Combien valent ces grands vins étrangers que l’on commence à voir dans les ventes aux enchères françaises ?

Les « vins du monde », voilà un terme souvent utilisé pour désigner ces vins qui ne sont pas français. Comme si les vins français étaient d’un autre monde ! Pourtant, il faut bien reconnaître que nos grands crus de Bordeaux, de Bourgogne et de la vallée du Rhône doivent aujourd’hui faire face à une concurrence accrue de la part des vins étrangers, dans les circuits de distribution traditionnels mais aussi lors des grandes ventes aux enchères. Alors, combien valent ces cuvées venues d’ailleurs, qu’on entre-aperçoit dans les ventes françaises ?

Cassons un mythe : les vins produits aux Etats-Unis ont la cote, et pas seulement ceux qui sont produits par, ou avec la contribution de viticulteurs français. La Napa Valley regorge en effet de domaines très recherchés, notamment lors les ventes aux enchères qui se tiennent sur le territoire américain. Fleuron des vins de la Napa Valley, le Screaming Eagle Cabernet Sauvignon (noté 100/100 par Robert Parker en 1997 et en 2007) s’est vendu entre 1000€ et 3000€ la bouteille en 2012 dans les grandes ventes américaines, parfois au double de la cote iDealwine de ce vin, mais pas toujours ! Ce vin a également fait l’objet de très belles enchères en France, comme le montre la cote iDealwine.

Autre domaine phare de la Napa Valley : Harlan Estate. A des niveaux de prix certes moins élevés que celles de Screaming Eagle, les bouteilles de ce domaine d’Oakville s’exportent bien : on les retrouve même dans les catalogues des ventes aux enchères de Hong Kong.

A noter, d’autres domaines très recherchés par les connaisseurs ont enregistré de belles enchères, notamment chez Sotheby’s à New-York, en septembre dernier. On pourrait les retrouver à l’avenir dans les ventes aux enchères françaises également. A suivre donc !

• 9 bouteilles de Cabernet Sauvignon 1997 (100/100 Parker) – Bryant Family : 8021€ soit 891€/bouteille
• 12 bouteilles de Heitz Cellars 1974 (98/100 Parker) – Martha’s Vineyard : 9436€ soit 786€/bouteille
• 6 bouteilles de The Inaugural Syrah 2003 (100/100 Parker) – Sine Qua Non : 3538€ soit 590€/bouteille
• 12 bouteilles de Carbernet Sauvignon Pritchard 1994 – Bryant Family : 4246€ soit 354€/bouteille

Opus One, Dominus

Opus One et Dominus : voici deux vins bien connus des amateurs  français, et pour cause. L’un est issu d’une joint-venture entre les familles Rothschild (de Mouton) et Mondavi, l’autre est produit par la famille Moueix (Petrus). Cela dit, la cote de ces vins est établie à des niveaux de cours stables, sans enchères vraiment exceptionnelle. Un lot rare mérite tout de même d’être signalé : un ensemble de 90 bouteilles d’Opus One couvrant les millésimes 1992 à 2008 (sauf 1998 et 1999), à raison de 6 bouteilles par millésime. Cette verticale a été vendue chez Zachy’s à New-York en juin 2012 pour 14444€, soit en moyenne 160€/bouteille, tandis que la cote iDealwine des Opus One s’établit en moyenne à 124€/bouteille.

En Australie, c’est Penfolds dans la Barossa Valley qui sort très largement du lot, et notamment les cuvées Penfolds Grange, RWT et Bin 707, que l’on retrouve parfois au détour d’un catalogue, dans les ventes européennes. Sur la cuvée Penfolds Grange 1989, iDealwine a d’ailleurs récemment enregistré une très belle enchère à 419€, tandis que sa cote s’établit à 233€ et qu’il s’est vendu à Amsterdam en mai 2012 chez Christie’s pour 269€.

Retour en Europe maintenant avec l’Espagne. Icône internationale de la Ribera del Duero, la cuvée Unico de Vega Sicilia est aujourd’hui l’un des plus grands vins au monde et a enregistré en 2012 de très belles enchères :

Autre domaine star de la Ribera del Duero, le domaine Pingus, particulièrement recherché depuis quelques années. On le voit de plus en plus dans les ventes aux enchères françaises mais également à l’étranger, comme à Hong Kong où 12 bouteilles de Pingus 2001 se sont récemment négociées pour 7913€, soit 659€, soit 2% en dessous de la cote iDealwine à 673€, peut-être le reflet d’une timidité de la part des marchés asiatiques à l’égard des « vins autres que français », qui plus sont nouveaux.

Place à l’Italie maintenant avec deux domaines phares. Le premier est bien connu de tous, il appartient à la famille Incisa della Rochetta. Ses vignes (cabernet franc et cabernet sauvignon) ont été importées du Château Lafite-Rothschild dans les années 40. Il s’agit du Bolgheri Sassicaia. Et ce vin réalise outre-Atlantique de très beaux résultats, comme chez Zachy’s à New-York en juin 2012 où 3 magnums de Sassicaia 1985 ont été adjugés 12518€ soit 4173€/bouteille, soit le double de la cote iDealwine.

Quant au deuxième vin, c’est incontestablement le Masseto de la Tenuta della Ornellaia que l’on retrouve sur les grandes places internationales avec de très belles enchères réalisées à Londres et à Hong Kong.

Les vins français n’ont donc plus le privilège des records d’enchères dans les grandes ventes mondiales. Les vins américains, portés par des notes Parker mirobolantes, trouvent encore l’essentiel de leurs clients sur leur territoire mais les quelques bouteilles qui aboutissent en Europe ou à Hong Kong suscitent d’ores et déjà un réel intérêt. Les vins australiens quant à eux sont pour l’instant essentiellement présents dans les ventes françaises et londoniennes, tandis que leurs homologues italiens et espagnols rencontrent d’ores et déjà un franc succès sur l’ensemble des grandes places d’enchères. Ils méritent d’être guettés dans les ventes aux enchères françaises car les amateurs sont encore peu nombreux, et on peut parfois les acquérir avec une décote. Pendant encore combien de temps ? Les vins français, même les plus prisés, à l’instar des grands pinots noirs de chez Henri Jayer ou du Domaine de la Romanée Conti, n’ont qu’à bien se tenir…

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