorables aux vins blancs de Bourgogne. Le risque est d’avoir des vins manquant un peu d’acidité, avec des matières certes mûres, mais parfois un peu “encombrantes”. Dans une sélection du niveau de celle des Domaines Familiaux, il est évident que ces caractéristiques sont moins marquées qu’ailleurs, mais elles nous ont quand même paru présentes. Par exemple, ceux qui sont friands de chablis frais et tendus seront sans doute souvent désorientés par la plupart des vins de cette appellation en 2015. Rien de dramatique bien entendu, surtout chez les meilleurs producteurs, mais un petit rappel des sensations de 2003 (dont certains ont vieilli bien mieux que ce qu’on craignait, soit dit en passant). C’est ainsi le cas des Chablis du Domaine Raveneau, avec des premiers crus Montée de Tonnerre et Forêt qui nous ont semblé moins tranchants que d’habitude, et un grand cru Valmur un peu moins marqué par le millésime, plein et riche, certes, mais sans excès.

Chez Méo-Camuzet, le Bourgogne Haute-Côte de Nuit Clos Saint-Philibert vaut nettement mieux que sa relativement modeste appellation. Frais et dynamique, avec de jolis arômes un peu exotiques, c’est un joli blanc facile à boire et à placer à table. Mêmes caractéristiques de fraîcheur et de buvabilité pour le Pernand-Vergelesse 1er cru Île des Vergelesses du Domaine Chandon de Briailles, le seul blanc de ce joli climat de Pernand. Toujours dans un style digeste, très équilibré et particulièrement agréable, le Bourgogne Côte Chalonnaise “Les Clous Aimé” du Domaine de Villaine, avec un joli nez mûr et une belle matière sapide. Une superbe alternative aux très onéreux chardonnays de la Côte de Beaune.

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Cette publication a un commentaire

  1. Pierre Benveniste

    Merci pour cette belle dégustation. Les amateurs de la Bourgogne sont convaincus que 2015 est grand et aimable à la fois. Je ne pense pas qu’il se fermera comme certains 2005 dont on peut se demander s’ils s’ouvriront un jour!.
    Le malheur est que les caves des vignerons que vous citez sont déjà vides. Ill faudra attendre que les cavistes soient approvisionnés de quelques bouteilles. Ce n’est qu’ainsi qu’on peut goûter la production de nos viticulteurs préférés!

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