Vignoble - Otago - Nouvelle-Zélande

L’Office du Tourisme de Nouvelle-Zélande vient d’organiser au sein de l’ambassade française à Paris une dégustation de vins de cette lointaine contrée. L’occasion de découvrir des sensations très différentes de celles auxquelles nous sommes habitués.

 La Nouvelle-Zélande est un pays particulier, composé de deux îles, long de 1600 km, d’une surface qui fait à peu près la moitié de la France et peuplé de seulement 4 millions d’habitants. Pour nous, son climat est “à l’envers” : le nord affiche un climat proche du climat méditerranéen (en un peu plus tropical) et dans l’extrême sud, on se sentirait plutôt en Norvège !

puhoi cheese - Nouvelle-Zélande

Vu de nos lointaines campagnes, on a un peu de mal à imaginer que le vin est une production très récente en Nouvelle-Zélande. Si quelques vignes ont été plantées au XIXe siècle, peu après l’arrivée des premiers colons européens, il faudra attendre pratiquement deux cents ans pour que les vignobles de ce pays se développent réellement et commencent à produire du “vrai” vin et non plus une horrible piquette issue de cépages hybrides qui était consommée localement ou, après avoir été “fortifiée” par un mutage à l’alcool, était expédiée en Grande-Bretagne.

 Vignoble - Marlborough - Nouvelle-Zélande

 Ce n’est donc qu’à partir des années 1980 qu’un vignoble de qualité commence vraiment à se développer. Avec une spécificité assez étonnante : près de la moitié du vin produit est du sauvignon blanc dont un des producteurs importants est sans doute le seul nom un peu connu chez nous : Cloudy Bay.

Aujourd’hui, l’ensemble du vignoble néo-zélandais couvre une surface à peu près équivalente à celle du notre vignoble bourguignon mais son extension a été très rapide ces dernières années. En dehors du sauvignon, les cépages les plus courants sont le chardonnay, la syrah, le merlot, le riesling et le pinot noir qui se développe beaucoup depuis quelques années.

La dégustation “découverte” qui nous était proposée, comprenait sept vins, un effervescent, trois blancs et trois rouges.

 Dégustation vins de Nouvelle-Zélande

–       Cloudy Bay Pelorus Brut NM est un effervescent de méthode traditionnelle (pour ne pas dire champenoise !) issu à égalité de chardonnay et de pinot noir. Le nez est grillé/beurré avec des notes boisées et de fruits jaunes et blancs très mûrs. La bulle est fine, la bouche est assez tendue, avec une matière bien mûre mais un peu linéaire sur un plan aromatique. A environ 24 euros (en France) il faut reconnaître qu’on est quand même au niveau de pas mal de champagnes de cette gamme de prix.

Delta Sauvignon blanc Nouvelle-Zélande

–       Delta Vineyard Sauvignon Blanc 2011. Il offre un nez assez variétal, très aromatique, presque exubérant et peut-être un peu “technique”. La bouche est étonnamment douce (une sensation proche du sucre), la matière est très mûre. On n’est pas habitué en France à de tels niveaux de maturité sur le sauvignon et c’est un peu déroutant. Une fois les repères gustatifs “calés” sur cet équilibre, le vin se révèle riche, avec de belles notes d’agrumes mûrs et d’ananas. Un vin un peu exotique qui pourrait surprendre un amateur de Sancerre ! Vendu autour de 14 euros en France.

Cloudy Bay Nouvelle Zélande

–       Cloudy Bay Sauvignon Blanc 2012. Le nez est agressivement variétal et végétal. La bouche est du coup d’une rondeur un peu surprenante et même un peu suspecte. On pressent une correction œnologique un peu appuyée. Un ensemble un peu artificiel mais un spécialiste des vins de Nouvelle-Zélande pensait que ce vin qui vient d’être mis en bouteille (c’est un 2012 !) avait besoin de quelques mois pour se mettre en place. A regoûter plus tard donc. Commercialisé en France autour de 26 euros, donc nettement plus cher qu’un sancerre classique.

–       Kumeu River Coddington Chardonnay 2009. Le nez est terriblement boisé, une caricature de blanc de Bourgogne comme heureusement on ne fait presque plus ! Difficile de trouver du fruit derrière. En bouche, la matière est imposante, très puissante, mais lourde et un peu écœurante. Un exemple flagrant de non-buvabilité ! Et il peu probable qu’un tel vin évolue favorablement au vieillissement. Vendu environ 30 euros.

–       Delta Vineyard Pinot Noir 2009. Un nez épicé, un peu oriental même, très poivré, faisant presque penser à un pineau d’Aunis. Un pinot noir élevé majoritairement en cuve (70%) qui déroute un peu les palais français par son fruité exubérant qu’on finit par imaginer un peu artificiel (levures ?). Son côté frais le rend quand même assez agréable, assez proche dans l’esprit d’un sancerre rouge (en tout cas plus que d’un bourgogne). Proposé à environ 18 euros en France.

–       Waipara West Pinot Noir 2009. Le seul vin de la soirée qui ne soit pas fermé par une capsule à vis mais un bouchon traditionnel (en Nouvelle-Zélande une énorme majorité de vins, y compris ceux de garde, utilisent la capsule à vis depuis plus de dix ans). Est-ce pour cela qu’un nez français se sent plus chez lui ? On trouve du fumé, un léger boisé, des touches un peu florales. La bouche est assez large, comme un pinot sudiste, et risque d’être un peu fatigante à table, contrairement aux équilibres traditionnels d’un pinot bourguignon. Un vin vendu environ 22 euros.

Elephant Hill Pinot Noir - Nouvelle Zélande

–       Elephant Hill Pinot Noir 2011. Sans doute le plus beau vin de cette dégustation. Nez fin, réservé, qui paraît très naturel après les nez ultra fruités des autres pinots. La bouche est dans le même registre, très mûre, d’une maturité très profonde, mais bénéficiant d’une jolie tension qui étire un peu cette matière riche. On est proche d’un équilibre de type 2009 en Bourgogne, mais sans excès. Le vin garde une belle dynamique en bouche, évoquant un vin bio ou biodynamique. Pour la première fois on a aussi une sensation de terroir dans ce vin qui provient de la région de Central Otago qui, d’après les spécialistes (comme Michel Bettane), disposerait des plus beaux terroirs pour produire de grands pinots. Ce vin semble en être déjà un début de démonstration. Vendu environ 24 euros en France.

Cette dégustation, certes un peu inégale, a le mérite de montrer qu’on peut avoir une autre vision de certains cépages que nous connaissons bien en France. A condition d’accepter des approches différentes et de ne pas résumer le sauvignon à ce qu’on en connaît via les sancerres et le pinot noir par ce qui se fait au niveau des appellations “village” en Bourgogne. Tout en sachant que la majorité de ces bouteilles est issue de vignobles très jeunes (souvent moins de dix ans) et qu’il faudra donc surveiller ces vins qui ne feront sans doute que progresser au fil des ans.

 

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